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Dans le premier quart du XVI<sup><small>ème</small></sup> siècle, Albert, 37<sup><small>ème</small></sup> grand maître de l'ordre Teutonique, prend partie dans les querelles politiques et religieuses qui divisent les adeptes des mythologies christiennes en Europe. Membre de la noblesse polonaise par sa génitrice et germanique par son géniteur, il est le neveu du roi de Pologne. Il s'entiche du réformateur Martin Luther <ref>Martin Luther</ref> et prend la décision de séculariser l'Ordre. Il se converti officiellement au luthéranisme et proclame en 1525 un duché de Prusse, vassal de la Pologne. Une clause spéciale prévoit l'abandon des territoires à la Pologne en cas d'extinction de la lignée masculine de ce duché héréditaire de Prusse. Le protestantisme luthérien est religion d'État et l'ensemble de la population est appelée à s'y convertir. La Prusse ducale est le premier État officiellement "protestant" <ref>"protestant"</ref>. En partie refuge pour les hominines qui se disent adeptes d'une forme ou d'une autre de protestantisme, les migrations de germanophones accentue l'acculturation des baltes entre les XVII<sup><small>ème</small></sup> et XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècles. Des vestiges linguistiques borusses, et plus généralement baltes occidentaux, perdurent en substrat dans la variante prussienne de l'ensemble linguistique germanique <ref>variante prussienne</ref>. Le même phénomène de recul, puis de vestiges, s'observe dans les régions slave polonaise ou balte lituanienne.
 
Dans le premier quart du XVI<sup><small>ème</small></sup> siècle, Albert, 37<sup><small>ème</small></sup> grand maître de l'ordre Teutonique, prend partie dans les querelles politiques et religieuses qui divisent les adeptes des mythologies christiennes en Europe. Membre de la noblesse polonaise par sa génitrice et germanique par son géniteur, il est le neveu du roi de Pologne. Il s'entiche du réformateur Martin Luther <ref>Martin Luther</ref> et prend la décision de séculariser l'Ordre. Il se converti officiellement au luthéranisme et proclame en 1525 un duché de Prusse, vassal de la Pologne. Une clause spéciale prévoit l'abandon des territoires à la Pologne en cas d'extinction de la lignée masculine de ce duché héréditaire de Prusse. Le protestantisme luthérien est religion d'État et l'ensemble de la population est appelée à s'y convertir. La Prusse ducale est le premier État officiellement "protestant" <ref>"protestant"</ref>. En partie refuge pour les hominines qui se disent adeptes d'une forme ou d'une autre de protestantisme, les migrations de germanophones accentue l'acculturation des baltes entre les XVII<sup><small>ème</small></sup> et XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècles. Des vestiges linguistiques borusses, et plus généralement baltes occidentaux, perdurent en substrat dans la variante prussienne de l'ensemble linguistique germanique <ref>variante prussienne</ref>. Le même phénomène de recul, puis de vestiges, s'observe dans les régions slave polonaise ou balte lituanienne.
  
Sans héritier mâle, la dynastie ducale change de mains. Marié à la fille du dernier duc, Sigmund de Brandebourg devient le nouveau dirigeant de la Prusse orientale. Cette dernière est de fait unie avec le Brandebourg pour former en 1618 l'État de Brandebourg-Prusse. La marche de Brandebourg, fondée au milieu du XII<sup><small>ème</small></sup> siècle, est une des composantes du Saint-Empire germanique. Située au nord-est de l'empire, elle n'a pas de continuité territoriale avec la Prusse orientale. Sa capitale, Berlin, est à plus de 500 kilomètres de Königsberg. Séparées par le royaume de Pologne. En 1701, le statut politique de l'État de Brandebourg-Prusse lorsque le duc de Prusse obtient de l'empereur que le duché soit reconnu comme royaume. Mais ne pouvant être désigné roi dans le cadre de l'empire, Frédéric I<sup><small>er</small></sup> est dit roi ''en'' Prusse et non roi ''de'' Prusse. Par conséquent son titre de roi est uniquement valable en Prusse. Son petit-fils, Frédéric II, est le premier à obtenir le titre officiel de roi de Prusse en 1772. Royaume militariste et expansionniste, la Prusse conquiert plusieurs territoires en Europe occidentale. La Prusse royale, sous domination polonaise depuis la seconde moitié du XV<sup><small>ème</small></sup> siècle siècle, est annexée sous le nom de Province de Prusse-Occidentale. Cette nouvelle situation crée une continuité territoriale entre le Brandebourg et la Prusse. À la fin du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle la superficie de la Prusse a presque doublé.
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Sans héritier mâle, la dynastie ducale change de mains. Marié à la fille du dernier duc, Sigmund de Brandebourg devient le nouveau dirigeant de la Prusse orientale. Cette dernière est de fait unie avec le Brandebourg pour former en 1618 l'État de Brandebourg-Prusse. La marche de Brandebourg, fondée au milieu du XII<sup><small>ème</small></sup> siècle, est une des composantes du Saint-Empire germanique. Située au nord-est de l'empire, elle n'a pas de continuité territoriale avec la Prusse orientale. Sa capitale, Berlin, est à plus de 500 kilomètres de Königsberg. Séparées par le royaume de Pologne. En 1701, le statut politique de l'État de Brandebourg-Prusse lorsque le duc de Prusse obtient de l'empereur que le duché soit reconnu comme royaume. Mais ne pouvant être désigné roi dans le cadre de l'empire, Frédéric I<sup><small>er</small></sup> est dit roi ''en'' Prusse et non roi ''de'' Prusse. Par conséquent son titre de roi est uniquement valable en Prusse. Son petit-fils, Frédéric II, est le premier à obtenir le titre officiel de roi de Prusse en 1772. Royaume militariste et expansionniste, la Prusse conquiert plusieurs territoires en Europe occidentale. La Prusse royale, sous domination polonaise depuis la seconde moitié du XV<sup><small>ème</small></sup> siècle siècle, est annexée sous le nom de Province de Prusse-Occidentale. Cette nouvelle situation crée une continuité territoriale entre le Brandebourg et la Prusse. À la fin du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle la superficie de la Prusse a presque doublé. Le royaume de Prusse est un État européen important de par son activité économique florissante, son armée puissante et l'étendue de son territoire. S'étirant de la mer Baltique aux frontières françaises, il est la composante principale de l'empire allemand qui voit le jour en 1871 sous la forme d'une confédération d'une myriade de principautés et de royaumes.
  
 
=== Russe ===
 
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Version du 3 décembre 2025 à 17:11

Královec (Краловеk en macédonien - Cralovec en nissard) Région sur les (futures) rives tchèques de la mer Baltique. Ex-Kaliningrad russe.


[En cours de rédaction]


Sortie de l'ambre

Découpage politique actuel

Avant de devenir la mer actuelle, bordée par le nord de l'Europe continentale et le sud de la Scandinavie [1], la Baltique a connu plusieurs évolutions géologiques au cours des millions d'années qui précèdent le présent. Chronologiquement, les géologues s'accordent pour dire qu'elle fut d'abord un vaste lac d'eau douce, peu profond et alimenté par la fonte des glaciers alentours, puis, il y a environ 10000 ans, les eaux salées de l'océan viennent s'y mêler via la mer du Nord. La fonte des glaces et l'élévation du niveau général des océans planétaires modifient sa géographie et sa composition aquatique. Appelée mer de Yoldia, elle est dorénavant une étendue d'eau saumâtre. La fonte de glaciers engendre une remontée de la croûte terrestre qui forme un isthme et ferme cette mer aux eaux salées et redevient, de fait, un lac d'eau douce. Entre 9000 et 7000 ans avant le présent — soit, pour apporter une précision qui ne sert à rien, approximativement entre 9000 et 7000 ans avant la naissance de F. Merdjanov — ce lac Ancylus est de nouveau en lien avec la mer du Nord et les eaux salées s'infiltrent. Devenant la mer à Littorines — comme l'appellent les géologues — elle se forme entre 7000 et 4000 avant le présent. Elle est plus étendue que l'actuelle mer Baltique qui lui succède et dont la superficie est de 364800 km². Ces noms des périodes d'évolution successives ne sont évidemment pas contemporains mais sont choisis, rétrospectivement, par les géologues et correspondent à des fossiles de petits animaux aquatiques caractéristiques de différents stades. La désignation de mer Baltique remonte à la fin du XIème siècle après JC [2] sous la plume du théologien et chroniqueur Adam de Brême qui parle de Mare Balticum[3]. L'étymologie de ce terme est incertaine. Elle peut renvoyer à l'étymon germanique belt qui désigne une ceinture ou à la légendaire île Baltia présente dans les mythologies romaines qui la situent au nord de l'Europe. Pour les populations d'hominines [4] qui vivent dans ses parages, cette mer est aussi simplement nommée selon un référentiel géographique. Mer de l'Est pour les unes, de l'Ouest pour les autres. Pour les populations lointaines, elle est désignée selon le nom des populations qui vivent à proximité d'après les connaissances approximatives de ces régions. La mer Baltique est la mer des Sarmates [5] selon le géographe gréco-antique Ptolémée ou des Suèves [6] selon l'historien romain Tacite. La mer Baltique est l'une des plus récentes mers à se former sur le globe terrestre.

Quelque soit le stade de son évolution géologique, le pourtour de la mer Baltique est habité par de nombreuses espèces animales et végétales. Le recul des zones de glace permet une diffusion plus large des espèces vivantes. Des vastes forêts de pinèdes ont été recouvertes par la montée des eaux. L'une des caractéristiques de cette région est que des vestiges du vivant se retrouvent régulièrement dans de l'ambre. Résine de pinèdes, l'ambre piège de petits insectes et les conserve intacts pendant des millénaires. Contrairement à ce qu'affirment en 1993 Steven Spielberg, le réalisateur du documentaire Jurassic Park [7], la préservation d'insectes, en l’occurrence de moustiques, ne permet pas d'avoir accès à de l'ADN de mammouth ou de dinosaure par le sang contenu dans l'insecte. L'état de dégradation d'un tel ADN n'est pas exploitable pour être cloné. Steven Spielberg est mondialement connu et reconnu pour ses faux documentaires. De Les Dents de la mer à E.T., l'extra-terrestre, en passant par Indiana Jones et le Temple maudit. Pour n'en citer que quelques-uns. Son style singulier lui permet, selon ses critiques les plus acerbes, de filmer "les déportés juifs traqués par les nazis comme il film[e] les nageuses attaquées par le requin dans Les Dents de la mer ou les enfants pourchassés par les dinosaures dans Jurassic Park : avec les effets propres au cinéma de divertissement." [8] Les conséquences peuvent être désastreuses pour l'imaginaire de la peur chez les hominines les plus jeunes comme le clame, dès 1976, le pédopsychiatre Gérard "Lenorman" Lenormand dans son pamphlet Gentil dauphin triste :

Moi le gentil dauphin
Je n'y comprends rien
Pourquoi tout ce fracas ce cinéma
Pour un poisson bidon
Un requin de carton
Allez, sois chouette envoie-moi ton ballon. [9]

Ombres zélumières

Parmi la faune qui profite du réchauffement climatique pour s'installer sur les rives de la future mer Baltique, les hominines se font une place. La plus ancienne trace de leur présence est un long mur de pierres datant d'au minimum 11000 ans. D'une longueur de près d'un kilomètre et d'une hauteur d'un mètre, ce mur est aujourd'hui sous les eaux. Identifié en 2021 à 10 kilomètres de la côte actuelle de l'Allemagne et à 21 mètres de profondeur, il est constitué d'environ "1400 pierres qui semblent avoir été positionnées pour relier près de 300 rochers, dont beaucoup apparaissent trop lourds pour que des individus puissent les déplacer." [10] La première hypothèse avancée est qu'il s'agit d'un piège à rennes installé par une population hominines de chasseurs-cueilleurs. La région est alors une zone de toundra [11] sur les rives d'un vaste lac d'eau douce. D'après l'archéologue Marcel Bradtmöller, "on suppose qu’à cette époque, l’Europe du Nord ne comptait pas plus de 5000 habitants" dont "les rennes constituaient leur régime alimentaire de base. Les animaux se déplaçaient en troupeaux dans le paysage pauvre en végétation de l’ère postglaciaire." [12] Construit sur la rive du lac, le mur aurait servi de goulot afin de contraindre les rennes à se déplacer jusqu'aux hominines qui les attendent pour les tuer. Des analyses complémentaires des roches doivent être encore réalisées afin de préciser la datation de cette construction.

Doigt.jpg

La présence des hominines dans les parages de la mer Baltique est attestée par les nombreuses trouvailles archéologiques. À travers des objets et des techniques, les archéologues définissent ce qu'illes [13] appellent des "cultures" en fonction des proximités et des similarités [14] et les nomment bien souvent en fonction du lieu de la première découverte. Les cinq doigts de la main des hominines lui permettent de réaliser un nombre très important d'objets divers. Les différentes cultures définies par l'archéologie moderne s'étendent sur de vastes territoires et ne sont pas cantonnées à des régions d'Europe. Il n'y a pas de frontières entre elles et parfois elles se chevauchent et s'entrecroisent. Parfois elles ne semblent pas avoir de liens directs entre elles. Des plus anciennes populations, vivant de la chasse et de la cueillette, les archéologues ont retrouvé des pointes en pierre taillée et quelques autres éléments matériels [15]. Le passage d'un mode de vie nomade ou semi-sédentaire de ces populations à une sédentarité agricole et d'élevage prend des millénaires. En Europe, le néolithique s'étale entre 10000 et 2000 avant JC et les rythmes des changements ne sont pas uniformes. Alors que dans certaines régions d'Europe l'agriculture et l'élevage se généralisent, avec une organisation villageoise permanente, le nord conserve encore une organisation sociale basée sur la chasse et la cueillette. L'utilisation de la poterie/céramique semble plus tardive dans ces populations du nord que dans le reste du sous-continent européen et l'Âge du bronze qui succède à l'Âge de pierre est chronologiquement décalé. De manière générale, le passage d'une organisation sociale basée sur la chasse et la cueillette vers l'agriculture et l'élevage interroge toutes les sciences liées aux questionnement sur l'histoire de l'homininité.

Outre les modes de vie, les scénarios élaborés par les archéologues et autres spécialistes de la préhistoire des hominines tentent de répondre aux questions sur les modes de diffusion des biens, des techniques et des hominines sur le continent eurasiatique. S'il y a consensus sur une origine africaine de cette espèce, suivie par des expansions hors de ce continent, les rythmes et les routes sont toujours en discussion. Les éléments de ces scénarios sont fait de toutes les traces matérielles laissées par les hominines préhistoriques et des interprétations qu'elles permettent. Exercice périlleux. Les données sont peu nombreuses au regard de l'immensité de la période concernée. Comme dans toutes les sciences, le réponses apportées par ces scénarios formulent des hypothèses qui, par la suite, peuvent être contredite, critiquée ou rejetée. Certaines se laissent emporter par des biais dans leurs raisonnements et parviennent à inventer un passé conforme à leur présent. Jusqu'à postuler l'existence de populations d'hominines préhistoriques qui n'ont peut-être jamais existé. Comme les zélumièriens par exemple.

Malgré l'absence de la moindre certitude, les populations baltiques préhistoriques sont utilisées pour construire des théories linguistiques et/ou culturelles par des hominines du XXème siècle afin de justifier leurs positions politiques présentes. Ce protochronisme [16] est très répandu dans la construction des mythologies nationalistes qui, pour écrire leur roman national, prétendent que les populations actuelles, leurs caractéristiques culturelles ou linguistiques, sont directement issues de celles de la préhistoire ou d'époques anciennes. Les gauloiseries remplissent ce rôle dans le nationalisme français [17]. Tout comme les thraces en Bulgarie [18] ou les hébreux en Israël [19], par exemple. Les populations préhistoriques du sud de la mer Baltique sont utilisées pour l'élaboration de théories sur les origines des "peuples indo-européens" [20]. La région est présentée comme le berceau originel des populations actuelles de l'Anatolie à l'Inde et d'Europe dont les langues diverses seraient toutes issues de la fragmentation d'une seule et même langue. Une vision trompeuse en forme d'arbre généalogique, une approche simpliste des processus linguistiques qui exclue les phénomènes de créolisation, de multilinguisme, d'emprunt lexical, de changement de langue, d'extinction, etc. Des phénomènes pourtant observables dès les périodes antiques et encore opérants de nos jours. Historien d'une langue préhistorique qui n'a aucune existence attestée, George Dumézil semble conscient de ses propres limites : "À supposer que j'aie totalement tort, mes indo-européens seront comme les géométries de Riemann et de Lobachevski : des constructions hors du réel. Ce n'est déjà pas si mal. Il suffira de me changer de rayon dans les bibliothèques. Je passerai dans la rubrique Romans." [21] L'hypothèse baltique s'oppose à celles qui postulent une origine transcaucasienne ou moyen-orientale. Elle permet d'éviter de faire "apparaître" ces populations dites indo-européennes hors d'Europe. Elle a évidemment les faveurs des racistes et autres adeptes de la blanchité qui ne supportent pas cette idée d'origines extra-européennes, de migrations préhistoriques. Alors même que la sortie d'Afrique des hominines, en tant qu'espèce, n'est pas encore bien digérée ! Il ne faut pas prendre les aryens pour ce qu'illes ne sont pas, au prétexte de rimer à rien, ni penser que le verlan de rien en Henri justifie quoique ce soit. Prénom très répandu en Europe sous des formes proches ou titre officiel de monarques, Henri dérive de la forme germanique Haimric constituée des racines heim et rik. Respectivement, "domicile", "foyer" et "puissant". Dans la langue française actuelle, la première est encore présente dans hameau [22] et la seconde dans tous les mots basés sur riche. Le hameau de Rien n'est pas le hameau des riens, et s'appeler Henri ne dit rien de ses propres richesses. Attention aux biais et aux raccourcis.

- Henri, c'est bizarre comme titre !
- Pourquoi tu dis ça ?
- Bah, Henri à l'envers... ça fait quoi ? Ça fait ri-hen
- Ouais...
- Ri-en. Qui dit rien, dit tout. Qui dit toux, dit maux de gorge. Qui dit mots de gorge, dit "Gorge profonde". Qui dit gorge profonde, dit CIA. Qui dit CIA, dit Mossad. Et qui dit Mossad, dit...
- Juifs ?
- Voilà ! [23]

Borusse

L'histoire ancienne des populations d'hominines du sud de la mer Baltique et de son arrière-pays reste très mal définie. Les vestiges archéologique ne disent rien des structures sociales et leurs traits culturels sont encore un mystère. Entre les IVème et IIème millénaires avant JC, la vaste région entre les mers Baltique et Noire est peuplée par des "cultures archéologiques" diversifiées. Impossible de déterminer les liens entre elles. Dans cet espace géographique, les paléolinguistes supposent la présence d'un vaste ensemble linguistique qu'illes nomment balto-slave. Il n'est pas défini comme une entité homogène mais comme un continuum, c'est-à-dire une zone de variabilités géographiques d'éléments linguistiques proches. Il n'y a pas de langue balto-slave. Des linguistes parlent même d'espace germano-balto-slave pour indiquer qu'il s'agit de la zone d'apparition des "familles" des langues germaniques, baltes et slaves. Les recherches archéologiques ne permettent pas de faire un lien entre les hominines des "cultures archéologiques" des millénaires passés et les populations balto-slaves de l'Âge de Bronze. Sont-elles la continuité directe, un mélange complexe ou issues de vagues migratoires ? La plus ancienne mention attestée d'une population balte semble être celle de l'historien Tacite, à la fin du premier siècle après JC, qui parle des Aesti dans le sud-est de la mer Baltique qui récoltent l'ambre pour en faire commerce [24]. Selon lui, illes sont dans le voisinage des populations germaniques auxquelles l'empire romain se heurte dans son expansion vers le nord de l'Europe. Quelques siècles plus tard, ces mêmes Aesti sont décrits comme germaniques dans Histoire des Goths de Jordanès [25]. Ces identifications antiques sont à prendre avec beaucoup de réserves.

Du point de vue linguistique, le continuum balto-slave se subdivise historiquement entre, d'une part, le domaine slave, et d'autre part, les domaines baltes orientaux et occidentaux. Selon les linguistes, le processus de séparation entre ces deux derniers groupes s'amorce vers le Vème siècle avant JC, pendant l'Âge de Fer. Dans la zone orientale, plusieurs formes proches mais différenciées dont il ne reste de nos jours que le lituanien et le letton qui ont le statut de langue d’État officielle, et le samogitien, le latgalien et couronien qui sont reconnues comme langues régionales [26]. Dans la zone occidentale, il convient de distinguer, d'une part, le borussien, le nadruvien et le galindien, et d'autre part, le skalvien et le sudovien. La division orientale/occidentale n'est pas une frontière clairement définie : le couronien est parfois rattaché à l'une ou l'autre. Toutes ces langues baltes occidentales sont aujourd'hui disparues.

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Périphériques des empires et royaumes qui gouvernent de vastes régions de l'Europe occidentale et restées en marge de l'adoption des mythologies christiennes, les populations baltes demeurent très largement méconnues. Quelques textes les mentionnent et donnent de maigres indications sur elles. Dans le milieu du VIème siècle, le haut-fonctionnaire Cassiodore publie la lettre que le roi ostrogoth [27] fait parvenir sur les bords de la Baltique en réponse aux sollicitations diplomatiques : "Nous sommes heureux d'apprendre que vous avez entendu parler de notre renommée et que vous avez envoyé des ambassadeurs qui ont traversé tant de nations étrangères pour solliciter notre amitié. Nous avons reçu l'ambre que vous nous avez envoyé." [28] Wulfstan, un marchand-navigateur de la fin du IXème siècle [29], livre une courte description des Estes. Il indique qu'il ne s'agit pas d'une société unique mais que chaque forteresse à son propre roi. Aucune tribu balte ne semble se nommer elle-même borusse ou d'une quelconque forme dérivée. Description des cités et des régions au nord du Danube [30], un texte anonyme rédigé en latin dans le courant du IXème siècle, mentionne les prisanni et leurs 70 cités et les bruzi, deux noms proches de la sonorité borusse qui se transforme aux cours des siècles en prusse.

L'expansion des mythologies christiennes est un phénomène qui gagne le nord et l'est du sous-continent européen. Les conversions ne sont pas une douce découverte des paroles de Jésus aka Christ mais une véritable mise au pas des populations par des missionnaires qui, pour paraphraser le spécialiste de l'histoire sociale Pierre-Emmanuel Barré, "ont plus de sang sur les mains qu'une parkinsonienne qui vide sa cup." [31] Les hostilités débutent à la fin du Xème siècle mais la résistance est féroce. Les premiers fanatiques missionnaires se font décapiter. Adalbert en 997, puis Bruno en 1009 qui, selon la terminologie morbide des autorités christiennes, "avec 18 de ses compagnons, [...] offre sa vie en sacrifice pour la conversion et le salut des païens" ! [32] Les populations baltes ne restent pas sans réaction face à ces tentatives d'intrusion et lancent des incursions militaires contre les royaumes alentours convertis aux mythologies christiennes.

Prusse

Vers la fin du XIIème siècle, les autorités religieuses christiennes et les royaumes qui les reconnaissent veulent en finir avec le paganisme des populations scandinaves, slaves et baltes. Afin de consolider les premières implantations christiennes et de s'étendre encore plus, des ordres militaro-religieux sont appelés à l'aide. Véritables mercenaires de la foi, les terres conquises leur sont promises par les autorités religieuses de Rome. En 1226, à la demande d'un aristocrate polonais, l'ordre des chevaliers teutoniques [33] est sollicité pour mettre fin à la menace païenne à l'est. Les moines-soldats s'installent et obtiennent progressivement l'indépendance autour de la ville de Chelmno puis de tous les territoires qu'ils conquièrent. Conséquences de ces attaques, la population balte prussienne passe d'environ 150000 hominines dans le milieu du XIIIème siècle à moins de 80000 en un siècle. Le territoire de l'État monastique teuton s'étend le long de la côte orientale de la mer Baltique, de la Vistule au golfe de Finlande. Sa capitale est fixée dans la ville de Marienburg [34], près de l'actuelle Gdansk [35] en Pologne. Il est bordé par le Saint-Empire romain germanique [36] à l'ouest, le Royaume de Pologne au sud et le Grand-Duché de Lituanie au nord-est. Afin de nourrir l'historiographie de Ordre des chevaliers teutoniques, l'un d'eux rédige en latin Chronicon terrae Prussiae [37] dans le premier quart du XIVème siècle dans lequel, outre l'histoire et les faits de guerre des moines-guerriers, il fait une courte description des croyances et des mœurs, ainsi qu'une liste des territoires et des tribus de ces baltes occidentaux. Écrit probablement à la même époque, le Vocabulaire d'Elbing [38] est un recueil d'environ 800 mots appartenant à l'ensemble linguistique balte occidental avec leur traduction en vieux-saxon [39]. Ils sont notés avec l'alphabet latin. Pour consolider son autorité, l'Ordre favorise la colonisation en donnant des terres agricoles à des hominines venant de régions germaniques d'Europe. Phénomène qui accentue l'assimilation culturelle des populations baltes à la culture coloniale. La pratique des langues baltes est en net recul et les anciennes croyances religieuses sont remplacées par les mythologies christiennes. Progressivement, le terme de prusse est utilisé pour désigner les populations de langue et de culture germaniques vivant sur la côte orientale de la mer Baltique. La Prusse désigne l’État monastique germanique.

En plus des colons paysans, le pouvoir politique teutonique s'appuie sur des marchands, des artisans, des nobles et des ecclésiastiques qui peuplent les grandes cités baltiques. Le commerce est prospère et l'Ordre vit grâce aux impôts importants qu'il collecte. Son monopole sur le commerce de l'ambre est une source de revenus importante. Les conflits récurrents avec la Pologne voisine ou avec la Lituanie affaiblissent toujours plus l'État monastique. Même si les pertes de territoires sont faibles, le fardeau financier est énorme. La gourmandise des élites marchandes et de la noblesse n'est plus rassasiée suffisamment. Dans la première moitié du XVème siècle, elles réclament des changements politiques et de nouveaux privilèges. Face au refus de l'Ordre, une cinquantaine de nobles et presque une vingtaine de villes de la Prusse teutonique demandent l'aide du royaume polonais. La guerre est lancée. Acculés, les chevaliers teutoniques et leurs supplétifs cèdent après plus de dix années de guerre et signent en 1466 un accord qui divise en deux la Prusse. À l'ouest, la Prusse royale devient une province autonome au sein du Royaume de Pologne, et à l'est, le reste du territoire demeure indépendant. La capitale de cette Prusse orientale passe de Marienburg — Malbork en polonais — sur la rivière Nogat, un bras de la Vistule, à la ville de Königsberg [40] sur l'estuaire de la Pregolia et séparée de la mer Baltique par la presqu'île de Sambie. L'une est au sud de la lagune de la Vistule, l'autre au nord. Königsberg est la version germanique du polonais Królewiec. Královec en tchèque.

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Dans le premier quart du XVIème siècle, Albert, 37ème grand maître de l'ordre Teutonique, prend partie dans les querelles politiques et religieuses qui divisent les adeptes des mythologies christiennes en Europe. Membre de la noblesse polonaise par sa génitrice et germanique par son géniteur, il est le neveu du roi de Pologne. Il s'entiche du réformateur Martin Luther [41] et prend la décision de séculariser l'Ordre. Il se converti officiellement au luthéranisme et proclame en 1525 un duché de Prusse, vassal de la Pologne. Une clause spéciale prévoit l'abandon des territoires à la Pologne en cas d'extinction de la lignée masculine de ce duché héréditaire de Prusse. Le protestantisme luthérien est religion d'État et l'ensemble de la population est appelée à s'y convertir. La Prusse ducale est le premier État officiellement "protestant" [42]. En partie refuge pour les hominines qui se disent adeptes d'une forme ou d'une autre de protestantisme, les migrations de germanophones accentue l'acculturation des baltes entre les XVIIème et XVIIIème siècles. Des vestiges linguistiques borusses, et plus généralement baltes occidentaux, perdurent en substrat dans la variante prussienne de l'ensemble linguistique germanique [43]. Le même phénomène de recul, puis de vestiges, s'observe dans les régions slave polonaise ou balte lituanienne.

Sans héritier mâle, la dynastie ducale change de mains. Marié à la fille du dernier duc, Sigmund de Brandebourg devient le nouveau dirigeant de la Prusse orientale. Cette dernière est de fait unie avec le Brandebourg pour former en 1618 l'État de Brandebourg-Prusse. La marche de Brandebourg, fondée au milieu du XIIème siècle, est une des composantes du Saint-Empire germanique. Située au nord-est de l'empire, elle n'a pas de continuité territoriale avec la Prusse orientale. Sa capitale, Berlin, est à plus de 500 kilomètres de Königsberg. Séparées par le royaume de Pologne. En 1701, le statut politique de l'État de Brandebourg-Prusse lorsque le duc de Prusse obtient de l'empereur que le duché soit reconnu comme royaume. Mais ne pouvant être désigné roi dans le cadre de l'empire, Frédéric Ier est dit roi en Prusse et non roi de Prusse. Par conséquent son titre de roi est uniquement valable en Prusse. Son petit-fils, Frédéric II, est le premier à obtenir le titre officiel de roi de Prusse en 1772. Royaume militariste et expansionniste, la Prusse conquiert plusieurs territoires en Europe occidentale. La Prusse royale, sous domination polonaise depuis la seconde moitié du XVème siècle siècle, est annexée sous le nom de Province de Prusse-Occidentale. Cette nouvelle situation crée une continuité territoriale entre le Brandebourg et la Prusse. À la fin du XVIIIème siècle la superficie de la Prusse a presque doublé. Le royaume de Prusse est un État européen important de par son activité économique florissante, son armée puissante et l'étendue de son territoire. S'étirant de la mer Baltique aux frontières françaises, il est la composante principale de l'empire allemand qui voit le jour en 1871 sous la forme d'une confédération d'une myriade de principautés et de royaumes.

Russe

Dérives baltiques

Královec

Notes

  1. Le Danemark, l’Estonie, la Lettonie, la Finlande, l’Allemagne, la Lituanie, la Pologne, la Russie et la Suède
  2. JC
  3. Adam de Brême
  4. hominines
  5. Sarmates et Arthur
  6. Suèves
  7. Jurassic Park
  8. Louis Skorecki, "La Liste de Schindler" dans Libération, 5 juin 1999
  9. En s'affirmant ainsi être un dauphin, Gérard Lenorman ne souffre d'aucun trouble psychiatrique mais utilise un procédé artistique classique qui consiste à se mettre à la place d'autrui. Gérard Lenorman, "Gentil dauphin triste" sur l'album Drôles de chansons, 1976 - En ligne
  10. - En ligne
  11. toundra
  12. - En ligne
  13. illes
  14. cultures archéologiques
  15. Différentes cultures
  16. protochronisme
  17. François Reynaert, Nos ancêtres les gaulois et autres fadaises, 2010
  18. Nicolas Trifon, Précis de thracomanie : en marge de "Nos ancêtres les Thraces" de Tchavdar Marinov, septembre 2016 - En ligne. Tchavdar Marinov, Nos ancêtres les Thraces : usages idéologiques de l’Antiquité en Europe du Sud-Est, L’Harmattan, coll. Historiques, 2016
  19. Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, 2008
  20. Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les indo-européens ?, 2014
  21. George Dumézil, Entretiens avec Didier Eribon, 1987
  22. 'hameau - [En ligne]
  23. Extrait de Fabcaro, Zaï Zaï Zaï Zaï, 2015
  24. Tacite, Germania - [En ligne]
  25. Jordanès, Histoire des Goths, 551 - [En ligne]
  26. langues régionales et dialectes
  27. roi ostrogoth
  28. Cassiodore - [En ligne]
  29. Stéphane Lebecq, "Ohthere et Wulfstan : deux marchands-navigateurs dans le Nord-Est européen à la fin du IXe siècle", Hommes, mers et terres du Nord au début du Moyen Âge, Vol. 1, Presses universitaires du Septentrion, 2001 - En ligne
  30. Anonyme, Description des cités et des régions au nord du Danube - [En ligne]
  31. Pierre-Emmanuel Barré, "Révolution" dans La dernière, octobre 2025 - En ligne
  32. Saint Bruno de Querfurt sur Nominis - En ligne
  33. ordre des chevaliers teutoniques
  34. Marienburg
  35. Appelée Dantzig dans sa version germanophone
  36. Saint-Empire romain germanique
  37. Chronicon terrae Prussiae
  38. Vocabulaire d'Elbing
  39. vieux-saxon
  40. Königsberg
  41. Martin Luther
  42. "protestant"
  43. variante prussienne