Esse longue (Lettre) : Différence entre versions
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Version du 16 août 2021 à 18:16
Esse longue. Lettre abandonnée de l'alphabet latin, utilisée pour noter l'actuelle s minuscule. Elle est notée ſ ou ʃ.
ProfondeursCela fait maintenant plus d'une centaine de millénaires que les hominines[1] utilisent le langage articulé pour communiquer ensemble. Pour se faire, il leur a fallu détourner de leurs fonctions premières les organes buccaux et la gestion de la respiration. En effet, la parole n'est pas une fonction biologique en tant que telle, mais une adaptation puis une apprivoisement d'une configuration anatomique particulière. Un peu comme les plumes qui n'ont pas d'autre fonction première que la régulation thermique chez certains dinosaures terrestres et qui, au fil de l'évolution, sont devenues un artifice indispensable au vol pour la quasi totalité des oiseaux ou une pure décoration encombrante qui empêche tout vol chez le paon. Même si le langage articulé est devenu une caractéristique des hominines, tout comme le vol pour les oiseaux, il n'en reste pas moins que l'absence de capacité de langage articulé chez des individus, pour diverses raisons, ne fait pas moins être hominine. L'impossibilité de vol chez le pingouin ou l'autruche n'en font pas moins des oiseaux. Les grands singes et les chimpanzés — la cousinade des hominines — ne disposent pas de langage articulé pour communiquer alors qu'illes possèdent la capacité anatomique de produire toutes les voyelles. À contrario, des perroquets sont en capacité de reproduire plus d'une centaine de mots, de les utiliser à bon escient et d'en comprendre jusqu'à plusieurs centaines, sans disposer d'une anatomie permettant un langage articulé. Par simple imitation. De la même manière, l'existence de langues sifflées[2] parmi certaines populations d'hominines n'en fait pas pour autant des oiseaux. L'apparition des premiers langages articulés chez les hominines reste encore un mystère pour les spécialistes du sujet et leur oralité rend impossible d'en savoir plus. Le mythe christien[3] de la Tour de Babel[4] qui proclame une origine commune de toutes les langues des hominines est aujourd'hui largement remis en cause par la paléolinguistique. Jugé trop simpliste, il est maintenant évoqué la possibilité de plusieurs foyers d'apparition de langues articulées indépendamment les unes avec les autres[5]. Les langues les plus anciennes dont nous disposons de traces sont datées du quatrième millénaire avant JCⒸ[6] : L'écriture cunéiforme[7] pour noter le sumérien et hiéroglyphique[8] pour l'égyptien. Employé pendant plusieurs millénaires et adapté pour noter plusieurs langues du sud-est méditerranéen, le cunéiforme disparaît dans les premiers siècles après la pseudo-naissance de Jésus[9]. À partir de l'écriture hiéroglyphique apparaissent les premières formes alphabétiques pour transcrire des langues de la région, vers 2000 ans avant lui selon les datations les plus anciennes. Seules les consonnes sont notées par la langue phénicienne, parlée dans l'actuel Proche-Orient. Pour cela, cette écriture consonantique reprend le premier son du nom représenté par le hiéroglyphe. Ainsi le caractère retenu pour noter le son "esse" s'inspire du hiéroglyphe symbolisant une dent car dans la langue phénicienne "dent" se dit "sin". Le premier alphabet phénicien comporte 22 caractères. Grâce à l'importance des cités-États phéniciennes dans cette région orientale de la Méditerranée, cette méthode simplifiée et facile à apprendre se diffuse largement parmi d'autres populations d'hominines qui l'adaptent à leur propre langue vers le IXème siècle avant JCⒸ. De cet alphabet phénicien, dans la partie sud-méditerranéenne, dérivent les alphabets araméen, hébreu, syriaque, nabatéen et, de ce dernier, l'alphabet arabe et quelques autres. Dans la partie nord, l'étrusque, le celtibère et le grec adoptent et adaptent cette notation alphabétique à leurs besoins. Très peu utilisée jusqu'alors, la notation des voyelles est nécessaire pour ces langues. Si le celtibère a disparu, cet ancien alphabet grec a donné ce qui deviendra d'une part l'alphabet grec classique, dont dérive le cyrillique, et d'autre part l'étrusque. De ce dernier dérive l'alphabet latin qui comporte alors une vingtaine de lettres.
FormesLe tracé de chaque lettre de l'alphabet latin se normalise très lentement. Les cursives dites "capitales" sont employées dans la plupart des échanges commerciaux ou officiels du centre de la péninsule italique. Elles ornent les bâtiments officiels. Utilisées par l'administration de l'empire de Rome entre le Ier siècle avant JC et le IVème siècle après, elles sont concurrencées par les cursives dites "minuscules". Apparues probablement vers le IIème siècle avant l'autoproclamé messie, elles sont plus adaptées à l'écriture manuscrite. Il n'y a pas de norme véritable et la forme de certaines lettres prête à confusion. Les mots ne sont pas séparés par une espace[10] et les lettres ne sont pas jointes, hormis quelques lettres réunies entre elles lorsqu'elles sont côte à côte, ce que l'on appelle des ligatures. Par l'existence de deux formes différentes — minuscule et capitale — pour la même lettre, l'alphabet latin se structure pour devenir une écriture bicamérale. Cette cursive romaine subit quelques modifications au cours des siècles afin d'en améliorer la lisibilité. Le "b" et le "d" se différencient plus facilement mais le "a" et le "v" se ressemblent fortement avec une forme en "u", tout comme la "r" et la "s" qui ont des graphies proches. Dans cet alphabet latin de 20 lettres, celles-ci se nomment selon la sonorité de la première lettre de son nom grec. Le sigma grec est une esse latine. Lorsque l'empire romain se disloque dans le courant du Vème siècle, la cursive romaine est largement utilisée dans les territoires devenus indépendants. Mais la norme est relative car des variantes sont présentes. Les principales graphies qui s'imposent sont la wisigothique dans la péninsule ibérique, l'insulaire en Grande-Bretagne et la mérovingienne dans les territoires de l'ouest européen sous domination des royaumes francs. En dépit des efforts de la dynastie franque mérovingienne de la fin du Vème au milieu du VIIIème siècle, l'écriture mérovingienne n'est pas uniforme et comporte plusieurs variantes mais elles sont assez proches. Les ligatures sont nombreuses et les mots sont rarement séparés. Alors que globalement la cursive capitale est peu modifiée, la minuscule mérovingienne se transforme et se diffuse à travers l'ouest européen[12]. Afin de limiter des erreurs, de faciliter son apprentissage et d'étendre son utilisation, les successeurs des mérovingiens — les carolingiens — réforment les usages à la fin du VIIIème siècle et favorisent de nouvelles normes graphiques pour les lettres[13]. L'expansion du royaume franc à presque toute l'Europe de l'ouest à la fin du VIIIème siècle est un facteur important de la diffusion de la minuscule caroline à travers cette partie du continent. Le processus de "normalisation" n'est pas une décision politique carolingienne[14] mais un ensemble complexe de mises en forme dans les milieux érudits de l'empire carolingien, le résultat du large réseau d'écoles et de monastères qui enseignent les matières utiles ou diffusent les mythologies des christiens. Une macédoine de graphies. Les scribes font des choix individuels et les échanges incitent à une normalisation des graphies afin de faciliter l'intercompréhension. Il n'y a pas une unique graphie caroline pour l'alphabet latin mais de multiples variantes mineures. Certaines conservent des ligatures que d'autres abandonnent, certaines utilisent des graphies différentes pour les mêmes lettres. Héritière du ʃ latin, la forme actuelle de la lettre "s" est employée en parallèle de la forme ſ. Le point de séparation ou une espace entre deux mots sont de plus en plus courants. L'éclatement de l'empire carolingien dans le milieu du IXème siècle entre trois prétendants aboutit à la création des royaumes de Francie occidentale, médiane et orientale. Le pouvoir échoit à différentes branches de la noblesse franque. Dès le début du Xème siècle, la Francie orientale n'est plus sous la direction d'une quelconque branche de l'aristocratie franque mais passe sous celle d'une dynastie saxonne, les ottoniens. À partir de la fin du Xème siècle, la Francie occidentale est dirigée par Hugues Capet dont la branche — capétienne — régnera pendant plusieurs siècles. La Francie médiane est rapidement divisée entre trois prétendants qui obtiennent les royaumes d'Italie, de Provence et de Lotharingie. L'utilisation de la cursive caroline recule à partir du XIIème siècle et laisse place à d'autres cursives, la gothique par exemple. Elle revient en force dans le milieu du XVème siècle lorsqu'elle sert de référence pour l'imprimerie naissante car des érudits pensent voir en elle — à tort — l'écriture latine type. La typographie s'inspire de la cursive caroline pour la forme des lettres à imprimer en minuscules et, pour les majuscules, de la cursive romaine dite capitale. UsagesLangue officielle, le latin est employé dans les échanges administratifs et les textes "savants" qui circulent au sein de l'empire et reste, après sa chute, la référence pour les différentes dynasties qui se partagent son territoire. Dans les siècles qui suivent l'éclatement de l'empire romain la situation linguistique est complexe. La langue administrative et savante est latine, les aristocraties sont d'ascendance germanique et les populations d'hominines qu'elles dirigent ont des pratiques linguistiques différentes — ni latines, ni germaniques — selon les régions. Parmi les populations latinisées du sud et de l'ouest du sous-continent européen, le latin "populaire" se différencie de plus en plus du latin classique. Daté du 14 février 842, le Serment de Strasbourg est le plus ancien texte bilingue connu écrit, avec un alphabet latin, dans une langue latine et une germanique. Signées par les deux futurs dirigeants des royaumes de Francie occidentale et orientale, tout deux petits-fils et héritiers de Charlemagne, la partie latine est destinée aux troupes du premier et la seconde à celles de son frère. Le latin utilisé dans ce texte est clairement une forme singulière de cette langue, ce qui, selon nombre de spécialistes de ce sujet, est un fait marquant dans l'apparition des langues gallo-romanes dans la partie nord de la France et le sud de la Belgique actuelles. Par la suite appelées langues d’oïl[15], elles se différencient d'autres zones latinisées plus au sud où sont pratiquées les langues d'oc[16] et les langues de si[17] — respectivement dans la partie sud de la France et nord de l'Italie actuelles — différenciées par leur manière propre de dire "oui". Au delà de ces classifications affirmatives, les processus qui menèrent au remembrement linguistique de la zone d'influence latine dans toute l'Europe occidentale ne sont pas clairement identifiés pas les linguistes et autres paléographes[18]. Les débats sont vifs et les enjeux politiques. Jusqu'au XIVème siècle, les langues d'oïl interagissent entre elles et certaines disposent même de littératures savantes et religieuses, mais à partir du siècle suivant l'une d'elles va s'imposer aux autres. Centre du pouvoir de l'ancienne Francie occidentale devenue depuis royaume de France, la région autour de Paris est le lieu où se forge les prémisses d'une langue standardisée. Largement nourri par les autres langues d'oïl[19], le francien fait place au moyen français[20]. Langue de cour, il est fait langue de prestige et de pouvoir. Loin des pratiques "populaires", une standardisation s'opère pendant plusieurs siècles sous l'influence de lettrés. Plutôt que puiser dans le vocabulaire des langues d'oïl, il est souvent préféré des étymologies grecques ou latines pour finaliser l'orthographe des mots. De nouvelles règles d'usages sont édictées.
La esse longue est sortie progressivement du domaine linguistique mais entame une seconde vie dans les mathématiques à partir du XVIIème siècle. Le mathématicien Leibniz se sert de l'initiale du mot ʃumma "somme" pour noter ∫ le calcul mathématique qui met au point, nommé intégration. Dans les différentes langues d'oïl, et singulièrement le francien, l'alphabet latin "classique" n'est plus adapté pour rendre toutes les sonorités et certaines graphies continuent à être source de confusion. Utilisés sans point, le "i" et le "j" sont difficilement discernables, tout comme le "u" et le "v". La difficulté est grande de parvenir à noter au mieux les sonorités et les subterfuges sont nombreux. Même dans les mots où elle est devenue muette, la lettre "s" est maintenue à l'écrit et plus tard remplacée par un accent circonflexe. Les graphies ʃ et ſ sont utilisées pour noter le son, ou son vestige, au début ou dans un mot mais la graphie en esse est parfois employée pour noter le "s" final et muet du pluriel. Les cursives carolines et gothiques sont les plus répandues dans les écrits poétiques, littéraires, savants ou religieux. Les ligatures entre deux lettres sont nombreuses ainsi que les abréviations, parfois un mélange des deux. L'esperluette &, par exemple, est une ligature de "e" avec "t", et l'on retrouve dans certains manuscrits "&c." pour noter l'abréviation "etc." de et cœtera. Les nombreux manuscrits montrent clairement qu'il n'existe pas de norme quand à l'emploi de telle ou telle graphie de lettre. Un même texte peut comporter de fait plusieurs orthographes pour le même mot au fil des lignes et des pages. La difficulté avec la esse est qu'elle peut être prononcée ès ou ze suivant les lettres qui l'entourent. Hormis quelques exceptions, entre deux voyelles le son est similaire à celui de la lettre zède alors qu'il se prononce ès dans la plupart des autres cas. Si la lettre est doublée, la sonorité est aussi ès. Dans ces deux derniers cas, on parle de esse longue. La complexité supplémentaire de la esse est qu'elle possède plusieurs graphies. Par exemple, le mot "connaissance" peut être écrit connaiʃance, connaiʃʃance, connaiʃsance ou connaiſſance. La minuscule "s" reste d'usage pour marquer la position finale et muette du pluriel, connaiſſances. La standardisation progressive du moyen français ne met pas fin à ces pratiques multiples de la esse longue. Si l'invention et la diffusion de l'imprimerie dans la seconde moitié du XVème siècle tendent à favoriser une harmonisation au sein même des textes sur les choix d'une graphie, la esse longue continue d'être utilisée et est intégrée au sein des caractères typographiques dans la plupart des imprimeries. Les réformes successives de la langue française ne la font pas disparaître mais son usage est réglementé par les normes orthographiques et grammaticales qui se succèdent jusqu'à la fin du XVIIIème siècle. La esse longue sort progressivement du domaine linguistique pour entamer une seconde vie dans les mathématiques à partir du XVIIème siècle où le mathématicien Leibniz se sert de l'initiale du mot ʃumma "somme" pour noter ∫ le calcul mathématique qu'il met au point, nommé intégration. Le renversement des anciens privilèges et l'octroi de nouveaux dans le domaine politique par la "Révolution française" de 1789 aboutit, dans le domaine linguistique, à la suppression des graphies ʃ et ſ pour les remplacer par la seule minuscule s. La cursive majuscule est S. Ainsi guillotinée, la esse longue laisse place à sa version courte. Conformément au projet révolutionnaire, les apparences changent mais le fond demeure. La esse muette est remplacée par une accent circonflexe placé sur la voyelle la précédant et rappelant la prononciation particulière de celle-ci. Ainsi connaître et non plus connaistre ou connaiſtre. La dictée est officialisée en tant que forme de torture pédagogique pour des générations d'hominines à venir[22]. Le genre du mot subit aussi des changements en passant du féminin au masculin dans l'usage courant et la plupart des dictionnaires, comme les lettres f, h, l, m, n et r. À partir du XIXème siècle il est courant de croiser le esse. Le siècle suivant, la lettre esse est un des enjeux des grandes batailles idéologiques qui feront des millions de morts. D'un côté la cursive kryptonine et alliées, de l'autre les fanatiques du double s germano-runique. L'abandon en 1941 de la cursive gothique au profit de la caroline par les forces hitléristes marque l'entrée en guerre, à la fin de cette année, des États-Unis d'Amérique aux côtés des pays européens. Dans le combat $uperman vs ϟϟurhumain, ce dernier s'est pris une déculottée[23], son allié pendu à une esse de boucher et ne survivent plus que dans quelques cerveaux d'hominines. L’opprobre est jetée sur la double s et celle de Superman s'impose en modèle subliminal même si la cursive classique s reste la référence pour les hominines. La servitude s'écrit avec un esse court qui s'éternise. Une critique radicale de l'existant porte d'ailleurs des hominines à réclamer la disparition rapide de ces trois formes de esses. Et de toutes les autres. Tel ce slogan illettré sur une banderole lors d'une manifestation le 1er mai 2018 à Paris :
LigaturesL'utilisation de la cursive caroline dans les manuscrits engendre l'apparition de ligatures entre certaines lettres. Pour des raisons de commodité dans l'écriture, des lettres sont liées entre elles et dessinées ensemble, d'un même trait, donnant l'impression d'être une lettre particulière. Avant les normalisations, les choix de telle ou telle lettre à unir dépendent des copistes et autres hominines lettrés. Si les motivations premières semblent être pratiques, au cours des siècles elles deviennent esthétiques. Les graphies de certaines lettres s'y prêtent bien et toutes les extravagances sont permises. Datant de la cursive mérovingienne, l'esperluette[25] & est la ligature entre les lettres "e" et "t". Progressivement stylisée, elle est utilisée seule pour noter le mot et et parfois au sein même d'un mot comportant ces deux l&tres. Elle est la seule ligature à perdurer dans la langue française actuelle. La ligature de deux u en w a obtenu le statut de lettre à part entière, avec le statut de consonne qui s’épelle "double v" en français alors qu'en anglais elle reste "double u". Œ est une ligature entre deux lettres mais il est souvent considéré comme une lettre particulière qui note une sonorité spécifique — un graphème — renvoyant à l'étymologie. Les règles de prononciation et les usages de ce graphème sont multiples. Les fœtus n'ont rien d'une œuvre alors même que le cœlacanthe fait des œufs, pour le dire en termes protivophiles. Les mots œuf et bœuf subissent une variation au pluriel qui fait disparaître la sonorité de la lettre f. Un peu comme si la f était confondue avec la esse longue ſ pour former une doublette de s et ainsi faire un pluriel en gueux. Même s'il a largement été remplacé par un e avec un accent aigu — Égypte et non plus Ægypte — le graphème latin Æ est encore employé en français dans des mots comme ex æquo ou tænia par exemple. Contrairement aux ligatures classiques, les graphèmes ont une forme minuscule et majuscule. Les libertés dans l'emploi des ligatures sont petit à petit contrecarrées par les processus de normalisation qui tendent à les limiter pour une meilleure intercompréhension. Seules quelques lettres restent liées entre elles lorsqu'elles se côtoient. Pour des raisons techniques, les typographes du XVème siècle introduisent les ligatures dans l'imprimerie afin de rendre plus lisibles les textes. La proximité entre certains caractères typographiques risque d'engendrer des superpositions entre, par exemple, le point du i et la barre du f, ou entre sa partie courbe et le haut de la lettre l. Les ligatures fi et fl sont introduites. Idem pour deux f qui se suivent (ff) et peuvent prêter à confusion avec deux esses longues tant les formes sont quasi identiques, seule la longueur de la barre transversale les différencient. La graphie ſ de la esse longue donne aussi lieu à des arrangement typographiques lorsqu'elle est précédée des lettres t, i ou l pour devenir des ligatures. Moins utilisée, la graphie ʃ est elle aussi sujette aux mêmes ligatures. Jusqu'au début du XIXème siècle, les usages dans la langue française font qu'il est courant de trouver plusieurs manières de noter un double s dans un mot. Par exemple, la cartographie de la France réalisée dans la seconde moitié du XVIIIème comporte des graphies et des ligatures changeantes[26]. Une esse double est encore écrite ſſ, ſs ou ss, selon le bon vouloir de chaque hominine, autant pour des noms propres que des noms communs. Les techniques d'imprimerie se sont inspirées des ligatures manuscrites simples qui rapprochent simplement les deux caractères, tout autant qu'elles reprennent la ligature esthétique entre les lettres ſ et s utilisée depuis des siècles. Connaiſsance ou connaißance ? Proche de la lettre grecque minuscule bêta β, la ligature ß ne doit pas être confondue avec un B majuscule ni avec le eszett germanophone ẞ. Ce dernier est aussi une ligature, mais entre une esse longue et la sonorité de la lettre z, le lien entre ſ et ʒ. Dans le continuum linguistique germanophone, l'évolution de la sonorité de la seconde esse s'est progressivement différenciée pour se rapprocher de celle du zède, à tel point que le eszett est élevé au rang de lettre alors que le ß reste une ligature dans la langue française. La maxime du philosophe George Abitbol "Monde de merde" se traduit par "Scheiẞe welt". La prononciation de scheiẞe est à rapprocher de celle du français chiasse, avec le même sens. Que se soit dans les langues germaniques ou le français, l'emploi du eszett ẞ ou de la ligature ß ne se fait qu'en minuscule. Lorsqu'il est nécessaire d'utiliser les majuscules, pour un début de phrase, un nom propre ou une écriture en capitales, tout deux prennent la forme S doublée. Connaißance mais CONNAISSANCE. L'abandon au cours du XVIIIème siècle de la esse longue dans les îles britanniques — jugée trop semblable à la graphie adoptée pour la f écrite sans barre transversale — puis dans la langue française entraîne la disparition des ligatures spécifiques à cette lettre. Le eszett est officiellement remplacé par une double s en Allemagne et certains pays germanophones dans le cadre de réformes de l'orthographe à la fin du XXème siècle, mais son usage persiste et la toponymie regorge de eszetts. Pour des soucis de précision administrative, l'Allemagne réintroduit en 2017 le eszett pour le recensement des communes et autorise même la création de sa majuscule ẞ ! Les ligatures sont toujours utilisées par certaines typographies de l'imprimerie moderne. La nécessité technique a fait place au conservatisme ou à l'esthétisme. Elles concernent seulement quelques lettres dont la graphie et la proximité s'y prêtent. Les plus courantes sont f, t, l et c. Avec l'adoption définitive de la graphie minuscule s et majuscule S, la lettre esse perd de son intérêt graphique. Seule une ligature avec un t est parfois retenue par les polices de caractères modernes. Dîparition ?Pour la protivophilie les recherches sur la esse longue sont fondamentales, elles ouvrent de nouveaux horizons, un champs de recherche considérable. Non pas qu'elles introduisent de nouvelles possibilités de lectures des deux inspirateurs de la recherche sur F. Merdjanov que sont Élie "Booba" Yaffa et le bicéphale Gille-Félix Deleuze-Guattari, l'un pour son sens de la répartie, l'autre pour sa répartition de sens. Les tentatives d'utilisation de la esse longue et des ligatures pour transcrire les textes du premier n'en ont pas changé le sens profond alors que pour les seconds cela n'en a pas donné plus. Avec ou sans confusion entre ſ et f. Étendue aux textes disponibles sur F. Merdjanov, cette méthode introduit le doute sur l'intégralité des travaux menés jusqu'à ce jour. Au cri de "All Cursives Are Banished", la protivophilie réaffirme que sa détestation des maîtres, même nageur, est à la hauteur de celle des polices, même de caractères. La question principale est de déterminer avec précision si nous sommes en présence de ſ ou f dans ce qu'il est communément appelé le prénom de F. Merdjanov. Le passage du manuscrit original à la retranscription de la seule biographie existante a-t-il pu être une source d'erreur ? Dans ce cas, les recherches protivophiles doivent être réorientées afin de déterminer tous les prénoms possibles débutant par S et non plus par F. Rien n'est encore confirmé et seule une étude approfondie du manuscrit original permettrait de dissiper ces doutes. La tâche est considérable et la situation sanitaire mondiale ne facilite pas l'accès à ce manuscrit. Dans l'attente d'investigations supplémentaires qui viendraient confirmer une thèse ou l'autre, l'ensemble des textes disponibles sur wikimerdja restent valides.
Notes
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