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Ici figurait une citation que la connaissance ultérieure de Ladislav Klima nous pousse à aléser intégralement ; cette correction figurera sur les éditions papiers futures des Analectes de rien. F. Merdjanov comprendra, ou pas ; "rien" n'est pas "Rien" mais pour que rien ne se perde vraiment et tende vers le Tout, nous livrons en remplacement une lanterne à-même de remonter le fil de ce qui a disparu.
Gemidžii Éditions
« Ceci n'est pas un journal », note Ladislav Klima, le 17 mai 1926, dans le droit fil de l'habitude prise près de trente ans auparavant de consigner par écrit le gros des apories qui le tiennent et des pensées qui lui viennent en péripatétisant. Dans des pages qui n'ont en effet rien d'un reflet passif des choses qui arrivent. Loin de la relation quotidienne d'événements ayant leur source et leur sens dans un dehors, qui tiendraient plutôt de l'ordre du jour d'une armée fantôme, immanente à l'esprit dont elle bat les campagnes. Monologue si l'on veut, mais sans le renfermé, le poids du secret, l'arrière-goût livresque aux aguets derrière le commun des portes closes. Monologue-apostrophe qui abat les cloisons de l'intériorité, à lire à ciel ouvert, comme un scénario de l'éternel retour du premier jour d'une Création sans objet, synonyme du Rien ou, dans sa masse néanmoins indéniable, comme un monumental dictionnaire d'idées fixes au fil desquelles la droite s'infléchit en cercle, « tournoiement chaotique » – que celui qui écrit qualifie aussitôt d'un « mal dit ».
Erika Abrams, "Avertissement" in Ladislav Klima, Tout, La Différence, 2000.