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== D'Aryen ? ==
 
== D'Aryen ? ==
L'arrivée du colonisateur espagnol au début du XVI<sup>ème</sup> siècle bouleverse considérablement les équilibres politiques et sociaux des hominines locaux. Dans le Darièn, les indiens cueva sont exterminés rapidement au fil des avancées militaires. Les descriptions de la fin du XVII<sup>ème</sup> siècle mentionnent les indiens "Choco" et "Kuna". Progressivement, ces derniers refluent de l'intérieur des terres vers les zones de la côte atlantique devant l'avancée des espagnols et les guerres qui les opposent aux Choco. Les français nomment Sambres les hominines vivant dans les îles de l'archipel de San Blas. Des colons s'installent le long de la côte, en face des San Blas, et certains se marient avec des femmes kuna (sambre). Dans son récit, William Wafer parle de plusieurs centaines de ces colons français. La ville de Conception est le centre de ce réseau de colons. Mais en 1755, les indiens kuna se lancent dans des attaques contre les installations coloniales et en expulsent tous les habitants.  
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L'arrivée du colonisateur espagnol au début du XVI<sup>ème</sup> siècle bouleverse considérablement les équilibres politiques et sociaux des hominines locaux. Dans le Darièn, les indiens cueva sont exterminés rapidement au fil des avancées militaires. Les descriptions de la fin du XVII<sup>ème</sup> siècle mentionnent les indiens "Choco" et "Kuna". Progressivement, ces derniers refluent de l'intérieur des terres vers les zones de la côte atlantique devant l'avancée des espagnols et les guerres qui les opposent aux Choco. Les français nomment Sambres les hominines vivant dans les îles de l'archipel de San Blas. Des colons s'installent le long de la côte, en face des San Blas, et certains se marient avec des femmes kuna (sambre). Dans son récit, William Wafer parle de plusieurs centaines de ces colons français. La ville de Conception est le centre de ce réseau de colons. Mais en 1755, les indiens kuna se lancent dans des attaques contre les installations coloniales et en expulsent tous les habitants<ref>Franco-kuna en 1945 à Panama</ref>.  
  
Après plusieurs guerres menées contre les kuna, la région du Darièn est intégrée à la province espagnole de Nouvelle-Grenade - qui regroupe les actuels Panama, Colombie, Venezuela et Équateur. La colonie espagnole parvient à obtenir son indépendance définitive de la métropole en 1821. L'opposition politique entre les centralistes et les fédéralistes entraînent la dislocation de l'ex-colonie. Les élites post-coloniales - souvent issues d'une bourgeoisie métissée d'anciens colons espagnols, de descendants d'esclaves africains ou d'indiens - ne parviennent pas à s'entendre sur le "partage du gâteau". Le Venezuela prend son indépendance en 1829 et l’Équateur en 1830. Ce qu'il reste<ref>L'actuel Colombie, le Panama et la côte atlantique du Nicaragua - appelée "Côte des Mosquitos"</ref> se renomme République de Nouvelle-Grenade. Les débats houleux quant au fédéralisme interne vont engendrer une multitude de changements de nom avant de se fixer en 1863 sur États-Unis de Colombie. Le Darièn change de statut administratif au fil des réformes, parfois région distincte, parfois simple sous-division administrative de l’État fédéré de Panama. En 1903, alors que les États-Unis de Colombie peinent à négocier avec les États-Unis d'Amérique sur la question du percement du canal de Panama, les étasuniens soutiennent les indépendantistes panaméens en guerre depuis trois ans. En novembre est proclamée la République de Panama. La frontière de 225 km séparant les deux pays coupe le Darièn en deux.
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Après plusieurs guerres menées contre les kuna, la région du Darièn est intégrée à la province espagnole de Nouvelle-Grenade - qui regroupe les actuels Panama, Colombie, Venezuela et Équateur. La colonie espagnole parvient à obtenir son indépendance définitive de la métropole en 1821. L'opposition politique entre les centralistes et les fédéralistes entraînent la dislocation de l'ex-colonie. Les élites post-coloniales - souvent issues d'une bourgeoisie métissée d'anciens colons espagnols, de descendants d'esclaves africains ou d'indiens - ne parviennent pas à s'entendre sur le "partage du gâteau". Le Venezuela prend son indépendance en 1829 et l’Équateur en 1830. Ce qu'il reste<ref>L'actuel Colombie, le Panama et la côte atlantique du Nicaragua - appelée "Côte des Mosquitos"</ref> se renomme République de Nouvelle-Grenade. Les débats houleux quant au fédéralisme interne vont engendrer une multitude de changements de nom avant de se fixer en 1863 sur États-Unis de Colombie. Le Darièn change de statut administratif au fil des réformes, parfois région distincte, parfois simple sous-division administrative de l’État fédéré de Panama. Durant cette période, les indiens kuna obtiennent un statut particulier pour la région côtière et les îles dans lequel le gouvernement central reconnaît l'autorité traditionnelle, le droit coutumier et une certaine autonomie. En 1903, alors que les États-Unis de Colombie peinent à négocier avec les États-Unis d'Amérique sur la question du percement du canal de Panama, les étasuniens soutiennent les indépendantistes panaméens en guerre depuis trois ans. En novembre est proclamée la République de Panama. La frontière de 225 km séparant les deux pays coupe le Darièn en deux.
  
 
== Darien ==
 
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Version du 4 août 2018 à 22:53

[En cours de rédaction]

Projet Darièn. Nom donné au projet d'implantation coloniale écossaise en 1698 dans la province de Darièn, dans le sud de l'actuel Panama.


Hadrien

Touristes visitant le mur d'Hadrien ? [1]

Pour préserver son autorité sur la partie sud de l'île de Grande-Bretagne, l'empereur romain Hadrien érige un mur afin d'arrêter les attaques des hominines venus du nord de l'île. Entamée en 122 après Jésus aka Christ[2] la construction se termine cinq ans plus tard. Ce mur d'Hadrien, d'une longueur de 117,5 km, relie l'embouchure du fleuve Tyne - à l'est - et le golfe de Solway - à l'ouest - dans une partie étroite de l'île grande-bretonne. Un autre mur est construit plus au nord par le successeur d'Hadrien mais cette nouvelle construction ne parvient pas à contenir les barbares et les militaires romains doivent se replier sur le mur d'Hadrien. Il est la frontière qui sépare la province romaine de Britania de la Calédonie, peuplée d'hominines réfractaires à l'autorité impériale. La Calédonie occupe environ 30% de la superficie de l'île de Grande-Bretagne. Ce mur est une sorte de Grande Muraille de Chine miniature[3]. Les romains se retirent de Grande-Bretagne au début du Vème siècle.

L'émergence de royaumes de part et d'autre du mur, tout au long du "Moyen-Âge", le transforme d'outil défensif en point de passage. Les hominines du nord du mur ne se différencient en rien de celles et ceux du sud mais, par jeu ou par défi[4], ces hominines font de ce mur une marque de différenciation. Étrangement, les mêmes qui se targuent d'être outre-Hadrien, reprochent aux autres de l'être aussi. Les hominines au nord du mur sont progressivement conquis militairement par des populations - dites "Scots" - venues de l'île d'Irlande. Les petits royaumes de Calédonie sont intégrés au sein d'un unique royaume d'Écosse. Au sud du mur, les conquêtes anglo-saxonnes aboutissent à la création du royaume d'Angleterre. Ces deux royautés héréditaires se partagent l'île de Grande-Bretagne. Leur frontière commune correspond approximativement au tracé du mur d'Hadrien.

Le royaume d’Écosse conquiert les petites îles environnantes et quelques territoires situés au nord du mur. L'Angleterre tente plusieurs fois d'annexer l'Écosse, sans y parvenir. Les autorités politiques écossaises sont partie prenante dans les nombreuses guerres entre les royaumes d'Europe continentale et dans le jeu de succession entre ces différentes familles royales consanguines.

Darièn

Darièn est le nom d'une région géographique située actuellement à cheval sur le Panama et la Colombie. Elle est la jonction entre Amérique centrale et du sud. Au nord, la partie montagneuse est couverte d'une forêt tropicale humide. Au sud, un vaste marais de plus de 80 km de large provoqué par le delta du fleuve Atrato. La densité écologique du Darièn empêche jusqu'à maintenant tout projet routier[5].

Géolocalisation

Explorant plus au nord de leur point d'arrivée de 1492 sur le continent outre-atlantique, les envoyés du royaume d'Espagne abordent la région en 1501. Ils y fondent leurs premières villes sur le sol ferme autour de 1510. Santa Maria la Antigua del Darien et Acla sont les deux premières cités coloniales espagnoles dans ce qui deviendra les Amériques. En 1513 des navigateurs espagnols parviennent à franchir l'isthme en traversant la jungle. Aidés par des hominines autochtones qui connaissent les méandres des rivières, ils passent par le Rio Chuchunaque, puis le Rio Tuira qui se jette dans ce qu'ils appellent alors la Mer du Sud - minime portion de l'immense l'océan Pacifique. L'hostilité des hominines autochtones à l'encontre des colons et les difficultés d'implantation découragent nombre d'entre eux qui quittent la région pour fonder la ville de Panama en 1519. En quelques années, Santa Maria et Acla se vident progressivement avant d'être abandonnées, puis petit à petit, recouvertes par la végétation.

Carte du Darièn de 1708
Le royaume français n'est pas en reste. Dès 1545 il déporte dans le Darièn des rescapés - parfois des familles entières - des massacres contre les protestants dans le sud de la France[6]. L'occasion d'installer des comptoirs commerciaux pour les échanges avec les hominines locaux, renommés "indiens". Les français différencient les "Indiens des Sambres" avec qui ils cultivent le cacao et les "Indiens Chocó" qui habitent la région où une mine d'or est "découverte" par des colons. Les dénominations pour désigner les groupes d'hominines nouvellement colonisés seront fluctuantes, au fil des décennies et des colonisateurs. Une partie des migrants installés sur la côte atlantique du Darièn - face aux îles San Blas - se mêlent à la population indienne par des mariages et une descendance métissée. Les autres s'installent à côté et tentent de commercer. La France n'envoie dans le sud des Amériques qu'une très petite partie des christiens protestants qu'elle persécute et massacre au XVIème et XVIIème siècle. Ces colonies "informelles" regroupent souvent des protestants exilés, des marins et des déserteurs, des esclaves et des colons pauvres, des ex-pirates et des commerçants. Elles se spécialisent dans la chasse, le commerce de viande et de peaux, et la contrebande. Appelés "boucaniers", ils sont une interface entre terre et mer pour les marchandises, les pirates et le commerce international. L'alliance la plus connue entre des boucaniers et des pirates est celle des "Frères de la côte" active dans la seconde moitié du XVIIème autour de la grande île d'Hispaniola dans la mer des Caraïbes - sur laquelle se situe actuellement Haïti et la République dominicaine. Les relations entre ses communautés et le royaume de France sont complexes car ce dernier, en restant toujours un peu à distance, y voit tout autant une épine dans le commerce qu'un excellent moteur pour les échanges.

Leur territoire est le néant, leur aliment le sang des bêtes et leur fascination la mort. Des confuses et provisoires images que la civilisation a su arracher, depuis les origines, au chaos de la création, eux, les boucaniers, ils se sont jurés de ne rien retenir. Leur vie passe dans les forêts ensanglantées comme passe un songe. Ils n'ont pas de passé et pas de survie. Leur ordre est celui de la malédiction et de l'absence. On a le droit de les enrôler sous l'emblème du nihilisme [7]

La protivophile relativise le caractère libertaire qu'une forme de romantisme aiguë prête facilement à ces "communautés pirates".

Libéral ou libertaire, libéralisé ou libérateur, libéré ou libertarien ? Peu importe pour nous de nuancer et de choisir le moins illusoire, la racine liber – libre – nous indique le degré d’illusions que tout cela contient. Des illusionnistes, qui veulent faire croire qu’il n’y a rien derrière alors que s’y cache quelque-chose, restent des illusionnistes. L’illusionnisme consiste en cela, c’est même la meilleure définition à en donner. [8]

La possibilité de passer de l'océan atlantique au Pacifique suscite l'intérêt des brigands de la mer, flibustiers, corsaires et autres marins adeptes de la rapine. Explorer pour piller la côte pacifique et ensuite se réfugier sur l'atlantique et y revendre le butin. Dès 1679, et ce jusqu'en 1688, des brigands des mers s'organisent avec des indiens de la région pour traverser l'isthme atlantico-pacifique. Ils se donnent un rendez-vous annuel, appelé "Rendez-vous de l'île d'Or", pour attaquer des colonies ou des navires espagnols sur la côte pacifique[9]. La marchandise ainsi dérobée est revendue via les comptoirs marchands et les réseaux indiens à des colons ou des bateaux-marchands. Blessé en 1684, le flibustier et chirurgien Lionel Wafer passe quatre mois de convalescence parmi les indiens du Darièn. Rentré en Angleterre, il relate ses faits de piraterie et son séjour à terre dans un ouvrage publié en 1695 et intitulé Nouveau voyage autour du monde, contenant une description très exacte de l'isthme d'Amérique et toute la Nouvelle-Espagne[10]. Il décrit les communautés de colons français, installés et métissés, qui vivent en paix et commercent avec les indiens. Il fait une description du quotidien de ces derniers et de leurs mœurs, établie un petit lexique et procède à la première description précise de l'albinisme[11]. Il constate, à son grand étonnement, que des individus naissent avec une pigmentation de la peau et des cheveux différente, qualifiée de blanche, au sein même de groupes d'hominines dont la pigmentation est beaucoup plus foncée.

Pour leurs tentatives d'exploitation des gisements d'or les espagnols importent des milliers d'esclaves originaires d'Afrique. Certains parviennent à s'enfuir et créent des communautés auto-organisées d'esclaves en fuite, appelés "marrons"[12], dans les régions denses du Darièn. A l'abandon des gisements, de nouveaux esclaves rejoignent ces marronnages.

Délocalisation

Le livre de Lionel Wafer a un grand succès de deux côtés du mur d'Hadrien. Au sud, le royaume d'Angleterre est devenu une puissance commerciale internationale grâce à sa marine et ses nombreux comptoirs de part le monde. Au nord, le royaume d’Écosse ne bénéficie pas directement de l'expansion coloniale et de ses retombées financières. Le parlement écossais autorise en 1695 le lancement de navires en vue de découvrir des lieux où s'installer pour faire du commerce dans les Indes ou en Afrique. Des fonds sont levés une première fois par William Paterson, un artisan/parlementaire/financier écossais, parmi de riches anglais mais le projet n'aboutit pas. La rencontre entre Lionel Wafer et William Paterson, et la description idyllique que fait le pirate, convainc le financier de lancer le Projet Darièn. Cette fois-ci, il lève des fonds parmi de riches écossais désireux d'expérimenter une autre manière de "faire le mur" ! 400 000 livres anglaises sont ainsi récoltées en six mois.

Le projet est simple. Sous la direction de William Paterson, des bateaux chargés de colons doivent accoster dans la baie en face de l'île de l'Or. Chacun reçoit des terres et le commerce doit enrichir le quotidien par les échanges avec les indiens et permettre aussi de lucratives exportations de produits. Le départ est prévu pour 1698.

Carte de New Caledonia. Réalisée en 1730
Partis en juillet 1698 de Grande-Bretagne, les premiers navires arrivent au Darièn en novembre : le Caledonia, le St Andrew, l' Unicorn, le Dolphin et le Endeavour. Cette première expédition comprend 1200 personnes : cultivateurs, marins, marchands, prêtres et fils de "bonne-famille". Dans la baie de l'île de l'Or, ils installent des canons en protection et construisent une petite place forte qu'ils nomment le fort St Andrew. Des messages sont envoyés aux autorités espagnoles pour faire reconnaître la nouvelle colonie, et des négociations sont entamées avec les indiens de la côte atlantique du Darièn. En référence à l'antique nom de la partie nord de la Grande-Bretagne, la nouvelle colonie écossaise est baptisée New Caledonia et sa cité "New Edinburgh"[13] se monte près des décombres de Acla. Les relations nouées avec les indiens qui comprennent l'aspect définitif et "massif" du projet colonial ne sont pas un long fleuve tranquille et les espagnols tentent militairement de les empêcher de s'installer. Inspirés de l'exemple d'Hadrien, les newcalédoniens construisent un mur de 3 mètres de haut et de 400 mètres de long - doublé d'un fossé de 3 mètres - pour protéger leur petite péninsule des attaques[14]. Le retard annoncé de plusieurs mois du prochain bateau de colons et l'arrivée de la saison chaude dans cette région tropicale complique considérablement la situation. Les vivres se raréfient et les maladies liées à la malnutrition apparaissent. La maladie et les morts se multiplient parmi les colons. Deux des bateaux envoyés en renfort de vivres et de matériels sont détruits par les eaux ou par les flammes. Pour échapper à une mort certaine, la colonie est évacuée par bateau en juillet 1699. Le Dolphin est au main des espagnols depuis qu'il s'est échoué au large la Colombie. Le St Andrew et le Endeavour font route vers l'île de Jamaïque. Les conditions de voyage causent de nombreux morts et les bateaux font naufrage avant d'arriver à bon port : plus de 250 morts. Le Caledonia et l'Unicorn rejoignent New-York, puis le Caledonia poursuit jusqu'en Grande-Bretagne où il arrive en novembre 1699.

Sans ne rien savoir de l'abandon de New Caledonia, quatre nouveaux bateaux de colons quittent la Grande-Bretagne en août 1699. Sur les 1200 personnes présentes à bord, presque deux cent meurent au cours du voyage. Lorsqu'ils arrivent en novembre au Darièn, ils ne trouvent sur place que trois personnes. Rapidement, les nouveaux venus décident d'envoyer 500 hommes et toutes les femmes vers la Jamaïque. Les attaques espagnoles contre la colonie dès février 1700 contraignent à reporter ce projet de départ. La résistance se maintient jusqu'en mars 1700, date du traité de paix dans lequel les espagnols leur donnent deux semaines pour quitter la région. New Caledonia est abandonnée début avril 1700. Le Rising Sun - avec 140 colons à son bord -, le Duke of Hamilton et le Hope rejoignent la Jamaïque. Les deux premiers disparaissent lors d'ouragans dans le golfe de Floride et le troisième fait naufrage au large de l'île de Cuba. Le Hope of Bo'ness, quant à lui, est abordé par des navires espagnols au large de leur colonie de Colombie [15].

Sur les 2400 colons envoyés pour le projet Darièn, seule moins d'une cinquantaine a survécu. A ce chiffre s'ajoute la mort des marins des bateaux qui, venus en aide aux colons, ne sont jamais parvenus à destination. Ainsi prend véritablement son sens l'expression "bienfaits de la colonisation".

Relocalisation

Hormis Francis Borland qui en profite pour raconter son périple dans History of Darien (1715) [16], rares sont les survivants qui parviennent à retourner à Grande-Bretagne. L'inspirateur du "Projet Darièn", William Paterson est de ceux-là. Les conséquences humaines de ce projet sont certes terribles mais, plus inquiétant pour lui, les investisseurs demandent à être remboursés. La somme de 400 000 livres Sterling est à l'époque considérable et représente une vingtaine de pourcent de la richesse du royaume écossais. La crise financière est proche. En 1707, le royaume d'Angleterre propose à celui d'Écosse de s'unir au sein d'un Royaume-Uni de Grande-Bretagne - avec un seul parlement - et de rendre l'intégralité de l'argent par des actions rémunérées dans une société financière créée pour l'occasion. En 1727, cette société devient la Scottish Banking Company, première banque commerciale d'Europe, avant de se transformer en Banque royale d'Écosse.

L’Union Act de 1707 est ainsi négocié dans un contexte où le royaume anglais est en position de force par rapport à l'écossais. L'affranchissement du mur d'Hadrien permet à l'Angleterre, par la création du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, de mettre fin - en sa faveur - aux discordes politiques entre les deux royaumes outre-Hadrien et de renforcer la capacité financière de son empire colonial, maintenant britannique.

Succursales

Alors que l'opposition entre les royaumes français et britannique ne cessent de faire bouger les frontières de leurs colonies au nord de continent américain, des colons écossais s'installent dans quelques régions. Dans la province britannique de Nouvelle-Écosse (dans l'actuel Canada), la colonisation d'écossais se heurte aux résistances indiennes et aux rivalités entre les empires dominants. La cession de la Nouvelle-Écosse aux français contraint nombre de colons à partir vers d'autres régions. La France colonise de nouveau la région avant d'accepter le déplacement des populations francophones pour la restituer aux britanniques : le grand déplacement des Acadiens[17]. La situation instable pousse des colons écossais à essaimer dans le nord du continent.

En 1735, un groupe de colons écossais se posent en Géorgie britannique - actuels États-Unis - et fondent la ville de New Inverness, en référence à une région de Nouvelle-Écosse. Finalement, il change pour le nom de Darien [18].

D'Aryen ?

L'arrivée du colonisateur espagnol au début du XVIème siècle bouleverse considérablement les équilibres politiques et sociaux des hominines locaux. Dans le Darièn, les indiens cueva sont exterminés rapidement au fil des avancées militaires. Les descriptions de la fin du XVIIème siècle mentionnent les indiens "Choco" et "Kuna". Progressivement, ces derniers refluent de l'intérieur des terres vers les zones de la côte atlantique devant l'avancée des espagnols et les guerres qui les opposent aux Choco. Les français nomment Sambres les hominines vivant dans les îles de l'archipel de San Blas. Des colons s'installent le long de la côte, en face des San Blas, et certains se marient avec des femmes kuna (sambre). Dans son récit, William Wafer parle de plusieurs centaines de ces colons français. La ville de Conception est le centre de ce réseau de colons. Mais en 1755, les indiens kuna se lancent dans des attaques contre les installations coloniales et en expulsent tous les habitants[19].

Après plusieurs guerres menées contre les kuna, la région du Darièn est intégrée à la province espagnole de Nouvelle-Grenade - qui regroupe les actuels Panama, Colombie, Venezuela et Équateur. La colonie espagnole parvient à obtenir son indépendance définitive de la métropole en 1821. L'opposition politique entre les centralistes et les fédéralistes entraînent la dislocation de l'ex-colonie. Les élites post-coloniales - souvent issues d'une bourgeoisie métissée d'anciens colons espagnols, de descendants d'esclaves africains ou d'indiens - ne parviennent pas à s'entendre sur le "partage du gâteau". Le Venezuela prend son indépendance en 1829 et l’Équateur en 1830. Ce qu'il reste[20] se renomme République de Nouvelle-Grenade. Les débats houleux quant au fédéralisme interne vont engendrer une multitude de changements de nom avant de se fixer en 1863 sur États-Unis de Colombie. Le Darièn change de statut administratif au fil des réformes, parfois région distincte, parfois simple sous-division administrative de l’État fédéré de Panama. Durant cette période, les indiens kuna obtiennent un statut particulier pour la région côtière et les îles dans lequel le gouvernement central reconnaît l'autorité traditionnelle, le droit coutumier et une certaine autonomie. En 1903, alors que les États-Unis de Colombie peinent à négocier avec les États-Unis d'Amérique sur la question du percement du canal de Panama, les étasuniens soutiennent les indépendantistes panaméens en guerre depuis trois ans. En novembre est proclamée la République de Panama. La frontière de 225 km séparant les deux pays coupe le Darièn en deux.

Darien

Ad'rien

Notes

  1. Une étude approfondie de ce cliché démontre qu'il s'agit de la Grande muraille de Chine
  2. Jésus aka Christ est le nom du personnage principal du film La passion du Christ, réalisé par Mel Gibson, lui-même grand fan du personnage de la série La Bible. Ce film est une ode mystique au sado-masochisme, ou du porno BDSM pour ses détracteurs.
  3. La construction du mur de défense militaire, connu sous le nom de Grande Muraille de Chine, débute au IIIème avant JC et s'étale sur plusieurs siècles. Sur presque 9000 km, à ce long rempart de plus de 6000 km s'ajoutent plus de 2000 km d'obstacles naturels (montagnes ou rivières) et presque 400 km de tranchées.
  4. Aucune étude sérieuse n'a encore pu expliquer les comportements sociaux curieux des hominines. Les comportementalistes spécialisés dans cette espèce animale ne parviennent pas à des conclusions consensuelles.
  5. Les 40000 km de l'autoroute panaméricaine qui traverse le continent et relie le nord, le centre et le sud sont interrompus sur 87 km dans le Darièn : c'est le bouchon de Darièn
  6. Massacre de Mérindol de 1545
  7. Gille Lapouge, Les pirates. Forbans, flibustiers, boucaniers et autres gueux de mer, Phébus, 1987
  8. "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017 - En ligne
  9. Plusieurs flibustiers ont publié des récits. Alexandre-Olivier Exquemelin, Histoire des aventuriers flibustiers qui se sont signalez dans les Indes, 1686 - En ligne. Jacques Raveneau de Lussan, Journal du voyage fait à la mer du Sud, avec les flibustiers de l'Amérique en 1684 et années suivantes, 1690 - En ligne. William Dampier, Le Grand Voyage. Le tour du monde d'un flibustier, 1681-1691. Réédité chez Phébus en 1993
  10. Lionel Wafer, A New Voyage and Description of the Isthmus of America, 1695 - En ligne. Le livre est traduit en français en 1706.
  11. Pascale Jeambrun, "L'albinisme : données historiques", Histoire des données médicales, vol. 47, n° 2,‎ 2013 - En ligne
  12. Marronnage
  13. Actuel Puerto Escocés au Panama
  14. Structure mise à jour par l'archéologie dans le début des années 2000
  15. Pour une chronologie (en anglais) : Darien Expedition
  16. Francis Borland, History of Darien, 1715 - En ligne
  17. Acadiens
  18. Située dans l'actuel Connecticut étasunien, la ville de Middlesex Parish est renommée Darien au début du XIXème siècle sur proposition d'un marchand qui avait traversé cette région - alors province espagnole. En 1969, à la recherche d'un nouveau nom, une localité de l'Illinois étasunien prend le nom de Darien, en référence à celle du Connecticut. D'autres petites villes étasuniennes portent le nom de Darien, dans le Missouri, le Wisconsin et New York
  19. Franco-kuna en 1945 à Panama
  20. L'actuel Colombie, le Panama et la côte atlantique du Nicaragua - appelée "Côte des Mosquitos"