Pain de mie

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Pain de mie. Élément culinaire populaire, héritier lointain de la macédoine.


[En cours de rédaction]


Panique de base

Manque de pain & crise de panique
La science du pain, la panique[1], même si elle est très diverse dans ses approches considère que la base du pain est un mélange pétri de farine et d'eau, dont la pâte obtenue est ensuite cuite. Les choix des farines utilisées divergent et les méthodes de cuisson sont multiples. Les hominines qui n'ajoutent rien d'autre comme ingrédient font ce que l'on appelle le pain azyme, les autres mettent des levures[2] ou des levains[3] pour obtenir une fermentation maîtrisée de la pâte et la faire gonfler. Ce sont les pains à pâte levée. Ces derniers nécessitent l'emploi de farines particulières issues de céréales riches en gluten[4], tel le blé, le seigle ou l'épeautre. L'utilisation de pain est une chose très répandue chez les hominines du monde entier et les plus anciennes traces archéologiques datent d'environ 12000 ans avant JC[5]. La base de la macédoine culinaire — c'est à dire le mélange de plusieurs ingrédients — se retrouve dans la recette du pain mais elle s'en éloigne car elle préconise une cuisson. Le mélange entre un liquide et une céréale s'appelle une bouillie. Le liquide sert alors soit à gorger la céréale, soit à la cuire, mais dans les deux cas le résultat reste sous forme liquide ou molle. Il ne s'agit pas de pain car celui-ci contient plus de farine que de liquide, et non l'inverse.

Partout où elle s'est implantée, la culture panique a fait de cet aliment la base de l'alimentation des hominines. Soit le pain est un simple accompagnement du reste du repas, soit il en est le composant principal auquel on ajoute les autres éléments du menu. Il est omniprésent. Quelques soit la recette, la fabrication du pain est facile à mettre en œuvre. Les céréales se trouvent à l'état sauvage ou sont cultivées, et l'eau est un élément essentiel aux hominines dont illes ne peuvent se passer plus de quelques jours. Les techniques d'exploitation agricole et de préparations de farines vont se diversifier au fil des siècles de l'histoire des hominines. Certaines vont se complexifier, d'autres vont restées sommaires. Du moulin au pilon. Mais la culture panique n'est pas une entité autonome, elle se développe dans les contextes particuliers des sociétés d'hominines. Malgré leurs singularités, toutes ces sociétés peuvent être décrites comme des structures sociales qui visent à maintenir une inégalité entre les hominines qui les composent. En cela, elles se différencient peu. Les moyens et les discours pour justifier cet état de fait sont innombrables. De ce fait, la culture panique s’entremêle à ces systèmes inégalitaires et coercitifs. Si le pain devient un aliment populaire, il est aussi consommé par les notables. Ce qui fait la différence est le type de céréales employées et la qualité de leurs farines, ou bien alors les recettes choisies par les plus pauvres ajoutent d'autres farines dont on ne peut faire du pain avec. Au pire, illes leur restent les miettes.

L'aspect incontournable du pain dans les régimes alimentaires des hominines en fait un point de fixation, social, politique et religieux. Il cristallise les tensions sociales lorsqu'il manque, il est un outil de contrôle politique et un symbole détourné par les mythologies. Historiquement, l'absence de pain ou sa qualité médiocre sont des déclencheurs de nombreuses révoltes populaires, et l'organisation de sa fabrication, de sa distribution et de sa taxation sont des enjeux politiques majeurs pour les autorités politiques. Les mythologies moïsiennes et christiennes ont placé le pain azyme au centre de leurs rituels. Pour les premières, il symbolise une antique période de dèche[6], pour les secondes il représente le corps de Jésus aka Christ sublimé sous la forme d'une hostie. Pour les moïsiennes il s'agit d'une invention historique, pour les christiennes d'une arnaque[7]. Ces dernières affirment même — sans rire — que leur messie Jésus avait la faculté de multiplier les pains pour les distribuer aux nécessiteux.

Pour la protivophilie aussi le pain représente un élément indispensable à ce qu'elle est. Non pas pour les impératifs alimentaires d'un quelconque bilatérien[8] mais pour sa symbolique et particulièrement lorsque celui-ci manque. En effet, les miettes sont au cœur de l'œuvre principale de F. Merdjanov, Analectes de rien[9]. Le terme analecte désigne l'action de ramasser les miettes, de collecter de petits fragments, prenant ainsi le sens de anthologie, mais il renvoie aussi à son sens ancien de esclave lorsque les analectes romains étaient les esclaves autorisés à se nourrir des restes de repas de leurs maîtres. Les émeutes du pain[10] sont un ingrédient incontournable de la guerre sociale que se livrent celleux qui ont et celleux qui n'ont rien.

Pain de mie

Dans ce petit pays de l'extrême ouest européen qui abrite le hameau de Rien et la ville de Nice, qui a vu naître Albertine Hottin et F. Merdjanov — la France — une mythologie gastronomique s'est mise en place au XIXème siècle autour du pain. Dans le roman national qui se construit, le pain devient un aliment essentiel de la "gastronomie française", très populaire. L'histoire de la consommation de pain en France s'inscrit dans un long processus historique au cours duquel les pouvoirs politiques successifs ont tenté d'encadrer sa fabrication et ont instauré des règles et des taxes afin de minimiser l'autonomie des hominines dans ce domaine. La production de céréales, la fabrication de farines et leur vente, ainsi que les fours sont soumis à l'impôt. Au XIème siècle l'autorité royale supprime officiellement les fours publics, mais ceux-ci perdurent dans de nombreux villages. Être boulanger[11] devient un métier autorisé par seul décret royal. La boulangerie française se structure doucement, cherchant encore un slogan accrocheur.

La Boulangerie Française vous offre un mille-feuilles
Dans mon slip j'ai ce que toutes les milfs veulent[12]

Les législations qui se mettent en place prévoient à partir du XIVème siècle différentes qualités de pain à des prix différents. Les moins chers et de moindre qualité pour les plus pauvres et les autres pour les plus riches. Un schéma assez classique dans l'ensemble des sociétés paniques, et plus largement dans les sociétés d'hominines. Lorsque les récoltes sont trop faibles elles sont réservées aux riches hominines et les autres se nourrissent alors de pain fait avec d'autres ingrédients que le seul blé, pauvres en apports nutritionnels. De l'écorce d'arbre à la farine de gland, de la paille à la fougère[13]. L'utilisation de farine de seigle est aussi responsable de nombreuses morts et a provoqué plusieurs révoltes car un champignon, proche du LSD actuel, s'y développe parfois et fait perdre pied à celleux qui ne comprennent pas ce qui arrive ! Le manque de pain et sa mauvaise qualité sont au cœur des revendications sociales de hominines auprès de leurs dirigeants. Si ces derniers se repaissent de bon pain, dont illes font un mets savoureux qui accompagne leurs repas, les hominines des basses classes sociales se contentent de la croûte. Dans les pratiques linguistiques populaires, le terme de croûte[14] est d'ailleurs utilisé au sens de repas. Croûter est synonyme de manger et "gagner sa croûte" désigne le fait de travailler durement pour avoir juste de quoi se nourrir. L'expression "casser la croûte" sous-entend quand à elle que le pain n'est pas seulement fait de croûte mais aussi de sa mie intérieure, et qu'il ne s'agit donc pas d'un moment de disette. Quand au casse-croûte il conserve un aspect frugal. En parallèle de ces pains de misère, de nombreuses recettes apparaissent en France. Le pain s'enrichit de beurre ou de lait par exemple, et ce nouveau "pain de festin" ou "pain de la reine"[15] ravie la noblesse qui laisse au "bas peuple" le pain noir. La croûte, associée à la misère, est délaissée au profit de la mie qui devient de plus en plus onctueuse. Parfois légèrement sucrée. Le "pain de festin" n'a qu'une très fine croûte. Ces différences de goût et de qualité ne font pas de la noblesse et de la populace des copains[16]. Loin de là. Même s'il est impossible de retracer les circonstances exactes qui menèrent au renversement de la royauté française en 1789, le manque de pain et la médiocrité de sa qualité en sont un des moteurs. La colère est grande contre le royal boulanger.

Nous ne manquerons plus de pain ! Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron.[17]

Guillotine de boulanger
Finalement, le boulanger en chef et sa femme sont envoyés se faire trancher à la guillotine[18]. Le jeune prince héritier meure quand à lui quelques années plus tard dans les geôles révolutionnaires, rongé par les mauvaises conditions de détention et la maladie. Dès lors, la panique française s'exporte outre-Manche au Royaume-Uni où elle se pétrie de panique britannique. Les illusions nées de la "révolution française" n'apportent pas le pain escompté, le pouvoir politique est redistribué mais pas les richesses. En 1800, un boulanger britannique a l'idée de fait cuire au four l'équivalent du "pain de la reine" dans un moule et obtient un pain à la mie moelleuse et à la croûte souple, entre pain et brioche : le pain de mie.

La panique s'adapte très bien à la nouvelle donne politique, que ce soit en France républicaine ou sous la royauté britannique. Les soubresauts politiques et économiques du début du XIXème siècle ne changent rien à la situation de la plupart des hominines qui continuent à manquer de pain, à devoir gagner leur croûte. Que ce soient pour celleux qui s'en gavent ou celleux qui en manquent le constat est unanime, comme le résume très bien le quatrième volume de la Boulangerie Française, paru en 2020, à travers le titre de l'un de ses chapitres :

Rien à foutre[19]

Panique industrielle

Depuis le 92 — 1792 ? — la remise en ordre est affirmée par celleux qui sont maintenant aux rênes du pouvoir et la panique reste une arme de gouvernement des hominines.

J'les laisserai même pas lécher l'assiette
Partagez-vous la miette[20]

Les nouvelles techniques de fabrication de farine et de méthodes de cuisson au four, ainsi que la mécanisation du pétrissage, ont des implications importantes dans la panique tout au long des XIX et XXème siècles. Les farines perdent en qualité nutritive mais sont mieux adaptées à la production industrielle et les levures assurent un meilleur rendement : les hominines ont désormais accès plus facilement à du pain frais. La croûte s'assouplit et la mie s'appauvrit. Casse-croûte n'est plus simplement synonyme d'"instrument qui sert à broyer la croûte pour les vieillards qui n'ont pas de dents", selon le Littré, mais désigne dorénavant le casse-croûte dans le sens de "repas léger". Dans ce mot-valise se dissimule la frugalité d'un tel repas, essentiellement composé de ce nouveau pain légèrement agrémenté d'autres aliments. L'artisan pétrisseur Guy Debord, connu pour sa formule palindromique du pétrissage "In girum imus nocte et consumimur igni" (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu)[21], résume ainsi la panique industrielle :

Dans la période qui précéda immédiatement la révolution de 1789, on se souvient combien d'émeutes populaires ont été déchaînées par suite de tentatives alors modérées de falsification du pain, et combien de hardis expérimentateurs ont été traînés tout de suite à la lanterne avant d'avoir pu expliquer leurs raisons, sûrement très fortes. À cette époque, et pendant tout le XIXe siècle, la falsification, marginale et artisanale, était pratiquée au niveau du détaillant: elle n'était pas encore remontée à la source même de la fabrication des aliments, comme elle allait le faire, avec tous les moyens de l'industrie moderne, à partir de la guerre de 1914, qui devait enfanter l'ersatz. Mais elle suscitait une juste colère,[22]

Pain de mie

Panique massive

Notes

  1. panique
  2. levures
  3. levains
  4. gluten
  5. JC
  6. Traversée désert
  7. "Les hosties contiennent 0% de corps du Christ d’après un test ADN", 16 février 2017 - En ligne
  8. bilatérien
  9. F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017 - En ligne. À ne pas confondre avec Miettes de rien de la poétesse russe Elena Gouro. Voir Poésie par le fait / faire, inédit.
  10. émeutes du pain
  11. boulanger
  12. Alkapote, "Plan à dix" sur l'album Sadisme et Perversion, 2016 - En ligne
  13. Pains de disette
  14. croûte
  15. Catherine de Médicis
  16. copains
  17. Théroigne
  18. guillotine
  19. San-Nom, "Rien à foutre" sur Boulangerie Française IV, 2020 - En ligne
  20. Booba,
  21. Cité à l'entrée "palindrome" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  22. Guy Debord, "Abat-faim", Encyclopédie des nuisances, tome I, fascicule 5, 1985 - En ligne