Annie Edson Taylor

De wikimerdja
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Annie Edson Taylor (Ени Едсон Тејлор en macédonien — Ana Edson Taylor en nissard) Exploratrice de la téléportation[1] au début du XXème siècle après JC[2].


Sources lacustres

Depuis sa formation il y a environ 4 milliards d'années, la planète Terre est en permanence soumise à des changements qui modifient les conditions de vie à sa surface. Son orbite autour du soleil n'est pas un mécanisme d'horlogerie et le soleil lui-même est sujet à des comportements instables. La géographie des terres émergées est mouvante et le climat changeant. La tectonique des plaques fait glisser les continents, les déchire et les fait se heurter dans une recomposition permanente[3]. Ce processus est encore actif de nos jours. Si l'on fait abstraction des explications simplistes et farfelues des religions des hominines[4], il n'existe pas pour l'instant de schéma explicatif scientifique permettant de comprendre l'ensemble et la complexité des phénomènes ayant abouti à l'apparition du vivant sur un caillou perdu dans l'espace immense. Les différentes théories se peaufinent au fil des recherches. L'eau semble être l’élément dans lequel la vie terrestre émerge et qui est, depuis, indispensable à son maintien en vie. L'atmosphère qui se met progressivement en place autour de la planète crée lui-aussi les conditions à l'émergence d'une vie qui s'extrait de son environnement aquatique. Les fragiles équilibres qui naissent des mouvements des plaques tectoniques, de l'activité volcanique fluctuante et d'une présence d'eau variable influent sur le climat qui subit de nombreux changements. Les géographies des terres émergées déterminent aussi la présence d'eau et les températures. Depuis que les continents ont la place qu'ils ont aujourd'hui, la planète a connu plusieurs longues périodes de refroidissement général de son climat. Ces glaciations se caractérisent par une extension des zones d'altitude où l'eau est emprisonnée sous forme de glace — un inlandsis — et une baisse générale du niveau des océans. Les bouleversements de la faune et de la flore sont très importants. Au cours des 2,5 derniers millions d'années, 17 périodes glaciaires se sont succédé, avec une périodicité de 50000 à 100000 ans, entrecoupées de périodes interglaciaires d'une durée de 10000 à 20000 ans. La dernière période glacière commence vers 115000 avant le présent et se termine environ 100000 ans plus tard. Depuis plus de 10000 ans — et ce jusqu'à maintenant — le climat de la planète est dans une période interglaciaire.

Un glaçon, tu l'amènes dans le désert, y reconnaît rien.[5]

Eau en captivité

Lors de cette dernière glaciation en date, le nord de l'Europe, de l'Asie et du continent américain sont couverts d'immenses inlandsis. Ainsi que les chaînes montagneuses de l'Himalaya et des Alpes. Au sud du globe, le continent antarctique et la Terre de Feu, à l'extrémité du sous-continent sud-américain, sont eux aussi recouverts par les glaces. Le glacier qui se développe dans le nord du sous-continent nord-américain s'étend sur l'ensemble du Canada actuel et sur les régions du nord des États-Unis, de l'océan atlantique aux montagnes Rocheuses. La présence d'une telle masse de glace pendant des dizaines de milliers d'années engendre des modifications du relief, de par son poids et son lent déplacement qui broie ce qu'elle rencontre. La fonte progressive de l'inlandsis nord-américain laisse place à des paysages de lacs dans la région frontalière canado-étasunienne actuelle[6]. Plusieurs centaines de petits lacs existent dans toute la région. Cinq gigantesques lacs se succèdent avant de se déverser dans l'océan atlantique. D'est en ouest, les lacs Supérieur, Michigan, Huron, Érié et Ontario ont une superficie cumulée de 245000 km2. Respectivement 83000, 57800, 59600, 25900 et 18700 km2. Soit 10 fois plus grand que la Macédoine[7], 50 fois plus grand que le département des Alpes-Maritimes qui abrite Nice, un peu plus de deux fois moins que la superficie de la France métropolitaine. Le volume d'eau douce cumulé représente 23000 km3, soit un peu moins de 20% de l'eau douce de la planète. L'équivalent d'environ 23 millions de milliards de bouteilles d'eau de 1 litre. Cet ensemble lacustre est la seconde réserve d'eau douce après le lac Baïkal[8] en Sibérie russe. De leurs 183 mètres d'altitude, les eaux du lac Supérieur, alimenté par environ 200 rivières, se déversent dans le lac Huron, quelques 7 mètres plus bas. Elles se joignent à celles du lac Michigan qui est à la même altitude et communique avec le lac Huron. Celui-ci s'écoule dans le lac Érié situé à 174 mètres. Ensuite, les eaux de ce lac se dévident dans le lac Ontario, à 75 mètres d'altitude. Pour ce faire, elles passent par la rivière Niagara ou par les chutes du même nom, hautes de presque 60 mètres. Puis les eaux du lac Ontario se transforment en fleuve Saint-Laurent et atteignent l'océan atlantique. Au sud du lac Ontario, une dizaine de lacs aux formes allongées s'étalent sur une centaine de kilomètres, d'où leur surnom de "Finger lakes" en référence à la forme de doigt. Ils représentent une superficie cumulée de plus de 500 km2. Si l'on se réfère à l'obsession des hominines avec les frontières, sur les cinq lacs principaux, tous sont à cheval entre le Canada et les États-Unis d'Amérique, à l'exception du Michigan qui est exclusivement dans ces derniers. Les "Finger Lakes" sont situés dans l'État fédéral étasunien de New York.

Rien
ne vient
de rien, comme quand un ruisseau
devient

une rivière
qui
se jette
dans l’océan, d’où

l’eau
monte
en vapeur, tombe
en flocons

de neige et redevient
ruisseau
rivière
océan, tu sais – de

rien
en
rien, comme si rien
ne s’était passé.[9]

Venant de l'Asie, les hominines arrivent par l'actuel détroit de Béring[10] qui, à l'époque glacière, est un territoire émergé sur lequel se développent des sociétés d'hominines vers 40000 ans avant le présent. Le niveau de la mer est alors à 100 mètres plus bas qu'aujourd'hui. La fonte progressive de l'inlandsis nord-américain et sa fracturation ouvrent une voie terrestre qui facilite l'accès à la partie sud de l'immense glacier vers 20000 ans avant F. Merdjanov. Il semble que les migrations d'hominines vers ce continent se soient opérées en plusieurs vagues[11] : probablement les plus anciennes par une navigation en cabotage le long des côtes de l'océan Pacifique, sans attendre la fonte des glaces, et les plus récentes par voie terrestre, via la fracture dans l'inlandsis nord-américain, ou encore par les rivières qui se forment de ce long dégel. Les spécialistes du peuplement du continent américain par les hominines tergiversent encore sur l'analyse des fouilles archéologiques[12] et les itinéraires empruntés. Les hominines ne sont pas la seule espèce animale à profiter de ce nouveau chemin qui s'ouvre à elleux. La rencontre avec la mégafaune déjà présente sera un des facteurs de sa disparition progressive. Les hominines descendent toujours plus au sud. Les plus anciens sites archéologiques en Amérique du Nord sont datés d'environ 38000 ans et pour l'Amérique centrale et du sud d'environ 32000. Profitant du recul continu de l'inlandsis, les hominines s'installent dans les zones libérées de la glace. La plus ancienne trace de pas, trouvée sur la petite île Calvert de la côte canadienne de l'océan Pacifique, est datée de 13000 ans[13]. Dans la région des grands lacs, les plus anciens vestiges d'une présence des hominines sont âgés d'environ 16000 ans[14].

Les hominines se répandent sur l'ensemble du continent américain. À l'image de ce qu'il se passe sur le reste du globe, illes se multiplient et constituent des organisations sociales très diverses. Des sociétés nomades s'inventent là où d'autres se sédentarisent, de petites organisations sociales voient le jour là où d'autres forment de vastes ensembles. En plusieurs dizaines de milliers d'années, tout le continent se couvre de différentes sociétés d'hominines. Parfois fort éloignées géographiquement, culturellement ou linguistiquement. Le réchauffement climatique et la sortie de l'ère glaciaire ayant fait remonter le niveau des océans, les sociétés des hominines du continent américain se développent sans contact direct avec celles des autres continents du globe. Ce qui ne les empêche pas de "découvrir" aussi des formes d'organisations sociales hiérarchisées pour maintenir les individualités sous contrainte, de pratiquer les guerres de conquête et la mise en esclavage, ou de piller les ressources naturelles et d'éradiquer partiellement certaines espèces animales, puis d'inventer des prétextes fallacieux pour le justifier. Les premiers contacts entre les hominines des Amériques et celleux arrivant d'Europe par bateau se font à la fin du XVème siècle après JC dans la partie sud du continent. L'année 1492 marque le début d'une nouvelle vague de colonisation, massive, qui renversera progressivement les sociétés organisées de l'Amérique du sud, centrale et du nord, pour en instaurer de nouvelles et massacrera des millions d'hominines pour se faire. Dans l'esprit de ses hominines originaires d'Europe, celleux des Amériques ne valent pas plus que la mégafaune de mammouths laineux, de castors ou de paresseux géants, que les hominines "préhistoriques" arrivant par le détroit de Béring ont contribué à faire disparaître à leur époque[15]. Croyant avoir atteint le sous-continent indien, les hominines d'Europe désignent généralement les hominines des Amériques sous le terme générique indiens, faisant fi de la diversité de ces amérindiens et utilisant plutôt des exonymes — surnoms donnés à des populations d'hominines par celles qui leur sont étrangères — que les autonymes lorsqu'illes cherchent à les différencier.

Explorations inter-lacustres

Les premiers contacts entre les hominines d'Europe et les populations d'hominines — devenues "indiennes" — présentes dans la région des cinq grands lacs se font au cours du XVIème siècle. Les algonquins vivent sur les pourtours des cinq lacs jusqu'au Rocheuses et les iroquois au sud du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. Nomades, pratiquant la pêche et la chasse, les premiers sont un vaste ensemble de sociétés organisées en tribus et en clans, parlant des langues proches et se différenciant les unes des autres par des autonymes différents. Pour les fanatiques de voiture et de littérature, les plus connus sont sans doute les cheyennes et les mohicans[16]. Le terme iroquois regroupe un ensemble de sociétés sédentaires parlant des langues proches, dites iroquoiennes, tel le huron ou le mohawk, mais il est généralement utilisé pour désigner la Ligue iroquoise ou Confédération haudenosaunee qui regroupe les sénécas, les onondagas, les cayugas, les onneiouts, les mohawks et les tuscaroras, vivant dans la région des lacs Fingers. Sur fond de commerce, de guerres locales, d'alliances changeantes et de colonisation progressive, la confrontation entre les hominines d'Europe et les déjà-là tourne à l'avantage des coucou-c'est-nous ! L'époque des coureurs de bois et de la chasse au castor est révolue[17]. Le Grand Manitou s'incline devant les nouveaux dieux. "Front kick ! Balayette !" comme cela se dit en polémologie — le nom savant du MMA géopolitique. Celleux qui ont survécu aux nouvelles maladies importées, aux guerres et aux massacres sont peu à peu parqués dans des réserves[18]. L'expropriation des terres se fait au rythme des déplacements de population. Il y a moins de tristesse dans les yeux de celleux qui rayent de la carte les cherokees que dans ceux des adeptes de grosses cylindrées qui se font rayer leur Cherokee[19]. Sans aucune rancune vis-à-vis de la résistance rencontrée, il est décidé de rendre hommage à ces nombreuses sociétés algonquines et iroquoises en adoptant quelques-uns de leurs autonymes pour faire rêver sur les cartes. Les lacs Érié et Huron, deux des lacs Fingers, Seneca et Cayuga, ou l'Onondaga plus au nord-est. Mais pas seulement. Pontiac[20] a le droit à une marque de voiture réputée et les Creeks sont des chaussures très populaires. En réponse à cette situation, des générations de punks du monde entier se sont acharnées à maintenir ce souvenir, au quotidien, à coup de gel et autres procédés DIY pour se coiffer d'un bel iroquois coloré et le garder intact, bien dressé, pendant un pogo — l'autre nom du MMA punk. Les chutes du Niagara, les plus hautes du monde et le site touristique le plus emblématique des photos d'agence de voyage, sont ainsi nommées en souvenir des ongiaras[21], une société iroquoise du XVIIème siècle vivant sur le détroit qui sépare les lacs Érié et Ontario. Illes sont surnommés les Neutres[22] par les hominines d'Europe pour leur capacité à gérer les conflits, bien conscients de l'aspect stratégique de leur territoire dans les échanges commerciaux et des bienfaits de l'absence de guerre. Il n'en reste rien. Téléportation massive vers le néant. Out les niagariens.

Garanti sans additif

Annie Edson naît le 24 octobre 1838 dans la petite ville d'Auburn, près du lac Owasco, situé entre les anciens territoires des onondagas et de senecas. Elle grandit dans une famille aisée d'hominines originaires d'Europe. Son père est un hominine mâle propriétaire d'une meunerie — une fabrique de farine — et sa mère est liée à de riches familles de la région. Pour la protivophilie, son intérêt pour ce qui s'apparente à de la téléportation enfantine s'ancre sans doute dans sa jeunesse, dans l'univers que se créée une enfant pour s'expliquer le monde existant autour d'elle. Dans un contexte général où les sociétés iroquoises s'évaporent, pour réapparaître à des centaines de kilomètres de là ou parfois disparaître définitivement, son père décède alors qu'elle a douze ans. Plus rien, elle perd son contact. L'héritage est suffisant pour que la mère — une hominine femelle[23] — et les 8 enfants puissent vivre confortablement. Dans une courte biographie, il est dit que "la jeune Annie [est] rêveuse, pleine d'imagination et attirée par les sports d'extérieur et la lecture"[24]. Après sa scolarité, Annie Edson entame des études pour devenir institutrice. Elle rencontre alors David Taylor avec qui elle se marie pour devenir Annie Edson Taylor. Leurs tentatives de se reproduire se soldent par la naissance d'un petit. La mise-bas se passe très bien mais le nouvel hominine décède après quelques jours. À cette perte douloureuse s'ajoute peu de temps après la mort de son mari David Taylor, tué lors de la guerre entre les États du sud et du nord pour défaire et refaire les États-Unis d'Amérique. Peut-être se sont-ils téléportés ? Le plus ancien cas de téléportation dans ces nouveaux États-Unis d'Amérique est documenté par l'historien Edgar Rice Burroughs dans Une princesse de Mars[25] en 1917. Il y raconte l'histoire de John Carter, un immortel dont on ne sait rien et qui ne sait rien de lui-même, qui est téléporté en 1850 sur la planète Mars. Pendant son voyage son corps se dédouble grâce à une technologie dont il ne sait rien. Sur la planète Terre son enveloppe inerte le rend semblable à un mort alors que celle sur Mars fait ce qu'elle veut. La véracité de ce document fait débat au sein de la protivophilie car Edgar Rice Burroughs se présente comme son neveu et seul biographe, sans que l'on puisse vraiment vérifier ce qu'il avance. D'autant plus de réserves si l'on se fie à son travail ethnographique Tarzan seigneur de la jungle où les imprécisions historiques sur les populations locales d'hominines se mêlent à d'invraisemblables théories botaniques sur une proto-téléportation par lianes. Il n'est pas le premier à inventer une réalité basée sur rien. Et pas le dernier.

- Vous savez dit le président des États-Unis, nous avons fait des fouilles archéologiques dans le désert de Black Rock dans le Nevada et nous avons trouvé de très nombreux fils, cela prouve que nos ancêtres ont inventé le téléphone.
- Vous savez dit le président étranger, nous aussi nous avons fait des fouilles dans le désert de notre pays, et vous savez quoi, nous n’avons rien trouvé, ce qui prouve que nos ancêtres avaient inventé le téléphone sans fil !

À peine plus âgée de 25 ans, Annie Edson Taylor est désormais veuve et sans enfant. Les lois étasuniennes ségrèguent très largement les hominines femelles qui ne sont pas autorisées à gérer elles-mêmes leurs revenus, à posséder un commerce ou à pouvoir disposer totalement de leurs biens. Une "femme mariée" peut être propriétaire en son nom mais ne peut en être la gestionnaire. Le choix des métiers pour rester indépendante est très limité, bien souvent dans l'éducation ou le soin à la personne. Dans son autobiographie[26], Laura Ingalls explique que tout n'est pas aussi rose que dans sa série romanesque La petite maison dans la prairie[27] inspirée de sa propre vie. Elle-même est contrainte légalement d'abandonner son emploi d'institutrice lorsqu'elle se marie. Le premier manifeste réclamant l'amélioration des droits, voire l'égalité entre hominines mâles et femelles, est signé dès 1848 près du lac Seneca[28]. Après plus d'une décennie et demi à exercer le métier d'institutrice, Annie Edson Taylor décide de changer de vie, choix d'autant moins difficile qu'elle bénéficie encore de sa part d'héritage familial. Alors que la Conquête de l'Ouest[29] est à son comble, elle part en 1880 en direction du sud des États-Unis, malgré l'opposition de sa famille. Elle est invitée par ses deux amies — les sœurs Kate et Mary Kingsbury rencontrées lors de ses études pour devenir institutrice — à venir passer une année au Texas. Du port de New York, elle rejoint l'île de Cuba où elle reste un mois avant de poursuivre son voyage jusqu'au port étasunien de Gavelston. De là, Annie Edson Taylor prend un train en direction d'Austin, la capitale de l’État texan, puis par étape jusqu'à San Antonio où vivent les sœurs Kingsbury. Dans cette ville, elle trouve un emploi d'institutrice. C'est à cette époque qu'elle expérimente une nouvelle forme de téléportation, la déchéance sociale. Une autre dimension jusqu'alors ignorée entre en contact avec elle. À travers le voile flou d'un processus de téléportation inachevé, elle tremble à l'idée de ce que Laura Ingalls ou d'autres appellent la pauvreté. La maison dans laquelle elle habite à San Antonio est attaquée par un petit groupe armé. Annie Edson Taylor est chloroformée et plusieurs milliers de dollars, appartenant aux sœurs Kingsbury, sont subtilisés. Plus rien. Échaudée par cette expérience texane, elle prend la décision de retourner dans le nord des États-Unis pour devenir professeur de danse. En route pour Austin, le véhicule la transportant est attaqué dans une forêt. Les assaillants dépouillent de leur argent tous les occupants sous la menace d'un pistolet. Arrivée à Chattanooga, dans l’État du Tennessee, la maison dans laquelle elle est hébergée est détruite par un incendie. Toutes ses affaires personnelles sont détruites et son argent parti en fumée. Est-elle sujette à cette sidération que le collectif de médecins Niagara décrit dans l'une de ses études consacrée aux nombreuses conséquences post-traumatiques de téléportations sociales avortées ?

Un homme ce matin s'est jeté sous un train.
Abandonné comme un chien, la misère et la faim.
La pire est à craindre pour demain.
Ça ne me fait rien.[30]

Parvenue jusqu'à New York, elle suit pendant un an des cours auprès d'instructeurs spécialisés afin de se former au métier de la danse. Ensuite, elle enseigne la danse dans les différentes villes où elle se pose, généralement dans des "cours pour jeunes filles". Financièrement, elle est toujours dans un équilibre incertain. Ses habitudes de vie et son acharnement à vivre de ses choix lui coûtent cher. Toujours un peu sous le choc de son expérience de la téléportation sociale car "pour une femme qui a eu de l'argent toute sa vie et qui a été habituée à un milieu raffiné et à la société des gens cultivés, c'est horrible d'être pauvre."[31] Pense-t-elle aussi que cela l'est pour celleux qui le sont de naissance ? Est-elle en contact avec cette nouvelle réalité ? "J'étais toujours bien habillé, membre et serviteur régulier de l'église épiscopale, et mon voisin le plus proche n'avait pas la moindre idée d'où je tirais mon argent, de combien j'en avais, ni de l'usage que j'en faisais. Ma famille m'envoyait une certaine somme chaque mois, mais elle devait être donnée à contrecœur, et j'ai décidé que je n'en recevrais plus."[31] De retour dans la régions des grands lacs, elle s'installe à Sault Sainte-Marie, une petite ville à cheval sur le Canada et les États-Unis, à l'endroit où le lac Supérieur s'écoule dans le lac Huron, pour y donner des cours de piano le temps d'un été. Aidée par des philanthropes christiens[32], Annie Edson Taylor ouvre sa propre salle de danse, réservée aux jeunes hominines femelles, dans la ville de Bay City dans le courant des années 1890. Alors en plein essor, cette ville est sur les bords du lac Huron, au centre de la péninsule — actuel État du Michigan — qui le sépare du lac Michigan. Elle déménage en octobre 1900 pour s'installer dans la petite ville étasunienne de Niagara Falls, la plus proche des gigantesques chutes d'eau entre les lacs Érié et Ontario.

D'un lac à l'autre

La colonisation de l'Amérique du nord est achevée à la fin du XIXème siècle. Place maintenant aux États-Unis d'Amérique et au Canada. L'ensemble des populations d'hominines "amérindiennes" et leurs territoires sont sous contrôle. Celleux qui ne sont pas morts des suites de cette invasion sauvage sont entassés dans des réserves et soumis à de nombreuses restrictions. Des politiques de stérilisation, de placements forcés d'enfants et de maltraitances systématiques dans des pensionnats auront cours tout au long du XXème siècle dans ces deux pays[33]. Lors des siècles précédents, ils se sont construits sur l'importation massive d'hominines d'Afrique, contre leur gré, afin de travailler dans les plantations, les mines, et plus généralement dans les tâches les plus dures, sous peine d'être tué en cas de refus ou de rébellion. En contrepartie les propriétaires de cette main-d'œuvre offrent le gîte misérable et le couvert maigre. Cette mise en esclavage est officiellement abolie mais le racisme perdure dans tous les territoires nord-américains à l'encontre de ces hominines. Même en liberté ! Afin de détourner les nouvelles législations sur l'égalité et l'abolition formelle de l'esclavage, les États du sud des États-Unis mettent en place un système ségrégationniste qui proscrit les mariages mixtes et propose des endroits safe pour les hominines dont la blancheur de peau est jugée suffisante. Pour les autres, illes doivent dormir, danser, travailler ou voyager dans des hôtels, des discothèques, des magasins ou des bus qui leur sont réservés. Le melting-pot à l'américaine est une recette de macédoine politique dans laquelle chaque ingrédient est facilement identifiable. Malgré les protestations, les luttes et les textes de quelques associations et individualités œuvrant pour la fin réelle du racisme, celui-ci est omniprésent. D'ex-esclaves tentent même de s'installer en Afrique afin d'y construire un nouveau pays, le futur Liberia, sur la côte de Malaguette. Le passage entre l'esclavage en nature d'hier et l'esclavage salarial d'aujourd'hui se fait dans la violence[34]. Les meurtres et les lynchages sont une réalité du quotidien. Des hominines aux déguisements ridicules s'organisent pour semer la terreur. Une triste habitude à jouer avec les allumettes combinée à un cerveau en manque d'oxygène sous leur déguisement donne naissance à un crétinisme politique, la Naissance d'une nation[35]. Sobre, le styliste s'inspire du classique drap des fantômes des contes pour enfants et de la forme du chapeau de Merlin l'enchanteur. À cela s'ajoute une très élégante ceinture en corde et un énorme insigne, une croix jaune sur un cercle rouge. Cet insigne est très utile en cas de "crétinisme sévère" ou de grande vieillesse pour éviter toute confusion avec Merlin l'enchanteur en personne, de vrais fantômes ou des hominines qu'il faut détester. En bref, les hominines qui ne l'ont pas sont des "fucking niggers". Cette approche est très largement critiquée par les hominines qui pensent que le noir est aussi une belle couleur pour un tissu ou une peau. En plus d'une autre approche des traitements alzheimeriens. Évidemment.

Transport inter-lacustre antique

Pour les hominines dont les ancêtres sont d'Europe, la situation est différente. Illes ne sont pas passés par la case "Esclavage en nature" mais sont directement arrivés dans celle du salariat. Une petite partie parvient à tirer de gros profits économiques grâce au travail de l'ensemble des autres hominines. En cela, les différences avec d'autres sociétés d'hominines organisées sur les autres continents sont qualifiées de mineures par la protivophilie. L'industrialisation des États-Unis d'Amérique entre le XIXème et le XXème siècle a besoin de cette masse laborieuse. L'expansion urbaine, les industries et les usines, les chemins de fer et le transport de marchandise sont de grands consommateurs de cette énergie renouvelable que sont les hominines. Mais, comme dans l'élevage, la difficulté est de maintenir l'équilibre entre la quantité de nourriture donnée à l'animal ou ses conditions matérielles d'exploitation et ce que cela coûte afin que cela reste avantageux pour l'éleveur. La question semble difficile à trancher. Surtout pour celleux qui ne sont pas les esclaves. En plus des problématiques liées à l'abolition de l'esclavage, de la persistance du racisme et des luttes qui en découlent, le pouvoir politique étasunien est confronté aussi à des contestations sociales parmi les hominines. Et si l'énergie renouvelable s'épuisait à la tâche ? Et si sa fossilisation perturbait l'économie ? Étonnamment — pour qui n'est pas très au fait de la situation — les hominines qui produisent demandent à avoir plus de retombées positives et directes. Si dans l'esclavage les hominines ont un travail assuré, le salariat les met en concurrence pour en avoir un. Dans l'un il n'est pas possible d'aller voir ailleurs et il faut se contenter de ce qui est consenti par le propriétaire, dans l'autre il est plutôt conseillé d'aller voir ailleurs en cas de mécontentement et de se débattre pour arracher quelques menues améliorations auprès de ses patrons. Le reste est dans la nuance. Les contestations sont sociales, politiques ou culturelles et concernent des sujets aussi divers que l'augmentation des salaires, l'amélioration des conditions de vie, l'obtention de nouveaux droits pour les hominines femelles, des réformes politiques plus libérales, la lutte contre les formes de racisme, une plus grande libéralisation des mœurs, etc. Cela s'accompagne de l'adaptation permanente de l'appareil répressif de l’État. La modernité est grouillante d'idées. Un peu plus de 120 ans avant que Nabilla Benattia ne devienne célèbre en s'écriant "Allô ! Non, mais allô quoi !"[36], les hominines entrent dans une nouvelle ère. L'air de rien. L'électricité voit le jour. Les inventeurs étasuniens de ce phénomène ne sont pas d'accord sur celui qui est le plus adapté aux besoins. Inventeur, entre autres, du microphone pour téléphone et du nécrophone pour communiquer avec les morts[37], Thomas Edison est partisan du courant continu. Afin de prouver la dangerosité du courant alternatif, comme il en a déjà fait la démonstration avec de petits animaux non-hominines, il préconise la création d'une chaise électrique pour mettre à mort des hominines par électrocution avec ce type de courant. Le raisonnement est alambiqué. Une machine est rapidement créée et utilisée pour la première fois en août 1890 dans la prison Auburn. Huit longues minutes à mourir. Un partisan du courant alternatif, George Westinghouse[38], déclare que les bourreaux "auraient mieux fait de s'y prendre avec une hache." Finalement, le courant alternatif devient le standard adopté et même Edison s'y rallie. L'électricité aura par la suite un rôle considérable dans l'apparition des technologies de téléportation au cours du XXIIIème siècle selon les spécialistes de l'histoire de ces époques à venir. Et la chaise électrique peut être vue comme la première machine électrique à téléporter vers rien. Des changements techniques vont être apportés afin d'améliorer son efficacité et réduire le temps de la mise à mort. Quand au nécrophone d'Edison, il n'a jamais vu le jour.

Qu'ils aient été fondés ou non sur des massacres, des pillages ou des invasions, tous les pays aiment à glorifier leur puissance politique et économique. Les États-Unis d'Amériques ne font pas exception. Deux villes sont candidates pour recevoir l'Exposition Pan-Américaine prévue en 1901, Niagara Falls et Buffalo dans l’État fédéral de New York. La première propose le site naturel de l'île de Cayuga, située sur la rivière Niagara, à moins de dix kilomètres en amont des chutes du même nom, l'autre, sur les rives du lac Érié, là où ses eaux se déversent et où prend naissance la rivière Niagara avant de se jeter dans le lac Ontario, mise sur la valorisation de son port et de son industrie florissante. L'une est une petite ville en expansion qui voit sa population d'hominines passer de quelques 5000 à plus de 20000 entre 1890 et 1900, la seconde abrite le port intérieur le plus important des États-Unis d'Amérique et sa population augmente de plus de 100000 hominines dans la même période pour atteindre plus de 350000 en 1900. Buffalo est finalement choisie. Apprenant en juin par la presse la tenue de cette exposition pan-américaine, du 1er mai au 2 novembre 1901, Annie Edson Taylor se dit que cela est une opportunité à saisir. "Depuis deux ans j'étudiais constamment, quand je n'étais pas occupée par l'enseignement, ce que je pourrais faire pour gagner de l'argent — honnêtement et rapidement. Toutes sortes de plans se déchaînaient dans mon cerveau."[24]. Alors que cela n'a encore jamais été réalisé, naît en elle l'idée de descendre les chutes du Niagara dans un tonneau. Annie Edson Taylor ne prévoit pas de faire cet exploit au profit du Téléthon ou d'une quelconque œuvre charitable. Pour elle, il s'agit d'inverser le phénomène de téléportation sociale qu'elle a vécu des années auparavant. Si elle parvient à le faire, elle doit recevoir une forte somme d'argent. Pour cela, avec un professionnel du spectacle, elle publicise son projet et espère en récolter une grande part des ventes de billets et bénéfices indirects. Un contrat est signé. Elle conçoit elle-même le plan du tonneau et le fait faire par des tonneliers. Fabriqué en chêne blanc du Kentucky et avec dix cerceaux, chacun riveté tous les dix centimètres, il est assez grand pour qu'elle puisse se tenir confortablement et contenir assez d'oxygène pour qu'elle ne meurt pas étouffée. Des coussins sont installés au niveau de la tête et des pieds, et des sangles partant des pieds et passant par dessus les épaules doivent maintenir son corps. Annie Edson Taylor annonce que cela aura lieu le 24 octobre 1901, le jour de son 63ème anniversaire.

Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.[39]

Sachant très bien qu'elle risque d'y perdre la vie, et nullement suicidaire, comme elle le rappelle dans un article de la presse locale, Annie Edson Taylor est précautionneuse et ne se contente pas des séances de photos promotionnelles. Elle fait quelques essais auparavant pour tester la solidité du tonneau et éprouver la faisabilité de sa descente des chutes du Niagara. Le 19 octobre, le tonneau est mis à l'eau avec à l'intérieur un "petit chat". Son nom et son sexe sont inconnus[40]. Après avoir chuté sur plus de 50 mètres, le tonneau arrive dans des eaux remuantes. Bringuebalé dans tous les sens. Quelques minutes plus tard, des hominines l'en sortent, indemne. Faisant ainsi de lui, et bien malgré lui, le premier chat à descendre les chutes du Niagara en tonneau avec succès, avant même les hominines[41]. Il pose fièrement sur les photos avec Annie Edson Taylor peu de temps après cet exploit. Les préparatifs pour la téléportation sont terminés. "Retour à la maison, Spoke", pour reprendre un slogan du futur.

Mais les plans ne sont qu'une projection fragile de désirs qui sont souvent ébranlés par la dure réalité. Rien n'existe en-dehors d'aujourd'hui. Le plan d'Annie Edson Taylor est médiatiquement contrebalancé par un autre plan, celui de Leon Czolgosz. Alors que le président étasunien William McKinley parade à Buffalo le 6 septembre 1901, visitant les nombreux stands à la gloire de la grandeur américaine, de la mise à sac de vastes territoires et de la mise à mort de leurs populations, de la mise au pas de la main-d'œuvre et de la mise en ordre de la misère, Leon Czolgosz s'approche de lui. Il lui tire deux balles de revolver dans la poitrine, à bout portant. Il est immédiatement arrêté. Blessé, le président semble récupérer rapidement de cette attaque mais la gangrène et l'infection viennent à bout de lui. Il décède le 14 septembre. Leon Czolgosz est un polono-américain — un des ingrédients de la macédoine melting-pot — né en 1873 dans la petite ville d'Alpena au nord du Michigan sur les rives du lac Huron. Après des emplois dans l'industrie du verre et de l'acier pendant plusieurs années, il participe aux grèves de 1893 contre les fermetures puis se retrouve au chômage. Il assiste à un meeting de l'anarchiste Emma Goldman et tente, sans succès, de la contacter en passant par le journal Free Society[42] auquel elle contribue. Anarchiste lui-même, il est très sensible aux questions de téléportation sociale et sait pertinemment que la chaise électrique est une technologie qui mène à rien. Son acte le pousse un peu plus vers la mort et il en est bien conscient. Inutile de se demander s'il arrive du futur pour le changer grâce à une téléportation temporelle, ses motivations sont très claires : "J'ai tué le président McKinley parce que c'était mon devoir. Je ne pensais pas qu'un homme puisse avoir droit à tant d'égards alors qu'un autre n'en avait droit à aucun." Il affirme avoir agit seul et n'appartenir à aucun groupe. Le 26 septembre, après trois jours de procès, Leon Czolgosz est condamné à mort et incarcéré à la prison d'Auburn en attendant son électrocution par la chaise. L'exécution est prévue pour le 29 octobre.

"Petit chat" et son amie Annie

Afin d'éviter les tragiques inconvénients rencontrés au siècle suivant par André Delambre puis Seth Brundle, toutes les précautions sont prises pour que le "petit chat" ne se glisse pas dans le tonneau. Les biopics La mouche noire[43] de Kurt Neumann en 1958, puis La mouche[44] de David Cronenberg en 1986, retracent de manière précise les dangers mortels d'une téléportation de deux êtres vivants en même temps. N'ayant aucune connaissance de la génétique ou de la physique quantique, Annie Edson Taylor n'est pas consciente d'un tel risque mais, intuitive, elle opte pour faire son voyage seule. Privant ainsi le "petit chat" d'un second record ! Haut de 1,2 mètres et pesant 80 kilos, le tonneau est lesté dans sa partie inférieure afin que la tête de la téléportée soit maintenue vers le haut. Sa flottaison est parfaite. Une petite valve est installée au dessus de la tête afin de renouveler l'oxygène. Lorsque le tonneau est mis à l'eau puis fermé, de l'air est injecté à l'intérieur par une petite ouverture qui est ensuite scellée. Le 24 octobre 1901, Annie Edson Taylor arrive par bateau de Buffalo en suivant la rivière Niagara jusqu'à la petite île Grass, aujourd'hui noyée sous l'eau, au nord de l'île de Grand Island qui sépare la rivière Niagara en deux. S'étalant sur presque un kilomètre, les chutes du Niagara sont constituées des chutes du Fer-à-Cheval, des chutes américaines et des chutes du Voile de la Mariée. Situées sur la frontière canado-étasunienne, les premières sont les plus grandes des trois, d'une largeur de plus de 800 mètres et d'une hauteur de 51 mètres. Ce sont elles qui sont choisies pour la grande téléportation car il y a peu de rochers en bas de ces chutes et les courants permettent d'éviter ceux du bords. Même si depuis 1870 le site des chutes est un lieu touristique populaire devenu un parc d'attraction, les autorités étasuniennes et canadiennes ne cautionnent pas ce style de démonstration. Elles menacent des graves amendes en cas de décès d'Annie Edson Taylor. Hormis le récit mythologique iroquois et seneca du dieu du tonnerre Hé-no qui sauve une jeune hominine femelle, bien décidée à se jeter dans les chutes afin d'échapper à un mariage forcé, et qui l'invite à se réfugier dans la caverne dans laquelle il vit, cachée par les eaux, derrière les chutes, peu de témoignages rapportent une fin heureuse à qui prend l'envie de se jeter dans les eaux. En 1829, Sam Patch survit à son plongeon dans la rivière Niagara à partir d'une longue plateforme installée à plus de 20 mètres au dessus de l'eau alors qu'en 1883 Matthew Webb se noie dans les tourbillons et les remous en tentant de traverser la rivière au pied des chutes. La "ceinture-caleçon aérifère de natation à double réservoir compensateur" de Jean-Pierre Brisset[45] aurait pu lui être utile. En 1859, optant pour la voie aérienne, le funambule Jean François "Blondin" Gravelet traverse plusieurs fois devant un milliers d'hominines, sur une corde de chanvre de 330 mètres de long, la rivière Niagara à environ 500 mètres en contrebas des chutes. Professionnel de la chose, pour lui cette démonstration acrobatique est sans risque. Il en est tout autrement pour Annie Edson Taylor. Elle sait qu'elle risque d'y perdre la vie. En cas de réussite, saine et sauve, cette téléportation va la mener hors du rien social dans lequel elle est plongée, en cas de mort elle est directement téléportée vers ce qu'elle croit être dieu, le Grand Rien. Enfermée dans le tonneau, elle est remorquée par un bateau à un peu plus d'un kilomètre des chutes du Fer-à-Cheval afin de s'assurer que le tonneau soit bien pris par ses courants et non ceux des autres chutes. À 16 heures et 5 minutes, le tonneau est laissé à la dérive. Captés par les eaux, le tonneau et sa passagère atteignent les chutes 18 minutes plus tard. Une minute après, le tonneau est visible dans les tourbillons au pied des chutes.

Cette descente des chutes du Niagara n'est pas seulement une tentative désespérée de téléportation sociale, elle est aussi une expérience inoubliable. Le temps se distend et les repères habituels disparaissent. Une éternité lors de laquelle la pensée s'active à une vitesse folle. Bien au delà de ses croyances dans la mythologie christienne, Annie Edson Taylor comprend alors que la fonction fondamentale du temps est que rien ne se passe en même temps. Les secondes paraissent des heures. La notion de temps est relative et intimement liée à celle d'espace. Ses réflexions sont fondamentales pour l'émergence de nouvelles théories qui se dessinent ensuite parmi les scientifiques tout au long du XXème siècle, tel que la relativité de Mileva Einstein et son mari Albert, l'astrophysique et, plus récemment, la physique quantique. Elles ouvrent des voies vers l'invention de la téléportation au XXIIIème siècle. Annie Edson Taylor va aussi valider les théories sur la force de gravité et la chute des corps. Sa vitesse au moment de l'impact est égale à √(2gh), où g est l'accélération du champ de pesanteur (9,81 mètres par seconde) et h la hauteur, soit 113 km/h. Le choc est terrible lorsque le tonneau touche l'eau après 51 mètres de chute. Malgré son poids et le lestage, il est secoué dans tous les sens car si la masse d'un objet n'intervient que de manière négligeable dans sa vitesse de chute dans l'air, il n'en est pas de même dans la mécanique des liquides. Éloignés progressivement des eaux tumultueuses, le tonneau et sa passagère sont récupérés à 4 heures et 40 minutes. Soit 16 minutes après l'impact.

Au risque de s'attirer les foudres des hooligans de la série documentaire Star Trek, la protivophilie n'est pas en mesure d'affirmer que les premiers mots d'Annie Edson Taylor au matelot venu l'extraire du tonneau soient : "Téléportation réussie, mon capitaine !". Et pourtant, c'est le cas. Au risque de s'attirer l'ironie protivophile, il semble qu'elle aie expliqué avoir été avec un nommé Dieu à chaque seconde jusqu'au moment du choc où elle s'évanouit pendant un temps indéterminé. Elle est encore probablement sous le choc. Pas de trace de Dieu après la fouille minutieuse du tonneau. L'examen du médecin indique que, à part une éraflure au visage, Annie Edson Taylor est en pleine forme. Seulement quelques courbatures. La téléportation est une réussite et si ces calculs sont bons, elle est parvenue à inverser le processus qui lui a fait côtoyer le rien. Elle est dorénavant la Reine de la Brume, l'héroïne des chutes du Fer-à-Cheval. Comme la physique moderne le suppose au XXIème siècle, elle pressent alors que "moins que rien" n'est qu'une conception dépassée[46].

S’il y a matérialité du rien, il devient autre que du rien. Alors il n’est plus rien, il est autre. S’il y a matérialité de rien, de vraiment rien, autant dire que rien n’existe. Pas même sa matérialité.[47]

Sans que l'on sache s'il a eu vent de la téléportation réussie d'Annie Edson Taylor, Leon Czolgosz est exécuté cinq jours plus tard, le 29 octobre 1901. Grâce aux bienfaits de l'énergie hydro-électrique et de sa dimension durable, la chaise électrique a très peu d'impact carbone sur le climat. Seulement sur les hominines. En phase avec son anarchie déclarée, il refuse catégoriquement la présence de prêtres à ses côtés. Par son geste il réaffirme que le pari de Pascal est une foutaise. Non, les hominines n'ont pas plus d'intérêt à penser rationnellement que dieu existe plutôt que son contraire, au prétexte que le paradis ou l'enfer éternel sont promis, que Dieu existe ou non. Pour Leon Czolgosz la réponse est simple. Il y a plus d'intérêt pour les hominines à penser qu'il n'y a rien car ainsi cela permet de vouloir le paradis au présent, plutôt que vivre dans le mensonge d'un après alors qu'il n'y a rien. Si finalement dieu existe, il est toujours bien d'avoir passé de bons moments avant d'être condamné peut-être à la damnation. Ce n'est pas rien. S'il n'existe pas, alors les adeptes de cette croyance auront gâché les seuls instants disponibles et n'en sauront jamais rien. Les derniers mots de Leon Czolgosz sont "J’ai tué le président parce qu’il était l’ennemi des gens biens, des bonnes personnes qui travaillent. Je ne suis pas désolé pour mon crime. Je suis désolé de ne pas avoir pu voir mon père." Il est déclaré mort après trois décharges de 1800 volts. Prochaine destination ? Rien. Son corps est autopsié et son cerveau coupé en deux afin de faire des corrélations entre biologie et comportements sociaux. L'ensemble de ses affaires personnelles sont brûlées et son corps est passé à l'acide sulfurique dans le cercueil. Il est enterré au cimetière Soule d'Auburn. Grand promoteur du cinéma naissant, Thomas Edison et ses proches réalisent en novembre une reconstitution, jouée par des acteurs, de l'exécution de Leon Czolgosz sur la chaise électrique. Plus d'un siècle avant que les publicistes de l'énergie nucléaire ne scandent leur mensonger "Donner au monde l'énergie d'être meilleur", ce film est le plus ancien spot promotionnel de l'électricité[48]. Et de la chaise électrique. La fée Électricité sous son vrai visage.

Non. Rien de rien. Non, je ne regrette rien.[49]

Imperturbable dans son nouveau costume d'héroïne des chutes du Niagara, Annie Edson Taylor tient fièrement un stand où elle signe des cartes postales qui immortalisent son exploit. Elle pose sur les photos des touristes. En 1902, la petite brochure Over The Falls[24] est publiée. Dans un style mélangeant description extérieure et autobiographie, elle retrace brièvement sa vie, donne quelques détails sur les préparatifs et cite plusieurs articles de la presse locale. D'évidence, pour la protivophilie "Se faire des illusions est un problème dans la mesure où, justement, il est question d’une illusion."[50] La célébrité est souvent chose éphémère. Et si la téléportation ne s'était pas réellement si bien passée ? Un bug ? Il se nomme Franck "Tussy" Russel, son manager. Il disparaît en emmenant le tonneau avec lui et Annie Edson Taylor dépense ses maigres économies dans des agences de détectives pour parvenir à le retrouver. Sans succès. Il parade à travers le pays avec une autre hominine femelle, plus jeune, pour ses démonstrations. En l'absence de son tonneau, Annie Edson Taylor n'est plus qu'un simple "souvenir humain". Elle meurt dans la pauvreté le 29 avril 1921 dans la petite ville de Lockport, à quelques dizaines de kilomètres à l'est des chutes du Niagara. Sa dépouille est inhumée au cimetière Oakwood à Niagara Falls. Une dernière téléportation vers rien.

Profondeurs protivophiles

Si depuis la fonte de l'inlandsis la géographie a changé de manière infime dans la région des cinq grands lacs, l'implantation des hominines s'est considérablement accrue. Tout comme leur démographie. La frontière actuelle entre les États-Unis d'Amérique et le Canada traverse en leur milieu les lacs Supérieur, Huron, Érié et Ontario. Du côté canadien, cette région est rattachée à la province de l'Ontario. Aux États-Unis, du nord au sud, les États du Minnesota, du Wisconsin, de l'Illinois, de l'Indiana, du Michigan, de l'Ohio, de Pennsylvanie et de New York se partagent les eaux des grands lacs. Le nord de l'Ontario est vaste et très peu peuplé alors que le sud abrite quelques-unes des plus grande villes du Canada, dont sa capitale. La ville de Toronto est située sur les rives du lac Ontario. Côté étasunien, les villes tel que Minneapolis, Milwaukee, Chicago, Indianapolis, Detroit, Cleveland, Philadelphie et — loin des lacs — New-York voient leurs démographies exploser à partir de la fin du XIXème siècle. Plus d'un siècle après, Chicago est le troisième ville la plus peuplée du pays[51]. Autour des grands lacs se côtoient de vastes régions forestières et de fortes concentrations urbaines d'hominines. Les rapports de voisinage sont difficiles.

Vers les profondeurs de rien

Depuis la mort de Leon Czolgosz, et encore plus depuis celle d'Annie Edson Taylor, le phénomène d'industrialisation et d'urbanisation s'est accentué là où il était déjà présent dans la région lacustre. Particulièrement aux États-Unis. La chaise électrique est progressivement adoptée par la plupart des États du sud et de l'est du pays. Les villes industrielles et commerciales des grands lacs nécessitent toujours plus de main-d'œuvre et attirent nombre d'hominines à y venir s'installer. Les conditions de vie quotidienne sont très difficiles pour une grande majorité d'entre elleux. La prospérité économique est en devenir. Il y a toujours plus de riches et toujours plus de pauvres. Indianapolis et Detroit deviennent des fleurons de l'industrie automobile, Chicago un grand pôle d'industries agro-alimentaire et sidérurgique. Ces villes sont de grandes pourvoyeuses d'emplois divers et variés. Et de conflits sociaux. Comme cela se passe dans de très nombreux pays d'Europe, les hominines qui réclament de quoi manger suffisamment et vivre décemment de leur travail se heurtent à l'incompréhension de celleux qui refusent de lâcher ne serait-ce que des miettes. Grande question existentielle qui hante les hominines qui possèdent : "Pourquoi devrais-je donner quelques miettes de mon pain aux hominines qui le fabriquent et n'en ont pas ?" La question est souvent tranchée dans la violence et le sang. La répression s'abat contre les contestataires, la salope policière guette et les morts se comptent après les manifestations[52]. En réponse à ces demandes, vandalisées par la répression et les législations d'exception, les vengeances aussi sont parfois sanglantes. Loin d'être inutile, le geste de Leon Czolgosz ne change rien. Un peu comme une piqûre de rappel d'un vaccin qui ne fonctionne pas vraiment. Que celleux qui sont aveuglés par l’appât du gain se rappellent simplement que la nécessité de la vengeance rend aussi aveugle. Tout comme la misère et la faim. Choses impensables sans doute pour qui ne les a jamais connues. Sans que l'on sache si elle avait Leon Czolgosz en tête, Annie Edson Taylor déclare juste après son saut dans les chutes : "Personne ne devrait plus jamais refaire ça." Son expérience de téléportation lui fait peut-être dire que les hominines, mâles et femelles, ne devraient pas être poussés dans de tels retranchements, ne devraient pas avoir à risquer leurs vies pour survivre.

Pour tous, je ne suis rien. Et cependant, si demain je lance une bombe, ou assassine, je deviens le tout, l’homme qui existe, l’homme pour lequel d’innombrables générations de jurisconsultes ont préparé des châtiments, des prisons et des théories. Moi, qui ne suis rien, je mettrai soudain en mouvement ce terrible mécanisme de flics, de secrétaires, de journalistes, d’avocats, de procureurs, de geôliers, de voitures cellulaires, et personne ne verra en moi un pauvre diable, mais un homme antisocial, l’ennemi qu’il faut écarter de la société.[53]

Si par leurs activités les hominines laissent depuis des millénaires des traces durables dans leur environnement, les deux derniers siècles sont particulièrement marquants par leur impact sur les écosystèmes des grands lacs et des terres qui les entourent, de part et d'autre de la frontière canado-étasunienne. L'industrialisation, l'agriculture intensive et la concentration urbaines produisent de très nombreux déchets. Aux différentes pollutions des usines métallurgiques et chimiques, aux rejets des producteurs de papiers et des exploitations minières, s'ajoutent les fertilisants et les désherbants agricoles, et aussi les eaux usées de millions d'hominines qui peuplent les villes de la région. Les ruissellements et les infiltrations s'additionnent aux millions de m3 d'eaux souillées de caca et saturées d'azote urinaire qui se déversent par les canalisations des égouts dans les eaux des lacs. La pollution atmosphérique due au trafic routier intense et aux fumées des industries est un facteur supplémentaire de détériorations importantes des écosystèmes lacustres et inter-lacustres. Le lac Supérieur est très impacté par l'exploitation de mines d'argent, d'or, de fer et de nickel. Le lac Michigan est touché par l'importance commerciale de Chicago qui est connectée au sud des États-Unis d'Amérique, par le fleuve Mississippi qui se jette dans le golfe du Mexique. Mêlant la plupart de ces ingrédients, les eaux du lac Érié sont les plus polluées des cinq. Le lac Ontario subit autant l'impact environnemental de la pollution de l’Érié, via le Niagara et ses chutes, que les conséquences directes de la forte urbanisation de ses rives étasuniennes et canadiennes. Selon une commission d'experts réunie en 2002, il est nécessaire d'excaver 95 millions de m3 de sédiments contaminés sur l'ensemble des cinq grands lacs pour les dépolluer en partie[54]. L'ensemble de la faune et de la flore est touché par les retombées des activités des hominines. Des espèces de poisson disparaissent, certaines sont victimes de surpêches, d'autres sont interdites à la consommation. Les conséquences de ces pollutions diverses se font évidemment sentir jusqu'au fleuve Saint-Laurent qui est le déversoir final de ces eaux lacustres dans l'océan. Cette macédoine toxique est un riche complément alimentaire pour les espèces aquatiques de l'estuaire, baleines et autres, qui ne sont pas sûres d'y survivre à long terme. Tout super-héros et atlante qu'il est, même Aquaman[55] n'est pas à l'abri d'un cancer de la prostate ou sa progéniture de malformations des écailles. Comme les vagues successives d'hominines qui arrivent sur le continent américain, et s'y installent parce que l'endroit leur semble propice, quelques autres espèces vivantes s'implantent dans la région des grands lacs. Venant de différentes régions du monde, connectées par les réseaux d'échanges de marchandises, leurs installations se font au détriment d'autres espèces. Des algues, des moules et quelques poissons ont reçu le qualificatif d'invasif. Selon les premières études protivophiles sur l'établissement d'un lexique esturgeon-iroquois, basées sur les travaux de Jean-Pierre Brisset[45], il semble, qu'avec beaucoup d'humour, le terme utilisé par ces poissons pour désigner les hominines des pourtours de l'Ontario soit une déformation de l'expression dépréciative "N'avoir honte de rien", transformée en Ontarien.

La mort d'Annie Edson Taylor n'a pas enrayé le tourisme de masse autour des chutes du Niagara. Pas plus que celle de Leon Czolgosz n'a fait dérailler l'esclavagisme de masse autour de la planète. Depuis le XIXème siècle, le site des chutes est un haut lieu touristique que les autorités canadienne et étasunienne tentent de préserver tout en exploitant la manne financière de ce tourisme. De très nombreux aménagements ont été réalisés par les deux pays afin d'en faire un parc de loisir accessible au plus grand nombre. Le parcours est fléché. Et la visite guidée pour qui le désire. Contrairement à Disneyland, les petits animaux qui s'y promènent ne sont pas des hominines dans des déguisements ridicules. Les souris et les canards sont vrais. Afin de minimiser l'érosion des chutes du Fer-à-Cheval, la rivière Niagara est détournée provisoirement en 1969 par une digue afin de mettre à sec complètement ces chutes et consolider certaines parties du cours d'eau[56]. Des télécabines transportent les hominines au dessus des tourbillons et des bateaux les emmènent au plus près des chutes. Au début du XXIème siècle, presque 30 millions d'hominines se rendent tous les ans aux chutes du Niagara. Au rythme moyen de 100000 par jour, les hominines viennent admirer la plus haute chute d'eau polluée du monde. Parfois venir de loin pour faire des selfies devant un tel panorama. Que de plaisir à sentir les embruns qui emplissent les poumons de micro-gouttelettes toxiques qui tuent la faune et la flore aquatiques. Que d'émerveillement devant un caniveau si grand, beau comme un orage violent qui lessive une décharge à ciel ouvert. Au vu des risques encourus, et malgré sa profonde passion pour le cinéma qui s'en trouve frustrée, Aquaman n'envisage plus de nager dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, direction Niagara, frétillant comme un jeune esturgeon[57] à l'idée de voir le seul endroit où la célèbre sirène Marilyn Monroe a simulé sa propre mort[58]. De fait, il renonce à être le premier hominine à remonter les chutes du Niagara.

La seconde moitié du XXème siècle marque le début du recul de la chaise électrique. Cet outil de téléportation vers rien est progressivement abandonné par les États étasuniens au cours du siècle suivant, remplacé par un moyen jugé plus efficace, l'injection chimique. Cette méthode devient la principale cause de décès des hominines devant être mis à mort, et qui peuvent choisir l'électrocution, l'injection, la pendaison, la chambre à gaz ou le peloton d'exécution. Les trois dernières sont les moins prisées.

Dans le domaine des sciences, les recherches sur la téléportation avancent doucement. La physique quantique est encore balbutiante en ce début de XXIème siècle et les quelques expériences menées sont encore loin de la technologie annoncée pour 2245 par les prospectivistes euphoriques et autres treko-stariens[59]. La physique quantique est l'étude des phénomènes de la matière à des échelles extrêmement petites, là où les lois établies jusqu'alors par la physique "classique" pour comprendre l'existant ne semblent pas les mêmes. Pour l'instant, des scientifiques ont réussi à ce que deux particules de matière, mises en contact puis séparées de plusieurs kilomètres, interagissent malgré la distance[60]. Une information reçue par l'une est quasi immédiatement transmise à l'autre. Cet enjeu est fondamental pour la téléportation du futur car cette technologie doit être en capacité de transférer en même temps toutes les informations quantiques de chacun des quelques 1029 atomes qui composent chaque corps d'hominine. Et qu'elles soient restituées à l'identique, quelle que soit la distance. Pour la physique quantique, le lien qui unit deux particules, appelé intrication quantique, est tel que l'espace qui les sépare est réduit à rien. Comme si à ce niveau de l'infiniment petit le vide existait réellement entre deux choses[46]. Pour les hominines du futur qui étudieront la préhistoire de la téléportation, il ne fait pas de doute qu'Annie Edson Taylor aura toute sa place dans leurs travaux. Non pas pour son apport technologique direct, mais pour sa contribution discrète à l'émergence foisonnante de l'idée même de téléportation dans les siècles qui suivent sa mort. Un peu comme l'ouvrage Analectes de rien de F. Merdjanov peut être considéré comme une primitive tentative d'appréhender le rien quantique[61], en y cherchant avec acharnement le plus simple chemin pour une téléportation vers soi, appelée êtr’xistant[62], par des liens entre les riens. Et les moins-que-rien. D'Annie Edson Taylor à Leon Czolgosz, de "petit chat" à F. Merdjanov. De rien en rien.

Deux êtres cohabitent, et parfois combattent, dans ma petite enveloppe humaine : celui qui vit pour moi et celui qui vit pour l’autre. Le premier par sa singularité me donne conscience d’un monde fini (Rien) et le deuxième par son ouverture à la pluralité, à la Communauté, me donne conscience d’un monde infini (Tout). Cette double conscience instaure un lien que l’on peut qualifier de social, établissant une présence à autrui se développant naturellement non par osmose mais par contact, sans pré-établi ni prérequis. Cette dualité intime que je décrypte, transforme le Chaos en Cosmos et fonde mon espace vital : ma limite de tolérance à l’autre, aux autres. Partant de moi, je fais le chemin vers l’autre qui lui-même partant de lui marche vers moi.[63]

Notes

  1. La téléportation est un phénomène naturel ou une technologique permettant de se déplacer d'un point à un autre, de manière quasi-immédiate. Parfois d'une époque à l'autre. Pour une grande majorité des hominines d'aujourd'hui, la téléportation est une invention du XXIIIème siècle utilisée à bord du vaisseau intergalactique Enterprise dans la série documentaire Star Trek
  2. Le premier JC qui se présente aux hominines du nord du continent américain n'est pas Jésus aka Christ mais Jacques Cartier au XVIème siècle. Explorateur et navigateur français, cet hominine et ses marins remontent le fleuve Saint-Laurent au cours de son second voyage (1535-1536). Il pense qu'il est une simple excroissance de la vaste baie de l'océan Atlantique qu'il a exploré en 1534. S'enfonçant toujours plus, il se rend compte que l'eau est devenue douce et qu'il est donc en présence d'un fleuve. Sa tentative de le remonter s'arrête au niveau de l'actuelle ville de Québec, région habitée par des hominines parlant des langues iroquoiennes. Il nomme la région Canada, d'après le terme kanata d'une de ces langues signifiant village. Il n'ira jamais jusqu'au lac Ontario et ne connaît pas l'existence des chutes du Niagara. Son Brief recit de la navigation faicte es ysles de Canada, publié en 1545, contient le premier lexique français - iroquoien - En ligne
  3. "Macédoine d'objets stellaires qui s'agglomèrent, la planète se stabilise sous la forme d'un noyau chaud qui en forme le cœur et d'une surface qui se refroidit. Cette différence de température solidifie une partie de la matière en fusion qui se constitue progressivement en une croûte de plusieurs dizaines de kilomètres d'épaisseur. Cette épaisseur n'est pas uniforme, elle varie de 10 et 40 kilomètres selon les endroits du globe. Cette couche solide est en permanence soumise à la pression exercée par les parties intérieures et chaudes de la planète qui cherchent à monter et se heurtent aux températures extérieures plus basses qui cherchent à descendre. Le mouvement en profondeur de la matière "liquide" en fusion fracture la croûte en de multiples plaques. Les contraintes exercées sur ces plaques les font bouger. Elles se chevauchent, se disloquent et se rencontrent dans un mouvement permanent, ce que les géologues appellent subduction, divergence et collision." Extrait de l'article consacré aux îles de Soqotra.
  4. Le chien domestique est au loup ce que l'hominine est au bonobo, une féralité inespérée. Une auto-domestication avilissante. Voir F. Merdjanov (Attribué à), "Le Tout, le Rien" - En ligne
  5. Jean-Marie Gourio, L'intégrale des brèves de comptoir 1992-1993, p.102, J'ai Lu/Humour
  6. Le dernier vestige de cet immense glacier se trouve de nos jours sur l'île de Baffin, dans l'extrême-nord canadien.
  7. Près de 700 fois plus grand que le lac Orhid, le plus grand de Macédoine.
  8. D'une superficie de 31700 km2, avec des profondeurs maximales de 1600 mètres, le lac Baïkal a un volume d'eau douce de 23600 km3.
  9. "Le poème des flocons de neige" de Jan Erik Vold, La Norvège est plus petite qu’on ne le pense. Cité à l'entrée "éternel retour" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017
  10. Le détroit de Béring est l'espace maritime, long de plus de 80 kilomètres, séparant le Nord de l'actuel extrême-orient russe de l'Alaska étasunienne.
  11. Les archéologues de l'Amérique du nord appellent paléoaméricains les hominines de la première vague migratoire, et paléoindiens celleux de la seconde, ancêtres des "amérindiens actuels"
  12. Jusqu'à peu, la culture Clovis qui se caractérise par ses pointes de flèches présentes dans toute l'Amérique du nord était considérée comme la plus ancienne du continent, avec des datations de 13500 avant le présent. Depuis quelques décennies, ces datations sont largement remises en cause par l'analyse de nouveaux sites archéologiques. "La préhistoire américaine est-elle aux mains d’idéologies ?" dans l'émission Carbone 14, France Culture, 10 octobre 2020 - En ligne
  13. "Découverte des plus vieilles traces d’humains en Amérique du Nord", Le Monde, 29 mars 2018 - En ligne
  14. L'abri sous roche de Meadowcroft, en Pennsylvanie, entre les grands lacs et l'océan Atlantique, est un site archéologique riche en pointes de flèches, en ossements d'animaux et en charbon de combustion. Alors que l'océan est à plusieurs centaines de kilomètres, des coquillages sont aussi présents.
  15. La plupart des grands animaux du nord du continent américain — appelée mégafaune — disparaissent lors de la progression des hominines venant depuis le détroit de Béring. Mammouths, tigres, bisons, dromadaires, lions, chiens, ours et quelques autres espèces, toutes bien plus grosses que celles existant aujourd'hui, s'éteignent en quelques millénaires.
  16. Le dernier des mohicans est écrit en 1826 par James Fenimore Cooper - En ligne. Vision romantique de la naissance des États-Unis d'Amérique, l'histoire se déroule au XVIIIème siècle lors des guerres que se livrent les armées française et britannique, leurs supplétifs parmi les colons, et aidés par leurs alliés respectifs que sont les algonquins et la Ligue iroquoise.
  17. L'expression coureur de bois désigne les hominines venant de France qui font commerce des fourrures, acquises directement auprès des "amérindiens" des territoires français de la Nouvelle-France et destinées au royaume de France. Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois : Amérique du Nord 1600-1840, Paris, Les Indes savantes, 2017
  18. En 2022, plus de 500 "tribus indiennes" sont reconnues par les autorités étasuniennes, réparties dans un peu plus de 320 réserves. Leur territoire représente environ 2,5% de celui total des États-Unis. Les hominines qui ont le malheur de finir dans ces réserves ne sont pas propriétaires de ces terres qui restent prêtées par le gouvernement et dont les richesses du sous-sol lui appartiennent. Au Canada, il existe un peu plus de 2300 réserves. Si les hominines de ces réserves ont l'obligation de s'y cantonner de la fin du XIXème siècle à la seconde moitié du XXème, de nos jours, la majorité des hominines ayant l'étiquette "amérindien" ou "première nation" vivent hors des territoires des réserves canadiennes et étasuniennes. Le statut de citoyenneté reconnue à égalité avec les autres hominines de ces pays est une illusion, tant la pauvreté, le chômage, le mauvais état de santé et l'exclusion sociale sont généralisés dans ces réserves, et le racisme et la discrimination une part constitutive du "Rêve américain".
  19. Cherokee est un style de véhicule de la marque étasunienne Jeep, un tout-terrain pour celleux qui n'en ont pas besoin. L'archétype du 4X4 en ville. Selon le modèle le prix varie entre 40000 et 100000 euros.
  20. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, les colonisateurs britanniques sont en guerre contre une confédération de sociétés iroquoises et algonquines dans la région des grands lacs. La révolte est menée par Obwandiyag — transformé phonétiquement en Pontiac par les hominines d'Europe — qui, ancien allié des français, harcèle pendant trois ans les armées britanniques pour les empêcher de progresser à l'intérieur de terres. En septembre 1763, une attaque contre la garnison britannique du fort Niagara qui défend l'entrée du détroit fait 80 morts parmi les militaires. Beaucoup de corps sont jetés dans la rivière. À partir de 1906, Pontiac est le nom d'un constructeur automobile de la ville de Détroit.
  21. Ce nom de ongiara est contesté. Il est parfois avancé qu'il signifie cou dans la langue mohawk, en référence au détroit entre les lacs Érié et Ontario. Ou qu'il est une déformation d'ongmarahronon ou de niagagarega, deux sociétés iroquoises vivant sur ce détroit.
  22. Les Neutres sont un ensemble de tribus iroquoises fédérées entre elles. Estimés à environ 40000 hominines — mâles et femelles — au XVIIème siècle, illes ne sont qu'un peu moins de 400 à la fin du XIXème siècle. Les guerres inter-iroquoises et les maladies arrivées d'Europe les déciment. Voir "Confédération des Neutres" sur L'encyclopédie canadienne, 2015 - En ligne
  23. L'utilisation des catégories "mâle" et "femelle" ne signifie pas une validation de la construction sociale qui dit que les hominines sont réductibles à ces deux seules catégories artificielles ! Dans un contexte où l'une des deux est dominante sur l'autre, elle permet de visibiliser le fait que l'ensemble des hominines est concerné, et non pas seulement les pseudo-mâles omniprésents.
  24. 24,0 24,1 et 24,2 Over The Falls, 1902 - En ligne
  25. Edgar Rice Burroughs, Une princesse de Mars, 1917. Il est le premier volume du cycle de Mars qui en contient 11.
  26. Pioneer Girl: The Annotated Autobiography — non traduit en français. La fille de Laura Ingalls Wilder, la romancière et journaliste Rose Wilder Lane, est une farouche opposante au communisme et au racisme, l'une des principales cervelles qui veulent y répondre par le libertarisme. Ce dernier est une vision ultra-libérale dans laquelle l’État est réduit au seul rôle de défenseur des hominines et l'économie est laissée libre de se développer sans aucune réglementation. La propriété et la liberté individuelle sont les fondements d'une économie libérale débarrassée de ce qui l'entrave. Pour le bien des hominines, évidemment ! Elle écrit The Discovery of Freedom en 1943.
  27. Albertine Bourget, "La véritable histoire de Laura Ingalls", Le Monde du 5 décembre 2014 - En ligne
  28. À l'issue de la Convention de Seneca Falls, tenue les 19 et 20 juillet 1848, la Déclaration de Sentiments est signée par 100 hominines, 68 femelles et 32 mâles. Illes réclament l'égalité des droits entre mâles et femelles. L'ancien esclave Frederick Douglass fait un plaidoyer en faveur de l'abolition de l'esclavage - En ligne
  29. Dans la première moitié du XIXème siècle, les autorités étasuniennes se lancent à la conquête des territoires de l'ouest, direction l'océan Pacifique. À la fin du siècle, la plupart des populations d'hominines locales sont soit tuées, soit déplacées, soit parquées. Une police des "Affaires indiennes" est créée. L'époque des spectacles itinérants et populaires de Buffalo Bill et des scénarios de westerns où les indiens se font tuer à la chaîne par des cow-boys courageux mais un peu brusques.
  30. Niagara, "J'ai vu...' sur l'album Religion, 1990 - En ligne
  31. 31,0 et 31,1 Selon Annie Edson Taylor, cité dans David Whalen, The Lady Who Conquered Niagara
  32. Selon les moïsiens, les christiens sont des hérétiques qui ne suivent plus les enseignements de Moïse mais ceux d'un pseudo-messie appelé Jésus aka Christ. Pour les mahométiens, illes sont les résidus d'une croyance dépassée qui n'admet pas que Mahomet fasse le buz. La discussion n'est pas facile.
  33. Les États-Unis d'Amérique et le Canada mettent en place des pensionnats afin d'extraire les hominines enfants de leur environnement culturel et familial pour leur éduquer la mythologie christienne et la langue anglaise. De la première moitié du XIXème siècle jusqu'à la fin du XXème, plus de 150000 enfants, mâles et femelles, sont envoyés dans les pensionnats canadiens sous le contrôle de l'église christienne. Plus de 6000 d'entre elleux y trouvent la mort des suites de malnutrition, de maladies ou de mauvais traitements. Aux États-Unis près de 300 écoles dans presque 20 États organisent l'assimilation culturelle forcée de plusieurs centaines de milliers d'enfants. Depuis 2021, des milliers de tombes anonymes ont été découvertes au Canada près des anciens pensionnats. Hélène Jouan, "Après la découverte des ossements de 215 enfants autochtones, le Canada confronté à son histoire coloniale", Le Monde,‎ 1er juin 2021.
  34. Voir l'excellent documentaire, Une minute avant... L'abolition de l'esclavage - En ligne
  35. Naissance d'une nation, premier blockbuster hollywoodien, est réalisé en 1915. Adapté de deux romans, l'histoire est une romance sur fond de guerre entre nord et sud des États-Unis, de racisme contre les esclaves et les libres, de bûchers et de bastonnades des racistes du Ku Klux Klan. Comme dans les western où les "indiens" sont les méchants, Naissance d'une nation explique que ce sont les afro-américains qui menacent les hominines WASP (White Anglo-Saxon Protestant) et qu'il faut donc les maintenir à l'écart. Voire les tuer s'illes résistent ou s'opposent à la "ségrégation raciale". Basé sur le principe "démocratique" de "Séparés mais égaux", le racisme ségrégationniste est légal et appliqué entre 1877 et 1964.
  36. Avec des relents de validisme excluant pour les hominines femelles sous chimiothérapie, la citation complète est : "Allô ! Non, mais allô quoi ! T'es une fille, t'as pas d'shampooing ? Allô, allô ! J'sais pas, vous m'recevez ? T'es une fille, t'as pas d'shampooing ! C'est comme si j'te dis : t'es une fille, t'as pas d'cheveux". Daté de 2013 - En ligne
  37. Le projet de nécrophone est décrit dans "Le Royaume de l'Au-delà", dernier chapitre de ses Mémoires et observations publiées en 1948. François Albera, "Thomas Edison, le Royaume de l’au-delà. Précédé de Philippe Baudouin, Machines nécrophoniques", 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, n°76, 2015 - En ligne
  38. Il semble que Thomas Edison se soit opposé à l'utilisation du terme électrocuté, une mauvaise publicité pour l'électricité, lui préférant dans un premier temps westinghousé.
  39. René Char, La parole en archipel, 1962. Cité à l'entrée "échelle de Richter" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017
  40. Voir à ce sujet l'article consacré à l'invisibilité spéciste.
  41. Beaucoup d'animaux non-hominines ont été à l'avant-garde des explorations des hominines et de leurs expérimentations techniques. Laïka la chienne, Ham et Enos les chimpanzés ou encore Baker le singe écureuil furent les pionniers de l'espace. Une pensée pour les anonymes qui n'ont pas survécu aux entraînements et aux expériences.
  42. Écrit en langue anglaise, Free Society est un journal anarchiste publié aux États-Unis entre 1897 et 1904. Emma Goldman y publie en octobre 1901 le texte The Tragedy at Buffalo dans lequel elle prend la défense de Leon Czolgosz - En ligne. Elle est brièvement arrêtée pour cela.
  43. La mouche noire, réalisé par Kurt Neumann en 1958. Bande-annonce en anglais - En ligne
  44. La mouche, réalisé en 1986 par David Cronenberg. Bande-annonce en ligne
  45. 45,0 et 45,1 Auteur en 1871 de La Natation ou l’art de nager appris seul en moins d’une heure, et théoricien d'une origine des hominines et de leur langage à chercher chez les grenouilles, Jean-Pierre Brisset (1837 - 1919) publie en 1883 La Grammaire logique, résolvant toutes les difficultés et faisant connaître par l'analyse de la parole la formation des langues et celle du genre humain. Il est élu "Prince des Penseurs" en 1913 et une journée annuelle est consacrée à sa mémoire jusqu'en 1939 par d'autres absurdes. Voir La vie illustrée de Jean-Pierre Brisset - En ligne. Il est fait saint du calendrier pataphysique à la date du vingt-cinquième jour du mois haha, soit le 30 octobre de chaque année - En ligne
  46. 46,0 et 46,1 Voir Étienne Klein, Ce qui est sans être tout à fait. Essai sur le vide, Actes Sud, 2019
  47. "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017 - En ligne
  48. Thomas Edison, "Exécution de Leon Czolgosz avec panorama de la prison d'Auburn", 9 novembre 1901, 3 minutes et 24 secondes, muet - En ligne
  49. Edith Piaf, "Non, je ne regrette rien", 1960. Cité dans Éloge de rien, 2014 - En ligne
  50. Devise de la protivophilie et d'ouverture du documentaire Los Porfiados, réalisé en 2002 par Mariano Torres Manzur.
  51. New-York est la première et Los Angeles la deuxième
  52. Le 1er mai 1886, à Chicago, la police déloge violemment un rassemblement d'hominines en grève réclamant que la journée de travail soit réduite à 8 heures. Plusieurs centaines de milliers d'hominines sont en grève à travers tout le pays pour cette revendication. Trois sont tués deux jours plus tard à Chicago. En réponse, une grande manifestation est organisée le 4 mai. Alors que la foule se disperse, 200 policiers attaquent les hominines qui s'attardent. Une bombe est jetée sur le groupe de policiers, en tuant un. En réponse, ceux-ci tirent dans la foule qui ne se laisse pas faire. Sept policiers et 6 manifestants sont tués et de dizaines d'hominines sont blessés. Dans les jours qui suivent, huit anarchistes sont arrêtés. Sept d'entre eux sont condamnés à mort et un à quinze années de bagne. Quatre sont pendus, un parvient à se suicider avant d'être exécuté, et deux autres voient leur peine commuée en prison à perpétuité. En 1893, tous sont réhabilités par la justice étasunienne. L'agence de détectives Pinkerton est suspectée d'avoir volontairement lancé la bombe pour provoquer le "Massacre de Haymarket Square" et justifier la répression. Constitué de socialistes, d'anarchistes et des syndicalistes révolutionnaires, le syndicat international Industrial Workers of the World (IWW) est créé en 1905 à Chicago.
  53. Roberto Arlt, Les sept fous, 1929. Cité à l'entrée "spontex" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017
  54. "Pollution des Grands Lacs - La santé de cinq millions de personnes est en danger", Le Devoir, septembre 2002 - En ligne
  55. Dans la mythologie moderne étasunienne, Aquaman est le fils d'un hominine terrestre et d'une reine atlante. Il est le roi de la cité sous-marine d'Atlantis et est doté de nombreux super-pouvoirs comme ses complices Superman et Wonder Woman. Grâce au trident de l'Atlantide, il peut se téléporter. Pour une adaptation peu réaliste, voir le biopic Aquaman réalisé en 2018 - Bande annonce en ligne
  56. Le 29 mars 1848, les chutes s'arrêtent de couler et font silence. Le lit de la rivière Niagara se traverse à pied car un barrage de glace s'est formé à l'embouchure du lac Érié et de la rivière Niagara, empêchant les eaux de s'écouler. Le 31, la glace se brise et les eaux reprennent leur course.
  57. Poisson d'eau douce, l'esturgeon jaune vit dans les lacs et les rivières d'Amérique du Nord, jusqu'aux eaux saumâtres du fleuve Saint-Laurent. Particulièrement appréciée par les hominines pour sa chair et ses œufs, l'espèce est très largement décimée par la surpêche. Considéré comme l'un des plus grands poissons d'eau douce, l'esturgeon jaune peu atteindre plus de deux mètres et vivre jusqu'à plus de 100 ans.
  58. Réalisé par Henry Hathaway en 1953, Niagara est le seul film dans lequel Marilyn Monroe joue un rôle de "méchante", étranglée par son mari qu'elle avait tenté de faire assassiner par son amant. Bande-annonce en ligne. Henry Hathaway réalise en 1962 la fresque La Conquête de l'Ouest, un regard bienveillant sur le "Rêve américain", du point de vue des colonisateurs.
  59. Voir "Physique quantique : La téléportation", le dossier de Futura Sciences, 2004 - En ligne. Lawrence M. Krauss, La physique de Star Trek ou comment visiter l'univers en pyjama, 1998
  60. "Une téléportation réussie sur 25 km de distance" dans Science et Avenir, septembre 2014 - En ligne
  61. Pour la physique quantique du XXIème siècle, le vide quantique n'est pas l'espace de rien mais celui d'une énergie qui reste encore à comprendre.
  62. Voir le petit lexique Guide-âne merdjanovien - En ligne
  63. F. Merdjanov (Attribué à), Le Tout, le Rien dans F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017 - En ligne