Amphibologie

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Amphibologie. Macédoine de mots dont le sens peut être compris de multiples façons.


[En cours de rédaction]


Étymologie amphibologique

Amphibologie est la contraction de amphibolologie, construit sur les racines grecques ἀμφίϐολος "ambigu" et λόγος "discours". La langue française retient aussi la forme simple amphibolie, de ἀμφὶ "des deux côtés", et βόλος "jet". D'après le Littré, "ce qui est ambigu offre plusieurs sens. Ce qui est équivoque offre deux sens. Ce qui est amphibologique offre un sens incertain"[1].

Amphibiologie

La racine grecque amphi- se retrouve dans plusieurs mots de la langue française, ainsi que sa forme latinisée ambi. Toutes deux conservent leur sens premier "des deux côtés". Ainsi, une amphore[2] est un vase à deux anses, un amphithéâtre est un théâtre conçu avec un espace de représentation et un pour les gradins, et un amphisbène[3] est un serpent pouvant ramper dans les deux sens. Ambi- est présent, par exemple, dans ambigu[4] "avoir plusieurs sens", ambivalent[5] "deux choses distinctes, voir opposées", ambiant[6] "ce qui est autour", ambition[7] "aller autour" ou dans amphigouri[8] "dépourvu d'ordre et de sens".

Amphibie

Amphibologie protivophile

Le sens des mots n'est pas une science sûre. Il évolue au fil des siècles, s'éloignant parfois considérablement de son étymologie première pour des raisons qui ne sont pas en lien avec le sens mais pour des considérations historiques ou des fluctuations dans les pratiques. Les contextes politiques, sociaux ou économiques influent sur les pratiques linguistiques, tout autant que celles-ci marquent de leur empreinte leurs environnements. Pour la protivophilie les termes de analecte et rien — que l'on retrouvent dans le titre de l'ouvrage de F. Merdjanov, Analectes de rien[9] — sont deux exemples de glissements entre le sens premier, étymologique, et ceux qu'ils prendront par la suite. Analecte qui désigne dans un premier temps une collecte de petites choses éparpillées, prend ensuite le sens de "miette" puis, par extension, est utilisé pour nommer les esclaves autorisés à ce nourrir des restes des repas de leurs maîtres. La banalisation de l'esclavagisme tend alors à faire disparaître ce sens de l'usage du français pour progressivement le remplacer par celui de "anthologie", de "recueil littéraire". Le terme rien a subi lui aussi un glissement de sens entre son étymon rem qui signifie "chose" et le sens classique actuel qui en fait un synonyme de "néant". Ainsi, l'expression analectes de rien est amphibologique dans la mesure où les sens possibles sont multiples et dépendent essentiellement de l'hominine qui l'utilise et de la raison pour laquelle ille le fait.

Nos travaux les plus récents ne nous permettent pas de comprendre le sens exact que FM a voulu donné à ce mot. Peut-être a-t-il été choisi pour cette polysémie plaisante, pour ses glissements possibles et ses débordements de sens. [...] Écrit au pluriel, analectes renvoie de cette manière à tout cela en même temps : cueillette, choix, recueil, esclave, miette. Cinq mots qui, pêle-mêle, en disent long sur la condition humaine.[10]

Amphibibliologie
De nombreux mots et expressions de la langue française peuvent avoir un caractère amphibologique. Soit à cause de leur histoire et des nombreux sens que les pratiques linguistiques ont conservé, soit par l'utilisation délibérée de l'ambiguïté qu'ils sous-tendent, soit par une proximité d'orthographe malgré des étymologies et des sens différents. Il serait fastidieux de se lancer dans une énumération des possibilités amphibologiques. Prétentieux même, tant elles sont diverses. Il n'y a pas de mécanismes linguistiques généraux pour expliquer l'existence d'amphibologies mais une multitude de cheminements historiques pour chaque mot et expression et qui en font des singularités.

Si elles peuvent être matière à calembours, drôleries ou autres jeux de mots, les amphibologies sont aussi au cœur des discours spécialisés dans le double-sens : la politique, la religion, la philosophie et la culture. Exemples parmi d'autres. Les intentions sont alors portées par leurs idéologies sous-jacentes et les amphibologies se font armes de persuasion. Au mieux, les mots et expressions sont détournés pour prendre un nouveau sens et ainsi être conservé, au pire ils deviennent des insultes. Triste sort que celui du mot "révolution" et ses dérivés, devenu un slogan publicitaire courant ou un synonyme de son contraire, ou bien encore de celui de "écosystème" qui désigne dorénavant aussi bien le système écologique que le système économique qui le saccage. L'amphibologie est ici un procédé.

Si le terme de nihiliste est un peu désuet et peu employé dans le domaine de l'insulte, ou tout du moins du dénigrement, celui de individualisme semble faire l'unanimité dans les discours politiques, philosophiques et religieux. Dans un sens très éloigné de celui que lui donnent les hominines qui s'en réclament, l'individualisme est utilisé pour désigner des comportements jugés contraires à la bonne marche des sociétés actuelles d'hominines alors que celles-ci sont montrées comme les garantes du bien-être individuel. Par extension, tout comportement déviant devient individualisme ! En même temps, le terme d'individualisme est employé pour nommer les comportement sociaux typiques créés par ces mêmes sociétés d'hominines. Pour celleux qui se revendiquent de l'individualisme il est plutôt une approche qui met l'individu au centre de la réflexion : Rien ne justifie a-priori une acceptation de l'existant, rien ne prédispose à admettre que les regroupements sociaux d'hominines ne sont pas des formes d'enfermement. Dans des contextes et des temporalités différentes, les termes nihilisme ou anarchisme ont subi des processus similaires. Dans l'usage commun, tous trois perdent ainsi leurs dimensions politiques pour n'être plus que des qualificatifs péjoratifs pour désigner des attitudes ou des réflexions jugées néfastes.

Cas 1

L'individualisme est ici à comprendre dans un sens péjoratif pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égocentrisme[1 1], c'est à dire que chaque hominine ne pense qu'à sa seule personne, sans considération pour les autres. Dans ce discours critique, l'individualisme est montré comme opposé au bien-être des individus, contraire à leurs intérêts, et les sociétés d'hominines comme les seuls refuges possibles et souhaitables.

Tout le monde peut entendre[1 2] que l'individualisme[1 3] est la fin[1 4] de l'individu. Se croiser[1 5] sans se découvrir[1 6], rien n'a plus[1 7] de sens. Entraver[1 8] l'autre est une manière de mieux en profiter[1 9]. De mieux cerner[1 10]. Les liens[1 11] se forgent et se renforcent[1 12] doucement[1 13]. Galvanisation[1 14] illusoire de la chétivité[1 15]. L'effet est formidable[1 16] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[1 17]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[1 18] "Baiser[1 19] et se faire baiser ![1 20]"

Notes

  1. égocentrisme
  2. Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie "percevoir avec son ouïe".
  3. individualisme
  4. Fin, du latin finis "limite", désigne l'arrêt de quelque chose dans l'espace ou dans le temps, la "disparition" ou la "mort".
  5. Croiser est la forme verbale de croix, du latin classique crux, et exprime le fait de former une croix. Croiser signifie que deux choses ne sont reliées que par un unique point d'intersection. Par extension, "se croiser", c'est ne pas parvenir à se rencontrer durablement ou tout simplement "se rater"
  6. découvrir
  7. plus
  8. Entraver, du latin trabs "poutre", signifie mettre entre deux travées pour empêcher ou gêner tout mouvement.
  9. profiter
  10. cerner
  11. liens
  12. renforcent
  13. doucement
  14. Galvanisation
  15. chétivité
  16. formidable
  17. il n'y a rien
  18. populaire
  19. Baiser
  20. !

Cas 2

L'individualisme est ici à comprendre dans un sens favorable pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égoïsme[2 1], c'est à dire que chaque hominine pense les autres avec autant de considération que sa propre personne. Dans ce discours élogieux, l'individu est une personne et doit exacerber pour son bien ses singularités face au collectif. L'égalité entre égos est la condition fondamentale de tout groupement d'hominines : L'égauïsme est à inventer.

Tout le monde peut entendre[2 2] que l'individualisme[2 3] est la fin[2 4] de l'individu. Se croiser[2 5] sans se découvrir[2 6], rien n'a plus[2 7] de sens. Entraver[2 8] l'autre est une manière de mieux en profiter[2 9]. De mieux cerner[2 10]. Les liens[2 11] se forgent et se renforcent[2 12] doucement[2 13]. Galvanisation[2 14] illusoire de la chétivité[2 15]. L'effet est formidable[2 16] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[2 17]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[2 18] "Baiser[2 19] et se faire baiser ?[2 20]"

Notes

  1. égoïsme
  2. Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie "comprendre".
  3. individualisme
  4. Fin, du latin finis "limite", désigne le but qui constitue le terme de quelque chose, sa "finalité", son "objectif".
  5. Croiser est la forme verbale de croix, du latin classique crux, et exprime le fait de former une croix. Croiser signifie que deux choses s’entremêlent et "se croiser" exprime une profondeur quant à la relation entre les deux choses.
  6. découvrir
  7. plus
  8. Entraver, du latin interrogare "questionner" et dérivé d'une ancienne forme enterver, signifie "comprendre".
  9. profiter
  10. cerner
  11. liens
  12. renforcent
  13. doucement
  14. Galvanisation
  15. chétivité
  16. formidable
  17. il n'y a rien
  18. populaire
  19. Baiser
  20. ?

Cas 3

L'individualisme est ici à comprendre dans un sens ludique pour celleux qui l'utilisent. Il est synonyme de égosolisme[3 1], c'est à dire que chaque hominine pense les autres avec autant d'attention que sa propre personne. Dans ce discours érotique, l'individu est face à l'autre et doit explorer les singularités pour faire collectif. La sexualité est un point de rencontre. Lorsque l'abandon est réciproque l'exploration individualiste se fait explosion.

Tout le monde peut entendre[3 2] que l'individualisme[3 3] est la fin[3 4] de l'individu. Se croiser[3 5] sans se découvrir[3 6], rien n'a plus[3 7] de sens. Entraver[3 8] l'autre est une manière de mieux en profiter[3 9]. De mieux cerner[3 10]. Les liens[3 11] se forgent et se renforcent[3 12] doucement[3 13]. Galvanisation[3 14] illusoire de la chétivité[3 15]. L'effet est formidable[3 16] sur les individus, et entre elleux il n'y a plus rien[3 17]. L'individualisme résume cette situation par le populaire[3 18] "Baiser[3 19] et se faire baiser...[3 20]"

Notes

  1. égosolisme
  2. Entendre, du latin classique intendere "étendre, tendre (quelque chose) vers" et par extension "tendre, diriger (regard, esprit, attention, etc.) vers", signifie tout autant "percevoir avec son ouïe" que "comprendre".
  3. individualisme
  4. Fin, du latin finis "limite", désigne le but qui constitue le terme de quelque chose, sa "finalité", son "objectif".
  5. croiser
  6. découvrir
  7. plus
  8. Entraver est la forme verbale de entrave qui désigne les chaînes, les liens ou les cordes avec lesquelles on attache une personne.
  9. profiter
  10. cerner
  11. liens
  12. renforcent
  13. doucement
  14. Galvanisation
  15. chétivité
  16. formidable
  17. il n'y a rien
  18. populaire
  19. Baiser
  20. ...

Protivophilie amphibologique

Cas unique

Notes

  1. "ambigu" d'après le Littré - En ligne
  2. amphore
  3. amphisbène
  4. ambigu
  5. ambivalent
  6. ambiant
  7. ambition
  8. amphigouri
  9. F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017 - En ligne
  10. "Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017