Sikkim : Différence entre versions
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<blockquote>''Pour le reste, [le Sikkim] est un pays comme les autres : ses frontières sont une chimère, son histoire nationale une mythologie, son pouvoir politique un rapport de domination et son organisation sociale une contrainte. Comme toute identité collective, [le Sikkim] est une illusion. Bien sûr, [le Sikkim] a connu des épisodes de son histoire qu’[il] ne partage pas avec les autres pays, mais cela ne change rien.''<ref>"Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', 2017 - [https://analectes2rien.legtux.org/index.php/vie-t-oeuvre-de-f-merdjanov En ligne]</ref></blockquote> | <blockquote>''Pour le reste, [le Sikkim] est un pays comme les autres : ses frontières sont une chimère, son histoire nationale une mythologie, son pouvoir politique un rapport de domination et son organisation sociale une contrainte. Comme toute identité collective, [le Sikkim] est une illusion. Bien sûr, [le Sikkim] a connu des épisodes de son histoire qu’[il] ne partage pas avec les autres pays, mais cela ne change rien.''<ref>"Vie et œuvre de F. Merdjanov" dans F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', 2017 - [https://analectes2rien.legtux.org/index.php/vie-t-oeuvre-de-f-merdjanov En ligne]</ref></blockquote> | ||
− | === | + | === Colonialismes === |
L'expansionnisme du royaume Gorkha se heurte aux intérêts économiques de la Compagnie britannique des Indes Orientales. Créée en 1600, cette compagnie commerciale vise à développer les échanges entre le royaume britannique et les "nouveaux territoires" de l'Asie du sud-est en négociant avec les royaumes et empires locaux. Elle concurrence directement les entreprises similaires des portugais, français, néerlandais et danois, et les évince doucement. Dans un premier temps, la Compagnie des Indes orientales gère des comptoirs commerciaux avant de devenir au cours des XVII<sup><small>ème</small></sup> et XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècles une véritable entité politique, embryon du futur empire colonial britannique sur le sous-continent indien. Son expansion est autant le fait de négociations avec des autorités locales que de guerres menées contre les récalcitrants. L'entreprise commerciale britannique est monomaniaque jusqu'à l'extrême. Elle veut le libre accès aux marchandises exportables et le monopole sur les importations. La fin justifie les moyens. La guerre que se mène entre 1814 et 1816 les armées de la compagnie des Indes orientales et celles du royaume Gorkha se termine par la reddition de ce dernier. Un premier traité est ratifié en mars 1816 par lequel le royaume himalayen s'engage à se retirer des régions conquises au sud et à l'ouest <ref>royaume Kumaon et royaume Garhwal </ref> et du Sikkim à l'est <ref>Traité de Sugowlee, signé le 2 décembre 1815 et ratifié le 4 mars 1816 - [https://web.archive.org/web/20060528083207/http://www.nepalicongress.org.np/contents/nepal/treaties/2.php En ligne] (en anglais)</ref>. En février 1817, la compagnie britannique et le roi du Sikkim signent le traité de Titalia. La restitution des territoires sikkimais par le royaume Gorkha est confirmée et la sécurité du Sikkim est garantie directement par les autorités britanniques, en échange d'un libre accès à la frontière avec la Chine de la dynastie Qing <ref>Traité de Titalia, 10 février 1817 - [https://en.wikisource.org/wiki/Treaty_of_Titalia En ligne] (en anglais)</ref> — depuis la fin du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, sous le nom de Tibet, l'Ü-Tsang est sous domination de cette dynastie. La capitale sikkimaise est déplacée à Tumlong dans l'est du royaume. Les rivalités internes à la dynastie sikkimaise sont à leur comble en 1826 lorsque le roi Tsugpü Namgyal fait assassiner Bolok, son premier ministre et oncle. La parentèle de ce dernier et plus de 800 familles s'installent à la frontière occidentale où est proclamé un éphémère royaume "alternatif" du Sikkim. Illes lancent des razzias contre les autorités et revendiquent la région de Darjeeling. Dans la décennies 1830, les autorités britanniques obtiennent la location au Sikkim d'une zone de 40 kilomètres sur 10 dans la région de Darjeeling. Leur but est d'en faire une région touristique de sanatoriums pour les riches britanniques. Avec la perte de son monopole sur le commerce du thé avec la Chine en 1833, la Compagnie des Indes orientales lance des expérimentations pour cultiver du thé dans cette région. Avec succès. Prétextant l'enlèvement de deux britanniques par le Sikkim en novembre/décembre 1849, le surintendant Archibald Campbell et le botaniste Joseph Dalton Hooker, les autorités annexent environ 1700 km<sup><small>2</small></sup> du sud de son territoire, entre les rivières Mechi et Tista. La région de Darjeeling n'est plus sikkimaise. En 1852, Archibald Campbell a fait construire plus de 70 maisons de "style européen", un grand marché, une prison et des routes d'accès. Avec les nouvelles activités économiques, la population est passée d'une centaine à plus de 100000 en une décennie. Les grandes plantations de thé implantées dans les années 1840 nécessitent aussi une main-d'œuvre importante. Des hominines arrivent par milliers du royaume du Népal (ex-Gorkha), du Bhoutan et du Sikkim. De 1850 à 1870, le nombre de plantations passe à une cinquantaine, employant un peu moins de 10000 hominines. Une centaine à la fin du siècle pour environ 64000 hominines y travaillant. La production ne cesse d'augmenter : 39 plantations pour 21 tonnes en 1866, 56 sur 4400 hectares et 71 tonnes en 1870, et 113 sur 6000 hectares en 1874 <ref>Pierre Rival, ''Le thé pour les nuls'', First éditions, 2017</ref>. | L'expansionnisme du royaume Gorkha se heurte aux intérêts économiques de la Compagnie britannique des Indes Orientales. Créée en 1600, cette compagnie commerciale vise à développer les échanges entre le royaume britannique et les "nouveaux territoires" de l'Asie du sud-est en négociant avec les royaumes et empires locaux. Elle concurrence directement les entreprises similaires des portugais, français, néerlandais et danois, et les évince doucement. Dans un premier temps, la Compagnie des Indes orientales gère des comptoirs commerciaux avant de devenir au cours des XVII<sup><small>ème</small></sup> et XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècles une véritable entité politique, embryon du futur empire colonial britannique sur le sous-continent indien. Son expansion est autant le fait de négociations avec des autorités locales que de guerres menées contre les récalcitrants. L'entreprise commerciale britannique est monomaniaque jusqu'à l'extrême. Elle veut le libre accès aux marchandises exportables et le monopole sur les importations. La fin justifie les moyens. La guerre que se mène entre 1814 et 1816 les armées de la compagnie des Indes orientales et celles du royaume Gorkha se termine par la reddition de ce dernier. Un premier traité est ratifié en mars 1816 par lequel le royaume himalayen s'engage à se retirer des régions conquises au sud et à l'ouest <ref>royaume Kumaon et royaume Garhwal </ref> et du Sikkim à l'est <ref>Traité de Sugowlee, signé le 2 décembre 1815 et ratifié le 4 mars 1816 - [https://web.archive.org/web/20060528083207/http://www.nepalicongress.org.np/contents/nepal/treaties/2.php En ligne] (en anglais)</ref>. En février 1817, la compagnie britannique et le roi du Sikkim signent le traité de Titalia. La restitution des territoires sikkimais par le royaume Gorkha est confirmée et la sécurité du Sikkim est garantie directement par les autorités britanniques, en échange d'un libre accès à la frontière avec la Chine de la dynastie Qing <ref>Traité de Titalia, 10 février 1817 - [https://en.wikisource.org/wiki/Treaty_of_Titalia En ligne] (en anglais)</ref> — depuis la fin du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, sous le nom de Tibet, l'Ü-Tsang est sous domination de cette dynastie. La capitale sikkimaise est déplacée à Tumlong dans l'est du royaume. Les rivalités internes à la dynastie sikkimaise sont à leur comble en 1826 lorsque le roi Tsugpü Namgyal fait assassiner Bolok, son premier ministre et oncle. La parentèle de ce dernier et plus de 800 familles s'installent à la frontière occidentale où est proclamé un éphémère royaume "alternatif" du Sikkim. Illes lancent des razzias contre les autorités et revendiquent la région de Darjeeling. Dans la décennies 1830, les autorités britanniques obtiennent la location au Sikkim d'une zone de 40 kilomètres sur 10 dans la région de Darjeeling. Leur but est d'en faire une région touristique de sanatoriums pour les riches britanniques. Avec la perte de son monopole sur le commerce du thé avec la Chine en 1833, la Compagnie des Indes orientales lance des expérimentations pour cultiver du thé dans cette région. Avec succès. Prétextant l'enlèvement de deux britanniques par le Sikkim en novembre/décembre 1849, le surintendant Archibald Campbell et le botaniste Joseph Dalton Hooker, les autorités annexent environ 1700 km<sup><small>2</small></sup> du sud de son territoire, entre les rivières Mechi et Tista. La région de Darjeeling n'est plus sikkimaise. En 1852, Archibald Campbell a fait construire plus de 70 maisons de "style européen", un grand marché, une prison et des routes d'accès. Avec les nouvelles activités économiques, la population est passée d'une centaine à plus de 100000 en une décennie. Les grandes plantations de thé implantées dans les années 1840 nécessitent aussi une main-d'œuvre importante. Des hominines arrivent par milliers du royaume du Népal (ex-Gorkha), du Bhoutan et du Sikkim. De 1850 à 1870, le nombre de plantations passe à une cinquantaine, employant un peu moins de 10000 hominines. Une centaine à la fin du siècle pour environ 64000 hominines y travaillant. La production ne cesse d'augmenter : 39 plantations pour 21 tonnes en 1866, 56 sur 4400 hectares et 71 tonnes en 1870, et 113 sur 6000 hectares en 1874 <ref>Pierre Rival, ''Le thé pour les nuls'', First éditions, 2017</ref>. | ||
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Héritage de la colonisation britannique, la frontière entre l'Inde et la Chine est une source de conflits. L'une construit des postes militaires dans les zones contestées alors que l'autre critique ouvertement les frontières avec le Sikkim, le Bhoutan et le Ladakh. En octobre 1962, l'armée chinoise envoie 80000 militaires à l'assaut de l'Aksai Chin, une partie de l'ancien Ladakh, aux frontières disputées entre Chine, Inde et Pakistan <ref>Cachemire</ref>, et dans l'extrême nord-est indien, l'actuel Arunachal Pradesh <ref>Arunachal Pradesh</ref>. L'armée indienne est en déroute. En novembre, la Chine proclame un cessez-le-feu. Elle conserve l'Aksai Chin et se retire du nord-est indien. L'état d'urgence est décrété dans le Sikkim et les élections prévues sont annulées. Dans les années 1960, les tensions sont vives aux frontières entre Sikkim, Bhoutan et Chine car cette dernière revendique le sud de la vallée de Chumbi, la région de Doklam <ref>Doklam</ref> au Bhoutan. Échaudée par sa défaite de 1962 <ref>Paltan</ref>, l'Inde renforce sa présence militaire aux frontières avec la Chine <ref>Special Frontier Force</ref>. À la frontière sikkimo-tibétaine, de part et d'autre du col Nathu, les militaires indiens et chinois ne sont séparés que de quelques dizaines de mètres. Malgré le statu-quo, de petits affrontements sont relevés à partir de 1963 sur cette frontière et, en septembre 1965, la Chine réitère sa demande de retrait des militaires indiens du col Nathu. Mi-août 1967, des tranchées sont creusées par les militaires chinois du côté sikkimais du col. En rétorsion, les militaires indiens érigent des barbelés le long de ce qu'ils pensent être la "vraie" délimitation entre les deux pays rivaux. Ce face à face dégénère en affrontement direct en septembre. En octobre, un peu plus au nord, c'est le col Cho qui est le lieu des accrochages armés. Cette seconde guerre sino-indienne fait, selon les chiffres de l'Inde, une centaine de morts de part et d'autre, et selon les chiffres de la Chine, plusieurs centaines côté indien et quelques dizaines côté chinois. | Héritage de la colonisation britannique, la frontière entre l'Inde et la Chine est une source de conflits. L'une construit des postes militaires dans les zones contestées alors que l'autre critique ouvertement les frontières avec le Sikkim, le Bhoutan et le Ladakh. En octobre 1962, l'armée chinoise envoie 80000 militaires à l'assaut de l'Aksai Chin, une partie de l'ancien Ladakh, aux frontières disputées entre Chine, Inde et Pakistan <ref>Cachemire</ref>, et dans l'extrême nord-est indien, l'actuel Arunachal Pradesh <ref>Arunachal Pradesh</ref>. L'armée indienne est en déroute. En novembre, la Chine proclame un cessez-le-feu. Elle conserve l'Aksai Chin et se retire du nord-est indien. L'état d'urgence est décrété dans le Sikkim et les élections prévues sont annulées. Dans les années 1960, les tensions sont vives aux frontières entre Sikkim, Bhoutan et Chine car cette dernière revendique le sud de la vallée de Chumbi, la région de Doklam <ref>Doklam</ref> au Bhoutan. Échaudée par sa défaite de 1962 <ref>Paltan</ref>, l'Inde renforce sa présence militaire aux frontières avec la Chine <ref>Special Frontier Force</ref>. À la frontière sikkimo-tibétaine, de part et d'autre du col Nathu, les militaires indiens et chinois ne sont séparés que de quelques dizaines de mètres. Malgré le statu-quo, de petits affrontements sont relevés à partir de 1963 sur cette frontière et, en septembre 1965, la Chine réitère sa demande de retrait des militaires indiens du col Nathu. Mi-août 1967, des tranchées sont creusées par les militaires chinois du côté sikkimais du col. En rétorsion, les militaires indiens érigent des barbelés le long de ce qu'ils pensent être la "vraie" délimitation entre les deux pays rivaux. Ce face à face dégénère en affrontement direct en septembre. En octobre, un peu plus au nord, c'est le col Cho qui est le lieu des accrochages armés. Cette seconde guerre sino-indienne fait, selon les chiffres de l'Inde, une centaine de morts de part et d'autre, et selon les chiffres de la Chine, plusieurs centaines côté indien et quelques dizaines côté chinois. | ||
− | Le sort du Sikkim et une hypothétique intégration à l'Inde divise profondément la vie politique sikkimaise et clive les populations de la majorité népalaise, et celles des minorités bhotias, lepchas, limbus et autres autochtones dans les années 1960. À la demande du roi, un documentaire est réalisé en 1971 par le cinéaste Satyajit Ray. Intitulé ''Sikkim'', le parti pris est celui de l'indépendance. Cela ne change rien. La monarchie est de plus en plus contestée et les adeptes d'un ralliement à l'Inde sont de plus en plus. L'influence du Congrès National du Sikkim est toujours plus forte. Les manifestations réclamant la fin de la monarchie et le ralliement à l'Inde se multiplient. Le début des années 1970 est un bouleversement pour le Sikkim. Dans un style ''Point de Vue. Images du Monde'', le journal des stars, l'article de Wikipédia sur Hope Cooke précise que "''en 1973, le pays et leur mariage s'effondrent et le Sikkim est fusionné avec l'Inde''". Triste nouvelle ? Le couple royal se déchire toujours plus et l'Inde envoie des militaires en avril 1973 pour "sécuriser" la situation explosive. Faut-il aussi décapiter Grace Kelly s'interrogent peut-être les hominines du [[hameau de Rien]] ? Le Congrès National du Sikkim remporte les élections d'avril 1974. Le 9 avril 1975, le parlement sikkimais vote l'abolition de la monarchie et l'entrée dans l'Inde. Le roi et ses proches sont en résidence surveillée au palais. Selon les résultats officiels, le référendum organisé le 14 avril donne un résultat de 60% des hominines votant en faveur du rattachement à l'Inde, plutôt que pour l'indépendance. La reine quitte le pays, en compagnie de ses deux enfants. "''Quel soulagement. Lady Di est libre''", vu du hameau de Rien. Le 16 mai, le parlement de l'Inde avalise l'entrée du Sikkim dans la république indienne. Le Sikkim devient le 22<sup><small>ème</small></sup> État composant l'Inde post-britannique. Réfugiée aux États-Unis d'Amérique, Hope Cooke obtient le divorce en 1980. La belle histoire prend fin. Aussi triste et abasourdi qu'en découvrant la mort de Ramsès II, Louis XVI ou Catherine Deneuve, le lectorat des mondanités est probablement ravagé par celle du roi Palden Thondup Namgyal d'un cancer en 1982. La tristesse est bien souvent éphémère et la protivophilie n'a pu mettre en évidence l'existence d'un quelconque traumatisme persistant parmi les hominines face à cette nouvelle. Pas plus que l'impact traumatique dans la communauté protivophile de la mort du roi Charles III <ref>L'actuel roi du Royaume-Uni, Charles III, ex-prince Charles, est très pointilleux. Selon un ex-majordome, "''ses pyjamas sont repassés chaque matin, tout comme ses lacets. [...] L'évacuation de sa baignoire doit être placée dans une certaine position et la température de l'eau doit être simplement tiède, tandis que la baignoire ne doit être remplie qu'à moitié. [...] Ses valets doivent mettre du dentifrice sur sa brosse à dent chaque matin.''". Il se déplace avec sa propre lunette de toilettes et son propre papier-toilette. Grand amateur de bonnes choses, il exige évidemment "''que son fromage et autres biscuits restent toujours à température ambiante jusqu'à la fin de ses petits déjeuners''".</ref> d'un cancer des gencives, lui pour qui "''ses valets doivent mettre du dentifrice sur sa brosse à dent chaque matin.''" | + | Le sort du Sikkim et une hypothétique intégration à l'Inde divise profondément la vie politique sikkimaise et clive les populations de la majorité népalaise, et celles des minorités bhotias, lepchas, limbus et autres autochtones dans les années 1960. À la demande du roi, un documentaire est réalisé en 1971 par le cinéaste Satyajit Ray. Intitulé ''Sikkim'', le parti pris est celui de l'indépendance. Cela ne change rien. La monarchie est de plus en plus contestée et les adeptes d'un ralliement à l'Inde sont de plus en plus. L'influence du Congrès National du Sikkim est toujours plus forte. Les manifestations réclamant la fin de la monarchie et le ralliement à l'Inde se multiplient. Le début des années 1970 est un bouleversement pour le Sikkim. Dans un style ''Point de Vue. Images du Monde'', le journal des stars, l'article de Wikipédia sur Hope Cooke précise que "''en 1973, le pays et leur mariage s'effondrent et le Sikkim est fusionné avec l'Inde''". Triste nouvelle ? Le couple royal se déchire toujours plus et l'Inde envoie des militaires en avril 1973 pour "sécuriser" la situation explosive. Faut-il aussi décapiter Grace Kelly s'interrogent peut-être les hominines du [[hameau de Rien]] ? Le Congrès National du Sikkim remporte les élections d'avril 1974. Le 9 avril 1975, le parlement sikkimais vote l'abolition de la monarchie et l'entrée dans l'Inde. Le roi et ses proches sont en résidence surveillée au palais. Selon les résultats officiels, le référendum organisé le 14 avril donne un résultat de 60% des hominines votant en faveur du rattachement à l'Inde, plutôt que pour l'indépendance. La reine quitte le pays, en compagnie de ses deux enfants. "''Quel soulagement. Lady Di est libre''", vu du hameau de Rien. Le 16 mai, le parlement de l'Inde avalise l'entrée du Sikkim dans la république indienne. Le Sikkim devient ainsi le 22<sup><small>ème</small></sup> État composant l'Inde post-britannique. La Chine ne reconnait ni les résultats du référendum, ni ce qu'elle considère comme une annexion du Sikkim par l'Inde. La frontière entre le Sikkim indien et le Tibet chinois est totalement close. Le site de rencontre est fermé. |
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+ | Réfugiée aux États-Unis d'Amérique, Hope Cooke obtient le divorce en 1980. La belle histoire prend fin. Aussi triste et abasourdi qu'en découvrant la mort de Ramsès II, Louis XVI ou Catherine Deneuve, le lectorat des mondanités est probablement ravagé par celle du roi Palden Thondup Namgyal d'un cancer en 1982. La tristesse est bien souvent éphémère et la protivophilie n'a pu mettre en évidence l'existence d'un quelconque traumatisme persistant parmi les hominines face à cette nouvelle. Pas plus que l'impact traumatique dans la communauté protivophile de la mort du roi Charles III <ref>L'actuel roi du Royaume-Uni, Charles III, ex-prince Charles, est très pointilleux. Selon un ex-majordome, "''ses pyjamas sont repassés chaque matin, tout comme ses lacets. [...] L'évacuation de sa baignoire doit être placée dans une certaine position et la température de l'eau doit être simplement tiède, tandis que la baignoire ne doit être remplie qu'à moitié. [...] Ses valets doivent mettre du dentifrice sur sa brosse à dent chaque matin.''". Il se déplace avec sa propre lunette de toilettes et son propre papier-toilette. Grand amateur de bonnes choses, il exige évidemment "''que son fromage et autres biscuits restent toujours à température ambiante jusqu'à la fin de ses petits déjeuners''".</ref> d'un cancer des gencives, lui pour qui "''ses valets doivent mettre du dentifrice sur sa brosse à dent chaque matin.''" | ||
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+ | == Homininité == | ||
== Notes == | == Notes == | ||
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Version du 11 novembre 2023 à 21:04
Sikkim (Сиким en macédonien - Sikkim en nissard) Site de rencontre de 2,8 milliards d'hominines [1].
SommaireGéolocalisation protivophileLe Sikkim est un État régional de l'extrême nord de l'Inde, frontalier du Népal à l'ouest, du Bhoutan à l'est et de la Chine au nord. À vol d'oiseau, il est situé à environ 7300 kilomètres à l'est de la rue Catherine Ségurane de Nice, soit environ 6200 kilomètres du monument dédié aux Bateliers à Skopje en Macédoine. En partant par l'ouest de la rue Ségurane, le trajet est beaucoup plus long : environ 32700 kilomètres. Pour les êtres vivants qui ne possèdent pas d'ailes, comme les hominines ou les yacks, le chemin terrestre entre Nice et le Sikkim est plus long. Le détour par la Macédoine ne fait pas grande différence. Que ce soit en passant par la Place Garibaldi, au début de la rue Catherine Ségurane, ou par le bas de la rue qui débouche sur les quais du port de la ville. Le calculateur d'itinéraire de Google Maps propose d'ailleurs de prendre par la rue Martin Seytour, une perpendiculaire à la rue Ségurane située au milieu de celle-ci. Au bout de la rue Seytour, prendre à droite en direction de l'Inde. Le temps estimé par ce simulateur est d'un peu plus de 2000 heures de marche pour parcourir les quelques 9000 kilomètres qui séparent Nice de la frontière du Sikkim. Cela équivaut à 84 jours de marche non-stop pendant 24 heures par jour. Pour des calculs plus précis, la protivophilie postule que l'hominine fait une moyenne réelle de 32 kilomètres journaliers à une vitesse de 5 kilomètres par heures car 32 s'écrit avec un trois et un deux — comme la mesure de distance protivophile, l'acab de 1312 mètres [2] — et que 5 est d'évidence la somme d'un 3 et d'un 2. Avec ces chiffres de référence, le voyage à pied entre Nice et le Sikkim se fait en un peu plus de 280 jours. Ce que confirme les calculs de mathématiques protivophiles pour qui 28 est un multiple de 1312. Le premier est le résultat de la multiplication de 4 par 7, au même titre que 1312 est composé de 4 chiffres dont la somme est 7. Ce mode de calcul ne s'applique pas aux yacks quadrupèdes mais seulement aux hominines bipèdes. Passer par la Macédoine permet d'éviter les Alpes et de contourner les zones de guerre entre Ukraine et Russie. Il faut alors traverser la Bulgarie jusqu'à la frontière avec la Turquie, longer les côtes de la mer Noire jusqu'aux contreforts orientaux du Caucase pour rejoindre l'Iran. Si cela est possible, le chemin le plus court est de rentrer en Afghanistan pour aller au Pakistan. Dans le cas contraire, il est nécessaire de descendre plus au sud pour entrer au Pakistan directement par sa frontière avec l'Iran. Après le passage de la frontière entre le Pakistan et l'Inde, il ne reste qu'un peu plus de 1500 kilomètres de marche. Les hominines faisant ce périple doivent continuer tout droit en conservant toujours en repère la chaîne de montagne de l'Himalaya [3] sur leur gauche. Le simulateur indique qu'il faut se rendre jusque dans la partie nord de l'Inde, là où son territoire est le plus étroit — une vingtaine de kilomètres — coincé entre le sud-est du Népal et l'extrême nord du Bangladesh. Cette zone est le district de Darjeeling, rattaché à la région indienne du Bengale-Occidental. En arrivant dans le "célèbre" village de Naxalbari, prendre légèrement à gauche après le rond-point, en direction de la ville de Darjeeling. L'un est le symbole de la rébellion d'hominines contre leur misère [4], l'autre celui de leur exploitation dans des plantations de thé. Rejoindre ensuite les rives de la rivière Tista, à quelques dix kilomètres à l'est de Darjeeling, et les remonter sur plusieurs kilomètres. La frontière du Sikkim commence au confluent de la Tista et de la Rangit. Le bon état des routes et des chemins n'est pas garanti et, au risque de choquer les plus écologistes des hominines, les zones piétonnes aménagées ou les pistes cyclables sont rares sur l'ensemble du trajet Nice-Sikkim. Dans ses frontières actuelles la superficie du Sikkim est de 7107 km2 — soit moins du double de celle du département franco-niçois des Alpes-Maritimes — pour une population d'un peu plus de 600000 hominines, mâles et femelles. Un peu plus d'un million pour le département maralpin. Au niveau européen, le Luxembourg est trois fois plus petit que le Sikkim, avec une population légèrement supérieure. Le Sikkim est sur les versants méridionaux de la chaîne montagneuse de l'Himalaya et présente l'un des plus fort dénivelé de toute l'Inde. Les altitudes rencontrées du sud au nord du territoire varient de 280 mètres à 8598 mètres. Cette dernière correspond au Kangchenjunga, le premier sommet d'Inde, à cheval sur le Sikkim et le Népal, et le troisième plus haut du monde après l'Everest (8848) entre Népal et Chine, et le K2 (8611) entre Pakistan et Chine. Selon les mythologies locales, ces hauts sommets himalayens sont l'habitat naturel des yétis [5], et, conformément aux traditions de l'alpinisme moderne [6], les plus hautes poubelles connues. Avec tout l'amour de la nature qui les caractérise et l'insouciance joyeuse qui est la leur, les riches touristes adorent en effet y abandonner leurs détritus. La géographie sikkimaise comporte deux dizaines de sommets supérieurs à 5000 mètres — limite des neiges dites "éternelles" dans l'Himalaya — et plus de 200 lacs de montagne. Le plus haut d'entre eux, le lac Gurudongmar, est à 5430 mètres d'altitude. Ainsi que plusieurs dizaines de glaciers dont le Zemu, étendu sur plus de 25 kilomètres et fournisseur officiel de la rivière Tista. Comme le remarque Marjorie Poulet, les glaciers sont en recul avec le réchauffement climatique et cela nécessite de prendre des mesures même minimes. Sportive de haut niveau en patin à glace — championne d'Europe en milieu imposé en décembre 2006 grâce à sa figure inédite du Chicken Slide — et donc très concernée par la fonte des glaces [7], elle refuse, depuis qu'elle a appris que cela fonctionne avec de l'essence, de faire du scooter de mer et préfère maintenant le ski nautique.
Le gigantisme montagneux de la géographie du Sikkim modèle largement l'implantation des hominines. Personne n'habitent dans les zones les plus hautes où la neige et la glace sont permanentes. Les hominines vivent plutôt dans les zones plus tempérées du sud du territoire sikkimais. Les quatre principales villes se situent entre 800 mètres d'altitude et environ 1600 mètres. Gangtok, la capitale du Sikkim, s'étire entre 1400 et 1800 mètres. Le nord montagneux du Sikkim a un climat froid où les températures descendent régulièrement en dessous de zéro la nuit, alors que le sud est plus chaud — entre 0° et 28 selon la saison — et soumis aux pluies de mousson entre les mois de juin et septembre. Selon la Nouvelle géographie universelle de la fin du XIXème siècle après JCⒸ [9] du géopoète Élisée Reclus, "il est très rare que l'on puisse voir l'ensemble des grands sommets se profiler dans un ciel pur. Pendant la mousson d'été, les pluies sont presque incessantes, et même en hiver, lorsque les vents alizés du nord-est dominent dans l'espace et descendent le long des crêtes, un sous courant humide, venant du golfe du Bengale, reflue vers les vallées du Sikkim. Après les averses, des brouillards semblent s'élever des forêts comme une fumée et rampent sur toutes les montagnes : fréquemment, les couches de vapeur qui s'étendent en voile uniforme sur tout le ciel ont plusieurs milliers de mètres d'épaisseur, et les paysages, qui semblent éclairés par les rayons lunaires plus que par la lumière du soleil, prennent un aspect fantastique : on croirait voir, non des montagnes, mais des spectres de montagnes, d'autant plus hauts en apparence que les vapeurs de l'air semblent les éloigner." [10] Ses données démographiques donnent une population de 60000 hominines, mâles et femelles. Plus de 600000 au début du XXIème siècle. Avec seulement 86 hominines au km2, le Sikkim est l’État indien à la plus faible densité. Malgré qu'elle soit probablement la plus nombreuse, les hominines ne sont pas la seule espèce animale à vivre au Sikkim. Suivant que l'on se trouve dans des zones enneigées de montagnes, dans de vastes forêts humides ou dans les plaines, il est possible de croiser des léopards des neiges ou des chats léopards, des canidés sauvages, des marmottes himalayennes ou des pandas rouges, des ursidés et des chats-ours [11], ainsi que plusieurs espèces de bovidés. La plus connue étant le yack [12]. Largement domestiquée depuis des millénaires, cette espèce bovine à poil long est utilisée pour sa chair, son lait, sa laine et ses bouses qui servent de combustibles après séchage. Elle est aussi esclavagisée pour le transport de marchandises, le déplacement d'hominines et le labour. Les yaks sont la plus grosse espèce animale à vivre au Sikkim. HomininisationLes hominines sont une espèce invasive. Issue du continent africain, elle s'est répandue à travers toute la planète. Par la terre, par les mers ou par les airs, la colonisation du globe est progressive mais rapide. La plupart du temps elle est l'une des dernières espèces à s'implanter. La région himalayenne ne fait pas exception. Les yaks, par exemple, sont là depuis plus longtemps. ColonisationDepuis maintenant des milliers d'années, les hominines ont colonisé les régions nord et sud de la chaîne montagneuse de l'Himalaya. Les époques et les modalités de ces colonisations ne sont pas connues avec précision. Les données historiques s'emmêlent aux récits des traditions culturelles et aux mythologies religieuses. Deux récits majeurs dans l'histoire du sous-continent indien, le Mahabharata [13] et le Ramayana [14], écrits en sanskrit, relatent la naissance des différents dieux et royaumes qui s'affrontent pour le pouvoir. Ces épopées mythologiques sont rédigées, remaniées et compilées entre le IIIème siècle avant JCⒸ et le IVème siècle après. Elles sont les équivalentes de L'Illiade et L'Odysée [15] de l'antiquité grecque ou de l’Ancien Testament qui fonde les mythologies moïsiennes et christiennes [16]. L'Himalaya est personnalisée par le dieu Himavat, roi des montagnes et père de la déesse Ganga qui n'est autre que le fleuve Gange. La chaîne montagneuse abrite, selon ces mythologies, différents royaumes de peuples mythiques. Historiquement, la péninsule indienne est le lieu d'apparition de deux religions majeures, l'hindouisme et le bouddhisme. L'une se structure progressivement sur plusieurs siècles à partir de différents écrits dont les plus anciens remontent au premier millénaire avant JCⒸ, l'autre est héritière de ce qui se raconte autour de Siddhartha Gautama aka Bouddha, un moine errant né dans la plaine du Gange, dans le sud de l'actuel Népal. Au fil de leur invention, bien que différents, ces systèmes mythologiques se sont entremêlés : Bouddha est ainsi parfois considéré comme un avatar d'une divinité pour les adeptes de l'autre mythologie. L'historicité du contenu de ces textes et des hominines qu'ils mentionnent est évidemment loin d'être confirmée. Par exemple, Bouddha est selon les estimations né entre Xème et le Vème siècle avant JCⒸ. Les datations religieuses et leurs versions laïques ont généralement autant de valeur que celle du christien James Ussher [17] qui, au début du XVIIème siècle, calcule que le monde est créé le 23 octobre 4004 avant JCⒸ à 18 heures [18], ou du correctif des fantaisistes Terry Pratchett et Neil Gaiman qui affirment, en 1990, "il ne se trompe que d'un quart d'heure" [19]. Les mythologies hindouennes et bouddhiennes fournissent la caution religieuse et spirituelle aux pouvoirs politiques qui s'installent et aux hominines qui s'appuient sur elles pour gérer le quotidien bien réel des autres hominines. Ainsi, des dynasties s'arrogent des droits sur des territoires himalayens et se déclarent souveraines sur les populations qui y habitent. Au nord du Sikkim actuel, sur les hauts plateaux tibétains de Chine, l'empire de Tabo [20] s'appuie sur les croyances en Bouddha pour se maintenir et s'étendre entre le VIIème et la fin du IXème siècle. Avant de se fragmenter. À l'image du sous-continent européen où des familles s'inventent un passé et une légitimité mythiques, où pendant des siècles elles s'unissent entre elles par le jeu des alliances et des mariages jusqu'à la consanguinité, l'Himalaya est parcouru d'une multitude de royaumes concurrents mais interconnectés. Difficile de dissocier les histoires des actuels Népal, Bhoutan, Sikkim, Tibet, Ladakh [21] et autres Mustang [22]. Difficile de dissocier l'histoire des pouvoirs politiques et religieux. Comme dans n'importe quel système politique dynastique et/ou monarchique, la réalité du pouvoir de l'hominine détenant le trône n'est pas primordiale. Ce qui importe, ce sont les apparences. La parentèle, les proches, l'entourage ou les alliances, bref, les bénéficiaires, se chargent de faire fonctionner en cas de nécessité. Que le roi ou la reine aient, comme l'analyse la psychanalyse [23], quitté ou non le stade anal dans lequel les enfants jouent avec leur caca et s'en émerveillent. Les mythologies bouddhiennes bénéficient des échanges commerciaux pour se répandre dans le nord du sous-continent indien et en Asie du nord et du sud-est. Les grandes routes commerciales régionales sont la "route de la soie" entre l'est et l'ouest, au nord de la chaîne himalayenne, et la "route du thé et des chevaux" entre nord et sud de l'Himalaya — appelée aussi "route de la soie du sud-ouest". Produit à l'est de l'actuelle Chine dans les provinces du Sichuan et, plus tardivement, du Yunnan, le thé est largement exporté afin d'être vendu contre des chevaux et divers produits. Les chemins qui partent des régions productrices, se rejoignent à Chamdo pour n'en former plus qu'un. Direction Lhassa, vers l'ouest. Entre le Sichuan et Lhassa, "le sentier s'étend sur environ 2350 kilomètres, passant par 56 relais... Le sentier franchit 15 ponts de cordes et 10 ponts de câble métallique, gravit 78 montagnes dont 11 ayant plus de 2700 mètres de haut et 27 de plus de 1650 mètres. Le voyage d'un bout à l'autre prend au moins trois mois."[24]. En échange de chevaux nécessaires aux royaumes de l'est, les cargaisons de thé sont transportées à pied sur le dos d'hominines ou grâce à des convois de yaks porteurs, plus adaptés aux zones froides d'altitude. Cette voie commerciale est exploitée par les empires et royaumes qui règnent sur le Sichuan et le Yunnan entre les IXème et XVIIème siècles [25]. Puis, en allant vers le sud, l'Himalaya est franchie à 400 kilomètres de Lhassa au niveau du col Nathu à 4310 mètres d'altitude — un peu plus de 3 acab — sur la frontière présente entre le sud-est du Sikkim indien et le Tibet chinois. La roue commerciale du thé se dirige alors vers le golfe du Bengale. Le commerce chevalin décline à partir du XVème siècle et la "route du thé et des chevaux" devient celle du thé et du sel. Le volume de chevaux vendus passe de 15000 par an à la fin du XIVème à environ 5000 un siècle plus tard [26]. Le recul du strict monopole impérial sur le thé profite aux réseaux de commerce privés dans les villes et royaumes qui se trouvent sur la route entre les régions du Sichuan et du Yunnan et le golfe du Bengale. Les versants sud de la chaîne de l'Himalaya sont les territoires de plusieurs petits royaumes. Depuis le début du XIIIème siècle, la dynastie Malla règne sur des vallées de l'actuel Népal et se divise entre les royaumes de Kantipur, Lalitpur et Bhaktapur, jusqu'à son renversement dans la seconde moitié XVIIIème siècle. Depuis le VIIIème siècle, le royaume de Bumthang parvient à conserver une relative indépendance des empires et royaumes du nord et du sud de l'Himalaya, jusqu'à sa transformation en royaume du Bhoutan dans le courant du XVIIème siècle et son expansion au détriment d'autres petits royaumes locaux. Les dynasties qui s'octroient le pouvoir politique sont intrinsèquement liées aux monastères bouddhiens et à leurs mythologies.
En 1642, Phuntsog Namgyal se proclame premier roi du Sikkim. Il affirme être le cinquième descendant d'un prince du XIIIème siècle, originaire du Dokham [28] (province orientale du Tibet), qui est venu dans la région après un rêve lui disant de se rendre dans le sud pour y régner. Hallucination nocturne qu'il interprète évidemment comme étant un message divin ! Selon l'histoire légendaire du Sikkim, Padmasambhava aka Guru Rinpoché, un moine bouddhien du VIIIème siècle, a annoncé l'installation d'une monarchie dans les siècles à venir. Le royaume du Sikkim est né et sa capitale est Yuksom. Non originaire du Sikkim, la nouvelle dynastie met en place un système administratif qui s'appuie sur une dizaine de familles de la même origine qu'elle, et passe des accords avec les dignitaires des hominines autochtones pour leur octroyer une part d'autonomie et les intégrer dans le fonctionnement du royaume. Dorénavant, une aristocratie bhotia [29] règne. Les quelques révoltes de lepchas [30] de Yuksom n'y changent rien, et en 1663, un accord est passé entre les dignitaires bhotias, lepchas et limbus [31]. Jusqu'à sa mort en 1670, le nouveau roi consolide les frontières du Sikkim. À l'est, il prend le contrôle de la vallée sino-tibétaine de Chumbi, qui donne accès au col de Nathua, à l'ouest de la rivière Tista il passe des alliances avec quatre royaumes limbus [32] qui deviennent ses vassaux, et au sud il étend le royaume vers l'actuelle province de Darjeeling. Afin de fortifier politiquement ces positions, Tensung Namgyal, son fils et successeur, se lie par le mariage avec trois hominines femelles issues de dynasties tibétaine, bhoutanaise et limbu [33][34], Debasam-serpa, Numbe Ongmu et Thungwamukma. Il déplace la capitale sikkimaise à Rabdentse. Les querelles de pouvoir entre les lignées monastiques bouddhiennes dans les provinces tibétaines sont déterminantes pour la région. Les unes s'appuient sur le pouvoir du khanat mongol qui règne au nord alors que les autres misent sur la dynastie mandchoue des Qing, à l'est. Avec l'aide des mongols, la théocratie de l'Ü-Tsang [35] (autour de Lhassa dans le Tibet central) s'entend à l'est sur la province du Dokham, et à l'ouest, après trois années de guerre, s'empare de portions du royaume du Ladakh [36]. Au sud, elle reprend la vallée de Chumbi au Sikkim. Les attaques contre le Bhoutan restent sans lendemains. Fils du roi Tensung Namgyal et de la reine Debasam-serpa, Chakdor Namgyal succède sur le trône du Sikkim en 1700, à l'âge de 14 ans. Pendi Wangmo, son aînée et demi-sœur, ne l'entend pas ainsi. Elle s'allie au Bhoutan, dont sa mère est originaire, pour renverser le jeune roi qui fuit finalement à Lhassa dans l'Ü-Tsang. La capitale Rabdentse est prise par les forces armées bhoutanaises. La reine Pendi Wangmo se maintient au pouvoir jusqu'en 1707, date à laquelle Chakdor Namgyal reprend les rênes de la dynastie grâce à l'aide de ses protecteurs de l'Ü-Tsang. Les armées bhoutanaises se retirent à l'est de la rivière Tista. Chakdor Namgyal est uni par le mariage avec une hominine femelle de l'Ü-Tsang et une du royaume du Mustang. Il est parfois considéré comme le créateur de l'alphabet lepcha, dérivé du tibétain [37]. Assassiné à l'instigation de sa demi-sœur — qui est exécutée pour cela —, Chakdor Namgyal meurt dix ans plus tard en 1717 et laisse la place à son jeune fils Gyurmé Namgyal, âgé de 10 ans, dont le règne dure jusqu'en 1733. Durant cette période, le royaume Gorkha [38] (centre du Népal) lance plusieurs attaques contre le Sikkim. Des travaux de fortification sont entrepris dans la capitale sikkimaise Rabdentse. Gyurmé Namgyal meurt sans héritier légitime et — selon les autorités monastiques bouddhiennes qui souhaitent la continuation de la dynastie — indique avant de mourir qu'une nonne d'un monastère attend un enfant de lui. Sous le nom de Püntsok Namgyal II, cet enfant né en 1733 n'est reconnu légitime qu'en 1741. Cette succession est contestée, une partie de l'aristocratie et ses alliances prennent le pouvoir entre 1738 et 1741. Sous son règne, le royaume du Sikkim est affaibli par les assauts expansionnistes des royaumes de Gorkha et du Bhoutan, et par le renoncement des royaumes limbus à leur alliance avec la dynastie royale. Le Bhoutan occupe l'est du territoire sikkimais dans le milieu du XVIIIème siècle. Entre 1771 et 1774, le royaume Gorkha prend le contrôle des anciens vassaux limbus du Sikkim et de la capitale Rabdentse, jusqu'à la rivière Tista. Un traité de paix est signé en 1775. Püntsok Namgyal II règne jusqu'à sa mort en 1780. La quasi totalité du Sikkim occidental est sous le contrôle du royaume Gorkha. Le nouveau roi Tenzin Namgyal est contraint de fuir à Lhassa en 1788. Tsukpü Namgyal, son fils et successeur, rentre au Sikkim en 1793.
ColonialismesL'expansionnisme du royaume Gorkha se heurte aux intérêts économiques de la Compagnie britannique des Indes Orientales. Créée en 1600, cette compagnie commerciale vise à développer les échanges entre le royaume britannique et les "nouveaux territoires" de l'Asie du sud-est en négociant avec les royaumes et empires locaux. Elle concurrence directement les entreprises similaires des portugais, français, néerlandais et danois, et les évince doucement. Dans un premier temps, la Compagnie des Indes orientales gère des comptoirs commerciaux avant de devenir au cours des XVIIème et XVIIIème siècles une véritable entité politique, embryon du futur empire colonial britannique sur le sous-continent indien. Son expansion est autant le fait de négociations avec des autorités locales que de guerres menées contre les récalcitrants. L'entreprise commerciale britannique est monomaniaque jusqu'à l'extrême. Elle veut le libre accès aux marchandises exportables et le monopole sur les importations. La fin justifie les moyens. La guerre que se mène entre 1814 et 1816 les armées de la compagnie des Indes orientales et celles du royaume Gorkha se termine par la reddition de ce dernier. Un premier traité est ratifié en mars 1816 par lequel le royaume himalayen s'engage à se retirer des régions conquises au sud et à l'ouest [40] et du Sikkim à l'est [41]. En février 1817, la compagnie britannique et le roi du Sikkim signent le traité de Titalia. La restitution des territoires sikkimais par le royaume Gorkha est confirmée et la sécurité du Sikkim est garantie directement par les autorités britanniques, en échange d'un libre accès à la frontière avec la Chine de la dynastie Qing [42] — depuis la fin du XVIIIème siècle, sous le nom de Tibet, l'Ü-Tsang est sous domination de cette dynastie. La capitale sikkimaise est déplacée à Tumlong dans l'est du royaume. Les rivalités internes à la dynastie sikkimaise sont à leur comble en 1826 lorsque le roi Tsugpü Namgyal fait assassiner Bolok, son premier ministre et oncle. La parentèle de ce dernier et plus de 800 familles s'installent à la frontière occidentale où est proclamé un éphémère royaume "alternatif" du Sikkim. Illes lancent des razzias contre les autorités et revendiquent la région de Darjeeling. Dans la décennies 1830, les autorités britanniques obtiennent la location au Sikkim d'une zone de 40 kilomètres sur 10 dans la région de Darjeeling. Leur but est d'en faire une région touristique de sanatoriums pour les riches britanniques. Avec la perte de son monopole sur le commerce du thé avec la Chine en 1833, la Compagnie des Indes orientales lance des expérimentations pour cultiver du thé dans cette région. Avec succès. Prétextant l'enlèvement de deux britanniques par le Sikkim en novembre/décembre 1849, le surintendant Archibald Campbell et le botaniste Joseph Dalton Hooker, les autorités annexent environ 1700 km2 du sud de son territoire, entre les rivières Mechi et Tista. La région de Darjeeling n'est plus sikkimaise. En 1852, Archibald Campbell a fait construire plus de 70 maisons de "style européen", un grand marché, une prison et des routes d'accès. Avec les nouvelles activités économiques, la population est passée d'une centaine à plus de 100000 en une décennie. Les grandes plantations de thé implantées dans les années 1840 nécessitent aussi une main-d'œuvre importante. Des hominines arrivent par milliers du royaume du Népal (ex-Gorkha), du Bhoutan et du Sikkim. De 1850 à 1870, le nombre de plantations passe à une cinquantaine, employant un peu moins de 10000 hominines. Une centaine à la fin du siècle pour environ 64000 hominines y travaillant. La production ne cesse d'augmenter : 39 plantations pour 21 tonnes en 1866, 56 sur 4400 hectares et 71 tonnes en 1870, et 113 sur 6000 hectares en 1874 [43]. En mars 1861, le traité de Tumlong entre les autorités britanniques et sikkimaises place le royaume du Sikkim dans une sorte de protectorat et le titre de Maharaja [44] du Sikkim est créé pour le roi. Les britanniques s'autorisent à intervenir dans les affaires intérieures du royaume si besoin et, en vertu de l'article 8, toutes les restrictions sur les voyages et le commerce des britanniques sont abolies. Les marchandises sont exonérées de droits de douane, sauf celles qui transitent par le pays à destination du Tibet, du Bhoutan et du Népal [45]. Le diplomate britannique Richard Temple différencie, en 1875, un Sikkim britannique d'un Sikkim autonome : "Le Sikkim britannique se compose de deux régions bien définies et distinctes, la plaine et la montagne, cette dernière s'élevant brusquement de la plaine à 6000 et 10000 pieds d'altitude. Les montagnes sont une partie de l'Himalaya extérieur et la plaine une partie du Murung ou Tarai, la grande bande de forêt qui s'étend au pied de l'Himalaya. Le Sikkim indépendant, d'une superficie de 2500 miles carrés, est cependant entièrement constitué de montagnes, qui sont des éperons s'enfonçant dans les puissants bassins hydrographiques limitrophes, où s'élèvent les sources de la Tista et de ses affluents ; les gorges profondes créées par ces fleuves sont ses seules vallées." [46] À la suite du traité de Tumlong, le roi Tsugpü Namgyal laisse le trône à son fils Sikyong Namgyal, dont la mère est la sœur du principal dignitaire bouddhien du Tibet. À sa mort en 1874, sans descendance, son demi-frère Thutob Namgyal lui succède et épouse sa veuve [47]. Pour les britanniques, il est officiellement le nouveau Maharaja du Sikkim. Thutob Namgyal désapprouve la politique d'importation massive de main-d'œuvre du Népal par les britanniques qui fait basculer le ratio démographique en défaveur des autochtones bhotias, limbus et lepchas. Désireux d'augmenter son influence politique et les bénéfices économiques qu'il en tire, le Royaume-Uni britannique se lance en 1884 dans la construction d'une route carrossable en direction du col Jelep, point de passage vers le Tibet chinois, pour rejoindre Lhassa. En réponse à cette prise de contrôle, 300 militaires sino-tibétains sont envoyés en 1886 au Sikkim dans la région du col Jelep, y construisent un fort et occupent le village de Lingtu, à une vingtaine de kilomètres en territoire sikkimais. Proche des dignitaires bouddhiens du Tibet, de 1885 à 1887 le maharaja sikkimais réside au Tibet chinois, malgré l'interdiction d'y séjourner plus de trois mois d'après les termes du traité de Tumlong de 1861. Afin de restaurer leur autorité, les britanniques envoient un détachement militaire en mars 1888 pour déloger les sino-tibétains. Fin septembre ils ont repris le contrôle. Sans les autorités sikkimaises et tibétaines, le Royaume-Uni britannique et la Chine de Qing signent un traité en 1890 à Calcutta dans lequel est fixée la frontière entre le Tibet et le Sikkim. La vallée de Chumbi est incorporée au Tibet chinois. Selon l'article premier, "la frontière du Sikkim et du Tibet sera la crête de la chaîne de montagnes séparant les eaux qui se déversent dans la Tista du Sikkim et ses affluents des eaux qui se déversent dans le Mochu tibétain et, vers le nord, dans d'autres rivières du Tibet. La ligne commence au mont Gipmochi, à la frontière du Bhoutan, et suit la ligne de partage des eaux susmentionnée jusqu'au point où elle rejoint le territoire népalais." [48] En 1893, les britanniques y annexent un Règlement concernant le commerce, les communications et les pâturages. Un comptoir commercial est installé dans la vallée de Chumbi. Le but principal des britanniques est de s'assurer un libre accès au commerce avec la Chine, via le Tibet, afin d'y vendre des produits manufacturés, du tabac, des céréales et du thé. La capitale du protectorat britannique du Sikkim est déplacée en 1898 à Gangtok, proche des cols Nathu et Jelap, points de passage vers la vallée de Chumbi. Après plusieurs tentatives de forcer la main aux autorités tibétaines et chinoises pour faciliter toujours plus le commerce [49], la diplomatie britannique modifie sa tactique. Elle semble craindre l'influence de la Russie, l'un de ses principaux concurrents entre l'Asie centrale et la Chine. En décembre 1903, 500 militaires franchissent le col Jelap et entrent au Tibet. En plus de britanniques, l'armée emploient des gurkhas (népalais) et des sikhs [50]. Très mal protégés par les amulettes d'invincibilité fournies par les moines bouddhiens, et munis d'un armement moins moderne, les soldats tibétains sont défaits après plusieurs mois de guerre. Entre 2000 et 3000 morts de leur côté contre seulement quelques dizaines pour les assaillants. En août 1904, ils entrent dans Lhassa. Le 7 septembre 1904, un traité est signé entre la Grande-Bretagne et le Tibet. La Chine n'est pas représentée lors de ces "négociations". Les termes de ce traité réaffirment les frontières Tibet-Sikkim fixées par le traité de Calcutta de 1890 et octroient le droit, pour les britanniques, d'occuper pendant 75 ans la vallée de Chumbi et trois villes sont ouvertes au commerce des produits britanniques entre le sud de l'Himalaya britannique et le nord sino-tibétain. En plus de Yatung dans la vallée de Chumbi, après les cols Nathu et Jelap, Gyantse à mi-chemin de Lhassa, et à l'ouest, Gartok dans le Ladakh. Selon un alinéa de l'article 9, le Royaume-Uni impose au Tibet de "n’accorder à aucune puissance étrangère ou aucun sujet d’une puissance étrangère la concession de chemins de fer, routes, télégraphes, mines ou autres droits" [51]. Une continuité de la rivalité géostratégique entre la Russie et le Royaume-Uni britannique, que les spécialistes appellent le "Grand Jeu" [52]. Renégociée au profit de la Chine, à qui le Royaume-Uni britannique reconnaît une autorité sur le Tibet, la frontière entre le Tibet chinois et le Sikkim britannique est avalisée en avril 1906 par la Chine qui, en retour, reconnaît de fait l'autorité britannique sur le Sikkim. Des méandres diplomatiques finement analysés par l'hystérien de la géopolitique Didier Super dans son ouvrage — au titre un tantinet provocateur pour un travail universitaire — Rien à foutre :
Thutob Namgyal meurt en 1914. Son fils Sikyong Tulku Namgyal lui succède pour un court règne (février-décembre 1914). Après cette mort prématurée, il laisse la place à son demi-frère cadet Tashi Namgyal qui prend les rênes de la dynastie. Alors que l'empire des Indes britannique se décompose en 1947 entre l'Inde et le Pakistan, sur une base religieuse, le Sikkim fait partie des territoires qui refusent leur intégration dans l'un ou l'autre. Il conserve son indépendance. NéocolonialismeAux Indes britanniques succèdent le 15 août 1947 deux Dominions, le Pakistan et l'Inde. Officiellement ils sont deux royaumes du Commonwealth britannique jusqu'à leur indépendance formelle. En janvier 1950 pour l'Inde et en mars 1956 pour le Pakistan. Entre 1947 et 1950, le dominion indien prend forme et une constitution doit aboutir à une république fédérale. Dans cette période, au Sikkim la vie politique se structure autour de la problématique d'être dans cette Inde républicaine à venir ou former un État-nation indépendant. Plusieurs approches s'affrontent. Le Congrès de l'État du Sikkim, à l'image du parti du Congrès en Inde, prône le rattachement au système fédéral et républicain, devenir à terme un des États fédéraux et abolir la monarchie sikkimaise. La Conférence Populaire Nationale demande le rattachement au Bengale des régions peuplées d'hominines d'origine népalaise, la majorité de la population du Sikkim. En 1949, le Parti National du Sikkim défend l'idée d'une monarchie constitutionnelle et l'indépendance du Sikkim. Il est constitué de lepchas et de bhotias, minoritaires au Sikkim. Un accord est signé en 1950 entre le roi sikkimais Tashi Namgyel et l'Inde, où celle-ci reconnaît l'indépendance relative du Sikkim. Le royaume du Sikkim devient officiellement un "protectorat" de l'Inde qui garde le contrôle de ses affaires extérieures, sa défense, sa diplomatie et ses communications. À l'issue des premières élections législatives, en 1953, un gouvernement de coalition est formé. Seulement 30% d'hominines en âge de le faire ont pris part au vote. La vie politique est polarisée entre le Parti National du Sikkim et le Congrès de l'État du Sikkim, jusqu'à l'apparition d'une dissidence, le Congrès National du Sikkim (CNS) dans le début des années 1960. Monarchie constitutionnelle, le Sikkim donne de la place à l'autorité royale. Lors du premier scrutin de 1953, sur les 18 hominines siégeant à l'assemblée, 12 le sont par le vote et 6 sont à la discrétion du roi. Parmi les 12, 6 doivent appartenir à la communauté népalaise et 6 aux communautés lepchas et bhotias. En 1958, le nombre de sièges passe à 20. Quatre de plus en 1966. Avec ce nouveau découpage, le roi nomme 7 personnes de son choix, la "communauté" népalaise est représentée par 7 sièges, idem pour la lepcha-bhotia, un revient pour la limbu, un pour les moines et un pour une caste. Le roi Tashi Namgyal meurt en 1963 et son fils Palden Thondup Namgyal lui succède. Alors qu'il n'est encore que prince héritier, Palden Thondup Namgyal se marie en 1963 avec une jeune étudiante étasunienne rencontrée quatre ans plus tôt à Darjeeling. Hope Cooke [54] est alors de 17 ans sa cadette. Elle renonce à sa nationalité étasuno-américaine pour un mariage conforme à la législation sikkimaise. Le conte de princes & princesses s'ébranle. Au couronnement en 1965, le roi Palden Thondup Namgyal et la reine Hope Cooke se cocufient déjà joyeusement. Sujet idéal pour la presse "people" de l'époque. Que ce soit pour ses aspects lointains, inaccessibles et mystérieux, ou pour les frasques d'un fils de la monarchie et d'une fille de la mondanité, le Sikkim n'est alors pas totalement inconnu du lectorat de Point de Vue. Images du Monde [55]. Aux élections de 1967, le Congrès National du Sikkim prend 8 des 24 sièges. En 1970, année de naissance de F. Merdjanov, le Parti National du Sikkim inverse la tendance et occupe 8 sièges. Le Congrès National du Sikkim en perd cinq. Sa dissidence, le Parti Populaire du Sikkim se rapproche du Congrès de l'État du Sikkim pour former le Congrès Populaire du Sikkim en 1972. Mais pour les élections de 1974, il y a un grand rabibochage et le Congrès National du Sikkim remporte 31 sièges sur 32 face au Parti National du Sikkim qui n'en obtient qu'un seul. La monarchie et ses soutiens ont du plomb dans l'aile. La valse des partis politique est un amusement universel et les petits arrangements une coutume internationale. Au Sikkim ou ailleurs, exception faite des prisons [56], personne ne semble porter attention aux recommandations de Jeremy Bentham deux siècles plus tôt :
Le contexte régional est tendu pour le petit royaume du Sikkim. En 1951, l'armée chinoise entre au Tibet et l'occupe. La frontière avec le Sikkim est fermée. Au cours des années suivantes, la Chine tente de réformer la structure féodale et de redistribuer les terres au profit des plus pauvres. La théocratie bouddhienne est mise à mal. À l'est du Tibet, dans le Kham, la révolte éclate de 1955 à 1956 contre la présence chinoise. Les guerriers khampas affrontent l'occupant. Elle s'étend à l'Amdo en 1957 et 1958. L’Armée Nationale Volontaire de Défense [58] tibétaine mène ses opérations de guérilla contre l'armée chinoise. Toujours partant pour contrecarrer des communistes [59], les États-Unis d'Amérique font parvenir de l'aide aux guérilleros, parfois via le Sikkim. Des centaines de combattants tibétains sont formés et du matériel est envoyé. La révolte dans l'Ü-Tsang en 1959 se solde par la fuite des autorités politico-religieuses et l'exode de plus de 80000 hominines de l'Ü-Tsang vers les pays alentours dans les trois années qui suivent. Beaucoup fuient par la vallée de Chumbi. Direction le Bhoutan et le Sikkim. Que ce soit en formant de petits groupes de guérilla qui s'infiltrent à partir du Mustang ou le parachutage de guérilleros entre 1957 et 1961 [60], les États-Unis d'Amérique poursuivent leur aide jusqu'en 1965. Sans succès. Héritage de la colonisation britannique, la frontière entre l'Inde et la Chine est une source de conflits. L'une construit des postes militaires dans les zones contestées alors que l'autre critique ouvertement les frontières avec le Sikkim, le Bhoutan et le Ladakh. En octobre 1962, l'armée chinoise envoie 80000 militaires à l'assaut de l'Aksai Chin, une partie de l'ancien Ladakh, aux frontières disputées entre Chine, Inde et Pakistan [61], et dans l'extrême nord-est indien, l'actuel Arunachal Pradesh [62]. L'armée indienne est en déroute. En novembre, la Chine proclame un cessez-le-feu. Elle conserve l'Aksai Chin et se retire du nord-est indien. L'état d'urgence est décrété dans le Sikkim et les élections prévues sont annulées. Dans les années 1960, les tensions sont vives aux frontières entre Sikkim, Bhoutan et Chine car cette dernière revendique le sud de la vallée de Chumbi, la région de Doklam [63] au Bhoutan. Échaudée par sa défaite de 1962 [64], l'Inde renforce sa présence militaire aux frontières avec la Chine [65]. À la frontière sikkimo-tibétaine, de part et d'autre du col Nathu, les militaires indiens et chinois ne sont séparés que de quelques dizaines de mètres. Malgré le statu-quo, de petits affrontements sont relevés à partir de 1963 sur cette frontière et, en septembre 1965, la Chine réitère sa demande de retrait des militaires indiens du col Nathu. Mi-août 1967, des tranchées sont creusées par les militaires chinois du côté sikkimais du col. En rétorsion, les militaires indiens érigent des barbelés le long de ce qu'ils pensent être la "vraie" délimitation entre les deux pays rivaux. Ce face à face dégénère en affrontement direct en septembre. En octobre, un peu plus au nord, c'est le col Cho qui est le lieu des accrochages armés. Cette seconde guerre sino-indienne fait, selon les chiffres de l'Inde, une centaine de morts de part et d'autre, et selon les chiffres de la Chine, plusieurs centaines côté indien et quelques dizaines côté chinois. Le sort du Sikkim et une hypothétique intégration à l'Inde divise profondément la vie politique sikkimaise et clive les populations de la majorité népalaise, et celles des minorités bhotias, lepchas, limbus et autres autochtones dans les années 1960. À la demande du roi, un documentaire est réalisé en 1971 par le cinéaste Satyajit Ray. Intitulé Sikkim, le parti pris est celui de l'indépendance. Cela ne change rien. La monarchie est de plus en plus contestée et les adeptes d'un ralliement à l'Inde sont de plus en plus. L'influence du Congrès National du Sikkim est toujours plus forte. Les manifestations réclamant la fin de la monarchie et le ralliement à l'Inde se multiplient. Le début des années 1970 est un bouleversement pour le Sikkim. Dans un style Point de Vue. Images du Monde, le journal des stars, l'article de Wikipédia sur Hope Cooke précise que "en 1973, le pays et leur mariage s'effondrent et le Sikkim est fusionné avec l'Inde". Triste nouvelle ? Le couple royal se déchire toujours plus et l'Inde envoie des militaires en avril 1973 pour "sécuriser" la situation explosive. Faut-il aussi décapiter Grace Kelly s'interrogent peut-être les hominines du hameau de Rien ? Le Congrès National du Sikkim remporte les élections d'avril 1974. Le 9 avril 1975, le parlement sikkimais vote l'abolition de la monarchie et l'entrée dans l'Inde. Le roi et ses proches sont en résidence surveillée au palais. Selon les résultats officiels, le référendum organisé le 14 avril donne un résultat de 60% des hominines votant en faveur du rattachement à l'Inde, plutôt que pour l'indépendance. La reine quitte le pays, en compagnie de ses deux enfants. "Quel soulagement. Lady Di est libre", vu du hameau de Rien. Le 16 mai, le parlement de l'Inde avalise l'entrée du Sikkim dans la république indienne. Le Sikkim devient ainsi le 22ème État composant l'Inde post-britannique. La Chine ne reconnait ni les résultats du référendum, ni ce qu'elle considère comme une annexion du Sikkim par l'Inde. La frontière entre le Sikkim indien et le Tibet chinois est totalement close. Le site de rencontre est fermé. Réfugiée aux États-Unis d'Amérique, Hope Cooke obtient le divorce en 1980. La belle histoire prend fin. Aussi triste et abasourdi qu'en découvrant la mort de Ramsès II, Louis XVI ou Catherine Deneuve, le lectorat des mondanités est probablement ravagé par celle du roi Palden Thondup Namgyal d'un cancer en 1982. La tristesse est bien souvent éphémère et la protivophilie n'a pu mettre en évidence l'existence d'un quelconque traumatisme persistant parmi les hominines face à cette nouvelle. Pas plus que l'impact traumatique dans la communauté protivophile de la mort du roi Charles III [66] d'un cancer des gencives, lui pour qui "ses valets doivent mettre du dentifrice sur sa brosse à dent chaque matin." HomininitéNotes
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