Pain de mie : Différence entre versions

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== Panique de base ==
  
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La science du pain, la panique<ref>Du latin ''panis'', "pain". Construit sur le modèle de ''panifiable'', ''panification'', ''panifier'', ''panière'', etc. Selon le ''Trésor de la langue française'' - [https://www.cnrtl.fr/definition/pain En ligne]. D'origine grecque, le terme ''panique'' est une référence au dieu Pan qui, par les bruits qu'il produit, effraye les hominines et provoque chez elleux une peur panique - [https://www.cnrtl.fr/definition/panique En ligne]</ref>, même si elle est très diverse dans ses approches considère que la base du pain est un mélange pétri de farine et d'eau, dont la pâte obtenue est ensuite cuite. Les choix des farines utilisées divergent et les méthodes de cuisson sont multiples. Les hominines<ref>Dans la classification du vivant, les hominines regroupent toutes les formes d'australopithèques et les différents types d'homo (''floresiensis'', ''denisovensis'', ''neanderthalensis'', ''[[Ladislav Klíma|egosolistus]]'', etc.) dont il ne reste que les ''sapiens'' (humains actuels), sorte de [[macédoine]] d'homo.</ref>  qui n'ajoutent rien d'autre comme ingrédient font ce que l'on appelle le ''pain azyme'', les autres mettent des levures ou des levains pour obtenir une fermentation maîtrisée de la pâte et la faire gonfler. Ce sont les pains à ''pâte levée''. Ces derniers nécessitent l'emploi de farines particulières issues de céréales riches en gluten<ref>Le gluten, constitué de protéines de céréales, se forme lors du mélange de la farine avec l'eau et dont le pétrissage créé une pâte collante. Ce gluten — du latin ''gluten'', "colle" — donne le moelleux de la mie après cuisson.</ref>, tel le blé, le seigle ou l'épeautre. L'utilisation de pain est une chose très répandue chez les hominines du monde entier et les plus anciennes traces archéologiques datent d'environ 12000 ans avant JC<sup>&#9400;</sup><ref>Malgré ce que prétendent ses adeptes, JC<sup>&#9400;</sup> n'est pas une nouvelle marque de pain distribué gratuitement, ni un apprenti-boulanger et encore moins un être vivant dont le corps est fait de pain. Il est juste un ingrédient de la panique, un liant du pouvoir.</ref>. La base de la [[Macédoine de légumes|macédoine culinaire]] — c'est à dire le mélange de plusieurs ingrédients — se retrouve dans la recette du pain mais elle s'en éloigne car elle préconise une cuisson. Le mélange entre un liquide et une céréale s'appelle une ''bouillie''. Le liquide sert alors soit à gorger la céréale, soit à la cuire, mais dans les deux cas le résultat reste sous forme liquide ou molle. Il ne s'agit pas de pain car celui-ci contient plus de farine que de liquide, et non l'inverse.
  
== Panique de base ==
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[[Fichier:Panikbase.jpg|300px|vignette|droite|Manque de pain & crise de panique]]Partout où elle s'est implantée, la culture panique a fait de cet aliment la base de l'alimentation des hominines. Soit le pain est un simple accompagnement du reste du repas, soit il en est le composant principal auquel on ajoute les autres éléments du menu. Il est omniprésent. Quelques soit la recette, la fabrication du pain est facile à mettre en œuvre. Les céréales se trouvent à l'état sauvage ou sont cultivées, et l'eau est un élément essentiel aux hominines dont illes ne peuvent se passer plus de quelques jours. Les techniques d'exploitation agricole et de préparations de farines vont se diversifier au fil des siècles de l'histoire des hominines. Certaines vont se complexifier, d'autres vont restées sommaires. Du moulin au pilon. Mais la culture panique n'est pas une entité autonome, elle se développe dans les contextes particuliers des sociétés d'hominines. Malgré leurs singularités, toutes ces sociétés peuvent être décrites comme des structures sociales qui visent à maintenir une inégalité entre les hominines qui les composent. En cela, elles se différencient peu. Les moyens et les discours pour justifier cet état de fait sont innombrables. De ce fait, la culture panique s’entremêle à ces systèmes inégalitaires et coercitifs<ref>James C. Scott, ''Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États'', La Découverte, 2018</ref>. Si le pain devient un aliment populaire, il est aussi consommé par les notables. Ce qui fait la différence est le type de céréales employées et la qualité de leurs farines, ou bien alors les recettes choisies par les plus pauvres ajoutent d'autres farines dont on ne peut faire du pain avec. Au pire, illes leur restent les [[Analecte|miettes]].
  
[[Fichier:Panikbase.jpg|300px|vignette|droite|Manque de pain & crise de panique]]La science du pain, la panique<ref>panique</ref>, même si elle est très diverse dans ses approches considère que la base du pain est un mélange pétri de farine et d'eau, dont la pâte obtenue est ensuite cuite. Les choix des farines utilisées divergent et les méthodes de cuisson sont multiples. Les hominines qui n'ajoutent rien d'autre comme ingrédient font ce que l'on appelle le ''pain azyme'', les autres mettent des levures<ref>levures</ref> ou des levains<ref>levains</ref> pour obtenir une fermentation maîtrisée de la pâte et la faire gonfler. Ce sont les pains à ''pâte levée''. Ces derniers nécessitent l'emploi de farines particulières issues de céréales riches en gluten<ref>gluten</ref>, tel le blé, le seigle ou l'épeautre. L'utilisation de pain est une chose très répandue chez les hominines du monde entier et les plus anciennes traces archéologiques datent d'environ 12000 ans avant JC<sup>&#9400;</sup><ref>JC<sup>&#9400;</sup></ref>. La base de la [[Macédoine de légumes|macédoine culinaire]] — c'est à dire le mélange de plusieurs ingrédients — se retrouve dans la recette du pain mais elle s'en éloigne car elle préconise une cuisson. Le mélange entre un liquide et une céréale s'appelle une ''bouillie''. Le liquide sert alors soit à gorger la céréale, soit à la cuire, mais dans les deux cas le résultat reste sous forme liquide ou molle. Il ne s'agit pas de pain car celui-ci contient plus de farine que de liquide, et non l'inverse.
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''Ni se nourrir, ni se loger n'est gratuit, j'crois qu'avec ça j'ai tout dit''<br />
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''Ce monde est cruel (ce monde est cruel) ce monde est cruel (ça y est j'ai tout dit)''<br />
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''Pas manger, ça fait mourir, et j'suis habitué au chauffage''<br />
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''Tes besoins vitaux sont payants, t'as compris la prise d'otage''<ref>Vald, "Rappel" sur l'album ''Ce monde est cruel'',  - [https://www.youtube.com/watch?v=lB8uQ_zO-o8 En ligne]</ref><br />
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Partout où elle s'est implantée, la culture panique a fait de cet aliment la base de l'alimentation des hominines. Soit le pain est un simple accompagnement du reste du repas, soit il en est le composant principal auquel on ajoute les autres éléments du menu. Il est omniprésent. Quelques soit la recette, la fabrication du pain est facile à mettre en œuvre. Les céréales se trouvent à l'état sauvage ou sont cultivées, et l'eau est un élément essentiel aux hominines dont illes ne peuvent se passer plus de quelques jours. Les techniques d'exploitation agricole et de préparations de farines vont se diversifier au fil des siècles de l'histoire des hominines. Certaines vont se complexifier, d'autres vont restées sommaires. Du moulin au pilon. Mais la culture panique n'est pas une entité autonome, elle se développe dans les contextes particuliers des sociétés d'hominines. Malgré leurs singularités, toutes ces sociétés peuvent être décrites comme des structures sociales qui visent à maintenir une inégalité entre les hominines qui les composent. En cela, elles se différencient peu. Les moyens et les discours pour justifier cet état de fait sont innombrables. De ce fait, la culture panique s’entremêle à ces systèmes inégalitaires et coercitifs. Si le pain devient un aliment populaire, il est aussi consommé par les notables. Ce qui fait la différence est le type de céréales employées et la qualité de leurs farines, ou bien alors les recettes choisies par les plus pauvres ajoutent d'autres farines dont on ne peut faire du pain avec. Au pire, illes leur restent les [[Analecte|miettes]].  
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L'aspect incontournable du pain dans les régimes alimentaires d'une partie des hominines en fait un point de fixation, social, politique et religieux. Il cristallise les tensions sociales lorsqu'il manque, il est un outil de contrôle politique et un symbole détourné par les mythologies. Historiquement, l'absence de pain ou sa qualité médiocre sont des déclencheurs de nombreuses révoltes populaires, et l'organisation de sa fabrication, de sa distribution et de sa taxation sont des enjeux politiques majeurs pour les autorités politiques. Les mythologies moïsiennes et christiennes ont placé le pain azyme au centre de leurs rituels. Pour les premières, il symbolise une antique période de dèche<ref>Selon la mythologie moïsienne, le pain azyme est consommé en souvenir de la traversée désert de Moïse et son entourage après leur fuite d’Égypte. Aucune source ne vient confirmer l'historicité de cet évènement.</ref>, pour les secondes il représente le corps de Jésus aka Christ<sup>&#9400;</sup> sublimé sous la forme d'une hostie. Pour les moïsiennes il s'agit d'une invention historique, pour les christiennes d'une arnaque<ref>"Les hosties contiennent 0% de corps du Christ d’après un test ADN", 16 février 2017 - [http://complots-faciles.com/blog/2017/02/16/les-hosties-contiennent-0-de-corps-du-christ-dapres-un-test-adn-2/ En ligne]</ref>. Ces dernières affirment même — sans rire — que leur messie Jésus avait la faculté de multiplier les pains pour les distribuer aux nécessiteux.  
  
L'aspect incontournable du pain dans les régimes alimentaires des hominines en fait un point de fixation, social, politique et religieux. Il cristallise les tensions sociales lorsqu'il manque, il est un outil de contrôle politique et un symbole détourné par les mythologies. Historiquement, l'absence de pain ou sa qualité médiocre sont des déclencheurs de nombreuses révoltes populaires, et l'organisation de sa fabrication, de sa distribution et de sa taxation sont des enjeux politiques majeurs pour les autorités politiques. Les mythologies moïsiennes et christiennes ont placé le pain azyme au centre de leurs rituels. Pour les premières, il symbolise une antique période de dèche<ref>Traversée désert</ref>, pour les secondes il représente le corps de Jésus aka Christ<sup>&#9400;</sup> sublimé sous la forme d'une hostie. Pour les moïsiennes il s'agit d'une invention historique, pour les christiennes d'une arnaque<ref>"Les hosties contiennent 0% de corps du Christ d’après un test ADN", 16 février 2017 - [http://complots-faciles.com/blog/2017/02/16/les-hosties-contiennent-0-de-corps-du-christ-dapres-un-test-adn-2/ En ligne]</ref>. Ces dernières affirment même — sans rire — que leur messie Jésus avait la faculté de multiplier les pains pour les distribuer aux nécessiteux.
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Pour la [[protivophilie]] aussi le pain représente un élément indispensable à ce qu'elle est. Non pas pour les impératifs alimentaires d'un quelconque bilatérien<ref>Les bilatériens se caractérisent dans le règne animal par une symétrie bilatérale du squelette ou des organes, et par un tube digestif avec une entrée (bouche) et une sortie (anus). Comme les [[Tarsiidae|tarsiidae]], les hominines et [[Ladislav Klíma|egosolistus]] par exemple</ref> mais pour sa symbolique et particulièrement lorsque celui-ci manque. En effet, les miettes sont au cœur de l'œuvre principale de [[F. Merdjanov]], ''Analectes de rien''<ref>F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', Gemidžii Éditions, 2017 - [http://analectes2rien.legtux.org/images/analectesderien.pdf En ligne]. À ne pas confondre avec ''Miettes de rien'' de la poétesse russe Elena Gouro. Voir ''Poésie par le fait / faire'', inédit.</ref>. Le terme ''[[analecte]]'' désigne l'action de ramasser les miettes, de collecter de petits fragments, prenant ainsi le sens de ''anthologie'', mais il renvoie aussi à son sens ancien de ''esclave'' lorsque les analectes romains étaient les esclaves autorisés à se nourrir des restes de repas de leurs maîtres. Les émeutes du pain sont un ingrédient incontournable de la guerre sociale que se livrent celleux qui ont et celleux qui n'ont rien. Dans une bouche révolutionnaire  "''Qui a du fer a du pain''"<ref>Louis Auguste Blanqui, "Qui a du fer a du pain", 1851 - [http://aimable-faubourien.blogspot.com/2010/03/qui-du-fer-du-pain-l-blanqui-1851.html En ligne]</ref> est un vrai programme et "''Pain et Liberté''"<ref>''Khleb i Volia'' (Pain et Liberté) est un journal anarchiste russophone fondé en 1903 à Genève par des révolutionnaires russes, avec pour sous-titre une citation de Bakounine : "''Le besoin de détruire est aussi un besoin créateur''". Il est distribué clandestinement en Russie jusqu'en 1905. Parmi ces révolutionnaires, Pierre Kropotkine l'auteur en 1892 de ''La conquête du pain'' - [https://fr.wikisource.org/wiki/La_Conquête_du_pain En ligne]</ref> un cri de révolte.
 
 
Pour la [[protivophilie]] aussi le pain représente un élément indispensable à ce qu'elle est. Non pas pour les impératifs alimentaires d'un quelconque bilatérien<ref>bilatérien</ref> mais pour sa symbolique et particulièrement lorsque celui-ci manque. En effet, les miettes sont au cœur de l'œuvre principale de [[F. Merdjanov]], ''Analectes de rien''<ref>F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', Gemidžii Éditions, 2017 - [http://analectes2rien.legtux.org/images/analectesderien.pdf En ligne]. À ne pas confondre avec ''Miettes de rien'' de la poétesse russe Elena Gouro. Voir ''Poésie par le fait / faire'', inédit.</ref>. Le terme ''[[analecte]]'' désigne l'action de ramasser les miettes, de collecter de petits fragments, prenant ainsi le sens de ''anthologie'', mais il renvoie aussi à son sens ancien de ''esclave'' lorsque les analectes romains étaient les esclaves autorisés à se nourrir des restes de repas de leurs maîtres. Les émeutes du pain<ref>émeutes du pain</ref> sont un ingrédient incontournable de la guerre sociale que se livrent celleux qui ont et celleux qui n'ont rien.
 
  
 
=== Pain de mie ===
 
=== Pain de mie ===
  
Dans ce petit pays de l'extrême ouest européen qui abrite le [[hameau de Rien]] et la ville de [[Nice]], qui a vu naître [[Albertine Hottin]] et [[F. Merdjanov]] — la France — une mythologie gastronomique s'est mise en place au XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle autour du pain. Dans le roman national qui se construit, le pain devient un aliment essentiel de la "''gastronomie française''", très populaire. L'histoire de la consommation de pain en France s'inscrit dans un long processus historique au cours duquel les pouvoirs politiques successifs ont tenté d'encadrer sa fabrication et ont instauré des règles et des taxes afin de minimiser l'autonomie des hominines dans ce domaine. La production de céréales, la fabrication de farines et leur vente, ainsi que les fours sont soumis à l'impôt. Au XI<sup><small>ème</small></sup> siècle l'autorité royale supprime officiellement les fours publics, mais ceux-ci perdurent dans de nombreux villages. Être boulanger<ref>boulanger</ref> devient un métier autorisé par seul décret royal. La boulangerie française se structure doucement, cherchant encore un slogan accrocheur.
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Dans ce petit pays de l'extrême ouest européen — la France — qui abrite le [[hameau de Rien]] et la ville de [[Nice]], qui a vu naître [[Albertine Hottin]] et [[F. Merdjanov]], une mythologie gastronomique s'est mise en place au XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle autour du pain. Dans le roman national qui se construit, le pain devient un aliment essentiel de la "''gastronomie française''", très populaire. L'histoire de la consommation de pain en France s'inscrit dans un long processus historique au cours duquel les pouvoirs politiques successifs ont tenté d'encadrer sa fabrication et ont instauré des règles et des taxes afin de minimiser l'autonomie des hominines dans ce domaine. La production de céréales, la fabrication de farines et leur vente, ainsi que les fours sont soumis à l'impôt. Au XI<sup><small>ème</small></sup> siècle l'autorité royale supprime officiellement les fours publics, mais ceux-ci perdurent dans de nombreux villages. Être boulanger<ref>Le terme de ''boulanger'' dérive du germanique ''bolla'' qui désigne les pains ronds. Par extension le boulanger est l'hominine qui fait le pain. Voir "boulanger" dans le ''Trésor de la langue française'' - [https://www.cnrtl.fr/definition/boulanger En ligne]</ref> devient un métier autorisé par seul décret royal. La boulangerie française se structure doucement, cherchant encore un slogan accrocheur.
  
 
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Les législations qui se mettent en place prévoient à partir du XIV<sup><small>ème</small></sup> siècle différentes qualités de pain à des prix différents. Les moins chers et de moindre qualité pour les plus pauvres et les autres pour les plus riches. Un schéma assez classique dans l'ensemble des sociétés paniques, et plus largement dans les sociétés d'hominines. Lorsque les récoltes sont trop faibles elles sont réservées aux riches hominines et les autres se nourrissent alors de pain fait avec d'autres ingrédients que le seul blé, pauvres en apports nutritionnels. De l'écorce d'arbre à la farine de gland, de la paille à la fougère<ref>Pains de disette</ref>. L'utilisation de farine de seigle est aussi responsable de nombreuses morts et a provoqué plusieurs révoltes car un champignon, proche du LSD actuel, s'y développe parfois et fait perdre pied à celleux qui ne comprennent pas ce qui arrive ! Le manque de pain et sa mauvaise qualité sont au cœur des revendications sociales de hominines auprès de leurs dirigeants. Si ces derniers se repaissent de bon pain, dont illes font un mets savoureux qui accompagne leurs repas, les hominines des basses classes sociales se contentent de la croûte. Dans les pratiques linguistiques populaires, le terme de ''croûte''<ref>''croûte''</ref> est d'ailleurs utilisé au sens de ''repas''. ''Croûter'' est synonyme de ''manger'' et "''gagner sa croûte''" désigne le fait de travailler durement pour avoir juste de quoi se nourrir. L'expression "''casser la croûte''" sous-entend quand à elle que le pain n'est pas seulement fait de croûte mais aussi de sa mie intérieure, et qu'il ne s'agit donc pas d'un moment de disette. Quand au ''casse-croûte'' il conserve un aspect frugal. En parallèle de ces pains de misère, de nombreuses recettes apparaissent en France. Le pain s'enrichit de beurre ou de lait par exemple, et ce nouveau "''pain de festin''" ou "''pain de la reine''"<ref>Catherine de Médicis</ref> ravie la noblesse qui laisse au "bas peuple" le pain noir. La croûte, associée à la misère, est délaissée au profit de la mie qui devient de plus en plus onctueuse. Parfois légèrement sucrée. Le "pain de festin" n'a qu'une très fine croûte. Ces différences de goût et de qualité ne font pas de la noblesse et de la populace des copains<ref>copains</ref>. Loin de là. Même s'il est impossible de retracer les circonstances exactes qui menèrent au renversement de la royauté française en 1789, le manque de pain et la médiocrité de sa qualité en sont un des moteurs. La colère est grande contre le royal boulanger.
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Les législations qui se mettent en place prévoient à partir du XIV<sup><small>ème</small></sup> siècle différentes qualités de pain à des prix différents. Les moins chers et de moindre qualité pour les plus pauvres et les autres pour les plus riches. Un schéma assez classique dans l'ensemble des sociétés paniques, et plus largement dans les sociétés d'hominines. Lorsque les récoltes sont trop faibles elles sont réservées aux riches hominines et les autres se nourrissent alors de pain fait avec d'autres ingrédients que le seul blé, pauvres en apports nutritionnels. De l'écorce d'arbre à la farine de gland, de la paille à la fougère. L'utilisation de farine de seigle est aussi responsable de nombreuses morts et a provoqué plusieurs révoltes car un champignon, proche du LSD actuel, s'y développe parfois et fait perdre pied à celleux qui ne comprennent pas ce qui arrive ! Le manque de pain et sa mauvaise qualité sont au cœur des revendications sociales des hominines auprès de leurs dirigeants. Si ces derniers se repaissent de bon pain, dont illes font un mets savoureux qui accompagne leurs repas, les hominines des basses classes sociales se contentent de la croûte. Dans les pratiques linguistiques populaires, le terme de ''croûte''<ref>''Croûte'', du latin ''crusta'' qui désigne "tout ce qui enveloppe, et la croûte de pain n'y est qu'un sens particulier " selon le ''Littré'' - [https://www.littre.org/definition/croûte En ligne].</ref> est d'ailleurs utilisé au sens de ''repas''. ''Croûter'' est synonyme de ''manger'' et "''gagner sa croûte''" désigne le fait de travailler durement pour avoir juste de quoi se nourrir. L'expression "''casser la croûte''" sous-entend quand à elle que le pain n'est pas seulement fait de croûte mais aussi de sa mie intérieure, et qu'il ne s'agit donc pas d'un moment de disette. Quand au ''casse-croûte'' il conserve un aspect frugal. En parallèle de ces pains de misère, de nombreuses recettes apparaissent en France. Le pain s'enrichit de beurre ou de lait par exemple, et ce nouveau "''pain de festin''" ou "''pain de la reine''"<ref>En référence à Catherine de Médicis, reine de France au XVI<sup><small>ème</small></sup> siècle</ref> ravie la noblesse qui laisse au "bas peuple" le pain noir. La croûte, associée à la misère, est délaissée au profit de la mie qui devient de plus en plus onctueuse. Parfois légèrement sucrée. Le "pain de festin" n'a qu'une très fine croûte. Ces différences de goût et de qualité ne font pas de la noblesse et de la populace des copains<ref>Si étymologiquement ''copain'' signifie "celleux qui partagent le pain", une approche sexiste laisserait planer le doute sur sa forme féminine. Mais ''copine'' vient de la forme ''copin'' aujourd'hui disparue de l'usage du [[français]].</ref>. Loin de là. Même s'il est impossible de retracer les circonstances exactes qui menèrent au renversement de la royauté française en 1789, le manque de pain et la médiocrité de sa qualité en sont un des moteurs. La colère est grande contre le royal boulanger.
  
<blockquote>''Nous ne manquerons plus de pain ! Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron.''<ref>Théroigne</ref></blockquote>
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<blockquote>''Nous ne manquerons plus de pain ! Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron.''<ref>Paroles attribuées à Anne-Josèphe Théroigne, dite Théroigne de Méricourt, lors de la marche des femmes sur Versailles en octobre 1789 pour aller y chercher la famille royale et la contraindre à revenir sur Paris. Originaire de Marcourt, près de Liège dans l'actuelle Belgique, Anne-Josèphe Théroigne se rend dès 1789 en France pour rejoindre les révolutionnaires. Fervente défenseure de l'armement des femmes, elle préconise la mise en place d'une garde nationale féminine. "''Brisons nos fers, il est temps enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité où l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps.''" Internée en 1794 à la demande de son frère, elle échappe à la guillotine. Elle meurt après 23 années d'enfermement psychatrique  </ref></blockquote>
  
[[Fichier:Tranchoir.jpg|300px|vignette|droite|Guillotine de boulanger]]Finalement, le boulanger en chef et sa femme sont envoyés se faire trancher à la guillotine<ref>guillotine</ref>. Le jeune prince héritier meure quand à lui quelques années plus tard dans les geôles révolutionnaires, rongé par les mauvaises conditions de détention et la maladie. Dès lors, la panique française s'exporte outre-Manche au Royaume-Uni où elle se pétrie de panique britannique. Les illusions nées de la "révolution française" n'apportent pas le pain escompté, le pouvoir politique est redistribué mais pas les richesses. En 1800, un boulanger britannique a l'idée de fait cuire au four l'équivalent du "pain de la reine" dans un moule et obtient un pain à la mie moelleuse et à la croûte souple, entre pain et brioche : le pain de mie.
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[[Fichier:Tranchoir.jpg|300px|vignette|droite|Guillotine de boulanger]]Finalement, le boulanger en chef et sa femme sont envoyés se faire trancher à la guillotine. Le jeune prince héritier meure quand à lui quelques années plus tard dans les geôles révolutionnaires, rongé par les mauvaises conditions de détention et la maladie. Dès lors, la panique française s'exporte outre-Manche au Royaume-Uni où elle se pétrie de panique britannique. Les illusions nées de la "révolution française" n'apportent pas le pain escompté, le pouvoir politique est redistribué mais pas les richesses. En 1800, un boulanger britannique a l'idée de fait cuire au four l'équivalent du "pain de la reine" dans un moule et obtient un pain à la mie moelleuse et à la croûte souple, entre pain et brioche : le pain de mie.
  
 
La panique s'adapte très bien à la nouvelle donne politique, que ce soit en France républicaine ou sous la royauté britannique. Les soubresauts politiques et économiques du début du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle ne changent rien à la situation de la plupart des hominines qui continuent à manquer de pain, à devoir gagner leur croûte. Que ce soient pour celleux qui s'en gavent ou celleux qui en manquent le constat est unanime, comme le résume très bien le quatrième volume de la ''Boulangerie Française'', paru en 2020, à travers le titre de l'un de ses chapitres :  
 
La panique s'adapte très bien à la nouvelle donne politique, que ce soit en France républicaine ou sous la royauté britannique. Les soubresauts politiques et économiques du début du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle ne changent rien à la situation de la plupart des hominines qui continuent à manquer de pain, à devoir gagner leur croûte. Que ce soient pour celleux qui s'en gavent ou celleux qui en manquent le constat est unanime, comme le résume très bien le quatrième volume de la ''Boulangerie Française'', paru en 2020, à travers le titre de l'un de ses chapitres :  
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== Panique industrielle ==
 
== Panique industrielle ==
  
Les nouvelles techniques de fabrication de farine et de méthodes de cuisson au four, ainsi que la mécanisation du pétrissage, ont des implications importantes dans la panique tout au long des XIX et XX<sup><small>ème</small></sup> siècles. Les farines perdent en qualité nutritive mais sont mieux adaptées à la production industrielle et les levures assurent : les hominines ont désormais accès plus facilement à du pain frais.  
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Depuis le 92 — 1792 ? — la remise en ordre est affirmée par celleux qui se pensent maintenant aux rênes du pouvoir et la panique reste une arme de gouvernement des hominines. L'illusion d'une transformation sociale doit s'accompagner de l'illusion d'une meilleure répartition. L'invention du ramasse-miettes moderne, l'analecte du [[rien]], selon l'archiduc Élie "Booba" Yaffa :
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''J'les laisserai même pas lécher l'assiette''<br />
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''Partagez-vous la miette''<ref>Dans "A.T.R" de Twinsmatic feat. Booba sur l'album ''Nowhere'' - [https://www.youtube.com/watch?v=tI1uTVaCGDE En ligne] </ref><br />
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Les nouvelles techniques de fabrication de farine et de méthodes de cuisson au four, ainsi que la mécanisation du pétrissage, ont des implications importantes dans la panique tout au long des XIX et XX<sup><small>ème</small></sup> siècles. Les farines perdent en qualité nutritive mais sont mieux adaptées à la production industrielle et les levures assurent un meilleur rendement : les hominines ont désormais accès plus facilement à du pain frais. La croûte s'assouplit et la mie s'appauvrit. ''Casse-croûte'' n'est plus simplement synonyme d'"''instrument qui sert à broyer la croûte pour les vieillards qui n'ont pas de dents''", selon le ''Littré'', mais désigne dorénavant le ''casse-croûte'' dans le sens de "repas léger". Dans ce mot-valise se dissimule la frugalité d'un tel repas, essentiellement composé de ce nouveau pain légèrement agrémenté d'autres aliments. L'artisan pétrisseur Guy Debord, connu pour sa formule palindromique<ref>De ''palindrome'', "Que l'on peut lire indifféremment de gauche à droite et de droite à gauche"</ref> du pétrissage "''In girum imus nocte et consumimur igni''" (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu)<ref>Cité à l'entrée "palindrome" dans F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', 2017</ref>, résume ainsi la panique industrielle :
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<blockquote>''Dans la période qui précéda immédiatement la révolution de 1789, on se souvient combien d'émeutes populaires ont été déchaînées par suite de tentatives alors modérées de falsification du pain, et combien de hardis expérimentateurs ont été traînés tout de suite à la lanterne avant d'avoir pu expliquer leurs raisons, sûrement très fortes. À cette époque, et pendant tout le XIX<sup><small>e</small></sup> siècle, la falsification, marginale et artisanale, était pratiquée au niveau du détaillant: elle n'était pas encore remontée à la source même de la fabrication des aliments, comme elle allait le faire, avec tous les moyens de  l'industrie moderne, à partir de la guerre de 1914, qui devait enfanter l'ersatz. Mais elle suscitait une juste colère,''<ref name="#guy">Guy Debord, "Abat-faim", ''Encyclopédie des nuisances'', tome I, fascicule 5, 1985 - [https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/situs/encyclopediedesnuisances/edn-n05.pdf En ligne]</ref></blockquote>
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=== Pain de mie<sup>&#9400;</sup> ===
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[[Fichier:Gluten.jpg|300px|vignette|droite|Déchet industriel]]
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Le pain de mie n'échappe pas à la panique moderne et industrielle. L'invention de la trancheuse et d'ensachage mécanique de pain en 1927 aux États-Unis d'Amérique permet à l'entreprise ''Wonder Bread'' de commercialiser dès 1930 son pain de mie industriel, tranché et en sachet plastique. Ce pain de mie industriel est utilisé tel quel ou toasté pour réaliser ce que les hominines anglophones nomment des ''sandwichs''. En France son équivalent, le casse-croûte, est plutôt fait de pain blanc ordinaire et son utilisation toastée se fait dans le ''croque monsieur''<ref>Le ''croque madame'' est un ''croque monsieur'' recouvert d'un œuf au plat.</ref>. Ce dernier se compose de deux tranches de pain de mie toastées entre lesquelles une tranche de jambon et du fromage sont glissés et chauffés, une façon chic et bourgeoise de s'offrir un casse-croûte à la terrasse d'une brasserie ou au restaurant d'un hôtel<ref>Marcel Proust, ''À l'ombre des jeunes filles en fleurs'', 1919 - [https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%80_l%E2%80%99ombre_des_jeunes_filles_en_fleurs/Texte_entier En ligne]</ref>. La panique populaire est source de romantisme, surtout pour celleux pour qui le casse-croûte est une friandise. Le pain de mie industriel est importé en France au cours de la "Seconde guerre mondiale", complément alimentaire indispensable à la ration des soldats étasuniens. La première usine de fabrication, selon une recette britannique, est inaugurée en 1959 dans la région parisienne par l'entreprise Jacquet<ref>Fondée en 1880 par le boulanger Philibert Jacquet, inventeur "''breveté''" du pain grillé, puis rachetée en 1920 par la famille Joulin.</ref>.
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Le pain de mie industriel est un succès commercial. En France, il est un concurrent sérieux au pain blanc classique de type baguette. Des additifs chimiques sont ajoutés aux recettes "traditionnelles" afin d'améliorer la conservation et la densité de la mie est retravaillée grâce à l'apport de gluten, en sus de celui naturellement contenu dans les farines utilisées, et des levures chimiques. Le produit fini est riche en sucres et en gras, et son apport nutritionnel est jugé néfaste dans le cadre d'une alimentation quotidienne<ref>"Le business secret du pain de mie", ''Ça m'intéresse'', mai 2019 - [https://www.caminteresse.fr/economie-societe/le-business-secret-du-pain-de-mie-11115619/ En ligne] </ref>. Le pain de mie ne fait pas de miettes, la panique n'a pas changé de camp.
  
<blockquote>''Dans la période qui précéda immédiatement la révolution de 1789, on se souvient combien d'émeutes populaires ont été déchaînées par suite de tentatives alors modérées de falsification du pain, et combien de hardis expérimentateurs ont été traînés tout de suite à la lanterne avant d'avoir pu expliquer leurs raisons, sûrement très fortes. À cette époque, et pendant tout le XIX<sup><small>e</small></sup> siècle, la falsification, marginale et artisanale, était pratiquée au niveau du détaillant: elle n'était pas encore remontée à la source même de la fabrication des aliments, comme elle allait le faire, avec tous les moyens de l'industrie moderne, à partir de la guerre de 1914, qui devait enfanter l'ersatz. Mais elle suscitait une juste colère,''<ref>Guy Debord, "Abat-faim", ''Encyclopédie des nuisances'', tome I, fascicule 5, 1985 - [https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/situs/encyclopediedesnuisances/edn-n05.pdf En ligne]</ref></blockquote>
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<blockquote>''L'extrême dégradation de la nourriture est une évidence qui, à l'instar de quelques autres, est en général supportée avec résignation : comme une fatalité, rançon de ce progrès que l'on n'arrête pas, ainsi que le savent ceux qu'il écrase chaque jour. Tout le monde se tait là-dessus. En haut parce que l'on ne veut pas en parler, en bas parce que l'on ne peut pas. Dans l'immense majorité de la population, qui supporte cette dégradation, même si l'on a de forts soupçons, on ne peut voir en face une réalité si déplaisante.''<ref name="#guy" /></blockquote>
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L'illusion industrielle est finalisée dans le début du XXI<sup><small>ème</small></sup> siècle. Afin de faire oublier les cicatrices croûteuses qui jalonnent la douloureuse histoire de la panique, des industriels ont mis au point par des nouveaux procédés de fabrication et des additifs supplémentaires un pain de mie révolutionnaire : Que de la mie, totalement sans croûte<ref>"Comment Harrys a fait fortune avec le pain de mie sans croute" dans ''Challenges'', juin 2014 - [https://www.challenges.fr/entreprise/comment-le-pain-de-mie-sans-croute-a-fait-la-fortune-d-harrys_139655 En ligne]</ref>.
  
 
== Panique massive ==
 
== Panique massive ==
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L'utilisation de ce qu'il est convenu d'appeler les "''réseaux sociaux''" prend une part importante dans les nouvelles formes de contestations. Grâce à ces plate-formes d'échanges d'informations, il est maintenant possible de signer une pétition contre la destruction de l'habitat du Gocea Ohridana, un gastéropode endémique du lac Ohrid en [[Macédoine républicaine|Macédoine]] qui fait partie des 100 espèces les plus menacées, ou s'insurger ''en ligne'' contre la situation faite aux [[Andaman et Nicobar (Îles)|andamano-nicobariens]]. Il est dorénavant possible en un clic de souris de planter un arbre en Amazonie, de repérer les décharges sauvages sur Google Earth et s'indigner contre la stigmatisation du pangolin<ref>"Covid-19 : et si le pangolin n’y était pour rien ?", octobre 2020 - [https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-vert/et-si-le-pangolin-ny-etait-pour-rien_4143811.html En ligne]</ref>, tout en se régalant d'une production culturelle ou d'une pizza. Toujours des histoires de croûtes. Les adeptes du boulanger Guy Debord, pour analyser la situation actuelle de la panique paraphrasent d'ailleurs un célèbre philosophe du moment : "''Je s'appelle Croûte''"<ref>En référence à Groot dont les seuls trois mots qui constituent son langage "''Je s'appelle Groot''" permettent de tout exprimer. Avec beaucoup de précision pour qui peut comprendre. Voir le controversé ''La vérité sur Groot et ses origines'', septembre 2020 - [https://www.youtube.com/watch?v=A1rdthcpvMs En ligne]</ref>.
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Les manifestations virtuelles de mécontentement touchent un très large panel de sujets et elles sont quasiment sans risque. L'alimentation est l'un de ces sujets. Que ce soit pour dénoncer les ''fakes'' de la [[salade niçoise]] ou la présence d'aliments génétiquement modifiés<ref>"Le poulet du futur adapté au réchauffement climatique", ''Le Figaro'', février 2014 - [https://www.lefigaro.fr/sciences/2014/02/21/01008-20140221ARTFIG00043-le-poulet-du-futur-adapte-au-rechauffement-climatique.php En ligne]</ref>, que ce soit pour défendre les olives noires plutôt que les vertes dans les pizzas ou alerter des risques d'une alimentation industrielle, etc. La liste est longue. Des campagnes sont régulièrement menées contre tel ou tel produit de l'industrie alimentaire. Parfois avec acharnement. Souvent sans effet. Pour son passé et par son présent, la panique est elle-aussi un sujet récurrent de controverse dans cet univers virtuel. Elle s'y prend quelques pains<ref>L'expression "Se prendre des pains" ou "Donner des pains" signifie "prendre" ou "donner" des coups, être frapper ou frapper. En référence au gonflement à l'endroit de l'impact des coups.</ref>.
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=== Pain-de-mie ===
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Jusqu'alors, seule une ''Journée internationale'' était consacrée au pain le 16 octobre de chaque année. Sans que personne en connaisse la raison, l'année 2019 semble être l'année mondiale du "pain de mie". La même année que celle des langues autochtones, de la modération et du tableau périodique des éléments. Juste après celle des récifs coralliens. Initialement prévue en 2020, l'année internationale de la santé des végétaux semble compromise aux vues des récents évènements. En effet, à travers presque toute la planète, une vague de contestation enfle contre le pain de mie. Est-il comestible ou faut-il s'en protéger ? N'est-il pas nocif aussi pour les animaux de compagnie et les autres enfants des hominines ? Comment se propage-t-il ? Est-il réellement compatible avec la 5G ? Les morts se comptent déjà par centaines de milliers et les malades par millions. Les mesures ne semblent pas parvenir à endiguer l'extension de ce nouveau mal qui touche les hominines. Comme le pain de mie industriel l'est de sucres et de gras, les réseaux sociaux et les sites d'informations sont saturés d'émotions et d'[[Ultracrépidarien|ultracrépidariens]].
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[[Fichier:Sandwich.jpg|300px|vignette|droite|Panique massive]]
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''— De toutes façons c’est pas la peine de s’exciter, je vais finir par le tej mon téléphone. C’est le seum, y’a plus personne sur twitter. Ceux qui restent ils font que parler de pain de mie. Pain de mie. Ça me fait chier, tu vois. C’est que "pain de mie chimique", "pain de mie chimique". En plus regarde comme ils écrivent pain de mie ! C’est abusé ils font même plus d’efforts d’orthographe sur twitter... C’est clair que c’est chimique le pain de mie, mais dans ce cas là on mange plus rien. À ce qu’il paraît le surimi c’est chimique aussi, mais c’est bon...''<br />
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''— Pandémie ! C’est pas "pain de mie", c’est pan-dé-mie ! C’est une putain de pandémie... Y’a une putain de pandémie ! T'es débile ou quoi ? Elle est débile !''<br />
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''— Mais y’a écrit "pain de mie" !''<br />
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''— Y’a une énorme différence...''<br />
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''— Je sais pas c’est quoi une pandémie... Ça va !''<ref>Extrait du documentaire ''Problemos'' réalisé en 2017 par Éric Judor et consacré à un projet de boulangerie alternative - [https://www.youtube.com/watch?v=XPHyTB3i1BE En ligne]</ref><br />
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== Panique protivophile ==
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La [[protivophilie]] qui se targue d'étudier les méandres du monde de [[F. Merdjanov]] est bien en reste lorsqu'il s'agit de parler d'autre chose que [[rien]]. A-t-elle un avis sur le pain de mie ? Pourquoi, pour contrecarrer l'[[Invisibilité sociale (Genrée)|invisibilité faite aux femmes]], ne parle-t-elle pas de ''La femme du boulanger''<ref>En effet, la seule "femme de boulanger" mentionnée dans cette article est Marie-Antoinette, la reine de France, guillotinée quelques temps après son royal boulanger de mari. </ref> de Marcel Pagnol<ref>Le film ''La femme du boulanger'' est écrit et réalisé en 1938 par Marcel Pagnol, d'après une nouvelle de Jean Giono, ''Jean le Bleu''.</ref> ? Est-ce une croûte pour F. Merdjanov ? ''Analectes de rien'' est-elle une œuvre profondément anti-panique ? Pour ne pas alimenter cette panique par ses questionnements qui servent à rien, la protivophilie les laisse sans réponse.
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<blockquote>''Comment penser le rien ? Comment penser le rien sans automatiquement mettre quelque chose autour de ce rien, ce qui en fait un trou, dans lequel on va s'empresser de mettre quelque chose, une pratique, une fonction, un destin, un regard, un besoin, un manque, un surplus ?''<ref>Georges Perec, "Un espace inutile" dans ''Espèces d'Espaces'', Galilée, 1974</ref></blockquote>
  
 
== Notes ==
 
== Notes ==
 
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Version actuelle datée du 1 novembre 2020 à 15:32

Pain de mie. Élément culinaire populaire, héritier lointain de la macédoine.


Panique de base

La science du pain, la panique[1], même si elle est très diverse dans ses approches considère que la base du pain est un mélange pétri de farine et d'eau, dont la pâte obtenue est ensuite cuite. Les choix des farines utilisées divergent et les méthodes de cuisson sont multiples. Les hominines[2] qui n'ajoutent rien d'autre comme ingrédient font ce que l'on appelle le pain azyme, les autres mettent des levures ou des levains pour obtenir une fermentation maîtrisée de la pâte et la faire gonfler. Ce sont les pains à pâte levée. Ces derniers nécessitent l'emploi de farines particulières issues de céréales riches en gluten[3], tel le blé, le seigle ou l'épeautre. L'utilisation de pain est une chose très répandue chez les hominines du monde entier et les plus anciennes traces archéologiques datent d'environ 12000 ans avant JC[4]. La base de la macédoine culinaire — c'est à dire le mélange de plusieurs ingrédients — se retrouve dans la recette du pain mais elle s'en éloigne car elle préconise une cuisson. Le mélange entre un liquide et une céréale s'appelle une bouillie. Le liquide sert alors soit à gorger la céréale, soit à la cuire, mais dans les deux cas le résultat reste sous forme liquide ou molle. Il ne s'agit pas de pain car celui-ci contient plus de farine que de liquide, et non l'inverse.

Manque de pain & crise de panique
Partout où elle s'est implantée, la culture panique a fait de cet aliment la base de l'alimentation des hominines. Soit le pain est un simple accompagnement du reste du repas, soit il en est le composant principal auquel on ajoute les autres éléments du menu. Il est omniprésent. Quelques soit la recette, la fabrication du pain est facile à mettre en œuvre. Les céréales se trouvent à l'état sauvage ou sont cultivées, et l'eau est un élément essentiel aux hominines dont illes ne peuvent se passer plus de quelques jours. Les techniques d'exploitation agricole et de préparations de farines vont se diversifier au fil des siècles de l'histoire des hominines. Certaines vont se complexifier, d'autres vont restées sommaires. Du moulin au pilon. Mais la culture panique n'est pas une entité autonome, elle se développe dans les contextes particuliers des sociétés d'hominines. Malgré leurs singularités, toutes ces sociétés peuvent être décrites comme des structures sociales qui visent à maintenir une inégalité entre les hominines qui les composent. En cela, elles se différencient peu. Les moyens et les discours pour justifier cet état de fait sont innombrables. De ce fait, la culture panique s’entremêle à ces systèmes inégalitaires et coercitifs[5]. Si le pain devient un aliment populaire, il est aussi consommé par les notables. Ce qui fait la différence est le type de céréales employées et la qualité de leurs farines, ou bien alors les recettes choisies par les plus pauvres ajoutent d'autres farines dont on ne peut faire du pain avec. Au pire, illes leur restent les miettes.

Ni se nourrir, ni se loger n'est gratuit, j'crois qu'avec ça j'ai tout dit
Ce monde est cruel (ce monde est cruel) ce monde est cruel (ça y est j'ai tout dit)
Pas manger, ça fait mourir, et j'suis habitué au chauffage
Tes besoins vitaux sont payants, t'as compris la prise d'otage[6]

L'aspect incontournable du pain dans les régimes alimentaires d'une partie des hominines en fait un point de fixation, social, politique et religieux. Il cristallise les tensions sociales lorsqu'il manque, il est un outil de contrôle politique et un symbole détourné par les mythologies. Historiquement, l'absence de pain ou sa qualité médiocre sont des déclencheurs de nombreuses révoltes populaires, et l'organisation de sa fabrication, de sa distribution et de sa taxation sont des enjeux politiques majeurs pour les autorités politiques. Les mythologies moïsiennes et christiennes ont placé le pain azyme au centre de leurs rituels. Pour les premières, il symbolise une antique période de dèche[7], pour les secondes il représente le corps de Jésus aka Christ sublimé sous la forme d'une hostie. Pour les moïsiennes il s'agit d'une invention historique, pour les christiennes d'une arnaque[8]. Ces dernières affirment même — sans rire — que leur messie Jésus avait la faculté de multiplier les pains pour les distribuer aux nécessiteux.

Pour la protivophilie aussi le pain représente un élément indispensable à ce qu'elle est. Non pas pour les impératifs alimentaires d'un quelconque bilatérien[9] mais pour sa symbolique et particulièrement lorsque celui-ci manque. En effet, les miettes sont au cœur de l'œuvre principale de F. Merdjanov, Analectes de rien[10]. Le terme analecte désigne l'action de ramasser les miettes, de collecter de petits fragments, prenant ainsi le sens de anthologie, mais il renvoie aussi à son sens ancien de esclave lorsque les analectes romains étaient les esclaves autorisés à se nourrir des restes de repas de leurs maîtres. Les émeutes du pain sont un ingrédient incontournable de la guerre sociale que se livrent celleux qui ont et celleux qui n'ont rien. Dans une bouche révolutionnaire "Qui a du fer a du pain"[11] est un vrai programme et "Pain et Liberté"[12] un cri de révolte.

Pain de mie

Dans ce petit pays de l'extrême ouest européen — la France — qui abrite le hameau de Rien et la ville de Nice, qui a vu naître Albertine Hottin et F. Merdjanov, une mythologie gastronomique s'est mise en place au XIXème siècle autour du pain. Dans le roman national qui se construit, le pain devient un aliment essentiel de la "gastronomie française", très populaire. L'histoire de la consommation de pain en France s'inscrit dans un long processus historique au cours duquel les pouvoirs politiques successifs ont tenté d'encadrer sa fabrication et ont instauré des règles et des taxes afin de minimiser l'autonomie des hominines dans ce domaine. La production de céréales, la fabrication de farines et leur vente, ainsi que les fours sont soumis à l'impôt. Au XIème siècle l'autorité royale supprime officiellement les fours publics, mais ceux-ci perdurent dans de nombreux villages. Être boulanger[13] devient un métier autorisé par seul décret royal. La boulangerie française se structure doucement, cherchant encore un slogan accrocheur.

La Boulangerie Française vous offre un mille-feuilles
Dans mon slip j'ai ce que toutes les milfs veulent[14]

Les législations qui se mettent en place prévoient à partir du XIVème siècle différentes qualités de pain à des prix différents. Les moins chers et de moindre qualité pour les plus pauvres et les autres pour les plus riches. Un schéma assez classique dans l'ensemble des sociétés paniques, et plus largement dans les sociétés d'hominines. Lorsque les récoltes sont trop faibles elles sont réservées aux riches hominines et les autres se nourrissent alors de pain fait avec d'autres ingrédients que le seul blé, pauvres en apports nutritionnels. De l'écorce d'arbre à la farine de gland, de la paille à la fougère. L'utilisation de farine de seigle est aussi responsable de nombreuses morts et a provoqué plusieurs révoltes car un champignon, proche du LSD actuel, s'y développe parfois et fait perdre pied à celleux qui ne comprennent pas ce qui arrive ! Le manque de pain et sa mauvaise qualité sont au cœur des revendications sociales des hominines auprès de leurs dirigeants. Si ces derniers se repaissent de bon pain, dont illes font un mets savoureux qui accompagne leurs repas, les hominines des basses classes sociales se contentent de la croûte. Dans les pratiques linguistiques populaires, le terme de croûte[15] est d'ailleurs utilisé au sens de repas. Croûter est synonyme de manger et "gagner sa croûte" désigne le fait de travailler durement pour avoir juste de quoi se nourrir. L'expression "casser la croûte" sous-entend quand à elle que le pain n'est pas seulement fait de croûte mais aussi de sa mie intérieure, et qu'il ne s'agit donc pas d'un moment de disette. Quand au casse-croûte il conserve un aspect frugal. En parallèle de ces pains de misère, de nombreuses recettes apparaissent en France. Le pain s'enrichit de beurre ou de lait par exemple, et ce nouveau "pain de festin" ou "pain de la reine"[16] ravie la noblesse qui laisse au "bas peuple" le pain noir. La croûte, associée à la misère, est délaissée au profit de la mie qui devient de plus en plus onctueuse. Parfois légèrement sucrée. Le "pain de festin" n'a qu'une très fine croûte. Ces différences de goût et de qualité ne font pas de la noblesse et de la populace des copains[17]. Loin de là. Même s'il est impossible de retracer les circonstances exactes qui menèrent au renversement de la royauté française en 1789, le manque de pain et la médiocrité de sa qualité en sont un des moteurs. La colère est grande contre le royal boulanger.

Nous ne manquerons plus de pain ! Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron.[18]

Guillotine de boulanger
Finalement, le boulanger en chef et sa femme sont envoyés se faire trancher à la guillotine. Le jeune prince héritier meure quand à lui quelques années plus tard dans les geôles révolutionnaires, rongé par les mauvaises conditions de détention et la maladie. Dès lors, la panique française s'exporte outre-Manche au Royaume-Uni où elle se pétrie de panique britannique. Les illusions nées de la "révolution française" n'apportent pas le pain escompté, le pouvoir politique est redistribué mais pas les richesses. En 1800, un boulanger britannique a l'idée de fait cuire au four l'équivalent du "pain de la reine" dans un moule et obtient un pain à la mie moelleuse et à la croûte souple, entre pain et brioche : le pain de mie.

La panique s'adapte très bien à la nouvelle donne politique, que ce soit en France républicaine ou sous la royauté britannique. Les soubresauts politiques et économiques du début du XIXème siècle ne changent rien à la situation de la plupart des hominines qui continuent à manquer de pain, à devoir gagner leur croûte. Que ce soient pour celleux qui s'en gavent ou celleux qui en manquent le constat est unanime, comme le résume très bien le quatrième volume de la Boulangerie Française, paru en 2020, à travers le titre de l'un de ses chapitres :

Rien à foutre[19]

Panique industrielle

Depuis le 92 — 1792 ? — la remise en ordre est affirmée par celleux qui se pensent maintenant aux rênes du pouvoir et la panique reste une arme de gouvernement des hominines. L'illusion d'une transformation sociale doit s'accompagner de l'illusion d'une meilleure répartition. L'invention du ramasse-miettes moderne, l'analecte du rien, selon l'archiduc Élie "Booba" Yaffa :

J'les laisserai même pas lécher l'assiette
Partagez-vous la miette[20]

Les nouvelles techniques de fabrication de farine et de méthodes de cuisson au four, ainsi que la mécanisation du pétrissage, ont des implications importantes dans la panique tout au long des XIX et XXème siècles. Les farines perdent en qualité nutritive mais sont mieux adaptées à la production industrielle et les levures assurent un meilleur rendement : les hominines ont désormais accès plus facilement à du pain frais. La croûte s'assouplit et la mie s'appauvrit. Casse-croûte n'est plus simplement synonyme d'"instrument qui sert à broyer la croûte pour les vieillards qui n'ont pas de dents", selon le Littré, mais désigne dorénavant le casse-croûte dans le sens de "repas léger". Dans ce mot-valise se dissimule la frugalité d'un tel repas, essentiellement composé de ce nouveau pain légèrement agrémenté d'autres aliments. L'artisan pétrisseur Guy Debord, connu pour sa formule palindromique[21] du pétrissage "In girum imus nocte et consumimur igni" (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu)[22], résume ainsi la panique industrielle :

Dans la période qui précéda immédiatement la révolution de 1789, on se souvient combien d'émeutes populaires ont été déchaînées par suite de tentatives alors modérées de falsification du pain, et combien de hardis expérimentateurs ont été traînés tout de suite à la lanterne avant d'avoir pu expliquer leurs raisons, sûrement très fortes. À cette époque, et pendant tout le XIXe siècle, la falsification, marginale et artisanale, était pratiquée au niveau du détaillant: elle n'était pas encore remontée à la source même de la fabrication des aliments, comme elle allait le faire, avec tous les moyens de l'industrie moderne, à partir de la guerre de 1914, qui devait enfanter l'ersatz. Mais elle suscitait une juste colère,[23]

Pain de mie

Déchet industriel

Le pain de mie n'échappe pas à la panique moderne et industrielle. L'invention de la trancheuse et d'ensachage mécanique de pain en 1927 aux États-Unis d'Amérique permet à l'entreprise Wonder Bread de commercialiser dès 1930 son pain de mie industriel, tranché et en sachet plastique. Ce pain de mie industriel est utilisé tel quel ou toasté pour réaliser ce que les hominines anglophones nomment des sandwichs. En France son équivalent, le casse-croûte, est plutôt fait de pain blanc ordinaire et son utilisation toastée se fait dans le croque monsieur[24]. Ce dernier se compose de deux tranches de pain de mie toastées entre lesquelles une tranche de jambon et du fromage sont glissés et chauffés, une façon chic et bourgeoise de s'offrir un casse-croûte à la terrasse d'une brasserie ou au restaurant d'un hôtel[25]. La panique populaire est source de romantisme, surtout pour celleux pour qui le casse-croûte est une friandise. Le pain de mie industriel est importé en France au cours de la "Seconde guerre mondiale", complément alimentaire indispensable à la ration des soldats étasuniens. La première usine de fabrication, selon une recette britannique, est inaugurée en 1959 dans la région parisienne par l'entreprise Jacquet[26].

Le pain de mie industriel est un succès commercial. En France, il est un concurrent sérieux au pain blanc classique de type baguette. Des additifs chimiques sont ajoutés aux recettes "traditionnelles" afin d'améliorer la conservation et la densité de la mie est retravaillée grâce à l'apport de gluten, en sus de celui naturellement contenu dans les farines utilisées, et des levures chimiques. Le produit fini est riche en sucres et en gras, et son apport nutritionnel est jugé néfaste dans le cadre d'une alimentation quotidienne[27]. Le pain de mie ne fait pas de miettes, la panique n'a pas changé de camp.

L'extrême dégradation de la nourriture est une évidence qui, à l'instar de quelques autres, est en général supportée avec résignation : comme une fatalité, rançon de ce progrès que l'on n'arrête pas, ainsi que le savent ceux qu'il écrase chaque jour. Tout le monde se tait là-dessus. En haut parce que l'on ne veut pas en parler, en bas parce que l'on ne peut pas. Dans l'immense majorité de la population, qui supporte cette dégradation, même si l'on a de forts soupçons, on ne peut voir en face une réalité si déplaisante.[23]

L'illusion industrielle est finalisée dans le début du XXIème siècle. Afin de faire oublier les cicatrices croûteuses qui jalonnent la douloureuse histoire de la panique, des industriels ont mis au point par des nouveaux procédés de fabrication et des additifs supplémentaires un pain de mie révolutionnaire : Que de la mie, totalement sans croûte[28].

Panique massive

L'utilisation de ce qu'il est convenu d'appeler les "réseaux sociaux" prend une part importante dans les nouvelles formes de contestations. Grâce à ces plate-formes d'échanges d'informations, il est maintenant possible de signer une pétition contre la destruction de l'habitat du Gocea Ohridana, un gastéropode endémique du lac Ohrid en Macédoine qui fait partie des 100 espèces les plus menacées, ou s'insurger en ligne contre la situation faite aux andamano-nicobariens. Il est dorénavant possible en un clic de souris de planter un arbre en Amazonie, de repérer les décharges sauvages sur Google Earth et s'indigner contre la stigmatisation du pangolin[29], tout en se régalant d'une production culturelle ou d'une pizza. Toujours des histoires de croûtes. Les adeptes du boulanger Guy Debord, pour analyser la situation actuelle de la panique paraphrasent d'ailleurs un célèbre philosophe du moment : "Je s'appelle Croûte"[30].

Les manifestations virtuelles de mécontentement touchent un très large panel de sujets et elles sont quasiment sans risque. L'alimentation est l'un de ces sujets. Que ce soit pour dénoncer les fakes de la salade niçoise ou la présence d'aliments génétiquement modifiés[31], que ce soit pour défendre les olives noires plutôt que les vertes dans les pizzas ou alerter des risques d'une alimentation industrielle, etc. La liste est longue. Des campagnes sont régulièrement menées contre tel ou tel produit de l'industrie alimentaire. Parfois avec acharnement. Souvent sans effet. Pour son passé et par son présent, la panique est elle-aussi un sujet récurrent de controverse dans cet univers virtuel. Elle s'y prend quelques pains[32].

Pain-de-mie

Jusqu'alors, seule une Journée internationale était consacrée au pain le 16 octobre de chaque année. Sans que personne en connaisse la raison, l'année 2019 semble être l'année mondiale du "pain de mie". La même année que celle des langues autochtones, de la modération et du tableau périodique des éléments. Juste après celle des récifs coralliens. Initialement prévue en 2020, l'année internationale de la santé des végétaux semble compromise aux vues des récents évènements. En effet, à travers presque toute la planète, une vague de contestation enfle contre le pain de mie. Est-il comestible ou faut-il s'en protéger ? N'est-il pas nocif aussi pour les animaux de compagnie et les autres enfants des hominines ? Comment se propage-t-il ? Est-il réellement compatible avec la 5G ? Les morts se comptent déjà par centaines de milliers et les malades par millions. Les mesures ne semblent pas parvenir à endiguer l'extension de ce nouveau mal qui touche les hominines. Comme le pain de mie industriel l'est de sucres et de gras, les réseaux sociaux et les sites d'informations sont saturés d'émotions et d'ultracrépidariens.

Panique massive

— De toutes façons c’est pas la peine de s’exciter, je vais finir par le tej mon téléphone. C’est le seum, y’a plus personne sur twitter. Ceux qui restent ils font que parler de pain de mie. Pain de mie. Ça me fait chier, tu vois. C’est que "pain de mie chimique", "pain de mie chimique". En plus regarde comme ils écrivent pain de mie ! C’est abusé ils font même plus d’efforts d’orthographe sur twitter... C’est clair que c’est chimique le pain de mie, mais dans ce cas là on mange plus rien. À ce qu’il paraît le surimi c’est chimique aussi, mais c’est bon...
— Pandémie ! C’est pas "pain de mie", c’est pan-dé-mie ! C’est une putain de pandémie... Y’a une putain de pandémie ! T'es débile ou quoi ? Elle est débile !
— Mais y’a écrit "pain de mie" !
— Y’a une énorme différence...
— Je sais pas c’est quoi une pandémie... Ça va ![33]

Panique protivophile

La protivophilie qui se targue d'étudier les méandres du monde de F. Merdjanov est bien en reste lorsqu'il s'agit de parler d'autre chose que rien. A-t-elle un avis sur le pain de mie ? Pourquoi, pour contrecarrer l'invisibilité faite aux femmes, ne parle-t-elle pas de La femme du boulanger[34] de Marcel Pagnol[35] ? Est-ce une croûte pour F. Merdjanov ? Analectes de rien est-elle une œuvre profondément anti-panique ? Pour ne pas alimenter cette panique par ses questionnements qui servent à rien, la protivophilie les laisse sans réponse.

Comment penser le rien ? Comment penser le rien sans automatiquement mettre quelque chose autour de ce rien, ce qui en fait un trou, dans lequel on va s'empresser de mettre quelque chose, une pratique, une fonction, un destin, un regard, un besoin, un manque, un surplus ?[36]

Notes

  1. Du latin panis, "pain". Construit sur le modèle de panifiable, panification, panifier, panière, etc. Selon le Trésor de la langue française - En ligne. D'origine grecque, le terme panique est une référence au dieu Pan qui, par les bruits qu'il produit, effraye les hominines et provoque chez elleux une peur panique - En ligne
  2. Dans la classification du vivant, les hominines regroupent toutes les formes d'australopithèques et les différents types d'homo (floresiensis, denisovensis, neanderthalensis, egosolistus, etc.) dont il ne reste que les sapiens (humains actuels), sorte de macédoine d'homo.
  3. Le gluten, constitué de protéines de céréales, se forme lors du mélange de la farine avec l'eau et dont le pétrissage créé une pâte collante. Ce gluten — du latin gluten, "colle" — donne le moelleux de la mie après cuisson.
  4. Malgré ce que prétendent ses adeptes, JC n'est pas une nouvelle marque de pain distribué gratuitement, ni un apprenti-boulanger et encore moins un être vivant dont le corps est fait de pain. Il est juste un ingrédient de la panique, un liant du pouvoir.
  5. James C. Scott, Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États, La Découverte, 2018
  6. Vald, "Rappel" sur l'album Ce monde est cruel, - En ligne
  7. Selon la mythologie moïsienne, le pain azyme est consommé en souvenir de la traversée désert de Moïse et son entourage après leur fuite d’Égypte. Aucune source ne vient confirmer l'historicité de cet évènement.
  8. "Les hosties contiennent 0% de corps du Christ d’après un test ADN", 16 février 2017 - En ligne
  9. Les bilatériens se caractérisent dans le règne animal par une symétrie bilatérale du squelette ou des organes, et par un tube digestif avec une entrée (bouche) et une sortie (anus). Comme les tarsiidae, les hominines et egosolistus par exemple
  10. F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidžii Éditions, 2017 - En ligne. À ne pas confondre avec Miettes de rien de la poétesse russe Elena Gouro. Voir Poésie par le fait / faire, inédit.
  11. Louis Auguste Blanqui, "Qui a du fer a du pain", 1851 - En ligne
  12. Khleb i Volia (Pain et Liberté) est un journal anarchiste russophone fondé en 1903 à Genève par des révolutionnaires russes, avec pour sous-titre une citation de Bakounine : "Le besoin de détruire est aussi un besoin créateur". Il est distribué clandestinement en Russie jusqu'en 1905. Parmi ces révolutionnaires, Pierre Kropotkine l'auteur en 1892 de La conquête du pain - En ligne
  13. Le terme de boulanger dérive du germanique bolla qui désigne les pains ronds. Par extension le boulanger est l'hominine qui fait le pain. Voir "boulanger" dans le Trésor de la langue française - En ligne
  14. Alkapote, "Plan à dix" sur l'album Sadisme et Perversion, 2016 - En ligne
  15. Croûte, du latin crusta qui désigne "tout ce qui enveloppe, et la croûte de pain n'y est qu'un sens particulier " selon le Littré - En ligne.
  16. En référence à Catherine de Médicis, reine de France au XVIème siècle
  17. Si étymologiquement copain signifie "celleux qui partagent le pain", une approche sexiste laisserait planer le doute sur sa forme féminine. Mais copine vient de la forme copin aujourd'hui disparue de l'usage du français.
  18. Paroles attribuées à Anne-Josèphe Théroigne, dite Théroigne de Méricourt, lors de la marche des femmes sur Versailles en octobre 1789 pour aller y chercher la famille royale et la contraindre à revenir sur Paris. Originaire de Marcourt, près de Liège dans l'actuelle Belgique, Anne-Josèphe Théroigne se rend dès 1789 en France pour rejoindre les révolutionnaires. Fervente défenseure de l'armement des femmes, elle préconise la mise en place d'une garde nationale féminine. "Brisons nos fers, il est temps enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité où l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps." Internée en 1794 à la demande de son frère, elle échappe à la guillotine. Elle meurt après 23 années d'enfermement psychatrique
  19. San-Nom, "Rien à foutre" sur Boulangerie Française IV, 2020 - En ligne
  20. Dans "A.T.R" de Twinsmatic feat. Booba sur l'album Nowhere - En ligne
  21. De palindrome, "Que l'on peut lire indifféremment de gauche à droite et de droite à gauche"
  22. Cité à l'entrée "palindrome" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  23. 23,0 et 23,1 Guy Debord, "Abat-faim", Encyclopédie des nuisances, tome I, fascicule 5, 1985 - En ligne
  24. Le croque madame est un croque monsieur recouvert d'un œuf au plat.
  25. Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1919 - En ligne
  26. Fondée en 1880 par le boulanger Philibert Jacquet, inventeur "breveté" du pain grillé, puis rachetée en 1920 par la famille Joulin.
  27. "Le business secret du pain de mie", Ça m'intéresse, mai 2019 - En ligne
  28. "Comment Harrys a fait fortune avec le pain de mie sans croute" dans Challenges, juin 2014 - En ligne
  29. "Covid-19 : et si le pangolin n’y était pour rien ?", octobre 2020 - En ligne
  30. En référence à Groot dont les seuls trois mots qui constituent son langage "Je s'appelle Groot" permettent de tout exprimer. Avec beaucoup de précision pour qui peut comprendre. Voir le controversé La vérité sur Groot et ses origines, septembre 2020 - En ligne
  31. "Le poulet du futur adapté au réchauffement climatique", Le Figaro, février 2014 - En ligne
  32. L'expression "Se prendre des pains" ou "Donner des pains" signifie "prendre" ou "donner" des coups, être frapper ou frapper. En référence au gonflement à l'endroit de l'impact des coups.
  33. Extrait du documentaire Problemos réalisé en 2017 par Éric Judor et consacré à un projet de boulangerie alternative - En ligne
  34. En effet, la seule "femme de boulanger" mentionnée dans cette article est Marie-Antoinette, la reine de France, guillotinée quelques temps après son royal boulanger de mari.
  35. Le film La femme du boulanger est écrit et réalisé en 1938 par Marcel Pagnol, d'après une nouvelle de Jean Giono, Jean le Bleu.
  36. Georges Perec, "Un espace inutile" dans Espèces d'Espaces, Galilée, 1974