Black War : Différence entre versions

De wikimerdja
Sauter à la navigation Sauter à la recherche
m
 
(13 révisions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 17 : Ligne 17 :
 
Si ce n'est la langue dans lesquels ils sont employés, il n'y a pas de différence entre les mots ''guerre'' et ''war''. Leur sens et leurs étymologies sont identiques. Bien que dite latine, la langue française c'est construite aussi au fil des siècles sur un fond germanique, alors que l'anglais est considérée comme une langue germanique ayant moult latinismes. Les glissements entre ces deux langues en construction se sont fait à partir de la seconde moitié du XI<sup><small>ème</small></sup> siècle après JC<sup>&#9400;</sup> <ref>JC<sup>&#9400;</sup></ref> par l'intermédiaire de l'anglo-normand. Arrivant de Normandie, Guillaume et ses armées conquièrent alors l'île britannique et importent leurs pratiques linguistiques d'oïl qui se mêlent au "vieil anglais" <ref>La terminologie "vieil anglais" n'est pas une langue unique mais un continuum. Elle regroupe les pratiques linguistiques germaniques, entre le V<sup><small>ème</small></sup> et le XII<sup><small>ème</small></sup> siècle, des populations d'hominines arrivant du nord-européen et qui s'installent durablement en Angleterre. Les Angles et les Saxons. Le vieil anglais s'alimente des langues celtiques, scandinaves puis latines. Sur les liens entre langues française et anglaise, voir Henriette Walter, ''Honni soit qui mal y pense'', Robert Laffont, 2011 </ref> en usage. L'anglo-normand devient la langue de la royauté, de son aristocratie et de sa bourgeoisie commerçante avant de laisser placer à l'anglais actuel. Ce dernier comporte des milliers de mots venant de Normandie. Parmi ceux-ci le terme ''war'', dérivé de ''werre''. ''A dictionary of the Norman or Old French language'' recense la forme ''wiere'' <ref>Robert Kelham, ''A dictionary of the Norman or Old French language'', 1779 - [https://archive.org/details/dictionaryofnorm00kelhiala/page/256/mode/2up?view=theater En ligne]</ref> et les lexiques de pratiques linguistiques anciennes du nord de la France mentionnent des formes apparentées. L'étymon est germanique et se retrouve dans la plupart des langues germaniques actuelles. La mutation de ''werre'' dans plusieurs langues latines a donné ''guerre'' en français et ''guerra'' en castillan, en portugais ou en [[nissard]] par exemple. La transformation du w initial en un g est un phénomène constaté dans d'autres termes : le ''waitier'' normand est le ''wait'' anglais et le ''guetter'' français. Idem avec ''warde'', ''ward'' et ''garde''. La racine latine ''bellum'' pour nommer la guerre est encore présente dans la langue française moderne dans ''belliciste'', ''belligérant·e'' ou ''belliqueux'' et ''belliqueuse'' pour en citer quelques-uns. Ou encore ''rebelle'' et ses dérivés. Utilisée en français, l'expression ''casus belli'' — au sens de "occasion de guerre" — conserve cette racine latine.  
 
Si ce n'est la langue dans lesquels ils sont employés, il n'y a pas de différence entre les mots ''guerre'' et ''war''. Leur sens et leurs étymologies sont identiques. Bien que dite latine, la langue française c'est construite aussi au fil des siècles sur un fond germanique, alors que l'anglais est considérée comme une langue germanique ayant moult latinismes. Les glissements entre ces deux langues en construction se sont fait à partir de la seconde moitié du XI<sup><small>ème</small></sup> siècle après JC<sup>&#9400;</sup> <ref>JC<sup>&#9400;</sup></ref> par l'intermédiaire de l'anglo-normand. Arrivant de Normandie, Guillaume et ses armées conquièrent alors l'île britannique et importent leurs pratiques linguistiques d'oïl qui se mêlent au "vieil anglais" <ref>La terminologie "vieil anglais" n'est pas une langue unique mais un continuum. Elle regroupe les pratiques linguistiques germaniques, entre le V<sup><small>ème</small></sup> et le XII<sup><small>ème</small></sup> siècle, des populations d'hominines arrivant du nord-européen et qui s'installent durablement en Angleterre. Les Angles et les Saxons. Le vieil anglais s'alimente des langues celtiques, scandinaves puis latines. Sur les liens entre langues française et anglaise, voir Henriette Walter, ''Honni soit qui mal y pense'', Robert Laffont, 2011 </ref> en usage. L'anglo-normand devient la langue de la royauté, de son aristocratie et de sa bourgeoisie commerçante avant de laisser placer à l'anglais actuel. Ce dernier comporte des milliers de mots venant de Normandie. Parmi ceux-ci le terme ''war'', dérivé de ''werre''. ''A dictionary of the Norman or Old French language'' recense la forme ''wiere'' <ref>Robert Kelham, ''A dictionary of the Norman or Old French language'', 1779 - [https://archive.org/details/dictionaryofnorm00kelhiala/page/256/mode/2up?view=theater En ligne]</ref> et les lexiques de pratiques linguistiques anciennes du nord de la France mentionnent des formes apparentées. L'étymon est germanique et se retrouve dans la plupart des langues germaniques actuelles. La mutation de ''werre'' dans plusieurs langues latines a donné ''guerre'' en français et ''guerra'' en castillan, en portugais ou en [[nissard]] par exemple. La transformation du w initial en un g est un phénomène constaté dans d'autres termes : le ''waitier'' normand est le ''wait'' anglais et le ''guetter'' français. Idem avec ''warde'', ''ward'' et ''garde''. La racine latine ''bellum'' pour nommer la guerre est encore présente dans la langue française moderne dans ''belliciste'', ''belligérant·e'' ou ''belliqueux'' et ''belliqueuse'' pour en citer quelques-uns. Ou encore ''rebelle'' et ses dérivés. Utilisée en français, l'expression ''casus belli'' — au sens de "occasion de guerre" — conserve cette racine latine.  
  
La signification première de ''war'' ou de ''guerre'' est une opposition ou un conflit entre deux parties, même s'il est possible d'être en guerre avec soi-même.  
+
La signification première de ''war'' ou de ''guerre'' est une opposition ou un conflit entre deux parties, même s'il est possible d'être en guerre avec soi-même. Généralement, une guerre oppose à minima deux individualités, une individualité à un groupe, ou deux groupes. Seul le contexte explicite permet de déterminer le sens exact à donner à ce mot. Mais cela ne se limite pas à un tête-à-tête, en effet les parties prenantes à une guerre peuvent être plus de deux camps. L'utilisation de ''guerre'' doit se faire avec prudence et nécessite d'être qualifié car toutes les guerres ne sont pas de même nature.  
  
 
<blockquote>''Parce que t’es rien. Rien ! T’es le contingent, un simple outil, à peu près autant qu’un manche de pelle. Si tu vis, c’est que les obus n’ont pas voulu de toi !'' <ref>Gabriel Chevallier, ''La peur''. Cité à l'entrée "working class hero" dans F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', 2017</ref></blockquote>
 
<blockquote>''Parce que t’es rien. Rien ! T’es le contingent, un simple outil, à peu près autant qu’un manche de pelle. Si tu vis, c’est que les obus n’ont pas voulu de toi !'' <ref>Gabriel Chevallier, ''La peur''. Cité à l'entrée "working class hero" dans F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', 2017</ref></blockquote>
  
 +
Rien de comparable entre une guerre entreprise par un État avec son armée et celle que livre un petit groupe d'hominines. La comparaison entre une guerre d'agression et une stratégie de défense n'est pas raisonnable. Les moyens mis en œuvre, les motivations et les conséquences ne sont pas identiques. Selon les contextes, une guerre peut être totale, asymétrique, civile, sociale, etc. Elle peut être éclair ou longue. Militaire ou économique. Elle peut être qualifiée de civilisation, d'extermination ou de libération, selon le sens que veut lui donner les parties belligérantes. L'emploi du terme ''guerre'' pour nommer une opposition ou un conflit n'est pas un simple descriptif d'une réalité mais relève d'un choix politique d'au moins l'une des parties en présence. L'imaginaire qui entoure la guerre lui donne une dimension exceptionnelle, loin de la simple guéguerre. La multiplicité d'usage que "guerre" peut revêtir fait que son emploi est aussi obscur que son antonyme, la paix.
  
 +
* '''Noir·e'''
 +
Les mots ''black'' et ''noir'' ont une étymologie différente. Pour l'un, elle est à chercher dans des germanismes, pour l'autre dans des latinismes. Le "vieil anglais" qui se parle avant l'invasion normande utilise ''blæc'' dans le sens de "totalement sombre" <ref>Etymonline - [En ligne]</ref> et de "brûlé". Cela se retrouve dans plusieurs autres pratiques linguistiques germaniques anciennes des actuelles territoires de la Norvège aux Pays-Bas, en passant par l'Allemagne. ''Blakkr'', ''blah'' et ''blakken'' sont très proches. Pour les linguistes qui tentent de reconstituer une langue commune, ancienne et fictive, à l'ensemble des hominines du continent européen et voisinage, l'étymon hypothétique ''*bhleg'' est à rapprocher de ceux qui constituent le latin ''flagrare'' ou le grec ancien ''phlegein'' et qui ont le sens de "brûler". La couleur noire est plutôt rendue par le vieil anglais ''sweart'', proche du ''schwartz'' de l'allemand moderne, qui est progressivement supplanté par ''black'' dans l'anglais moderne. Les pratiques linguistiques anglaises conservent jusqu'au XV<sup><small>ème</small></sup> siècle l'ambiguïté de sens entre les mots ''blake'', ''blak'' et ''blac'' qui signifient tout autant "pâle" que "sombre". En rapport avec le scintillement ou la lumière pour le premier, et à l'obscurité pour le second.
  
* '''Noire'''
+
La langue française standardisée actuelle ne conserve (presque) aucun mot forgé sur cet étymon. À noter l'hypothèse de la ''blaque'' du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle ou la ''blague'' moderne, l'étui destiné à contenir du tabac. Selon certains dictionnaires, son origine est une une variation de l'anglais ''black'' par des marins français du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle qui ont "''l'habitude de rapporter des étuis à tabac en cuir des colonies britanniques, où le tabac était cultivé, et ils auraient utilisé le terme ''black'' pour décrire la couleur sombre de ces étuis''" <ref>wiktionnaire - [En ligne]</ref>. Le dictionnaire de l'EHPAD linguistique qu'est l'Académie française avance que la blague est à rapprocher du néerlandais ''balg'', "gaine ou enveloppe" <ref>Académie française - [https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9B1297 En ligne]</ref>. Le ''Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW)'' indique que la même racine que ''black'' se retrouve dans les pratiques linguistiques locales de quelques régions du nord-ouest de la France dans la première moitié du XX<sup><small>ème</small></sup> siècle. Non pour désigner la couleur mais pour le fait de brûler. Une ''blaque'' est "une flamme, une étincelle", une ''blaquée'' ou une ''blaquède'' sont une "flambée" et ''blaquer'' signifie "scintiller". Des variantes anglo-normandes sont attestées depuis le XII<sup><small>ème</small></sup> siècle et suivant. ''Blac'', ''blache'', ''blachhe'', ''blacke'' ou blake, mais aussi ''blec'', ''blecce'', ''blecche'' ou ''blech'' se traduisent par l'anglais ''black''. Et ''black'' se traduit en français par ''noir·e''. Ce que confirme le ménestrel Jean-Philippe "Johnny Hallyday" Smet, seigneur de Lapalissade, lorsqu'il déclame "''Noir c'est noir''" en traduction de la célèbre platitude [[Amour|amoureuse]] "''Black is black''" du groupe de troubadours espagnols Los Bravos <ref>Los Bravos, ''Black is black'', 1966 - [https://www.youtube.com/watch?v=9TN_NieR8lc En ligne]</ref> :
 +
 
 +
<blockquote>
 +
''Noir c'est noir''<br />
 +
''Il me reste l'espoir''<br />
 +
''Oui gris c'est gris''<br />
 +
''Je n'veux plus d'ennuis, oh, oh''<br />
 +
''Ça vaut le coup''<br />
 +
''De sauver notre amour''<br />
 +
''Rien que pour nous''<br />
 +
''De sauver notre amour''<br />
 +
''Rien que pour nous'' <ref>Johnny Hallyday, "Noir c'est noir" sur l'album ''La Génération perdue'', 1966 - [https://www.youtube.com/watch?v=vx3OTZ35e80 En ligne]</ref><br />
 +
</blockquote>
 +
 
 +
L'étymologie de ''noir·e'' est le latin ''niger''. Une racine qui se retrouve dans de multiples langues latines sous la forme ''negr-'' et qui est aussi utilisée dans des langues telles que l'anglais. Dans l'espace linguistique francophone ancien, les formes ''noir'' et ''neir'' coexistent mais la plupart des mots d'alors se constituent à partir de ''nègre''. L'adjectif pour qualifier de noir est ''negrin'' et le ''negrier'' est une espèce de vigne sauvage <ref>Lexique de l'ancien français - [En ligne]</ref>. Le vocabulaire incluant ''noir'' va se diversifier. Outre la couleur, ces variantes indiquent aussi des notions de tristesse, de mort, de lugubre ou d'hostilité. La ''noirceure'' est la marque de coups portés et n'est pas encore la noirceur et ''noirdir'' est le fait de noircir, dans le sens de l'expression "''noircir le tableau''" et non pas une histoire de changement de couleur. Déjà présent en latin et encore en usage dans la langue française, seul le verbe ''dénigrer'' se rattache à la racine ''niger'' avec ce même sens.
  
 
== Vers rien ==
 
== Vers rien ==

Version actuelle datée du 26 juin 2024 à 12:18

Black War (црна војна en macédonien - guèrra negra en nissard) Version anglophone la plus proche de la "Guerre noire" francophone, et réciproquement.


[En cours de rédaction]


Sens a·variés

"Go nuts" in english [1]

Dans toutes les pratiques linguistiques du monde, les mots ont une histoire. Celle-ci n'est pas exclusivement du domaine de l'étymologie. Ni de l'orthographe. Les définitions changent avec le temps, elles se modifient progressivement. Parfois même jusqu'à vouloir dire l'inverse, à l'exemple de rien qui signifiait chose avant de devenir un synonyme de néant. Le sens des mots est à l'image de l'époque à laquelle ils sont employés. Ils se disent et s'entendent dans un contexte social, politique ou culturel particulier. Chaque mot est le reflet d'une idée de son temps, tout autant qu'il le modèle. Deux sens opposés, ou nuancés, peuvent même coexister. Des expressions avec rien rendent cette situation linguistique singulière : "Rien que je veux" s'oppose à "Je veux que rien". Les processus linguistiques ne sont pas des règles immuables, empruntant des chemins de traverse, des périples biscornus, dont les résultats peuvent être étonnants. Par exemple, l'ancien noiantir ou néantir, avec le sens de réduire à néant, a évoluer vers le moderne anéantir en gardant le même sens. Pourtant le préfixe privatif a- indique que le mot exprime ainsi le contraire ou l'absence de ce qu’il exprimait. Idem avec annihiler, basé sur la racine nihil, "rien", et le préfixe privatif an-. Sans ce préfixe, nihiler en dit déjà beaucoup. Des normes et des pratiques se font et se défont selon les contextes. Difficile de faire un retour en arrière ou une nouvelle proposition sans prendre le risque d'un contresens. Par exemple, s'il est vrai que le suffixe privatif a le même effet sur aplatir, l'introduction du simple platir pour exprimer exactement la même chose peut prêter à confusion aux époques où les platistes existent. Cette problématique existe déjà avec le mot nihiliste qui laisse à penser que des hominines [2] sont adeptes de rien, comme s'illes étaient pour rien alors qu'il s'agit d'être contre tout. Même pour Victor Hugo, dans son roman Les misérables consacré aux moins-que-rien, cette ambiguïté est source de malentendu :

Le nihilisme est sans portée. Il n’y a pas de néant. Zéro n’existe pas. Tout est quelque chose. Rien n’est rien. [3]

  • Guerre

Si ce n'est la langue dans lesquels ils sont employés, il n'y a pas de différence entre les mots guerre et war. Leur sens et leurs étymologies sont identiques. Bien que dite latine, la langue française c'est construite aussi au fil des siècles sur un fond germanique, alors que l'anglais est considérée comme une langue germanique ayant moult latinismes. Les glissements entre ces deux langues en construction se sont fait à partir de la seconde moitié du XIème siècle après JC [4] par l'intermédiaire de l'anglo-normand. Arrivant de Normandie, Guillaume et ses armées conquièrent alors l'île britannique et importent leurs pratiques linguistiques d'oïl qui se mêlent au "vieil anglais" [5] en usage. L'anglo-normand devient la langue de la royauté, de son aristocratie et de sa bourgeoisie commerçante avant de laisser placer à l'anglais actuel. Ce dernier comporte des milliers de mots venant de Normandie. Parmi ceux-ci le terme war, dérivé de werre. A dictionary of the Norman or Old French language recense la forme wiere [6] et les lexiques de pratiques linguistiques anciennes du nord de la France mentionnent des formes apparentées. L'étymon est germanique et se retrouve dans la plupart des langues germaniques actuelles. La mutation de werre dans plusieurs langues latines a donné guerre en français et guerra en castillan, en portugais ou en nissard par exemple. La transformation du w initial en un g est un phénomène constaté dans d'autres termes : le waitier normand est le wait anglais et le guetter français. Idem avec warde, ward et garde. La racine latine bellum pour nommer la guerre est encore présente dans la langue française moderne dans belliciste, belligérant·e ou belliqueux et belliqueuse pour en citer quelques-uns. Ou encore rebelle et ses dérivés. Utilisée en français, l'expression casus belli — au sens de "occasion de guerre" — conserve cette racine latine.

La signification première de war ou de guerre est une opposition ou un conflit entre deux parties, même s'il est possible d'être en guerre avec soi-même. Généralement, une guerre oppose à minima deux individualités, une individualité à un groupe, ou deux groupes. Seul le contexte explicite permet de déterminer le sens exact à donner à ce mot. Mais cela ne se limite pas à un tête-à-tête, en effet les parties prenantes à une guerre peuvent être plus de deux camps. L'utilisation de guerre doit se faire avec prudence et nécessite d'être qualifié car toutes les guerres ne sont pas de même nature.

Parce que t’es rien. Rien ! T’es le contingent, un simple outil, à peu près autant qu’un manche de pelle. Si tu vis, c’est que les obus n’ont pas voulu de toi ! [7]

Rien de comparable entre une guerre entreprise par un État avec son armée et celle que livre un petit groupe d'hominines. La comparaison entre une guerre d'agression et une stratégie de défense n'est pas raisonnable. Les moyens mis en œuvre, les motivations et les conséquences ne sont pas identiques. Selon les contextes, une guerre peut être totale, asymétrique, civile, sociale, etc. Elle peut être éclair ou longue. Militaire ou économique. Elle peut être qualifiée de civilisation, d'extermination ou de libération, selon le sens que veut lui donner les parties belligérantes. L'emploi du terme guerre pour nommer une opposition ou un conflit n'est pas un simple descriptif d'une réalité mais relève d'un choix politique d'au moins l'une des parties en présence. L'imaginaire qui entoure la guerre lui donne une dimension exceptionnelle, loin de la simple guéguerre. La multiplicité d'usage que "guerre" peut revêtir fait que son emploi est aussi obscur que son antonyme, la paix.

  • Noir·e

Les mots black et noir ont une étymologie différente. Pour l'un, elle est à chercher dans des germanismes, pour l'autre dans des latinismes. Le "vieil anglais" qui se parle avant l'invasion normande utilise blæc dans le sens de "totalement sombre" [8] et de "brûlé". Cela se retrouve dans plusieurs autres pratiques linguistiques germaniques anciennes des actuelles territoires de la Norvège aux Pays-Bas, en passant par l'Allemagne. Blakkr, blah et blakken sont très proches. Pour les linguistes qui tentent de reconstituer une langue commune, ancienne et fictive, à l'ensemble des hominines du continent européen et voisinage, l'étymon hypothétique *bhleg est à rapprocher de ceux qui constituent le latin flagrare ou le grec ancien phlegein et qui ont le sens de "brûler". La couleur noire est plutôt rendue par le vieil anglais sweart, proche du schwartz de l'allemand moderne, qui est progressivement supplanté par black dans l'anglais moderne. Les pratiques linguistiques anglaises conservent jusqu'au XVème siècle l'ambiguïté de sens entre les mots blake, blak et blac qui signifient tout autant "pâle" que "sombre". En rapport avec le scintillement ou la lumière pour le premier, et à l'obscurité pour le second.

La langue française standardisée actuelle ne conserve (presque) aucun mot forgé sur cet étymon. À noter l'hypothèse de la blaque du XVIIIème siècle ou la blague moderne, l'étui destiné à contenir du tabac. Selon certains dictionnaires, son origine est une une variation de l'anglais black par des marins français du XVIIIème siècle qui ont "l'habitude de rapporter des étuis à tabac en cuir des colonies britanniques, où le tabac était cultivé, et ils auraient utilisé le terme black pour décrire la couleur sombre de ces étuis" [9]. Le dictionnaire de l'EHPAD linguistique qu'est l'Académie française avance que la blague est à rapprocher du néerlandais balg, "gaine ou enveloppe" [10]. Le Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW) indique que la même racine que black se retrouve dans les pratiques linguistiques locales de quelques régions du nord-ouest de la France dans la première moitié du XXème siècle. Non pour désigner la couleur mais pour le fait de brûler. Une blaque est "une flamme, une étincelle", une blaquée ou une blaquède sont une "flambée" et blaquer signifie "scintiller". Des variantes anglo-normandes sont attestées depuis le XIIème siècle et suivant. Blac, blache, blachhe, blacke ou blake, mais aussi blec, blecce, blecche ou blech se traduisent par l'anglais black. Et black se traduit en français par noir·e. Ce que confirme le ménestrel Jean-Philippe "Johnny Hallyday" Smet, seigneur de Lapalissade, lorsqu'il déclame "Noir c'est noir" en traduction de la célèbre platitude amoureuse "Black is black" du groupe de troubadours espagnols Los Bravos [11] :

Noir c'est noir
Il me reste l'espoir
Oui gris c'est gris
Je n'veux plus d'ennuis, oh, oh
Ça vaut le coup
De sauver notre amour
Rien que pour nous
De sauver notre amour
Rien que pour nous [12]

L'étymologie de noir·e est le latin niger. Une racine qui se retrouve dans de multiples langues latines sous la forme negr- et qui est aussi utilisée dans des langues telles que l'anglais. Dans l'espace linguistique francophone ancien, les formes noir et neir coexistent mais la plupart des mots d'alors se constituent à partir de nègre. L'adjectif pour qualifier de noir est negrin et le negrier est une espèce de vigne sauvage [13]. Le vocabulaire incluant noir va se diversifier. Outre la couleur, ces variantes indiquent aussi des notions de tristesse, de mort, de lugubre ou d'hostilité. La noirceure est la marque de coups portés et n'est pas encore la noirceur et noirdir est le fait de noircir, dans le sens de l'expression "noircir le tableau" et non pas une histoire de changement de couleur. Déjà présent en latin et encore en usage dans la langue française, seul le verbe dénigrer se rattache à la racine niger avec ce même sens.

Vers rien

De rien

Pour rien

Notes

  1. "Go nuts"
  2. hominines
  3. Victor Hugo, Les misérables, tome II, livre VII, 1862 - En ligne
  4. JC
  5. La terminologie "vieil anglais" n'est pas une langue unique mais un continuum. Elle regroupe les pratiques linguistiques germaniques, entre le Vème et le XIIème siècle, des populations d'hominines arrivant du nord-européen et qui s'installent durablement en Angleterre. Les Angles et les Saxons. Le vieil anglais s'alimente des langues celtiques, scandinaves puis latines. Sur les liens entre langues française et anglaise, voir Henriette Walter, Honni soit qui mal y pense, Robert Laffont, 2011
  6. Robert Kelham, A dictionary of the Norman or Old French language, 1779 - En ligne
  7. Gabriel Chevallier, La peur. Cité à l'entrée "working class hero" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  8. Etymonline - [En ligne]
  9. wiktionnaire - [En ligne]
  10. Académie française - En ligne
  11. Los Bravos, Black is black, 1966 - En ligne
  12. Johnny Hallyday, "Noir c'est noir" sur l'album La Génération perdue, 1966 - En ligne
  13. Lexique de l'ancien français - [En ligne]