Invisibilité sociale (Classiste)

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Invisibilité sociale. L'invisibilité sociale est la situation faîte aux catégories, humaines[1] ou non[2], considérées ou traitées en tant que subordonnées et dont la présence, le rôle ou l'histoire ne sont pas pertinents à retenir pour celles et ceux qui bénéficient de ce rapport de subordination. De la sorte, on peut être invisibilisé pour son "appartenance" à plusieurs catégories.

Cela serait une erreur de se fier aux listes ci-dessous pour rendre compte de la présence des invisibles dans l'histoire des sociétés humaines, et plus juste de penser à toutes celles et ceux qui n'y sont pas et dont il ne reste – peut-être – rien. Ces listes seront mis à jour au fur et à mesure de l'avancement de ce wikimerdja…


Classiste

Cette invisibilité est celle où se retrouve le plus grande nombre de personnes. Elle rassemble celle et ceux qui subissent les formes d’organisations sociales. Quelles qu’elles soient, hiérarchisées ou non, étatiques ou tribales, claniques ou familiale, etc. Elle exclue toutes celles et ceux qui sont bénéficiaires des pouvoirs politiques, sociaux ou économiques qui en découlent. Il serait trop long de lister ici toutes ces personnes ayant disparues de l’écriture de leur présent au profit de celles qui pensent qu’elles sont les personnages principaux de la tragi-comédie humaine.

Un verre à moutarde

Dans nos familles, on boit dans des verres à moutarde. Nous ne sommes pas des aristocrates. Nous manquons d’élégance ; et notre race est incertaine. Mais nous n’oublions rien.[3]

L’ensemble des actions visant à contester cet état de fait et les mécanismes de pouvoir censés les enrayer sont ce que certains appellent "guerre sociale". Sans être toujours aussi lumineux qu’un cocktail molotov, bruyants qu’une explosion ou aussi étoilés qu’une vitrine, la plupart des actes délictueux sont réalisés au quotidien par des anonymes. Les manières sont diverses selon les réalités quotidiennes propres à celles et ceux qui les font. Au travail, à l’école, dans une administration, au commissariat ou au supermarché, dans la rue, il y a toujours des trombones jetés dans un appareil électrique, des serrures bouchées, un mécanisme qui déraille ou une étincelle qui s’étend. Le premier qui vient, au hasard. Pour s’amuser, se venger, se calmer, par curiosité ou pour tuer l’ennui…

Prolétaire déshérité ! Tu n’es pas excusable de ne pas dire ta pensée sur toutes choses, quand moi, j’ai pu le faire ! Courage ! L’Homme de bonne volonté et de sens droit peut tout faire de rien ! De tout Homme qui se dit ton maître, pédagogue ou démagogue, approche-toi sans crainte, prolétaire ! Place ton épaule contre son épaule et tes yeux en face de ses yeux. Et tu verras s’il est beaucoup plus grand que toi, et s’il supporte longtemps le feu de ton regard ![4]

Comme à dit – sans doute sans trop y croire lui-même – le président Mao : "On a toujours raison de se révolter". Vestige d’un passé anarchiste ou clin d’œil malicieux du futur grand mandarin à un anarchisme en Chine qu’il va finir d’éliminer ?[5]

Et bien, oui, je le répète à la face du monde : toute "organisation" ne profite et ne profitera jamais qu’aux organisateurs ! Voilà ce que je veux "conter" encore avant de mourir. Tous ceux qui veulent faire de l’Homme la bête d’un troupeau sont des assassins. Quels qu’ils soient. […] Pourquoi ? Mais parce que je suis convaincu que les révoltes des bergers ne sont que des révoltes commanditées, quoiqu’il leur arrive, parfois, à ces bergers, de se casser le cou, eux aussi, au beau milieu de la commandite, ou de l’illusion. Et c’est pourquoi je crie, sur mon grabat : Vive l’Homme qui n’adhère à rien ![6]

Dans la guerre sociale qui opposent celles et ceux qui sont dominés aux pouvoirs constitués, ces derniers gagnent haut la main sur le nombre de morts, de blessés ou de laissés pour mort. Au travail, sur les champs de bataille, aux champs, au commissariat ou de misère, pour ne prendre que quelques exemples.

Voir aussi


Notes

  1. Christine Delphy, Classer, dominer. Qui sont les "autres" ?, La Fabrique, 2008
  2. Éric Baratay, Et l’homme créa l’animal. Histoire d’une condition, Odile Jacob, 2003
  3. Alain Chany, L’ordre de dispersion. Cité à l’entrée "un plat qui se mange froid" dans Analectes de rien
  4. Ernest Cœurderoy, Hurrah !!! Ou la révolution par les Cosaques. Cité à l’entrée "systema" dans Analectes de rien
  5. Jean-Jacques Gandini, "L'anarchisme, matrice de la révolution chinoise", L'Homme et la société, Vol. 123, n°1 Actualité de l'anarchisme, 1997 En ligne
  6. Panaït Istrati, L’homme qui n’adhère à rien. Cité à l’entrée "beznatchalie" dans Analectes de rien