Néoplatisme
Néoplatisme. ( en macédonien - neoplatisme en nissard)
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De toutes les espèces vivantes sur cette la planète, les hominines [2] sont la seule dont nous possédons des représentations du monde qui l'environne, et que nous comprenons. Non pas le monde tel qu'il est est mais tel qu'il est pensé. Comme n'importe quel animal, les hominines ressentent et fondent leurs connaissances de l'existant à partir de leurs sensations. Peu d'espèces semblent avoir des connaissances cumulatives. Hormis les hominines, cela a été confirmé chez les bourdons ou les chimpanzés qui sont capables d'apprendre et de transmettre des techniques ou des savoirs à leurs congénères. [3] Idem chez les minions, une espèce bien plus ancienne que les bourdons, les chimpanzés et les hominines. [4] Cela ne dit évidemment rien sur l'intelligence d'autres espèces. En effet, les poulpes, par exemple, sont capables d'apprentissage et d'expérimentation mais, dans leur environnement naturel, illes [5] ne sont pas dans des conditions matérielles leur permettant de transmettre quelque chose à des congénères. Les individus de cette espèce vivent en solitaire et meurent à l'issue de la reproduction. Les poulpes parviennent très bien à résoudre des problèmes de mécanismes complexes et de labyrinthes en laboratoire mais ne les inventent pas. Les animaux dit sociaux sont plus à même de développer des connaissances cumulatives et des mécanismes de transmission intergénérationnelle. Après les premières stupeurs sont arrivées les premières tentatives de réponse à ce qu'est l'existant pour des hominines. La datation de cela est difficile. Les questionnements sont divers tant le monde est vaste et complexe. Malgré des nuances évidentes, il y a très peu de différences entre les histoires inventées dans les sociétés d'hominines pour raconter le commencement de tout. Le premier scénario de fiction, le premier roman oral ? Les schémas mythologiques sont similaires. Une ligne est tracée entre le Rien primordial et les hominines. D'évidence, le résultat est une narration autocentrée pour décrire l'existant. D'une manière ou d'une autre, les hominines trônent. Illes ne sont jamais simplement une espèce parmi d'autres. Les hominines se répandent progressivement sur l'ensemble des terres émergées de la planète. Au fil de leurs migrations, des changements de climat. La "sortie" d'Afrique est un processus qui prend des centaines de milliers d'années, en plusieurs vagues. Même dans les zones les plus inhospitalières, les hominines sont dorénavant partout. Leur diversité est riche en mythes, en langues, en cultures, etc. HierSans exception, la totalité des cultures hominines se sont dotées de savoirs et de techniques afin de mieux survivre. Pour compenser leur fragilité et s'adapter au mieux à tous les environnements. Il y a de fortes probabilités pour que l'invention des vêtements en peau d'animaux soit concomitante de l'exploration de régions moins tempérées, et non les prémisses de la combinaison de sudation. Le manteau de fourrure ne s'invente pas sous des climats chauds, tout comme les lunettes de soleil ne sont pas adaptées à la nuit polaire. Impossible ici d'énumérer toutes les questions que les hominines se posent. Parmi celles-ci, celles sur la "planète" sur laquelle illes vivent. Est-elle sans fin comme semble le laisser penser son exploration pédestre ? Quelle est sa forme ? Qu'y a-t-il après l'horizon ? Existe-t-il un ailleurs ? Tout indique que les étoiles et les astres solaire et lunaire se déplacent. Sans vouloir faire preuve de validisme [6], il suffit de regarder pour le constater. À partir de ces simples questionnements et constatations, de nombreuses hypothèses peuvent être formulées. Les récits mythologiques ne se gênent pas pour cela. Bien souvent le monde existant n'est pas pensé en tant que planète dans un univers beaucoup plus vaste mais comme l'unique réalité. Les étymologies possibles de ce mot de planète sont d'ailleurs des indicateurs de la complexité de ces réponses apportées par les croyances. Selon la plupart des dictionnaires actuels, le terme planète renvoie à une racine grecque antique signifiant "vagabond", "errant". Le grec ancien utilise l'expression astra planeta, "étoile errante". Un sens que l'on retrouve dans le français moderne planer. Pour certains, il est à rapprocher de flâner qui en serait la déformation. Dans plusieurs langues germaniques nord-européennes, il existe des formes de l'étymon flan avec le sens de "balader", "errer". Tel flanieren en allemand. Ce sens de vagabondage, de déplacement, correspond très bien à une description du mouvement des étoiles, de la lune et du soleil. Elles sont donc bien des planètes. Le terme est aujourd'hui genré au féminin mais pendant plusieurs siècles cela n'a pas été le cas. Le Dictionnaire de la langue française de Godefroy rapporte que un planet est une planète et que une planete est une petite hache pour rendre plat ou une plate-forme. [7] Et planer est l'action de rendre plat. Un sens encore présent en français. Une plaine est un vaste endroit ouvert et à peu près plat. L'utilisation du mot astre évite cette ambiguïté. Son étymon a donné une multitude de mots dans les langues d'Europe. Star en anglais ou stern en allemand. Estela en nissard. Le stella latin débouche sur le nom étoile en français ou le qualificatif stellaire. Ou encore constellation.
À une date incertaine, mais fort probablement très ancienne, les hominines remarquent que l'ombre d'une chose fixe se déplace et change de taille. Cela fonctionne avec toute chose fixe. Ce mouvement de l'ombre est la matérialisation du déplacement du soleil. La longueur portée au sol est le reflet de l'inclinaison du soleil. L'hiver, lorsque la course du soleil est basse, l'ombre est plus longue que l'été, une saison où le soleil est haut. L'expérience est très facilement reproductible. Les premiers calendriers et horloges solaires apparaissent en Asie orientale et au Moyen-Orient. L'observation du ciel permet aux hominines de découvrir moult informations les concernant. Si le soleil et la lune ont une forme circulaire, qu'en est-il du monde ici-bas ? Les premières hypothèses postulent que "notre" monde est lui aussi circulaire. Rien ne dit encore s'il est plat ou cylindrique, mais la question se pose. Les documents les plus anciens dont nous disposons à ce sujet datent de la Grèce antique. L'application de quelques calculs géométriques, une science alors en plein essor, permet de répondre à quelques interrogations. Planter deux bâtons de hauteur égale à des endroits éloignés et mesurer leurs ombres à la même heure est une méthode qui montre que la terre est arrondie. Dès le Vème siècle avant JCⒸ [9], la plupart des érudits de l'antiquité grecque admettent la sphéricité de la Terre. Platon et Aristote pour ne citer que les plus connus. Même si les méthodes de calcul ne sont pas encore très précises, les formes arrondies des ombres de la Terre sur la Lune lors des éclipses et les calculs géométriques solaires sont pour eux des preuves suffisantes. Par contre ils divergent sur la question de la fixité ou non de notre astre terrestre. Même si certains défendent l'idée que l'astre terrestre tourne autour du soleil, le modèle dominant qui se dessine postule que la Terre est immobile et centrale dans l'univers, et que le Soleil et les autres astres tournent autour. Les avis divergent sur le rayon de cette sphère. Sans avoir recours aux mathématiques, il est possible de remarquer qu'au loin, à l'horizon, un bateau qui s'éloigne disparaît progressivement à partir du bas et que le mât est le dernier. Si la surface terrestre est plate, un objet qui s'éloigne à l'horizon doit simplement diminuer jusqu'à devenir si petit qu'il n'est plus visible. Inversement, à partir d'un bateau se rapprochant des côtes, les hominines voient les sommets des montagnes avant les côtes. La courbure terrestre implique qu'à une altitude d'environ 1,70 mètres — à la hauteur d'un regard d'hominine au bord de la mer — la vision ne peut dépasser les 4,7 kilomètres [10]. À une altitude de 1312 mètres, l'horizon visible va jusqu'à presque 130 kilomètres. Les connaissances en astronomie sont résumées au IIème siècle après JCⒸ par l'érudit Claude Ptolémée dans un traité en grec nommé Almageste [11]. Au cours des siècles suivants, la sphéricité de la Terre est chose acquise. Personne ne la remet en cause, que ce soit dans la civilisation mahométienne ou, plus tard, lors du Moyen-Âge européen. L'astronomie et la navigation confirment cela. Le grand sujet de discorde reste la circonférence terrestre et sa place dans l'univers. Le géocentrisme demeure le modèle explicatif consensuel. Les autorités religieuses christiennes n'admettent pas que l'astre terrestre ne soit pas central car cela revient, selon elles, à minimiser la dimension centrale des hominines pour leur divinité. Malgré tout l'humour qui est le sien, ce dieu n'a pas pu créer sa créature préférée — les hominines — dans un simple coin de l'univers parmi d'autres. Pour le reste, elles ne contredisent pas la sphéricité. La fin du XVème et le début du XVIème siècles est une époque d'exploration du monde par voie maritime. Les puissances politiques d'Europe financent des expéditions afin de découvrir de nouvelles routes vers les Indes et l'Orient. L'originalité de Christophe Colomb tient au fait qu'il veut partir en direction de l'ouest pour atteindre l'est. Les critiques de son projet ne sont pas sur l'absence de route vers les Indes, en passant par ce chemin, mais sur l'impossibilité de les rejoindre en bateau car le voyage s'annonce trop long. Les contraintes matérielles sont trop grandes. Lorsque son expédition approche enfin de la terre ferme après plus de deux mois de voyage, l'équipage est mal en point, affamé et à deux doigts de se révolter. En effet, les estimations de Colomb sont mauvaises car il pense que la sphère terrestre est plus petite qu'elle ne l'est véritablement. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il y a un continent entier entre l'Europe et l'Asie : le Nouveau Monde qui par la suite sera nommé Amérique. [12] Il faut attendre le milieu du XVIème siècle pour que cette représentation du monde soit sérieusement remise en cause. Dans Des révolutions des sphères célestes, Nicolas Copernic [13] propose un système héliocentrique de notre univers. Se basant sur les observations astronomiques et l'héritage de siècles de progrès des sciences mathématiques, il explique que le soleil est un astre central autour duquel tournent les planètes. Dont la Terre. Aujourd'huiDemainNotes
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