Tarare : Différence entre versions
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− | La première date mentionnée par Percy concernant Tarare est 1788. Selon lui, il arrive à Paris cette année-là. Nul ne sait d'où il arrive. Il a alors environ 17 ans. Après avoir fuit le domicile parental, il vit de petits vols et de mendicité. Comme les pauvres le savent, il comprend rapidement que ne pas manger est une cause de mortalité très répandue chez les hominines. Sur Paris, il se joint à des spectacles de rue. Pour attirer la foule et les badauds, il propose un "numéro" de gloutonnerie. "''Un jour, il défiait le public de le rassasier, et, en quelques minutes, il mangeait un panier de pommes, quand quelqu'un avait consenti à en faire les frais ; un autre jour | + | La première date mentionnée par Percy concernant Tarare est 1788. Selon lui, il arrive à Paris cette année-là. Nul ne sait d'où il arrive. Il a alors environ 17 ans. Après avoir fuit le domicile parental, il vit de petits vols et de mendicité. Comme les pauvres le savent, il comprend rapidement que ne pas manger est une cause de mortalité très répandue chez les hominines. Sur Paris, il se joint à des spectacles de rue. Pour attirer la foule et les badauds, il propose un "numéro" de gloutonnerie. "''Un jour, il défiait le public de le rassasier, et, en quelques minutes, il mangeait un panier de pommes, quand quelqu'un avait consenti à en faire les frais ; un autre jour, ne rencontrant pas de ces dupes généreuses, il avalait des cailloux, des bouchons en liège et tout ce qu'on lui présentait.''" <ref name="#per" /> |
== Régime alimentaire == | == Régime alimentaire == |
Version du 9 janvier 2025 à 11:55
Tarare (Tараре en macédonien - Tarare en nissard) Cousin éloigné du capitaine Caverne et de Monsieur Mangetout.
PrécisionsL'article de Pierre-François Percy, paru en 1805 après JCⒸ [1] dans le Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, etc. [2] sous le titre "Mémoire sur la polyphagie" [3], est la seule et unique source historique concernant Tarare. Tous les écrits postérieurs reprennent les informations contenues dans cet article de Percy. Les détails biographiques et les descriptifs physiques proviennent de la rencontre entre Percy et Tarare dans un contexte hospitalier. OriginesSimplement appelé Tarare, Percy affirme que cela est plutôt un surnom que son patronyme. Son prénom est inconnu. Plusieurs hypothèses peuvent être retenues. En tant que patronyme, dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, Tarare est attesté dans la région Rhône-Alpes, au centre-est de la France, essentiellement dans le département de l'Ain selon un site de généalogie [4], et il existe une petite ville portant ce nom au nord de Lyon. Sans donnée biographique, il n'est pas possible de confirmer à travers les registres d'état civil son existence administrative dans cette ville. L'autre hypothèse évoquée est une référence au personnage de Tarare dans l'opéra du même nom [5]. Créé par le compositeur vénitien Antonio Salieri et l'écrivain français Beaumarchais, cet opéra en 5 actes est joué pour la première fois en juin 1787 à Paris. L'histoire se passe dans le lointain royaume fictif d'Ormuz, dirigé par le tyran Atar. Ce dernier jalouse la popularité de l'un de ses soldats, Tarare, dont il enlève la femme et tente de le faire assassiner. Finalement Atar se suicide et Tarare prend sa place avec le soutien populaire. Deux ans avant le renversement de la monarchie en 1789, l'opéra aborde le sujet délicat de la tyrannie et de l'absolutisme [6]. Chroniqueur des nuits parisiennes, Restif de La Bretonne s'emballe : "Jamais l'Opéra n'eut rien d'auſſi attachant, d'auſſi divertiſſant, en donnant à ce mot la ſignification d'amusement complet. La musique en eſt délicieuse, ét on la trouve telle, ſans connaiſſance de l'art." [7] Le succès est au rendez-vous. Rien que pour l'année 1787, trente trois représentations sont données. Comme cela se fait souvent à cette époque [8], deux parodies sont publiées rapidement : Histoire de Tarare, suivie de quelques réflexions sur l'Opéra du même nom [9] d'un certain Carré de Belleville et Errata, parodie de Tarare de M.F.L.B**** [10]. Une troisième, sous la plume de Louis-François Grosley [11], Parodie de Tarare est prévue en 1787 au théâtre de l'Ambigu comique à Paris avant d'être déprogrammée [12]. Aucune de ces trois parodies n'est montée en spectacle. Par contre, Lanlaire ou le chaos [13] est au programme du Théâtre Italien en juillet 1787. Écrite par l'abbé Louis Bonnefoy de Bouyon, cette parodie du Tarare du duo Salieri-Beaumarchais n'obtient pas le même succès que l'original. Le Courier lyrique et amusant ou Passe-temps des toilettes [14] précise que l'on y retrouve "que le ridicule de l'opéra" et le Journal de Paris est incisif : "Ce genre, le plus facile & le dernier de tous, eſt au-deſſous de rien quand il n'eſt pas traité avec quelqu'eſprit, & c'eſt malheureuſement ce qui manque le plus à la parodie nouvelle" [15]. Restif de La Bretonne n'hésite pas à se joindre aux huées du public [16]. La parodie Bagare, une comédie en deux actes et en prose, de Jacques Mague de Saint-Aubun est montée pendant plusieurs mois au théâtre de l’Ambigu-Comique. Idem pour Turelure ou le cahos perpétuel, une comédie burlesque en trois actes et un prologue, qui se joue au théâtre des Grands Danseurs du Roi jusqu'en septembre 1787. Ou encore Tarare aux Porcherons, présenté comme un pantomime pyrrhique et burlesque, et annoncé au jardin Ruggieri, dans le quartier festif des Porcherons [17]. Plus d'une dizaine de parodies de Tarare sont connues et présentées au public pendant le seconde moitié de l'année, dont Lanlaire Pompon, Colin-Maillard, Bernique ou le Tyran comique, Fanfare ou le Garde-chasse, etc. [18] En plus de ces parodies, Tarare suscite textes et critiques dès 1787. Du Discours préliminaire de l'opéra de Tarare, appauvri de notes [19] écrit par Beaumarchais lui-même et signé "Par une Société d'indifférens" à l'anonyme Analyse critique de Tarare, en passant par le Récit du portier du sieur Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais d'Antoine de Rivarol, une satire en vers qui a "trois pages de texte, une de notes." [20] Dans son Discours préliminaire, Beaumarchais explique qu'il emprunte le nom de Tarare à un conte écrit par Antoine Hamilton, un écrivain britannique d'expression francophone. Dans son Histoire de Fleur d'Épine, un personnage s'appelle ainsi. Il est un obscur écuyer dans un royaume du Cachemire, sur les pentes de l'Himalaya, gouverné par un calife. Il est question de sorcières et de jeunes hominines femelles à sauver. Dans ce conte, le nom Tarare a la particularité d'être répété irrépressiblement par celleux qui l'entendent.
Tarare est si populaire en 1787 que l'almanach de 1788 mentionne une fête de Tarare dans son calendrier. [22] La popularité de Tarare dépasse le cadre de l'opéra car tarare est aussi un mot courant. Attesté dans le milieu du XVIIème siècle, il est "une interjection signifiant que l'on met en doute ou que l'on juge avec dérision ou ironie les propos que l'on vient d'entendre" selon le Trésor de la langue française. [23] L'équivalent de taratata. L'expression "tarare pompon !" est utilisée pour dire la même chose. Cela se retrouve dans le titre de la parodie Lanlaire Pompon [24]. Interjection d'origine incertaine, lanlaire ou lanlere a le sens de "balivernes", une signification qui se retrouve dans de nombreuses formes régionales de la francophonie ou de l'occitanophonie. [25] Il est a rapprocher du lanlaire ou lalalère qui ponctuent les chansons. Lanlèra en nissard. Il s'utilise aussi dans l'expression "Envoyer se faire lanlaire" pour se débarrasser d'une personne importune: "Envoyer promener" pour le dire poliment. Le glissement parodique de tarare est aussi présent dans le titre Turelure ou le cahos perpétuel. Onomatopée et nom, turelure est utilisé en guise de refrain dans des chansons ou des répétitions de paroles. Ce mot a la même fonction que turlututu et tralala. Une turelure est une rengaine [26] et une turlute est une forme musicale parmi les francophones d'Amérique du nord qui consiste à chanter des onomatopées sur des airs de violon. [27] Le sens de "fellation" — sucer un pénis avec une bouche — pour turluter est-il à chercher du côté des bruits et onomatopées que fait une personne en train de sucer ou plutôt vers le chant du turlut, une espèce de petits oiseaux des près ?
BribesLa première date mentionnée par Percy concernant Tarare est 1788. Selon lui, il arrive à Paris cette année-là. Nul ne sait d'où il arrive. Il a alors environ 17 ans. Après avoir fuit le domicile parental, il vit de petits vols et de mendicité. Comme les pauvres le savent, il comprend rapidement que ne pas manger est une cause de mortalité très répandue chez les hominines. Sur Paris, il se joint à des spectacles de rue. Pour attirer la foule et les badauds, il propose un "numéro" de gloutonnerie. "Un jour, il défiait le public de le rassasier, et, en quelques minutes, il mangeait un panier de pommes, quand quelqu'un avait consenti à en faire les frais ; un autre jour, ne rencontrant pas de ces dupes généreuses, il avalait des cailloux, des bouchons en liège et tout ce qu'on lui présentait." [2] Régime alimentaireNotes
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