Modeste : Différence entre versions
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− | Les lexicographes et autres spécialistes des langues classent généralement le vocabulaire et les pratiques linguistiques selon ce qu'illes appellent les "registres de langue" : familier, courant et soutenu. Les subtilités entre "''Rien à cirer''", "''J'en ai rien à faire''" et "''Rien ne me chaut''". Lorsque le | + | Les lexicographes et autres spécialistes des langues classent généralement le vocabulaire et les pratiques linguistiques selon ce qu'illes appellent les "registres de langue" : familier, courant et soutenu. Les subtilités entre "''Rien à cirer''", "''J'en ai rien à faire''" et "''Rien ne me chaut''". Lorsque le souteneur François-Marie "Voltaire" Arouet dit "''Peu me chaut d’où elle est sortie. Je ne comprends rien à votre galimatias.''" <ref>Voltaire, ''Les originaux'', Acte II, Scène X - [https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Originaux_ou_Monsieur_du_Cap-Vert En ligne]</ref> il est possible de le traduire par "''J'me fout d'où elle sort. J'comprends rien à vot' charabia''". À ces trois niveaux, il faut ajouter les registres vulgaire et argotique. L'un utilise souvent un vocabulaire lié à la sexualité et le second peut sembler être une autre langue. "''Rien à branler''" et "''Keud' à treuf''" <ref>''Keud' à treuf''</ref> sont les équivalents vulgaire et argotique du "''J'en ai rien à faire''" courant. Cette séparation en plusieurs registres de langue est assez subjective car elle dépend très largement du milieu social des hominines. Dans des sociétés hiérarchisées et pyramidales, le vocabulaire du registre soutenu est celui des hautes sphères sociales, politiques, économiques et intellectuelles qui sont numériquement les moins nombreuses et le familier est celui de l'écrasante majorité des hominines pour qui il est simplement la langue de tous les jours. Pour elleux, la distinction nette entre familier et courant n'est pas une réalité langagière. Pour se persuader de la dimension sociale qui se joue dans un dictionnaire, il suffit d'en consulter un et de voir comment sont qualifiés les mots répertoriés. Les catégories "populaire", "argotique" ou "vulgaire" remplissent ce rôle discriminant. Même problématique avec le vocabulaire vulgaire qui n'est pas le même suivant la place de l'hominine dans la hiérarchie sociale. Si le "''[[Salope]]''" peut être interclassiste, le "''Putain de toi''" l'est beaucoup moins. Les registres de langue ne concernent pas que le vocabulaire. La grammaire est largement impactée par la réalité sociale des hominines qui parlent. Par exemple, "''Rien à faire''", "''J'en ai rien à faire''" et "''Je n'en ai rien à faire''" — qui représentent respectivement les registres familier, courant et soutenu — n'utilisent pas la négation de la même manière. Dans la première locution la négation est implicite et induite par le choix des mots, dans la seconde elle est explicite et est marquée par le ''rien'', et dans la dernière la construction est conforme à la règle grammaticale qui impose la présence de ''ne'', ''ni'' ou ''n’'' pour marquer une négation. |
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''– A’ xiste pas.'' <ref>Jean Tardieu, ''Monsieur Monsieur''. Cité à l'entrée "riz +hun" dans F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', 2017</ref><br /> | ''– A’ xiste pas.'' <ref>Jean Tardieu, ''Monsieur Monsieur''. Cité à l'entrée "riz +hun" dans F. Merdjanov, ''Analectes de rien'', 2017</ref><br /> | ||
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Version du 11 juillet 2023 à 15:53
Modeste (скромен en macédonien - modèst [1] en nissard) Euphémisme quotidien
ÉtymonsComme beaucoup de mots de la langue française, modeste est issu du latin. On retrouve modestus sous différentes formes dans d'autres langues ouest-européennes actuelles influencées elles-aussi par le latin, tel modesto en italien, en castillan, en portugais ou en galicien. Tel modest en catalan et en roumain, ou modèst en nissard. Contrairement aux autres langues germaniques qui se basent sur un étymon différent, l'anglais moderne retient modest sous l'influence de l'anglo-normand [2]. Grand spécialiste des cultures et des langues anglaises et françaises, et de leurs interactions, le britannique Rowan Atkinson tente dans son essai Johnny English de définir au mieux les nuances entre le français modeste et l'anglais modest. Se basant sur les liens profonds qui interpénètrent linguistiquement et historiquement les deux rives de la Manche, il propose pour cela une définition imagée et sensible pour immodest : "Voyez vous, je crois que j’aimerais mieux me faire embrocher par le postérieur sur un cactus géant que d’échanger des mondanités avec ce parvenu de français prétentieux... Les seuls hôtes que les français devraient être autorisés à accueillir sont des envahisseurs..." [3] Moins féru de botanique, Pierre Vandrepote préfère une approche plus pratique de modeste :
Dans toutes ces langues, modeste a des sens qui sont des variations autour de la thématique de l'absence d'excès, de la retenue ou de la simplicité. Modestus dérive du latin modus qui a le sens de "mesuré", c'est-à-dire dont les limites ont été défini. Cet étymon donne au latin de très nombreux mots de vocabulaire que le français a conservé avec modique [5], modération ou modicité [6], pour n'en citer que quelques uns, qui définissent une taille réduite ou une restriction. Le glissement de modus vers le sens restrictif de "règle" ou de "cadre" est encore présent en français dans les locutions latines modus vivendi et modus operandi, respectivement "mode de vie" et "mode opératoire". En français, un mode est une manière de faire. Et le faire grosso modo [7], c'est le faire à gros traits, approximativement. Une mode est une manière de voir ou d'être. Être moderne, c'est être à la mode du moment. L'adjectif aujourd'hui disparu modeux et modeuse est utilisé pour désigner le caractère habituel de quelque chose. Avec le sens de règle, la langue française possède, par exemple, moduler [8] ou modifier [9]. L'origine de l'étymon latin est discutée parmi les étymologistes. Il est parfois rattaché au grec antique μῆδος (mêdos) qui a le sens de "conseil" et forme les mots méditer [10] ou remède et leurs dérivés. Lorsqu'illes [11] étendent leur raisonnement, les étymologistes tentent de rapprocher cette racine grecque de celle qui forme les mots médecine et médicament, et leurs nombreux dérivés, et qui a le sens de "prendre soin". L'adjectif modeste est constitutif du nom féminin modestie, de l'adverbe invariable modestement et de l'adjectif modestissime. S'y ajoutent les antonymes immodeste, immodestie et immodestement. La modeſteté ou modesteté [12] n'est plus listée dans les dictionnaires actuels, au seul profit de modeste. Idem pour les formes nominales modestin et modestine qui n'existent plus qu'en tant que prénom désuet, comme l'est Modeste. Attesté depuis le milieu du XIVème siècle après JCⒸ [13] dans le vocabulaire de l'ancien français [14], le verbe amodester [15] avec le sens de "tempérer" n'ai pas retenu dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie française, datée de 1694. Selon les travaux des lexicographes, la modestance ne semble pas avoir été utilisée, contrairement à modérance [16] et amodérance [17] qui ont aussi le même sens de "action de tempérer". UsagesLes lexicographes et autres spécialistes des langues classent généralement le vocabulaire et les pratiques linguistiques selon ce qu'illes appellent les "registres de langue" : familier, courant et soutenu. Les subtilités entre "Rien à cirer", "J'en ai rien à faire" et "Rien ne me chaut". Lorsque le souteneur François-Marie "Voltaire" Arouet dit "Peu me chaut d’où elle est sortie. Je ne comprends rien à votre galimatias." [18] il est possible de le traduire par "J'me fout d'où elle sort. J'comprends rien à vot' charabia". À ces trois niveaux, il faut ajouter les registres vulgaire et argotique. L'un utilise souvent un vocabulaire lié à la sexualité et le second peut sembler être une autre langue. "Rien à branler" et "Keud' à treuf" [19] sont les équivalents vulgaire et argotique du "J'en ai rien à faire" courant. Cette séparation en plusieurs registres de langue est assez subjective car elle dépend très largement du milieu social des hominines. Dans des sociétés hiérarchisées et pyramidales, le vocabulaire du registre soutenu est celui des hautes sphères sociales, politiques, économiques et intellectuelles qui sont numériquement les moins nombreuses et le familier est celui de l'écrasante majorité des hominines pour qui il est simplement la langue de tous les jours. Pour elleux, la distinction nette entre familier et courant n'est pas une réalité langagière. Pour se persuader de la dimension sociale qui se joue dans un dictionnaire, il suffit d'en consulter un et de voir comment sont qualifiés les mots répertoriés. Les catégories "populaire", "argotique" ou "vulgaire" remplissent ce rôle discriminant. Même problématique avec le vocabulaire vulgaire qui n'est pas le même suivant la place de l'hominine dans la hiérarchie sociale. Si le "Salope" peut être interclassiste, le "Putain de toi" l'est beaucoup moins. Les registres de langue ne concernent pas que le vocabulaire. La grammaire est largement impactée par la réalité sociale des hominines qui parlent. Par exemple, "Rien à faire", "J'en ai rien à faire" et "Je n'en ai rien à faire" — qui représentent respectivement les registres familier, courant et soutenu — n'utilisent pas la négation de la même manière. Dans la première locution la négation est implicite et induite par le choix des mots, dans la seconde elle est explicite et est marquée par le rien, et dans la dernière la construction est conforme à la règle grammaticale qui impose la présence de ne, ni ou n’ pour marquer une négation. La môme néant
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