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Dans les trois monothéismes qui naissent et se développent dans les territoires du sud-est de la Méditerranée au cours des derniers millénaires, il y a la croyance naïve d'une divinité suprême qui crée toutes choses. Elle seule est incréée — bien qu'existante ! — et son monde est un chaos infini, un grand tohu-bohu <ref>tohu-bohu</ref>. De l'hébreu ancien תֹ֙הוּ֙ וָבֹ֔הוּ, tōhū wābōhū de ''tōhū'' "vide, néant, désert, solitude" et ''bōhū'' "vide". Probablement par ennui de vivre dans la solitude, cette divinité se forge un univers tangible, peuplé d'êtres vivants, entièrement soumis à son bon vouloir. Apparaissent les végétaux et les animaux. Elle instaure que l'hominine est l'animal auquel les autres doivent obéir. Unique de son espèce, l'hominine se nomme Adam. Né trop tôt pour connaître les anti-dépresseurs, il ne peut rester seul sans prendre le risque de se perdre dans ses pensées. Ève est créée pour lui tenir compagnie. Trop égocentrique, Adam ne comble pas la curiosité d'Ève. Enfreignant l'interdiction dictée par la divinité, elle propose à Adam de manger avec elle du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Le serpent lui a dit que cela serait une bonne chose. Plutôt que manger ce serpent pour le faire taire définitivement, les deux hominines décident de passer à l'acte. En colère pour cette désobéissance, l'entité divine chasse ses hominines de leur "paradis" où la nourriture ne manque pas et les condamne à vivre durement du travail de la terre. Ainsi que toute leur descendance. Dieu est très exigeant en amour. Selon ce scénario mythologique, cet épisode marque le début de la réalité historique des hominines et de leurs civilisations. | Dans les trois monothéismes qui naissent et se développent dans les territoires du sud-est de la Méditerranée au cours des derniers millénaires, il y a la croyance naïve d'une divinité suprême qui crée toutes choses. Elle seule est incréée — bien qu'existante ! — et son monde est un chaos infini, un grand tohu-bohu <ref>tohu-bohu</ref>. De l'hébreu ancien תֹ֙הוּ֙ וָבֹ֔הוּ, tōhū wābōhū de ''tōhū'' "vide, néant, désert, solitude" et ''bōhū'' "vide". Probablement par ennui de vivre dans la solitude, cette divinité se forge un univers tangible, peuplé d'êtres vivants, entièrement soumis à son bon vouloir. Apparaissent les végétaux et les animaux. Elle instaure que l'hominine est l'animal auquel les autres doivent obéir. Unique de son espèce, l'hominine se nomme Adam. Né trop tôt pour connaître les anti-dépresseurs, il ne peut rester seul sans prendre le risque de se perdre dans ses pensées. Ève est créée pour lui tenir compagnie. Trop égocentrique, Adam ne comble pas la curiosité d'Ève. Enfreignant l'interdiction dictée par la divinité, elle propose à Adam de manger avec elle du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Le serpent lui a dit que cela serait une bonne chose. Plutôt que manger ce serpent pour le faire taire définitivement, les deux hominines décident de passer à l'acte. En colère pour cette désobéissance, l'entité divine chasse ses hominines de leur "paradis" où la nourriture ne manque pas et les condamne à vivre durement du travail de la terre. Ainsi que toute leur descendance. Dieu est très exigeant en amour. Selon ce scénario mythologique, cet épisode marque le début de la réalité historique des hominines et de leurs civilisations. | ||
− | La traduction en latin des textes moïsiens et christiens sur cette pré-histoire mythologique, écrits en hébreu, en araméen et en grec, présente quelques difficultés. Quel est donc le fruit de cet arbre dit de la connaissance ? Les avis divergent et parfois il est dit qu'il s'agit d'une figue, d'une poire, d'une grenade ou de raisin. Tout se joue autour de la traduction du mot ''malum'' dans la locution en grec ''xxx''. Le latin tardif ne fait plus la distinction entre les voyelles longues et courtes, ainsi il y a confusion entre ''mālum'' et ''mălum''. Le premier, emprunté au grec parlé dans le sud de la péninsule italique, désigne les fruits | + | La traduction en latin des textes moïsiens et christiens sur cette pré-histoire mythologique, écrits en hébreu, en araméen et en grec, présente quelques difficultés. Quel est donc le fruit de cet arbre dit de la connaissance ? Les avis divergent et parfois il est dit qu'il s'agit d'une figue, d'une poire, d'une grenade ou de raisin. Tout se joue autour de la traduction du mot ''malum'' dans la locution en grec ''xxx''. Le latin tardif ne fait plus la distinction entre les voyelles longues et courtes, ainsi il y a confusion entre ''mālum'' et ''mălum''. Le premier, emprunté au grec parlé dans le sud de la péninsule italique, désigne les fruits arrondis <ref>''mālum''</ref> alors que le second est d'origine latine avec le sens de ''mal'' ou ''mauvais'' <ref>mălum</ref>. L'un se retrouve en français dans ''melon'' <ref>''melon''</ref> ou ''camomille'' et l'autre dans tous les dérivés à partir de la racine ''mal'', comme par exemple ''malheur'', ''maladie'' ou ''malhonnête''. En latin, ''poma'' désigne les fruits à noyaux ou à pépins. Le sens générique de fruit est encore présent en français moderne dans ''pomologie'' qui est la science des fruits ou dans les locutions ''pomme de pin'', ''pomme de terre'' ou le désuet ''pomme d'amour'' qui désigne la tomate <ref>tomate</ref>. L'aspect arrondi est attesté dans les locutions ''pomme d'arrosoir'' ou de douche, dans le ''pommeau d'une canne'' ou d'une épée. La datation du glissement de sens entre ''malum'' et ''pomme'' n'est pas établie mais il intervient dans le contexte des pratiques linguistiques qui se rattachent au latin dans le nord de l'empire romain. Cette possibilité de "jeu de mot'' ne fonctionne pas dans les langues d'écriture des plus anciens textes de cette mythologie. D'après les traductions du mot français ''pomme'' dans les différentes langues latine d'Europe, il semble que celles du nord adoptent des dérivés du latin ''poma'' alors que les autres conservent des dérivés de ''malum''. Par exemple, le normand ''poume'' et l'occitan ''poma'', ou l'italien et le corse ''mela''. Dans l'espace germanique l'étymon n'est pas le même et donne ''apfel'' en allemand et ''apple'' en anglais. |
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+ | Pendant des siècles, les représentations artistiques de ce fruit défendu oscillent entre raisin, pomme et vigne, et il est à noter que Adam et Ève ont généralement une feuille de vigne pour cacher leur sexe. Les pratiques linguistiques francophones les plus anciennes utilisent ''pome'' ou ''pume'' pour désigner le fruit du pommier. | ||
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+ | faux-fruit | ||
== Réhabilitation == | == Réhabilitation == |
Version du 10 juillet 2025 à 12:33
Pomme (јаболко en macédonien - pom en nissard) Être ou ne pas (en) être (une).
AvertissementBien que les religions et les mythologies de toutes sortes soient des œuvres de fiction, elles impactent durablement, non pas seulement les imaginaires des hominines [1], mais aussi leurs comportements car elles sont, par essence, productrices de normes sociales et morales. Lorsqu'elles n'en sont pas les sources, elles en sont les légitimations. Tout autant constitutives de réalité que véritable réalicide pour les hominines qui y croient et/ou les subissent. L'amour divin a bien souvent des allures de parc à bestiaux et d'abattoir à ciel ouvert. Dans les trois monothéismes qui naissent et se développent dans les territoires du sud-est de la Méditerranée au cours des derniers millénaires, il y a la croyance naïve d'une divinité suprême qui crée toutes choses. Elle seule est incréée — bien qu'existante ! — et son monde est un chaos infini, un grand tohu-bohu [2]. De l'hébreu ancien תֹ֙הוּ֙ וָבֹ֔הוּ, tōhū wābōhū de tōhū "vide, néant, désert, solitude" et bōhū "vide". Probablement par ennui de vivre dans la solitude, cette divinité se forge un univers tangible, peuplé d'êtres vivants, entièrement soumis à son bon vouloir. Apparaissent les végétaux et les animaux. Elle instaure que l'hominine est l'animal auquel les autres doivent obéir. Unique de son espèce, l'hominine se nomme Adam. Né trop tôt pour connaître les anti-dépresseurs, il ne peut rester seul sans prendre le risque de se perdre dans ses pensées. Ève est créée pour lui tenir compagnie. Trop égocentrique, Adam ne comble pas la curiosité d'Ève. Enfreignant l'interdiction dictée par la divinité, elle propose à Adam de manger avec elle du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Le serpent lui a dit que cela serait une bonne chose. Plutôt que manger ce serpent pour le faire taire définitivement, les deux hominines décident de passer à l'acte. En colère pour cette désobéissance, l'entité divine chasse ses hominines de leur "paradis" où la nourriture ne manque pas et les condamne à vivre durement du travail de la terre. Ainsi que toute leur descendance. Dieu est très exigeant en amour. Selon ce scénario mythologique, cet épisode marque le début de la réalité historique des hominines et de leurs civilisations. La traduction en latin des textes moïsiens et christiens sur cette pré-histoire mythologique, écrits en hébreu, en araméen et en grec, présente quelques difficultés. Quel est donc le fruit de cet arbre dit de la connaissance ? Les avis divergent et parfois il est dit qu'il s'agit d'une figue, d'une poire, d'une grenade ou de raisin. Tout se joue autour de la traduction du mot malum dans la locution en grec xxx. Le latin tardif ne fait plus la distinction entre les voyelles longues et courtes, ainsi il y a confusion entre mālum et mălum. Le premier, emprunté au grec parlé dans le sud de la péninsule italique, désigne les fruits arrondis [3] alors que le second est d'origine latine avec le sens de mal ou mauvais [4]. L'un se retrouve en français dans melon [5] ou camomille et l'autre dans tous les dérivés à partir de la racine mal, comme par exemple malheur, maladie ou malhonnête. En latin, poma désigne les fruits à noyaux ou à pépins. Le sens générique de fruit est encore présent en français moderne dans pomologie qui est la science des fruits ou dans les locutions pomme de pin, pomme de terre ou le désuet pomme d'amour qui désigne la tomate [6]. L'aspect arrondi est attesté dans les locutions pomme d'arrosoir ou de douche, dans le pommeau d'une canne ou d'une épée. La datation du glissement de sens entre malum et pomme n'est pas établie mais il intervient dans le contexte des pratiques linguistiques qui se rattachent au latin dans le nord de l'empire romain. Cette possibilité de "jeu de mot ne fonctionne pas dans les langues d'écriture des plus anciens textes de cette mythologie. D'après les traductions du mot français pomme dans les différentes langues latine d'Europe, il semble que celles du nord adoptent des dérivés du latin poma alors que les autres conservent des dérivés de malum. Par exemple, le normand poume et l'occitan poma, ou l'italien et le corse mela. Dans l'espace germanique l'étymon n'est pas le même et donne apfel en allemand et apple en anglais. Pendant des siècles, les représentations artistiques de ce fruit défendu oscillent entre raisin, pomme et vigne, et il est à noter que Adam et Ève ont généralement une feuille de vigne pour cacher leur sexe. Les pratiques linguistiques francophones les plus anciennes utilisent pome ou pume pour désigner le fruit du pommier. faux-fruit RéhabilitationArtistiquePhilosophiqueNotes |