Tarare : Différence entre versions
m |
m (→Origines) |
||
Ligne 10 : | Ligne 10 : | ||
== Origines == | == Origines == | ||
− | Simplement appelé Tarare, Percy affirme que cela est plutôt un surnom que son patronyme. Son prénom est inconnu. Plusieurs hypothèses peuvent être retenues. En tant que patronyme, dans la seconde moitié du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, Tarare est attesté dans la région Rhône-Alpes, au centre-est de la France, essentiellement dans le département de l'Ain selon un site de généalogie <ref>geneanet - [En ligne]</ref>, et il existe une petite ville portant ce nom au nord de Lyon. Sans donnée biographique, il n'est pas possible de confirmer à travers les registres d'état civil son existence administrative dans cette ville. L'autre hypothèse évoquée est une référence au personnage de Tarare dans l'opéra du même nom <ref>''Tarare'' - [En ligne]. Voir Francine Lévy, "Tarare : l'opéra de Beaumarchais dont Mozart n'a pas écrit la musique", ''Bulletin de l'Association Guillaume Budé'', 1992 - [https://doi.org/10.3406/bude.1992.1493 En ligne]</ref>. Créé par le compositeur vénitien Antonio Salieri et l'écrivain français Beaumarchais, cet opéra en 5 actes est joué pour la première fois en juin 1787 à Paris. L'histoire se passe dans le lointain royaume fictif d'Ormuz, dirigé par le tyran Atar. Ce dernier jalouse la popularité de l'un de ses soldats, Tarare, dont il enlève la femme et tente de le faire assassiner. Finalement Atar se suicide et Tarare prend sa place avec le soutien populaire. Deux ans avant le renversement de la monarchie en 1789, l'opéra aborde le sujet délicat de la tyrannie et de l'absolutisme <ref>En 1790, il est remanié et joué de nouveau sous le titre ''Le couronnement de Tarare''. En 1795, dans une nouvelle version de l'histoire une république est proclamée après le renversement d'Atar, plutôt qu'un couronnement de Tarare. </ref>. Chroniqueur des nuits parisiennes, Restif de La Bretonne s'emballe : "''Jamais l'Opéra n'eut rien d'auſſi attachant, d'auſſi divertiſſant, en donnant à ce mot la ſignification d'amusement complet. La musique en eſt délicieuse, ét on la trouve telle, ſans connaiſſance de l'art.''" <ref>Restif de La Bretonne, ''Les Nuits de Paris'', tome 7, 1789 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6541282c/f90.image En ligne]</ref> Le succès est au rendez-vous. Rien que pour l'année 1787, trente trois représentations sont données. Comme cela se fait souvent à cette époque <ref>Pauline Beaucé, ''Parodies d’opéra au siècle des Lumières'', Presses universitaires de Rennes, 2013 - [https://doi.org/10.4000/books.pur.80603 En ligne]. Pauline Beaucé, Lucie Thévenet, "Persée armé de pied en cap : réécritures lyrique et parodique sur la scène française (XVIIe-XVIIIe siècles)", ''GAIA. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne'', 2014 - [https://doi.org/10.3406/gaia.2014.1631 En ligne] </ref>, deux parodies sont publiées rapidement : ''Histoire de Tarare, suivie de quelques réflexions sur l'Opéra du même nom'' <ref>''Histoire de Tarare , suivie de quelques réflexions sur l'Opéra du même nom''</ref> d'un certain Carré de Belleville et ''Errata, parodie de Tarare'' de M.F.L.B**** <ref name="#err">''Errata, parodie de Tarare'' de M.F.L.B****</ref>. Une troisième, sous la plume de Louis-François Grosley <ref>Louis-François Grosley</ref>, ''Parodie de Tarare'' est prévue en 1787 au théâtre de l'Ambigu comique à Paris avant d'être déprogrammée <ref>Cité dans "Louis-François Grosley", ''Dictionnaire des journalistes'' - [https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/367-louis-francois-grosley En ligne]</ref>. Aucune de ces trois parodies n'est montée en spectacle. Par contre, ''Lanlaire ou le chaos'' <ref>Louis Bonnefoy de Bouyon, ''Lanlaire ou le chaos'', 1787 - [En ligne]</ref> est au programme du Théâtre Italien en juillet 1787. Écrite par l'abbé Louis Bonnefoy de Bouyon, cette parodie du ''Tarare'' du duo Salieri-Beaumarchais n'obtient pas le même succès que l'original. Le ''Courier lyrique et amusant ou Passe-temps des toilettes'' <ref>''Courier lyrique et amusant, ou Passe-temps des toilettes'', n°15, août 1787 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1414892n/f44.image En ligne]</ref> précise que l'on y retrouve "''que le ridicule de l'opéra''" et le ''Journal de Paris'' est incisif : "''Ce genre, le plus facile & le dernier de tous, eſt au-deſſous de rien quand il n'eſt pas traité avec quelqu'eſprit, & c'eſt malheureuſement ce qui manque le plus à la parodie nouvelle''" <ref>''Journal de Paris'', n°209, 28 juillet 1787- [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1055557m/f3.image En ligne]</ref>. Restif de La Bretonne n'hésite pas à se joindre aux huées du public <ref>''Mes inscripcions. Journal intime de Restif de la Bretonne (1780-1787)'', 1889 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64169346/f448.image En ligne]</ref>. La parodie ''Bagare'', une comédie en deux actes et en prose, de Jacques Mague de Saint-Aubun est montée pendant plusieurs mois au théâtre de l’Ambigu-Comique. Idem pour ''Turelure ou le cahos perpétuel'', une comédie burlesque en trois actes et un prologue, qui se joue au théâtre des Grands Danseurs du Roi jusqu'en septembre 1787. Ou encore ''Tarare aux Porcherons'', présenté comme un pantomime pyrrhique et burlesque, et annoncé au jardin Ruggieri, dans le quartier festif des Porcherons <ref>Sur le jardin Ruggieri - [https://www.furet.com/media/pdf/feuilletage/9/7/8/2/3/2/9/5/9782329573571.pdf En ligne]</ref>. Plus d'une dizaine de parodies de ''Tarare'' sont connues et présentées au public pendant le seconde moitié de l'année, dont ''Lanlaire'', ''Colin-Maillard'', ''Bernique ou le Tyran comique'', ''Fanfare ou le Garde-chasse'', etc. <ref>Pauline Beaucé, "À opéra réformé, parodie réformée ? Parodier le genre sérieux à la fin du XVIIIe siècle", ''Parodies d’opéra au siècle des Lumières'', Presses universitaires de Rennes, 2013 - [https://doi.org/10.4000/books.pur.80639 | + | Simplement appelé Tarare, Percy affirme que cela est plutôt un surnom que son patronyme. Son prénom est inconnu. Plusieurs hypothèses peuvent être retenues. En tant que patronyme, dans la seconde moitié du XVIII<sup><small>ème</small></sup> siècle, Tarare est attesté dans la région Rhône-Alpes, au centre-est de la France, essentiellement dans le département de l'Ain selon un site de généalogie <ref>geneanet - [En ligne]</ref>, et il existe une petite ville portant ce nom au nord de Lyon. Sans donnée biographique, il n'est pas possible de confirmer à travers les registres d'état civil son existence administrative dans cette ville. L'autre hypothèse évoquée est une référence au personnage de Tarare dans l'opéra du même nom <ref>''Tarare'' - [En ligne]. Voir Francine Lévy, "Tarare : l'opéra de Beaumarchais dont Mozart n'a pas écrit la musique", ''Bulletin de l'Association Guillaume Budé'', 1992 - [https://doi.org/10.3406/bude.1992.1493 En ligne]</ref>. Créé par le compositeur vénitien Antonio Salieri et l'écrivain français Beaumarchais, cet opéra en 5 actes est joué pour la première fois en juin 1787 à Paris. L'histoire se passe dans le lointain royaume fictif d'Ormuz, dirigé par le tyran Atar. Ce dernier jalouse la popularité de l'un de ses soldats, Tarare, dont il enlève la femme et tente de le faire assassiner. Finalement Atar se suicide et Tarare prend sa place avec le soutien populaire. Deux ans avant le renversement de la monarchie en 1789, l'opéra aborde le sujet délicat de la tyrannie et de l'absolutisme <ref>En 1790, il est remanié et joué de nouveau sous le titre ''Le couronnement de Tarare''. En 1795, dans une nouvelle version de l'histoire une république est proclamée après le renversement d'Atar, plutôt qu'un couronnement de Tarare. </ref>. Chroniqueur des nuits parisiennes, Restif de La Bretonne s'emballe : "''Jamais l'Opéra n'eut rien d'auſſi attachant, d'auſſi divertiſſant, en donnant à ce mot la ſignification d'amusement complet. La musique en eſt délicieuse, ét on la trouve telle, ſans connaiſſance de l'art.''" <ref>Restif de La Bretonne, ''Les Nuits de Paris'', tome 7, 1789 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6541282c/f90.image En ligne]</ref> Le succès est au rendez-vous. Rien que pour l'année 1787, trente trois représentations sont données. Comme cela se fait souvent à cette époque <ref>Pauline Beaucé, ''Parodies d’opéra au siècle des Lumières'', Presses universitaires de Rennes, 2013 - [https://doi.org/10.4000/books.pur.80603 En ligne]. Pauline Beaucé, Lucie Thévenet, "Persée armé de pied en cap : réécritures lyrique et parodique sur la scène française (XVIIe-XVIIIe siècles)", ''GAIA. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne'', 2014 - [https://doi.org/10.3406/gaia.2014.1631 En ligne] </ref>, deux parodies sont publiées rapidement : ''Histoire de Tarare, suivie de quelques réflexions sur l'Opéra du même nom'' <ref>''Histoire de Tarare , suivie de quelques réflexions sur l'Opéra du même nom''</ref> d'un certain Carré de Belleville et ''Errata, parodie de Tarare'' de M.F.L.B**** <ref name="#err">''Errata, parodie de Tarare'' de M.F.L.B****</ref>. Une troisième, sous la plume de Louis-François Grosley <ref>Louis-François Grosley</ref>, ''Parodie de Tarare'' est prévue en 1787 au théâtre de l'Ambigu comique à Paris avant d'être déprogrammée <ref>Cité dans "Louis-François Grosley", ''Dictionnaire des journalistes'' - [https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/367-louis-francois-grosley En ligne]</ref>. Aucune de ces trois parodies n'est montée en spectacle. Par contre, ''Lanlaire ou le chaos'' <ref>Louis Bonnefoy de Bouyon, ''Lanlaire ou le chaos'', 1787 - [En ligne]</ref> est au programme du Théâtre Italien en juillet 1787. Écrite par l'abbé Louis Bonnefoy de Bouyon, cette parodie du ''Tarare'' du duo Salieri-Beaumarchais n'obtient pas le même succès que l'original. Le ''Courier lyrique et amusant ou Passe-temps des toilettes'' <ref>''Courier lyrique et amusant, ou Passe-temps des toilettes'', n°15, août 1787 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1414892n/f44.image En ligne]</ref> précise que l'on y retrouve "''que le ridicule de l'opéra''" et le ''Journal de Paris'' est incisif : "''Ce genre, le plus facile & le dernier de tous, eſt au-deſſous de rien quand il n'eſt pas traité avec quelqu'eſprit, & c'eſt malheureuſement ce qui manque le plus à la parodie nouvelle''" <ref>''Journal de Paris'', n°209, 28 juillet 1787- [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1055557m/f3.image En ligne]</ref>. Restif de La Bretonne n'hésite pas à se joindre aux huées du public <ref>''Mes inscripcions. Journal intime de Restif de la Bretonne (1780-1787)'', 1889 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64169346/f448.image En ligne]</ref>. La parodie ''Bagare'', une comédie en deux actes et en prose, de Jacques Mague de Saint-Aubun est montée pendant plusieurs mois au théâtre de l’Ambigu-Comique. Idem pour ''Turelure ou le cahos perpétuel'', une comédie burlesque en trois actes et un prologue, qui se joue au théâtre des Grands Danseurs du Roi jusqu'en septembre 1787. Ou encore ''Tarare aux Porcherons'', présenté comme un pantomime pyrrhique et burlesque, et annoncé au jardin Ruggieri, dans le quartier festif des Porcherons <ref>Sur le jardin Ruggieri - [https://www.furet.com/media/pdf/feuilletage/9/7/8/2/3/2/9/5/9782329573571.pdf En ligne]</ref>. Plus d'une dizaine de parodies de ''Tarare'' sont connues et présentées au public pendant le seconde moitié de l'année, dont ''Lanlaire'', ''Colin-Maillard'', ''Bernique ou le Tyran comique'', ''Fanfare ou le Garde-chasse'', etc. <ref>Pauline Beaucé, "À opéra réformé, parodie réformée ? Parodier le genre sérieux à la fin du XVIIIe siècle", ''Parodies d’opéra au siècle des Lumières'', Presses universitaires de Rennes, 2013 - [https://doi.org/10.4000/books.pur.80639 En ligne]</ref> |
[[Fichier:Glout.jpg|200px|vignette|droite|Photo non contractuelle]] | [[Fichier:Glout.jpg|200px|vignette|droite|Photo non contractuelle]] | ||
Ligne 21 : | Ligne 21 : | ||
<blockquote>''Mon ami, lui dit-il, comment tous appelez vous? Tarare! répondit-il. Tarare ! dit le calife. Tarare ! dirent tous les conseillers. Tarare ! dit le sénéchal. Je vous demande, dit le calife, comment vous vous appelez. Je le sais bien, sire, répliqua-t-il. Eh bien, dit le calife ? Tarare, dit l'autre, en faisant la révérence Et pourquoi vous appelez-vous Tarare ? Parce que ce n'est pas mon nom. Et comment cela, dit le calife ? C'est que j'ai quitté mon nom pour prendre celui-là, dit- il; ainsi, je m'appelle Tarare, quoique ce ne soit pas mon nom. Il n'y a rien de si clair, dit le calife'' <ref>Antoine Hamilton, ''Histoire de Fleur d'Épine'', 1730 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1056776z?rk=171674;4 En ligne]</ref></blockquote> | <blockquote>''Mon ami, lui dit-il, comment tous appelez vous? Tarare! répondit-il. Tarare ! dit le calife. Tarare ! dirent tous les conseillers. Tarare ! dit le sénéchal. Je vous demande, dit le calife, comment vous vous appelez. Je le sais bien, sire, répliqua-t-il. Eh bien, dit le calife ? Tarare, dit l'autre, en faisant la révérence Et pourquoi vous appelez-vous Tarare ? Parce que ce n'est pas mon nom. Et comment cela, dit le calife ? C'est que j'ai quitté mon nom pour prendre celui-là, dit- il; ainsi, je m'appelle Tarare, quoique ce ne soit pas mon nom. Il n'y a rien de si clair, dit le calife'' <ref>Antoine Hamilton, ''Histoire de Fleur d'Épine'', 1730 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1056776z?rk=171674;4 En ligne]</ref></blockquote> | ||
+ | |||
+ | ''Tarare'' est si populaire en 1787 que l'almanach de 1788 mentionne une fête de Tarare dans son calendrier. <ref>D'après ''Vers l'Orient'', 1983 - [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6533901p/f114.item En ligne]</ref> | ||
== Bribes == | == Bribes == |
Version du 8 janvier 2025 à 19:25
Tarare (Tараре en macédonien - Tarare en nissard) Cousin éloigné du capitaine Caverne et de Monsieur Mangetout.
PrécisionsL'article de Pierre-François Percy, paru en 1805 après JCⒸ [1] dans le Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, etc. [2] sous le titre "Mémoire sur la polyphagie" [3], est la seule et unique source historique concernant Tarare. Tous les écrits postérieurs reprennent les informations contenues dans cet article de Percy. Les détails biographiques et les descriptifs physiques proviennent de la rencontre entre Percy et Tarare dans un contexte hospitalier. OriginesSimplement appelé Tarare, Percy affirme que cela est plutôt un surnom que son patronyme. Son prénom est inconnu. Plusieurs hypothèses peuvent être retenues. En tant que patronyme, dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, Tarare est attesté dans la région Rhône-Alpes, au centre-est de la France, essentiellement dans le département de l'Ain selon un site de généalogie [4], et il existe une petite ville portant ce nom au nord de Lyon. Sans donnée biographique, il n'est pas possible de confirmer à travers les registres d'état civil son existence administrative dans cette ville. L'autre hypothèse évoquée est une référence au personnage de Tarare dans l'opéra du même nom [5]. Créé par le compositeur vénitien Antonio Salieri et l'écrivain français Beaumarchais, cet opéra en 5 actes est joué pour la première fois en juin 1787 à Paris. L'histoire se passe dans le lointain royaume fictif d'Ormuz, dirigé par le tyran Atar. Ce dernier jalouse la popularité de l'un de ses soldats, Tarare, dont il enlève la femme et tente de le faire assassiner. Finalement Atar se suicide et Tarare prend sa place avec le soutien populaire. Deux ans avant le renversement de la monarchie en 1789, l'opéra aborde le sujet délicat de la tyrannie et de l'absolutisme [6]. Chroniqueur des nuits parisiennes, Restif de La Bretonne s'emballe : "Jamais l'Opéra n'eut rien d'auſſi attachant, d'auſſi divertiſſant, en donnant à ce mot la ſignification d'amusement complet. La musique en eſt délicieuse, ét on la trouve telle, ſans connaiſſance de l'art." [7] Le succès est au rendez-vous. Rien que pour l'année 1787, trente trois représentations sont données. Comme cela se fait souvent à cette époque [8], deux parodies sont publiées rapidement : Histoire de Tarare, suivie de quelques réflexions sur l'Opéra du même nom [9] d'un certain Carré de Belleville et Errata, parodie de Tarare de M.F.L.B**** [10]. Une troisième, sous la plume de Louis-François Grosley [11], Parodie de Tarare est prévue en 1787 au théâtre de l'Ambigu comique à Paris avant d'être déprogrammée [12]. Aucune de ces trois parodies n'est montée en spectacle. Par contre, Lanlaire ou le chaos [13] est au programme du Théâtre Italien en juillet 1787. Écrite par l'abbé Louis Bonnefoy de Bouyon, cette parodie du Tarare du duo Salieri-Beaumarchais n'obtient pas le même succès que l'original. Le Courier lyrique et amusant ou Passe-temps des toilettes [14] précise que l'on y retrouve "que le ridicule de l'opéra" et le Journal de Paris est incisif : "Ce genre, le plus facile & le dernier de tous, eſt au-deſſous de rien quand il n'eſt pas traité avec quelqu'eſprit, & c'eſt malheureuſement ce qui manque le plus à la parodie nouvelle" [15]. Restif de La Bretonne n'hésite pas à se joindre aux huées du public [16]. La parodie Bagare, une comédie en deux actes et en prose, de Jacques Mague de Saint-Aubun est montée pendant plusieurs mois au théâtre de l’Ambigu-Comique. Idem pour Turelure ou le cahos perpétuel, une comédie burlesque en trois actes et un prologue, qui se joue au théâtre des Grands Danseurs du Roi jusqu'en septembre 1787. Ou encore Tarare aux Porcherons, présenté comme un pantomime pyrrhique et burlesque, et annoncé au jardin Ruggieri, dans le quartier festif des Porcherons [17]. Plus d'une dizaine de parodies de Tarare sont connues et présentées au public pendant le seconde moitié de l'année, dont Lanlaire, Colin-Maillard, Bernique ou le Tyran comique, Fanfare ou le Garde-chasse, etc. [18]
En plus de ces parodies, Tarare suscite textes et critiques dès 1787. Du Discours préliminaire de l'opéra de Tarare, appauvri de notes [19] écrit par Beaumarchais lui-même et signé "Par une Société d'indifférens" à l'anonyme Analyse critique de Tarare, en passant par le Récit du portier du sieur Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais d'Antoine de Rivarol, une satire en vers qui a "trois pages de texte, une de notes." [20] Dans son Discours préliminaire, Beaumarchais explique qu'il emprunte le nom de Tarare à un conte écrit par Antoine Hamilton, un écrivain britannique d'expression francophone. Dans son Histoire de Fleur d'Épine, un personnage s'appelle ainsi. Il est un obscur écuyer dans un royaume du Cachemire, sur les pentes de l'Himalaya, gouverné par un calife. Il est question de sorcières et de jeunes hominines femelles à sauver. Dans ce conte, le nom Tarare a la particularité d'être répété irrépressiblement par celleux qui l'entendent.
Tarare est si populaire en 1787 que l'almanach de 1788 mentionne une fête de Tarare dans son calendrier. [22] BribesRégime alimentaireNotes
|