Biófilo Panclasta : Différence entre versions
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Version du 2 avril 2021 à 14:52
Biófilo Panclasta. Vagabond solitaire et explosif de la fin du deuxième millénaire après JCⒸ[1]
Paysage bolivarienDepuis la rencontre géologique entre l'Amérique du nord et celle du sud, cette dernière s'est peuplée d'espèces animales qui n'étaient pas encore présentes sur son sol. D'autres disparaissent. Arrivant du nord, le lama s'installe et fait souche au sud, puis disparaît du nord. Les mammifères marsupiaux reculent sur l'ensemble du continent et déclinent face à l'expansion des mammifères placentaires, pour ne survivre que dans le sud. L'arrivée des hominines n'est pas datée précisément et les routes utilisées pour cette implantation sont des sujets de controverses sérieuses entre les spécialistes. N'y a-t-il eu que les chemins terrestres venus du nord ou des hominines se sont-illes implantés à partir du sud venant de la mer ? Ou les deux ? Sont-illes passés du nord au sud, ou l'inverse, à pied ou par cabotage ? Quelle que soit l'hypothèse, la certitude partagée est l'existence d'hominines dans les parties nord et sud du continent américain depuis des dizaines de milliers d'années[2]. Lorsque des hominines, venant d'Europe, arrivent en Amérique du sud vers la fin du XVème siècle après JCⒸ, illes y trouvent de vastes sociétés organisées et des États puissants[4]. Dans la confrontation qui s'en suit, ces derniers perdent le contrôle politique sur les populations au bénéfice des hominines d'Europe qui instaurent de nouvelles formes d'organisation politique. Exploitées et soumises depuis des siècles par les pouvoirs politiques locaux, les populations d'hominines se retrouvent dorénavant dominées par différents États européens implantés durablement sur le sol sud-américain. L'Espagne et le Portugal sont les premiers à prendre pied sur ce sous-continent, puis les Pays-Bas, et plus tardivement la France, l'Angleterre, puis les États-Unis d'Amérique du nord. Pendant des siècles, ces territoires conquis sont gérés comme des zones périphériques, des colonies où les ressources naturelles sont pillées afin de bénéficier aux métropoles européennes et les populations locales sont administrées avec encore plus de violence que celles d'Europe. Des millions d'hominines mâles et femelles sont importés d'Afrique pour être mis en esclavage dans les cultures et les mines de ces colonies[5]. Quoiqu'en disent les déclarations d'intention, les discours racistes ou les considérations religieuses, les hominines d'Amérique du sud, d'Afrique et d'Europe se métissent. Hormis les histoires singulières, le brassage se fait selon les stratifications sociales qui s'établissent au long de la colonisation. Le racisme des hominines d'Europe impose une hiérarchie entre les différentes populations et métissages. Mâles ou femelles, les esclaves africains et les amérindiens sont au bas de cette échelle, puis viennent les métis des uns ou des autres avec des européens qui n'hésitent pas à se toiser entre elleux. Alors que les Pays-Bas, la France et l'Angleterre s'installent confortablement sur le pourtour de la mer des Caraïbes[6], l'Espagne est contestée dans ses colonies sud-américaines dès le début du XIXème siècle. Les réformes proposées par la métropole ne satisfont pas les pouvoirs politiques locaux favorables à plus d'autonomie, ni ne calment les velléités d'indépendance qui se font jour. Les guerres — dont la figure emblématique est Simon Bolivar[7] — qui opposent entre 1810 et 1825 les armées espagnoles et les revendications d'autonomie accrue se soldent par l'émiettement progressif de l'empire colonial espagnol en Amérique du sud. Après l'indépendance du Paraguay quelques années plus tôt, les Provinces-Unies de la Plata proclament leur indépendance de l'Espagne en 1816 puis se scindent dix ans plus tard entre Argentine et Uruguay. Le Chili accède à l'indépendance en 1818, le Pérou en 1821 et la Bolivie quatre années plus tard. Au nord de l'empire, la Colombie naît en 1819 et le royaume du Mexique en 1821. Après un peu plus de dix ans, la Colombie se divise entre le Venezuela, l’Équateur et la Nouvelle-Grenade. Les frontières de cette dernière incluent l'actuelle Colombie, le Panama et la côte des Mosquitos au Nicaragua. Le Mexique se fracture entre le Mexique, au nord, et les Provinces-Unies d'Amérique centrale après deux ans d'existence. Les provinces centre-américaines se divisent en 1839 entre Guatemala, Salvador, Honduras[8], Costa Rica et Nicaragua, et le Mexique perd ses territoires du nord, Texas et Californie[9], dans la guerre qui l'oppose aux États-Unis d'Amérique dans la décennie 1840. Les dynamiques qui mènent à ces indépendances sont un mélange de revendications sociales pour les plus pauvres des hominines et une volonté d'émancipation des élites coloniales vis-à-vis de la métropole. Les pays naissant n'hésitent pas à se faire quelques guerres pour redéfinir leurs frontières. Ces luttes concernent presque exclusivement les hominines d'ascendance européenne car les esclaves ne sont pas inclus et les amérindiens sont traités avec mépris. Ces deux "catégories sociales" mènent leurs propres luttes pour répondre à leurs situations spécifiques.
Du projet bolivarien d'une Grande Colombie regroupant les anciennes colonies espagnoles il ne reste, à sa mort en 1830, que la République de Nouvelle-Grenade. L'opposition entre les partisans du fédéralisme ou du centralisme — qui mena à l'indépendance du Venezuela et de l'Équateur — est toujours un sujet qui divise la république. Parfois lors de guerres locales sanglantes. En 1858, une constitution fédéraliste la transforme en Confédération grenadine, puis de 1863 à 1886 en États-Unis de Colombie regroupant neuf États, dont huit constituent la Colombie et un le Panama actuels. À la fin du XIXème siècle, hormis leurs possessions caraïbes, les seules présences coloniales sur le continent sud-américain sont les Guyane britannique[11], hollandaise et française qui deviendront respectivement, le Guyana en 1966, le Surinam en 1975 et le département français de Guyane depuis 1948. En Amérique centrale, seul le Honduras britannique demeure une colonie jusqu'à son indépendance en 1981 sous le nom de Belize. Avec l'effacement de l'Espagne et l'influence relative des autres pays européens, l'Amérique du sud devient une extension de la politique de la nouvelle puissance continentale, les États-Unis d'Amérique[12]. Bas-âge santanderienVicente Lizcano naît en octobre 1879 à Chinácota dans l’État fédéré de Santander[13] — composante des États-Unis de Colombie l'ex-confédération grenadine — à la frontière avec le Venezuela, d'un père mystérieux, Bernardo Rojas, et d'une mère servante, Simona Lizcano, issue d'une famille de paysans de Silos, dans le nord de Santander. Pour fuir la stigmatisation sociale d'avoir donné naissance à un enfant hors mariage, elle quitte Chinácota. Travaillant au palais épiscopal de Pamplona, elle élève seule son enfant car le père est aux abonnés absents. Le jeune Vicente fait ses études secondaires dans cette ville, où il est un brillant élève en histoire, puis intègre l'école normale de Bucaramanga où il poursuit ses études pendant deux ans avant de se faire expulser pour ses prises de position publiques dans un journal fait-main contre un prétendant candidat aux élections présidentielles de 1898. Il quitte l'année suivante les États-Unis colombiens pour rejoindre le Venezuela où il aide à l'ouverture de la première école publique de la ville de Capacho Nuevo dans la province de Tachira, frontalière du Santander colombien. Décidé à prendre une part active aux secousses politiques qui traversent le Venezuela, il s'engage avec les troupes irrégulières de Cipriano Castro qui parviennent fin 1899 à renverser le président élu. Partisan d'une Grande Colombie, économiquement libéral et anti-colonialiste, Cipriano Castro chasse un nationaliste et conservateur, et instaure un pouvoir centralisé et autoritaire. Ses réformes dans le domaine économique lui valent des critiques de la part de grands propriétaires terriens qui voient d'un mauvais œil la reprise en main par l’État de secteurs dominés jusqu'alors par les acheteurs européens. Pendant trois ans, la guerre civile oppose les forces armées de Cipriano Castro et les unités combattantes mise en place par les grands propriétaires avec l'aide de certains États européens. Vicente Lizcano se bat dans le nord-ouest du Venezuela et devient le conseiller de Cipriano Castro. Il obtient le grade de colonel. En désaccord avec les politiques autoritaires et l'absence de réformes sociales libérales, il s'éloigne de son ancien compagnon d'armes à partir de 1901. Les britanniques, les allemands, les italiens et les étasuniens, principaux pays bénéficiaires du commerce vénézuélien, n'hésitent pas à tenter parfois des coups de force directs pour renverser le pouvoir. Sans succès. Soucieux de préserver leur pré carré sud-américain, les États-Unis œuvrent à écarter les puissances européennes. Ils tentent de déstabiliser le Venezuela et soutiennent les indépendantistes du Panama qui réclament leur sécession de la république de Colombie, les anciens États-Unis de Colombie. La nouvelle constitution colombienne de 1886, plus centraliste, est le facteur déclenchant de la guerre civile qui oppose, entre 1899 et la fin 1902, les libéraux et les conservateurs colombiens. La victoire de ces derniers aboutit à la proclamation d'indépendance du Panama en 1903, avec le soutien des États-Unis d'Amérique[14]. Alors que des navires nord-américains protègent les eaux du Panama d'une quelconque attaque de l'armée colombienne, Vicente Lizcano propose ses compétences militaires pour aider à lutter contre les indépendantistes panaméens[15]. Devant le refus colombien et les risques d'être emprisonné, il part en 1904, direction l'Équateur. Ce pays est alors sur le sentier de la guerre avec le Pérou qui conteste le tracé des frontières et revendique des territoires équatoriens[16]. Des affrontements irréguliers opposent les forces armées des deux pays dans les zones frontalières. Finalement, la guerre n'a pas lieu.
Passage stirnérienL'année 1904 est, pour la protivophilie, celle de l'abandon du bas-âge santanderien pour Vicente Lizcano qui, empruntant un obscur passage stirnérien, change son nom. Dorénavant, il est Biófilo Panclasta. Non pas Monsieur Plancasta mais Biófilo Panclasta, comme deux parts indissociables de ce qu'il veut être. Basés sur des racines grecques, Biófilo — de bios "vivant" et philos "qui aime" — signifie "Qui aime la vie" et Panclasta — construit sur pan "tout" et klasta "qui brise" — signifie "Qui brise tout"[17]. Notes
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