Jargon : Différence entre versions
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− | Les plus anciennes occurrences connues de ''jargon'' datent du XII<sup><small>ème</small></sup> siècle après JC<small><sup>Ⓒ</sup></small> <ref>JC<small><sup>Ⓒ</sup></small></ref>. Alors que les pratiques linguistiques issues de la rencontre entre le latin et les parlers germaniques ou celtiques ne sont pas encore uniformisées, le mot actuel existe sous de multiples graphies. Avec des sens similaires, ''jargoun'', ''jargun'' et ''jargon'' côtoient ''gargon'', ''ghargun'', ''gergon'', ''gorgon'' ou encore ''gargun''. <ref>"Jargon" dans le ''Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle'', tome IV, 1885 - [https://archive.org/details/GodefroyDictionnaire4/page/n647/mode/2up En ligne]</ref> L'étymon de tous ces mots est ''garg''. Il dérive du latine ''gurges'' qui a le sens de gouffre, "''passage étroit entre deux montagnes''". Par extension, il équivaut à ''gorge''. Autant dans le sens anatomique que géographique. Une proximité que les Frères Jacquard illustrent | + | Les plus anciennes occurrences connues de ''jargon'' datent du XII<sup><small>ème</small></sup> siècle après JC<small><sup>Ⓒ</sup></small> <ref>JC<small><sup>Ⓒ</sup></small></ref>. Alors que les pratiques linguistiques issues de la rencontre entre le latin et les parlers germaniques ou celtiques ne sont pas encore uniformisées, le mot actuel existe sous de multiples graphies. Avec des sens similaires, ''jargoun'', ''jargun'' et ''jargon'' côtoient ''gargon'', ''ghargun'', ''gergon'', ''gorgon'' ou encore ''gargun''. <ref>"Jargon" dans le ''Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle'', tome IV, 1885 - [https://archive.org/details/GodefroyDictionnaire4/page/n647/mode/2up En ligne]</ref> L'étymon de tous ces mots est ''garg''. Il dérive du latine ''gurges'' qui a le sens de gouffre, "''passage étroit entre deux montagnes''". Par extension, il équivaut à ''gorge''. Autant dans le sens anatomique que géographique. Une proximité que les Frères Jacquard illustrent à gorge déployée. Ils ingurgitent l'air de ''Fonkytown'' et régurgitent une ode aux Gorges du Tarn. <ref>Les Frères Jacquard, ''Gorges du Tarn'' (cover "Funky town") - [https://www.youtube.com/watch?v=fR8-9qCtna0 En ligne]</ref> L'espace francophone moderne comporte de très nombreux mots basés sur cette racine latine. Inutile de les citer tous. Pour quelques exemples, en plus de la ''gorge'' anatomique, il y a ''gorgée'', ''gargouillis'', ''gargarisme'', ''se gargariser'', ''engorger'' ou ''soutien-gorge''. Servant essentiellement à faire s'écouler les gouttières des toits loin des murs, les ''gargouilles'' <ref>gargouilles</ref> sont des sculptures constituées d'un orifice long duquel s'écoulent les eaux par une extrémité en forme de bouche. De ''garg'', "gorge", et de ''goule'' "gueule". |
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Version du 12 juin 2025 à 18:27
Jargon (Жаргон en macédonien - Jargon en nissard) Langue internationale.
SommaireÉtymonsTravail d'archéologie linguistique, la recherche étymologique est une reconstruction a posteriori de l'évolution d'une racine ou d'un mot à travers le temps. Lorsqu'elle ne s'appuie pas sur des sources écrites, quels que soient leurs supports, elle reconstruit le cheminement et propose des hypothèses. Certaines font consensus, d'autres non. Une origine commune ne signifie pas des histoires similaires. Des variantes régionales peuvent apparaître ou, au contraire, disparaître. Des variations peuvent se multiplier au fil des siècles et se superposer. Des divergences orthographiques ou de sens s'entrecroisent parfois. La coexistence est un fait linguistique et la seule limite est l'incompréhension. Une étymologie fictive de communiquer [1] peut laisser croire qu'il se compose de commun et niquer, à l'image d'un coït de langues. Une simple dérive orthopornographique de cunnilingus [2] à cummilingus. Les frontières politiques ou les barrières géographiques ne sont pas suffisantes pour stopper les processus linguistiques et les interpénétrations langagières. Tout au plus peuvent-elles les orienter ou tenter de les contraindre. Des phénomènes de résilience qui ne sont pas propres aux hominines [3] et que l'on retrouve aussi chez d'autres espèces animales. Pour autant, la proximité ou l'éloignement géographiques de deux pratiques linguistiques ne suffisent pas à expliquer à elles seules leurs différences ou leurs ressemblances. La géographie n'est pas un critère totalement pertinent. Les "langues" ont une histoire, modelée par les sociétés d'hominines qui les utilisent. Il n'existe pas de processus linguistiques naturels ! Des choix politiques peuvent accentuer des différenciations entre deux pratiques linguistiques proches par leur origine et leur géographie, et des organisations spatiales distendues peuvent inciter à chercher plutôt du commun. Des enjeux présents, par exemple, dans la fragmentation de l'espace slavophone balkanique entre serbe, croate et bosnien, ou entre macédonien et bulgare. Les différenciations sont au cœur de rudes batailles politiques. Pour rien, faut-il écrire "ништа" ou "ništa" pour dire \niʃ.ta\ ? Faut-il mieux le bulgare "нищо" que le macédonien "ништо" pour \niʃ.to\ ? Au contraire, le vaste espace qu'est le désert du Sahara est linguistiquement moins fragmenté, malgré les grandes distances et les conditions climatiques difficiles, car les hominines qui y habitent s'interconnectent avec une nécessité plus grande et ne cultivent donc pas leurs différences avec exagération. Les plus anciennes occurrences connues de jargon datent du XIIème siècle après JCⒸ [4]. Alors que les pratiques linguistiques issues de la rencontre entre le latin et les parlers germaniques ou celtiques ne sont pas encore uniformisées, le mot actuel existe sous de multiples graphies. Avec des sens similaires, jargoun, jargun et jargon côtoient gargon, ghargun, gergon, gorgon ou encore gargun. [5] L'étymon de tous ces mots est garg. Il dérive du latine gurges qui a le sens de gouffre, "passage étroit entre deux montagnes". Par extension, il équivaut à gorge. Autant dans le sens anatomique que géographique. Une proximité que les Frères Jacquard illustrent à gorge déployée. Ils ingurgitent l'air de Fonkytown et régurgitent une ode aux Gorges du Tarn. [6] L'espace francophone moderne comporte de très nombreux mots basés sur cette racine latine. Inutile de les citer tous. Pour quelques exemples, en plus de la gorge anatomique, il y a gorgée, gargouillis, gargarisme, se gargariser, engorger ou soutien-gorge. Servant essentiellement à faire s'écouler les gouttières des toits loin des murs, les gargouilles [7] sont des sculptures constituées d'un orifice long duquel s'écoulent les eaux par une extrémité en forme de bouche. De garg, "gorge", et de goule "gueule". TypologieNotes |