Nan : Différence entre versions
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− | Proche de la protivophilie, l'[[archéologie de la domesticité]] interroge, dans une approche scientifique intersectionnelle, les mécanismes sociaux en jeu dans les sociétés hiérarchisées et pyramidales. Du point de vue des étages inférieurs de l'édifice social. Pourquoi le ''nan'' est-il plus répandu parmi les couches sociales populaires que le ''non'' ? Existe-t-il un accent spécifique, une manière pointue de prononcer, qui empêche les hominines du ''non'' à pouvoir dire ''nan'' ? Si le ''na'' est un langage enfantin '''et''' populaire, les hominines des étages supérieurs | + | Proche de la protivophilie, l'[[archéologie de la domesticité]] interroge, dans une approche scientifique intersectionnelle, les mécanismes sociaux en jeu dans les sociétés hiérarchisées et pyramidales. Du point de vue des étages inférieurs de l'édifice social. Pourquoi le ''nan'' est-il plus répandu parmi les couches sociales populaires que le ''non'' ? Existe-t-il un accent spécifique, une manière pointue de prononcer, qui empêche les hominines du ''non'' à pouvoir dire ''nan'' ? Si le ''na'' est un langage enfantin '''et''' populaire, les enfants des hominines des étages supérieurs disent-illes ''no'' ? |
== Sens inverse == | == Sens inverse == |
Version du 25 décembre 2024 à 19:37
Nan. Palindrome protivophile.
Premiers sensPour tous les dictionnaires et lexiques francophones qui le recensent, le terme nan est dit d'usage populaire ou familier. Ce qui signifie qu'il est utilisé par les hominines des couches sociales les plus "modestes" selon la terminologie officielle. Populaire est le qualificatif qui marque la différence de langage entre les classes sociales. Ce discriminant linguistique est, pour les hominines qui (s)ont tout, la matérialisation d'une frontière avec celleux qui n(e s)ont rien. Les autres. Le plus grand nombre. Dans des sociétés aux structures hiérarchisées, le haut de la pyramide sociale est bien moins large que la base. Que nan soit populaire est un signe qu'il est d'un usage quotidien. Par des millions de personnes. Alors que les hominines des sommets utilisent exclusivement non pour exprimer une négation, les pratiques populaires retiennent les deux : nan et non. L'une ne remplace pas l'autre. Nan apporte tout une somme de variations dans les usages de la négation.
En plus d'une quasi synonymie totale, nan et non partagent le fait d'être parmi les mots les plus courts de la langue française à être des palindromes. Ils peuvent être lus de droite à gauche, et de gauche à droite, tout en conservant la même sonorité et le même sens. La liste n'est pas très longue. Avec entre autres, été, tôt, sas, sus et gag. Et quelques autres encore. Dans l'espace francophone, il existe aussi d'autres termes de trois lettres qui forment des palindromes. Mais il ne s'agit non pas seulement d'un mot mais d'abréviations ou d'acronymes. Ainsi bab est la version écourtée du baba cool et de son monde de hippies. La pop est autant un élitisme culturel moderne qu'une forme musicale consensuelle et dansante. Bob, que ce soit le chapeau ou l'hominine, est le diminutif du prénom Robert. Ainsi, Bob l'éponge se nomme finalement Robert comme le célèbre combattant de Fight Club, Bob alias Robert Paulson. LOL ou lol est l'acronyme de l'anglais Laughing Out Loud qui signifie "éclater de rire". L'autre façon d'être MDR, "mort de rire", pour les allergiques aux palindromes. Adjectif ou nom, faf est le synonyme de fasciste et l'acronyme de "France aux Français", le slogan typiquement faf. Celleux qui s'y opposent se nomment antifa et se caractérisent palindromiquement par leurs SOS [2] contre les fafs. La spécificité supplémentaire qui lie nan et non est qu'ils sont synonymiques et palindromiques. "Nan c'est non" tout comme "Non c'est nan". Pas d'ambiguïté possible. "Non c'est non" est aussi indiscutable que "Nan c'est nan". Son orthographe est simple, facilement accessible aux dyslexiques et autres dysorthographiques. Le wiktionnaire affirme que nan est une "déformation du mot non en français familier" alors que le Dictionnaire de Godefroy indique que les formes non, nan, no et nu coexistent avant la normalisation du français [3]. D'autres listent aussi nun. Les processus linguistiques qui précèdent les normalisations ne sont pas des mécaniques identiques. Ils divergent selon les régions, selon les contextes, et évoluent dans le temps. Dans la plupart des langues d'Europe, la négation est noté avec une sonorité proche d'un [n] suivie d'une voyelle. [na], [no], [ni] ou [ne] dans l'espace francophone. Parfois le [n] final disparaît. L'ancien anglais nun est devenu no alors que l'allemand actuel a conservé cette lettre finale dans nein. Même phénomène pour le macédonien не et le nissard non. Derrière la graphie des mots se cachent des prononciations multiples. Un éventail de sonorités entre [non] et [nan], entre [no] et [na]. Il existe autant de variations vocaliques autour du [n] qu'il y a de façons de rendre les voyelles. Rien qu'en français standardisé, par exemple, les six voyelles graphiques correspondent à 16 voyelles phonétiques. Par leur étymologie, les termes nan et non s'apparentent au latinisme noenum. Il se compose de ne et unum, respectivement "non" et "unique" ou "un". Un composé que l'on trouve dans la langue anglaise sous la forme no one pour dire "aucune personne" [4]. Noenum évolue vers noenu [5]. Son sens évoque une négation. Au fil des siècles, des processus linguistiques ont modifié la prononciation et l'orthographe dans l'ensemble du domaine des langues dites latines. Les racines ne, nec ou neg expriment le refus. Dans l'expression "Nec plus ultra", par exemple, qui signifie "Il n’est rien de mieux" [6], ou dans les mots négatif, négation, négativité, etc. Cet étymon ne doit pas être confondu avec nae qui lui se fonde sur une racine grecque exprimant une affirmation. Cette ambiguïté se retrouve dans le mot na. Parfois considéré comme une interjection ou relevant du langage enfantin, na peut introduire une affirmation ou une négation selon le contexte dans lequel il est employé. Na ne demande pas d'avis en retour ou de confirmation mais montre la détermination de l'hominine qui parle. Son utilisation revêt un caractère de moquerie, de défi ou de caprice. Ainsi "Je ne dirais rien, na !" a le même sens que "Je tairais tout, na !" Et pour celleux qui saisissent difficilement la nuance, il reste l'utilisation de nananère. Ou mieux encore, nananananère. Cette construction linguistique se retrouve aussi dans la langue anglaise qui utilise ner pour na et y va de ses "Ner ner ner", "Ner ner na ner ner" ou "Ner ner ne ner ner". Au choix. Idem avec neener qui est répété deux ou trois fois [7]. Tout comme pour nananananère, neener neener neener se dit sur un air musical entraînant, rythmé. Lorsque le ton se veut exagérément narquois, le nanana francophone se prononce plutôt [gnagnagna]. Équivalent à l'anglophone "nyah nyah nyah nyah nyah nyah". Contrairement à nananère et ses variantes, les formes anglophones ner et neener conservent dans leur orthographe ce qui peut sembler être des traces d'un sens négatif. Neener ressemble au latin noenum. La présence importante de vocabulaire de l'espace francophone datant du XIème et les suivants dans la langue anglaise contemporaine fait de cette dernière une sorte de conservatoire historico-linguistique [8]. Il est possible d'y déceler des pratiques langagières aujourd'hui disparues, d'y retrouver des orthographes désuètes et de reconstituer des prononciations oubliées. L'anglais est un utile lexique francophone. Na est intrinsèquement lié à l'anglophone ner, et leurs prononciations sont suffisamment proches pour que, parfois, elles se confondent.
Proche de la protivophilie, l'archéologie de la domesticité interroge, dans une approche scientifique intersectionnelle, les mécanismes sociaux en jeu dans les sociétés hiérarchisées et pyramidales. Du point de vue des étages inférieurs de l'édifice social. Pourquoi le nan est-il plus répandu parmi les couches sociales populaires que le non ? Existe-t-il un accent spécifique, une manière pointue de prononcer, qui empêche les hominines du non à pouvoir dire nan ? Si le na est un langage enfantin et populaire, les enfants des hominines des étages supérieurs disent-illes no ? Sens inverseInversion de sensNotes
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