Louis Chave : Différence entre versions

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Les autres chaînes qui entravent les hominines sont les institutions religieuses. Malgré les critiques ouvertes et la perte progressive de son pouvoir au cours du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle, la religion reste ancrée parmi les hominines. Outre les lieux de culte, de moins en moins fréquentés, elle est présente dans les œuvres caritatives et les ordres monastiques. Afin de "''sauver leur âme''" et d'empêcher le déclin de la religion, les hôpitaux et les orphelinats sont pour leurs adeptes des lieux privilégiés pour conserver une emprise de la mythologie christienne sur les hominines. Grace à l'aide financière des institutions religieuses et de riches familles christiennes, la charité est une œuvre de propagande. En contrepartie d'une éducation ou de soins, les enfants, les misérables et les malades sont contraints d'écouter les élucubrations religieuses et d'ingurgiter la moralité des christiens.   
 
Les autres chaînes qui entravent les hominines sont les institutions religieuses. Malgré les critiques ouvertes et la perte progressive de son pouvoir au cours du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle, la religion reste ancrée parmi les hominines. Outre les lieux de culte, de moins en moins fréquentés, elle est présente dans les œuvres caritatives et les ordres monastiques. Afin de "''sauver leur âme''" et d'empêcher le déclin de la religion, les hôpitaux et les orphelinats sont pour leurs adeptes des lieux privilégiés pour conserver une emprise de la mythologie christienne sur les hominines. Grace à l'aide financière des institutions religieuses et de riches familles christiennes, la charité est une œuvre de propagande. En contrepartie d'une éducation ou de soins, les enfants, les misérables et les malades sont contraints d'écouter les élucubrations religieuses et d'ingurgiter la moralité des christiens.   
  
=== Chateauneuf-les-Martigues ===
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=== Saint-Pierre-les-Martigues ===
  
Le recul de la pêche, l'exode rural et l'extension des exploitations agricoles sont quelques uns des facteurs de l'appauvrissement des populations paysannes de la plaine chateaunovo-gignacaise contraintes d'accepter les conditions de travail et les salaires de misère. Un petit groupe d'anarchistes de la région publie le 16 août 1882 le premier numéro du journal ''Le paysan révolté''. Habitant le hameau de Saint-Pierre, l'anarchiste Séverin Ferand<ref>Séverin Ferand</ref> donne le ton dans un article publié dans le journal anarchiste lyonnais ''L’Étendard révolutionnaire''<ref>''L’Étendard révolutionnaire'' - [En ligne]</ref> : "''Paysans, occupons-nous à nous procurer des matières explosibles pour détruire les repaires où logent les voleurs de notre récolte, qui ont encore l'audace de s'intituler nos bourgeois. Faisons disparaître par tous les moyens l'exploitation et par le feu cette caste monstrueuse qui vit dans les jouissances de notre travail.''" Imprimé à Marseille, le journal n'existe que le temps de deux autres numéros, datés des 1<sup><small>er</small></sup> et 15 septembre 1882. L'interruption de la parution du journal n'est pas synonyme d'inactivité. Dans un article publié en décembre 1883 dans le journal ''L’Émeute''<ref>''L’Émeute'' (Lyon) du 16 décembre 1883 - [En ligne]</ref> de Lyon, les anarchistes de la plaine rappellent que "''le groupe le ''Paysan révolté'' se prépare à une étude de destruction complète pour en arriver bientôt à une prompte révolution. Il s'agit d'étudier les moyens de réussite pour mettre le feu partout où ses moyens le permettront. Les membres de ce groupe se dirigeront principalement dans les grandes villes pour incendier toutes les institutions qui sont nuisibles à la classe des déshérités. Et à défaut de pouvoir choisir, de réduire en cendre tout ce qui nous opprime, ils mettront plutôt tout en flamme, tant qu'il y aura pierre sur pierre. Dans notre prochaine correspondance, nous ferons connaître notre plan pour que tous ceux que cela intéresse s'y associent''". Le projet est clair. Et les frontières toujours aussi poreuses entre nihilisme, anarchisme et individualisme, proches comparses de la révolte. Le groupe n'est pas isolé. Il est en lien avec divers journaux ou groupes anarchistes de Marseille<ref>''Du feu ! Du sang ! Du poison ! Pacte avec la mort. Anarchistes à Marseille à la fin du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle'', L'Assoiffé, 2020</ref>. En 1884 paraît la première brochure du paysan révolté, intitulée ''Phraseurs et prolétariat''<ref>Séverin Féraud, ''Phraseurs et prolétariat'', 1884 - [En ligne]</ref> et signé Séverin Féraud.
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Le recul de la pêche, l'exode rural et l'extension des exploitations agricoles sont quelques uns des facteurs de l'appauvrissement des populations paysannes de la plaine chateaunovo-gignacaise contraintes d'accepter les conditions de travail et les salaires de misère. Un petit groupe d'anarchistes de la région publie le 16 août 1882 le premier numéro du journal ''Le paysan révolté''. Du hameau de Saint-Pierre-les-Martigues, l'anarchiste Séverin Féraud<ref>Le recensement de 1881 pour la commune de Martigues dont dépend le hameau mentionne un Zéphirin Féraud, cultivateur, alors âgé de 19 ans et vivant avec ses parents et ses trois sœurs.</ref> donne le ton dans un article publié dans le journal anarchiste lyonnais ''L’Étendard révolutionnaire''<ref>''L’Étendard révolutionnaire'' - [En ligne]</ref> : "''Paysans, occupons-nous à nous procurer des matières explosibles pour détruire les repaires où logent les voleurs de notre récolte, qui ont encore l'audace de s'intituler nos bourgeois. Faisons disparaître par tous les moyens l'exploitation et par le feu cette caste monstrueuse qui vit dans les jouissances de notre travail.''" L'autre hominine à apparaître nommément est Sauveur Couloubrier<ref>Sauveur Couloubrier</ref>, le correspondant à Marseille. Imprimé dans cette ville par Joseph Doucet<ref>Joseph Doucet</ref>, le journal n'existe que le temps de deux autres numéros, datés des 1<sup><small>er</small></sup> et 15 septembre 1882. L'interruption de la parution du journal n'est pas synonyme d'inactivité. Dans un article publié en décembre 1883 dans le journal ''L’Émeute''<ref>''L’Émeute'' (Lyon) du 16 décembre 1883 - [En ligne]</ref> de Lyon, les anarchistes de la plaine rappellent que "''le groupe le ''Paysan révolté'' se prépare à une étude de destruction complète pour en arriver bientôt à une prompte révolution. Il s'agit d'étudier les moyens de réussite pour mettre le feu partout où ses moyens le permettront. Les membres de ce groupe se dirigeront principalement dans les grandes villes pour incendier toutes les institutions qui sont nuisibles à la classe des déshérités. Et à défaut de pouvoir choisir, de réduire en cendre tout ce qui nous opprime, ils mettront plutôt tout en flamme, tant qu'il y aura pierre sur pierre. Dans notre prochaine correspondance, nous ferons connaître notre plan pour que tous ceux que cela intéresse s'y associent''". Le projet est clair. Et les frontières toujours aussi poreuses entre nihilisme, anarchisme et individualisme, proches comparses de la révolte. Le groupe n'est pas isolé, en lien avec divers journaux ou groupes anarchistes de Marseille<ref>''Du feu ! Du sang ! Du poison ! Pacte avec la mort. Anarchistes à Marseille à la fin du XIX<sup><small>ème</small></sup> siècle'', L'Assoiffé, 2020</ref>. En 1884 paraît la première brochure du paysan révolté, intitulée ''Phraseurs et prolétariat''<ref>Séverin Féraud, ''Phraseurs et prolétariat'', 1884 - [En ligne]</ref> et signée Séverin Féraud.
  
 
== Notes ==
 
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Version du 15 avril 2021 à 14:46

Louis Chave. Anti-esclavagiste éphémère.


[En cours de rédaction]


Chaîne de l'Estaque

Vestige géologique, la chaîne montagneuse de l'Estaque s'étend sur presque trente kilomètres entre, d'est en ouest, le quartier nord-marseillais de l'Estaque et la ville de Martigues. Elle est parfois aussi appelée chaîne de la Nerthe, en référence au hameau du même nom dans le nord-ouest marseillais. Elle forme un isthme large de moins de dix kilomètres entre la mer Méditerranée et l'étang de Berre[1]. Elle culmine à 278 mètres d'altitude. Son flanc méditerranéen est constitué de falaises escarpées dont certaines sont percées de calanques, sortes de vallons donnant directement sur la mer. Le nord de la chaîne de l'Estaque débouche sur des plaines, puis des zones marécageuses à proximité de l'étang. Formant une lagune séparée de la mer Méditerranée, l'étang de Berre est une vaste étendue d'eau salée de 15000 hectares alimentée en eau douce par quelques rivières et profonde au maximum de neuf mètres. La présence des hominines[2] est attestée, autant sur les flancs méditerranéens ou berriens de la chaîne de l'Estaque, depuis des millénaires par des fouilles archéologiques[3]. Le pourtour de l'étang est propice à l'agriculture, à la pêche et à l'extraction de sel. Dès les premiers siècles après JC[4], les hominines ont tenté de faire communiquer l'étang de Berre avec la mer Méditerranée, séparés par le petit étang de Caronte et ses îlots.

Carte postale de l'étang de Berre en 2020

L'habitat des hominines entre les rives sud de l'étang de Berre et le nord de la chaîne de l'Estaque est, au fil des siècles, devenus pérenne. Les agglomérations se sont faites urbaines. Les villes côtières de Martigues, de Marignane et Vitrolles sont les plus grandes et les plus connues d'entre elles. Dans les zones de plaines, se développent de petits villages, tel Chateauneuf-les-Martigues, Le Rove ou Gignac, dont l'activité économique est plus tournée vers l'agriculture. Dès le début du XIXème siècle, le pourtour de l'étang de Berre est un lieu d'implantation de sites de l'industrie chimique[5]. Obtenu à partir de sel marin par des procédés chimiques polluants, le carbonate de potassium est alors un incontournable pour les industries textiles et la fabrication du savon. La production d'acide chlorhydrique est un facteur important du recul des terres cultivables. Déjà en 1830, les hominines de la région protestent contre les nuisances de cette industrie qui est la cause de nombreuses morts prématurées d'hominines et d'animaux d'élevage, ainsi que de la pollution des terres agricoles. Le creusement de l'étang de Caronte et la destruction de quelques-unes de ses îlots permet, en 1863, d'en faire un canal qui relie directement l'étang de Berre à la mer Méditerranée. Un pas est franchi pour faire des rives de l'étang la plus vaste zone de pollution industrielle de la région.

Gignac

Initialement rattaché à la seigneurie de Marignane, le village de Gignac devient une commune avec l'instauration de la république en France à la fin du XVIIIème siècle. Elle comprend Gignac, Le Rove et Ensuès qui ne seront établis en communes distinctes que dans les premières décennies du XIXème pour Le Rove et du XXème pour Ensuès-la-Redonne. La vaste plaine entre Chateauneuf-les-Martigues et Gignac est une zone d'agriculture où le blé, l'olivier et la vigne sont exploités pour l'exportation vers les centres urbains alentours, tel Marseille. Au XIXème siècle, l'industrialisation grandissante de cette capitale régionale entraîne son essor démographique et une nécessité permanente de main-d'œuvre pour travailler dans les ateliers ou au port, qui reste son activité principale. L'activité agricole dans la plaine châteaunevo-gignacaise emploie de très nombreux journaliers locaux et des hominines venus d'autres pays.

Louis Chave naît le 12 avril 1862[6] dans l'ancien quartier des Maisons Neuves à Gignac. Son père, Noël Chave, est un agriculteur né à Septèmes à quelques kilomètres à l'est, et sa mère, Henriette Gouiran, originaire de Gignac, est couturière. Après leur mariage en septembre 1858, le couple d'hominines s'installe dans le centre de Gignac. Outre une sœur aînée, Louis Chave a deux frères et deux sœurs plus jeunes que lui, nés entre 1864 et 1871[7]. Noël Chave est employé en tant que cantonnier communal dans le début des années 1860 puis devient chiffonnier dans les premières années de la décennie suivante. Sans doute accaparée par l'élevage des six enfants, Henriette Chave se dit sans profession lors du recensement de 1864 avant de se déclarer, elle-aussi, chiffonnière. En parallèle de ces activités, le couple d'hominines s'occupe de maintenir une agriculture domestique pour subvenir à leurs besoins, ceux de leurs enfants et du grand-père maternel qui vit avec elleux. Lorsque Noël Chave décède prématurément le 13 mai 1872, Henriette Chave se retrouve seule avec à sa charge six enfants, âgés de 1 à 11 ans, et son père presque octogénaire. Louis Chave est alors âgé de 10 ans.

Chaînes marseillaises

Chaînes bucco-rhodaniennes

L'échec des différentes tentatives de proclamer des Communes autonomes dans plusieurs villes de France[8], dont Marseille[9], et leurs répressions sanglantes n'ont pas empêché que les idées révolutionnaires se diffusent dans la seconde moitié du XIXème siècle, dans un contexte d'industrialisation, d'essor urbain et d'exode rural. Les usines et les ateliers, toujours plus grands, toujours plus nombreux, attirent moult hominines qui viennent y vendre leur force de travail pour échapper à la misère quotidienne. Les conditions de travail et l'exploitation économique n'ont rien à envier à celles des hominines travaillant dans l'agriculture ou l'élevage en périphérie des zones urbaines. Les salaires sont médiocres et les emplois incertains. L'esclavage se modernise[10]. Les protestations se manifestent dans des journaux et des associations d'hominines qui soutiennent et participent à des pétitions, des blocages ou des grèves. Le panel politique de cette presse et de cet activisme révolutionnaire va des socialistes réformateurs aux anarchistes, en passant par les marxistes ou les socialistes radicaux. Les grilles de lecture et les modes opératoires pour se sortir de la misère et de l'exploitation sont très différents. Là où la patience active est défendue par les plus tièdes — le réalisme —, l'impatience se fait action pour celleux qui refusent d'endurer une minute de plus leurs conditions de vie déplorables — la réalité. L'expression radicale de ce refus opte pour des formes de violence contre les biens et les personnes.

Les autres chaînes qui entravent les hominines sont les institutions religieuses. Malgré les critiques ouvertes et la perte progressive de son pouvoir au cours du XIXème siècle, la religion reste ancrée parmi les hominines. Outre les lieux de culte, de moins en moins fréquentés, elle est présente dans les œuvres caritatives et les ordres monastiques. Afin de "sauver leur âme" et d'empêcher le déclin de la religion, les hôpitaux et les orphelinats sont pour leurs adeptes des lieux privilégiés pour conserver une emprise de la mythologie christienne sur les hominines. Grace à l'aide financière des institutions religieuses et de riches familles christiennes, la charité est une œuvre de propagande. En contrepartie d'une éducation ou de soins, les enfants, les misérables et les malades sont contraints d'écouter les élucubrations religieuses et d'ingurgiter la moralité des christiens.

Saint-Pierre-les-Martigues

Le recul de la pêche, l'exode rural et l'extension des exploitations agricoles sont quelques uns des facteurs de l'appauvrissement des populations paysannes de la plaine chateaunovo-gignacaise contraintes d'accepter les conditions de travail et les salaires de misère. Un petit groupe d'anarchistes de la région publie le 16 août 1882 le premier numéro du journal Le paysan révolté. Du hameau de Saint-Pierre-les-Martigues, l'anarchiste Séverin Féraud[11] donne le ton dans un article publié dans le journal anarchiste lyonnais L’Étendard révolutionnaire[12] : "Paysans, occupons-nous à nous procurer des matières explosibles pour détruire les repaires où logent les voleurs de notre récolte, qui ont encore l'audace de s'intituler nos bourgeois. Faisons disparaître par tous les moyens l'exploitation et par le feu cette caste monstrueuse qui vit dans les jouissances de notre travail." L'autre hominine à apparaître nommément est Sauveur Couloubrier[13], le correspondant à Marseille. Imprimé dans cette ville par Joseph Doucet[14], le journal n'existe que le temps de deux autres numéros, datés des 1er et 15 septembre 1882. L'interruption de la parution du journal n'est pas synonyme d'inactivité. Dans un article publié en décembre 1883 dans le journal L’Émeute[15] de Lyon, les anarchistes de la plaine rappellent que "le groupe le Paysan révolté se prépare à une étude de destruction complète pour en arriver bientôt à une prompte révolution. Il s'agit d'étudier les moyens de réussite pour mettre le feu partout où ses moyens le permettront. Les membres de ce groupe se dirigeront principalement dans les grandes villes pour incendier toutes les institutions qui sont nuisibles à la classe des déshérités. Et à défaut de pouvoir choisir, de réduire en cendre tout ce qui nous opprime, ils mettront plutôt tout en flamme, tant qu'il y aura pierre sur pierre. Dans notre prochaine correspondance, nous ferons connaître notre plan pour que tous ceux que cela intéresse s'y associent". Le projet est clair. Et les frontières toujours aussi poreuses entre nihilisme, anarchisme et individualisme, proches comparses de la révolte. Le groupe n'est pas isolé, en lien avec divers journaux ou groupes anarchistes de Marseille[16]. En 1884 paraît la première brochure du paysan révolté, intitulée Phraseurs et prolétariat[17] et signée Séverin Féraud.

Notes

  1. Berre
  2. hominines
  3. Une chronologie historique de l'étang de Berre - En ligne
  4. JC
  5. Situation actuelle
  6. Registre des naissances - En ligne
  7. Adelphie
  8. Liste
  9. Commune de Marseille
  10. Une minute
  11. Le recensement de 1881 pour la commune de Martigues dont dépend le hameau mentionne un Zéphirin Féraud, cultivateur, alors âgé de 19 ans et vivant avec ses parents et ses trois sœurs.
  12. L’Étendard révolutionnaire - [En ligne]
  13. Sauveur Couloubrier
  14. Joseph Doucet
  15. L’Émeute (Lyon) du 16 décembre 1883 - [En ligne]
  16. Du feu ! Du sang ! Du poison ! Pacte avec la mort. Anarchistes à Marseille à la fin du XIXème siècle, L'Assoiffé, 2020
  17. Séverin Féraud, Phraseurs et prolétariat, 1884 - [En ligne]