Jean Bilski

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Jean Bilski. Mort anonyme de la guerre sociale.

[En cours de rédaction]

Faim

Jean Bilski est élevé à la campagne par ses grands-parents jusqu'à l'âge de onze ans où sa mère décide de le reprendre à sa charge. Il s'installe avec elle et son nouveau parâtre dans le Var. Alors qu'il est au collège, avec deux ou trois de ses amis, il fait de petits vols dans des maisons inhabitées de Saint-Aygulf, entre Saint-Raphaël et Sainte-Maxime, lors desquels ils détroussent de l'alcool et des livres. Bilski entre au lycée technique de Draguignan à l'âge de seize ans. La famille habite dans la caravane beau-paternelle. Au bout de deux mois, il fugue avec quelques comparses mais sont repris peu de temps après.

Parce que mon beau-père et ma mère c'étaient des malheureux, c'est les mecs qui auraient été bonards si ça n'avait pas merdé pour eux. [...] Pas que le fric. Oui c'est-à-dire qu'ils vivaient dans une caravane sous la neige n'importe quoi...[1]

Selon ses dires, il découvre l'anarchisme lors d'un petit boulot où il est chargé de vider les poubelles et de ramasser les journaux dans un centre de vacances. Dans ce contexte qui mêle journalisme et détritus, il trouve "logiquement" un numéro du Nouvel Observateur qui relate de menus infos sur les anarchistes. Jean Bilski lit des livres sur l'anarchisme et organise même des petites expositions sur le sujet dans son lycée.

Une nouvelle fugue et ses parents décident de l'envoyer à Toulon où il passe devant le juge pour enfant, puis est envoyé dans un centre d'orientation en mai 1970. Il y reste un mois et fugue de nouveau.

Milieu

Lors de son cours passage au centre d'orientation de Toulouse, il fait connaissance de militants "maos" et participe à quelques tractages du Secours Rouge.

Après, j'ai revu les anars, des mecs bonards. Là, on faisait déjà des casses, avec les anars. On habitait dans une piaule pourrie, quartier réservé. On faisait des petits casses comme ça.[1]

Il survit ainsi en multipliant les petits casses dans des maisons dont le butin est ensuite revendu au marché aux puces de la ville. La nourriture est volée, mais le petit groupe vit "comme des malheureux". Jean Bilski est arrêté en possession de mèches à explosif - dit cordon Bickford - et prend un mois et demi de prison à Draguignan. À sa sortie il réintègre le centre d'orientation mais n'y reste que huit mois. En novembre 1971, il fugue et tente de survivre, mais le manque d'argent est problématique. En février 1972, armé d'une mitraille Sten il fait son premier braquage.

Je pensais que je pouvais pas le faire parce qu'il y avait plein de monde. En fait j'ai pas peur de me faire descendre, ce que j'ai peur, c'est le contact avec les flics, me faire choper sans arme. Tant que je peux tenir une arme, me descendre ou descendre, ça va. ça je m'en fout. Je veux absolument pas être arrêté, aller en taule, la mort lente et tout.[1]

Pendant un an, il grenouille "vaguement quoi" avec les maos de La Cause du Peuple en qui il voit des espèces d'anarchistes. Parmi le groupe de militants qu'il fréquente il est le seul ouvrier. Et traité comme tel, avec toute la déférence que les "maos" affectionnent vis-à-vis de ce qu'ils appellent la classe ouvrière. Il trouve un travail de manœuvre sur les chantiers navals de la Seyne-sur-mer, près de Toulon, et y reste presque une année entière avant de se faire licencier pour sa participation à des grèves. Tout en côtoyant ces militants politiques qui ne cautionnent pas son acte, il effectue seul le braquage d'une petite banque dans laquelle il rafle vingt mille francs, "deux briques", soit deux millions d'anciens francs. Pour ce faire, il s'arme d'une imitation de M16 qu'il modifie et, sans le savoir, le rend inutilisable ! Il fuit l'agence qu'il vient de braquer avec sa propre mobylette. En couverture, il se fait embauché à la Ciotat et fait une formation de soudeur pendant six mois, puis travaille seulement deux mois avant de quitter cet emploi. En plein chagrin après une séparation amoureuse, avec un comparse, il participe à un braquage dans le Gard, à Uzès. Ils n'ont pas le temps de se faire ouvrir le coffre et doivent se contenter de la caisse qui contient 50000 francs. Ils s'enfuient en voiture et prennent en otage un des deux motards de la police alors à leur poursuite. Ils volent une voiture.

On a fait descendre le mec, on a mis le flic au volant, on est parti. On a tiré. Quelques balles derrière sur eux, on les a pas eu, ils nous suivaient à 50 mètres toujours la même distance. On est sorti, on ne savait pas où aller, on lui a dit : nous on s'en fout, on ne veut pas aller en taule, on veut caner, si tu veux t'en tirer tu te démerdes à les semer, tu connais la région. Le mec s'est démerdé quoi ![1]

Après avoir abandonné leur otage, ils rejoignent Avignon, puis se séparent. Jean Bilski se change, coupe ses cheveux et passe par Orange pour retourner jusqu'à Toulon. Son comparse disparaît avec l'argent. Pour vivre, il enchaîne quelques braquages mais la plupart des gros coups qu'il tente de mettre en place restent sans lendemain. Son idée est de dévaliser un fourgon ou un casino. Il imagine même enlever un banquier ou l'écrivain Jean-Edern Hallier, qu'il n'a pas l'air d'apprécier. Les braquages de banque ne rapportent pas assez, une fois le butin réparti entre les braqueurs.

Des buts ?

Notes

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Entretien avec Jean Bilski, 1975