Guerre du Biafra

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Guerre du Biafra. (1967 – 1970) Le Biafra est une région du sud-est du Nigeria en guerre contre l’État central de 1967 à 1970, année de naissance de F. Merdjanov.


Géolocalisation

L’Afrique est séparée de la péninsule arabique par le canal de Suez qui permet de relier la Méditerranée à la mer Rouge. Depuis l'ouverture de ce canal le 17 novembre 1869, l'Afrique est une île-continent séparée de la péninsule arabique par quelques centaines de mètres. L'ensemble de cette île-continent est constituée par la plaque tectonique africaine, en contact au nord-est avec la plaque tectonique arabique, au nord avec la plaque eurasiatique et, à l'est, avec la plaque indienne. La rencontre de la plaque africaine et eurasiatique forme les monts de l’Atlas qui s'intègrent dans le grand ensemble montagneux, appelé ceinture alpine, qui s'étend des côtes du Maroc à l'Himalaya, en passant par l'Atlas, la côte ibérique, les Pyrénées, les Alpes et les Apennins, les Balkans, les Carpates, les montagnes d'Asie mineure, le Caucase, les plateaux iraniens, l'Hindou Kouch puis l'Himalaya, pour finir tout le long de l'Indonésie. Cette ceinture est la conséquence de la dérive des continents et de la rencontre entamée il y a 65 millions d'années entre les plaques tectoniques eurasiatiques, africaines, arabiques et indiennes qui, pour les trois dernières, remontent à des vitesses différentes1.

Géographie humaine

Située à sud-ouest de la ceinture alpine, l’Afrique est un vaste ensemble géographique que les hominines actuels ont divisé en une cinquantaine2 de pays, séparés par des frontières administratives. La plupart de ces frontières sont issues d’un processus de plusieurs siècles de mise en esclavage d’une partie de la population3, puis de colonisation militaires et administratives de royaumes et États4 africains par des pays européens, et enfin d’un découpage en zones d’influence politique et économique par ces mêmes pays. Après, selon les endroits, une période de négociations avec des élites économiques et politiques locales5, de guerres de libération6 ou de mouvements de contestation populaires7, les pays colonisateurs ont concédé l’indépendance à de nouveaux États. Ces nouvelles entités étatiques ont tous les oripeaux d’un État indépendant mais elles restent très dépendantes des choix politiques et économiques des ex-puissances coloniales : pour leurs intérêts communs, les élites de ces nouveaux États appellent "processus de décolonisation" ce que les ex-colonisateurs désignent par "maintien d’une zone d’influence"8. Le rapport est évidemment asymétrique et – faut-il encore le préciser ?9 – en faveur des seconds.

Nigeria

Lors de son accession à l’indépendance en 1960, le Nigeria fait partie de la zone d’influence britannique. Il regroupe les États de et de, dans un vaste territoire de 923 768 km² peuplé alors d’environ 40 millions de personnes. À lui seul, le Nigeria est plus peuplé que l’ensemble de la zone de colonisation française en Afrique.

Malgré le gentilé anglophone de nigerian que l’on pourrait traduire en français par nigerien, il est préférable de conserver l’anglicisme nigérian afin de ne pas induire de confusion avec le terme de nigérien qui, en français, désigne un habitant du Niger. Du nom du fleuve qui traverse les deux pays.

En 1960, le Nigeria est doté d’une constitution fédérale qui reconnaît trois grandes régions, (Northern Nigeria, South Nigeria et Lagos) lesquelles sont constituées par le regroupement d’anciennes divisions coloniales britanniques. Ces trois régions correspondent à des zones linguistiques majoritaires10 que sont l’haoussa, le yoruba et l’ibo. La religion dominante dans le nord haoussa est l’islam, dans le centre yoruba, c’est l’islam et le christianisme, et dans le sud ibo, le christianisme et l’animisme. Pour asseoir son autorité, le pouvoir colonial britannique s’appuie généralement sur des élites locales, qu’il sélectionne, puis implante au sein de l’administration coloniale en leur déléguant la gestion politique et en les favorisant économiquement. Dans le cas du Nigeria, des chrétiens ibo sont choisis pour faire office d’auxiliaires. Ils investissement massivement l’administration et l’économie coloniales. En 1960, les élites ibo et haoussa tiennent les rênes du pouvoir politique du nouvel État. Cette situation créée des tensions permanentes et les coups d’État se succèdent. Les populations ibo payent un lourd tribut à la politique de "leurs" élites en étant les victimes régulières de lynchages et de meurtres11. Le paroxysme est atteint en 1966 après un énième coup de force dans la guerre que se livrent les élites politico-économiques haoussa, yoruba et ibo. Des milliers d’ibo sont tués et des milliers d’autres fuient le nord du Nigeria. En 1967, une nouvelle constitution fédérale de douze régions est proposée.


Anthropologie

À quelques différences prêts, le Nigeria est assez proche de la Macédoine :

Pour le reste, la Macédoine est un pays comme les autres : ses frontières sont une chimère, son histoire nationale une mythologie, son pouvoir politique un rapport de domination et son organisation sociale une contrainte. Comme toute identité collective, la Macédoine est une illusion. Bien sûr, la Macédoine a connu des épisodes de son histoire qu’elle ne partage pas avec les autres pays, mais cela ne change rien.12

Idem, si l’on veut se livrer à une étude anthropologique.

[Au Nigeria], les structures sociales sont imprégnées de l’héritage du [christianisme ou de l’islam]. Que ce soit pour des raisons de croyances religieuses ou au nom d’une morale […] sécularisée, le patriarcat familial, le mariage, la famille ou le sexisme sont toujours présents. […] Il en découle que la plupart des [nigérians] en âge de procréer sont invités à le faire afin de reproduire le modèle social de la famille en l’inculquant à leurs enfants. Les parents et l’école sont responsables de l’éducation donnée aux enfants, avec très peu de possibilités concrètes pour ces derniers de négocier ou refuser quoi que ce soit sur le sujet. Sans nourriture, par exemple, un bambin [au Nigeria] ne survit pas13. Le mariage reste le moment important d’une vie sociale. Le décès aussi14. Sauf que dans ce cas, seules les personnes vivantes peuvent en profiter. Échapper à la famille – et à sa reproduction – n’est pas chose simple et nécessite de pouvoir se créer d’autres solidarités. Choisies cette fois-ci. La morale, religieuse ou non, les codes traditionnels, les us et coutumes et les contraintes sociales sont omniprésents dans tous les domaines de la vie quotidienne. De la sexualité à la coupe de cheveux, des apparats vestimentaires à la manière de s’exprimer, des goûts culinaires à l’esthétisme, ce sont des carcans dans lesquels tout le monde doit se mouler sous peine d’être exclu. Une étude attentive pointe15 que la plupart des activités sociales sont genrées de façon binaire avec une préférence donnée à la catégorie "hommes", la seule qui est valorisante. 16

Guerre des femmes

Depuis que les britanniques se sont installés le long du fleuve Niger17, ils se heurtent régulièrement à des mouvements de contestations de femmes, dans les provinces du sud-est, contre la fiscalité coloniale ou pour l’obtention de certains droits perdus avec la colonisation. Issues essentiellement des milieux ruraux, ces femmes vendent leurs productions sur les marchés mais les nouvelles règles les excluent en partie de la mise en place des marchés et des prises de décision au sein des tribunaux indigènes18. Les remous sociaux s’intensifient à partir de 1920 alors que les autorités coloniales veulent mettre en place une fiscalité directe. En 1924, environ 3000 femmes manifestent à Calabar contre des taxes coloniales. Dès 1928, une fiscalité directe est installée pour les hommes. Sans incidents. L’année suivante, dans un contexte de crise économique mondiale, des rumeurs de l’extension de cette fiscalité aux femmes met le feu aux poudres. Après un incident entre Nwanyerua19, une habitante d’Oloko, et le chef de ce village à propos du nouveau calcul des impôts, le 23 novembre 1929, une manifestation spontanée de femmes encercle, avec des chants et des danses, le domicile du chef afin qu’il suspende la taxe. Celui-ci refuse. Huit femmes sont blessées. Le 2 décembre, plus de 10000 femmes se rassemblent à Oloko pour manifester leur mécontentement. Le 9, un millier d’entre elles attaquent le tribunal indigène d’Owerrinta. Le lendemain, à Aba, le tribunal indigène, la banque Barclays et des entrepôts d’huile de palme sont pillés. Cinq jours plus tard, l’armée britannique tuent 18 manifestantes dans le village d’Utu Etim Ekpo. Le 16, à Opobo, une quarantaine sont tuées et une trentaine blessées lors de confrontations avec les militaires. En représailles, plusieurs villages sont détruits par les britanniques.

En 1930, une commission est constituée pour étudier et expliquer les évènements de décembre 1929 – dit Aba Riots pour les britanniques et Ogu Umunwaanyi (Guerre des femmes) en langue ibo – et dans laquelle de nombreuses femmes, dont Nwanyerua, sont venues témoigner de leur refus d’un nouvel impôt et de la perte de leurs droits depuis l’instauration de la législation coloniale. Elles n’obtiennent que le droit de choisir le responsable du tribunal indigène.

Biafra

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