Systema
Systema (sistema en nissard. систем en macédonien). Art martial libre.
SommaireÉtymologieEmprunté à la langue russe, le terme de система est un nom féminin signifiant "système". La translittération en alphabet latin est rendue par "systema" ou "sistema". Parmi les différentes définitions de ce terme[1], la plus approchante est fournie par les mathématiques : "Ensemble de relations qui doivent être satisfaites simultanément", et illustrée par la mécanique : "Mécanisme constitué par un assemblage de solides dont les liaisons deux à deux peuvent: 1) Soit permettre un mouvement de rotation autour d'une droite (...) 2) Soit permettre un mouvement de rotation autour d'un point, de l'un des solides par rapport à l'autre". Cистема désigne un art martial libre, né quelque-part entre les rivages tchernomoriens[2] et les confins sibériens à une date indéterminée. Hormis de rares exceptions, et sans qu'aucune raison ne soit évoquée, dans l'espace francophone le masculin est usuellement utilisé pour adapter le terme russe sans le traduire. Ainsi, dans ces contrées linguistiques marginales, ses adeptes pratiquent "Le" systema ! PrincipesQuelles que soient les différents "styles" actuels se réclamant de la systema, toutes évoquent une approche martiale se fondant sur les principes de la bio-mécanique. De l'étude de cette mécanique inhérente à chaque hominine découle plusieurs principes. Certains "styles" de systema retiennent par exemple le mouvement continu, une respiration particulière, la détente permanente et une attention marquée à la structure du squelette. Le mouvement continu, au sol et/ou debout, est la façon de n'être jamais exactement là où l'adversaire pense vous trouver. La respiration adoptée en systema est continue et basée sur plusieurs manières de respirer selon les circonstances pour détendre les tensions musculaires, récupérer activement ou faire descendre les tensions psychologiques et ainsi parvenir à rester "calme". Les pratiques respiratoires permettent de maintenir un état de détente optimal afin de faciliter le mouvement, atténuer les effets des impacts et augmenter la puissance de sa propre force de frappe[3]. Généralement, l'inspiration se fait par le nez et l'expiration par la bouche. La bio-mécanique explore le fonctionnement articulaire et musculaire du corps des hominines et la systema en exploite les principaux mécanismes pour agir simultanément sur les zones de tensions musculaires et les articulations, par des frappes, des poussées ou des leviers, et ainsi déstructurer l'adversaire. Il n'y a pas de techniques en systema mais de très nombreux exercices d'apprentissage de la bio-mécanique de soi-même et d'une ou plusieurs personnes qui se prêtent au jeu. Des outils pédagogiques - déguisés en armes - sont utilisés : bâton, couteau et chaîne. Ils permettent de mieux se déplacer, fluide et détendu, et de gérer les tensions psychologiques. La plupart des exercices - avec ou sans outils - se font à vitesse réduite[4], pour plus de précision et d'opportunités de voir ce qu'il se passe réellement dans la bio-mécanique et de profiter de ses principes. Les exercices ne sont pas basés sur le rapport de force ou la compétition entre deux ou plus mais sur l'attention portée aux possibilités et aux opportunités de maîtriser dans un rapport ludique à l'autre. L'augmentation de la vitesse et de la force des coups portés est une décision librement consentie entre les personnes impliquées. Certaines écoles semblent plus pointilleuses que d'autres sur la rapidité d'exécution. Les exercices d'acquisition des principes bio-mécaniques s'accompagnent d'une pratique de massages spécifiques à la systema. Leurs buts sont de détendre les zones musculaires tendues grâce à des pressions avec les mains et les poings, en marchant et en piétinant les parties voulues, sur tout le corps, avec des sticks en bois qui viennent chercher les muscles en profondeur ou en frappant avec les poings, plus profondément à chaque coup, les zones musculaires à attendrir. La respiration rapide[5] est préconisée pour ce type d'exercice qui tente d'être autant un massage qu'un apprentissage du coup reçu. Les poings de la personne qui masse sont comme deux coups de poings donnés et reçus lentement. Celle qui est massée expérimente ce que cela procure chez elle et les zones de tensions musculaires douloureuses à détendre : elle arrête lorsqu'elle le décide. Par ces effets sur les muscles plus profonds et sur le plexus, ces massages déclenchent parfois des "montées d'émotions", sans douleurs, qui se traduisent par quelques larmes ou des sensations de picotements dans le corps. Des entraînements de systema comportent aussi de nombreux exercices individuels d'assouplissement, réalisés non par étirements mais par une recherche de détente progressive. Le renforcement musculaire se fait par des exercices de pompes, de squats et d'abdominaux, réalisés à des vitesses différentes, fractionnés ou dans des positions statiques, en essayant de maintenir détendus les muscles non indispensables au mouvement. Dans un célèbre enregistrement de quatre minutes et trente-trois secondes, le préparateur de MMA (Mixed Musical Arts) John Cage, toujours très éloquent, revient longuement sur ces sujets :
La systema n'est ni envisagée ni enseignée comme un sport : Il n'existe ni règles, ni compétitions. Il n'y a pas de catégories de genre (mâles/femelles), de poids ou de niveaux et les entraînements incluent toutes les personnes, sans distinction. Le but essentiel de la systema, en tant qu'art martial libre, est de mettre hors-jeu rapidement et non d'entretenir le combat par un cadre réglementaire. Dans la réalité, la systema, pratique d'auto-défense et d'attaque, ne vise pas à se battre avec quelqu'un mais à mettre fin au combat par tous les moyens disponibles. Plus que martial, la systema est un art de la survie. Il est admis que tous les coups sont permis mais dans le cadre des entraînements, et à vitesse réduite, l'intention est de ne pas blesser ses partenaires qui sont l'outil indispensable à l'apprentissage de la bio-mécanique. Il n'y a pas d'entraînement-type dans l'apprentissage de la systema, même s'il existe un certain nombre d'exercices récurrents. La plupart des exercices proposés visent à la découverte de la bio-mécanique (musculaire et articulaire), une forme d'exploration par le mouvement des positions dans lesquelles le corps peut se trouver, pour une meilleure compréhension de ce que cela créé chez soi et chez les autres. L'autre est l'outil majeur, acceptant à tour de rôle de "prêter son corps" pour expérimenter ensemble les lois de la bio-mécanique. Il est contre-productif de maltraiter son jouet pédagogique. La pédagogie propre à la systema est particulière. Elle ne base pas son apprentissage sur la répétition des mouvements pour l'acquisition de techniques mais incite à explorer les possibilités pour mieux se saisir de toutes les opportunités dans le "combat". Refusant le formatage, la systema mise sur l'inventivité. Le travail se fait au sol, debout et aux niveaux intermédiaires. Lors des entraînements, les exercices se succèdent généralement avec une logique progressive. La plupart n'ont aucun aspect martial et revêtent plutôt un aspect ludique. Libre à la personne instructrice de combiner les exercices comme bon lui semble ou d'en inventer de nouveaux. Dans la systema les frappes ont de multiples usages et différentes façons de s'y former. Elles sont lourdes, profondes, et visent la musculature interne. Pour une frappe avec le poing, la systema explique que le poing le plus lourd est celui qui arrive au bout d'un bras le plus détendu possible, comme une petite masse d'arme. Ce type de frappe est utilisée autant pour maîtriser un adversaire que pour des massages, pour se calmer ou augmenter le stress. La lourdeur et la vitesse choisies font la différence. La compréhension des frappes de systema se fait aussi par des exercices "indirects" : se déplacer sur le corps d'une personne en faisant des pompes sur les poings, essayer seul et allongé sur le dos de frapper avec le moins de force musculaire possible, rester statique en position pompes sur les poings avec le reste du corps détendu, etc. Centrale dans la pratique de la systema, la respiration est parfois le thème essentiel d'un entraînement. Les exercices sont très diverses, allant d'être allongé sur le dos et respirer doucement à la gestion des mouvements ou des efforts en apnée, de la détente musculaire à la découverte de l'effort avec des respirations contraintes, de la récupération physique à la mise en stress volontaire, etc.OriginesÉtablir l'historiographie exacte de la naissance de la systema est compliqué car elle est à la charnière entre l'ancien empire tsariste et son successeur soviétique, avec son lot d'archives détruites, disparues ou inaccessibles, elle est à cheval entre l'héritage soviétique et le renouveau nationaliste, avec sa tentation de revisiter l'histoire. Conséquemment à l'effondrement de l'Union soviétique la systema sort du domaine strictement militaire et devient accessible à un plus large public dans le début des années 1990. Issue de l'univers militaire et destinée à certaines forces spéciales, la systema a évolué dans un univers du secret et son histoire précise reste encore très mystérieuse. Prémisses tsaristesTout au long du XIXème siècle ap. JC[7] la péninsule coréenne et la Mandchourie sont au cœur des rivalités entre les différents empires que sont la Russie, la Chine et le Japon. La Russie tente de s'implanter durablement à l'extrême-orient de son territoire et de s'assurer un accès à l'océan Pacifique, via la mer du Japon et les îles Sakhaline. La Chine et le Japon s'opposent sur ces territoires dont le contrôle leur assurerait une maîtrise du commerce sur la mer du Japon qui les sépare géographiquement. Les guerres entre ces puissances ponctuent le siècle et ouvrent le suivant. Les richesses minières, le prolongement de la ligne ferroviaire du trans-sibérien à travers la Mandchourie et un accès sécurisé au Pacifique sont des enjeux importants de la politique du tsar russe. En 1905, après plus d'une année de combats, la Russie sort perdante de la guerre qui l'oppose au Japon[8]. Elle perd la Mandchourie dont la partie sud est accaparée par la Chine et la nord par le Japon qui s'installe aussi dans la partie orientale de l'île de Sakhaline[9] et en Corée[10]. Les combats terrestres font plus de 85000 morts du côté japonais et 71000 du côté russe, et plus de 100000 blessés de chaque côté. La guerre est un désastre militaire et économique pour l'empire tsariste qui en sort très affaibli politiquement. Face aux contestations sociales qui ébranlent l'empire depuis le début de l'année 1905 et la perte récente des territoires de l'extrême-orient russe le tsar est contraint de promulguer des réformes politiques et sociales[11] pour libéraliser un peu plus l'État et octroyer des libertés supplémentaires à certaines couches de la population. L'assemblée parlementaire, appelée Douma, qui est mise en place n'aura de cesse jusqu'en 1917 de lutter pour sauvegarder ses maigres prérogatives ou en obtenir de plus importantes. Des réformes de l'armée sont mise en place. Il n'existe alors pas de gymnastique militaire ni de techniques de combat développées et enseignées au sein de l'armée tsariste. Combattant des tranchées lors de la guerre de 1905 sur le front mandchourien, l'officier Viktor Afanassievitch Spiridonov, spécialiste de gymnastique militaire appliquée, profite de sa présence en Mandchourie pour étudier le ju-jitsu[12] pratiqué par des japonais. Blessé par une baïonnette lors de la Première guerre mondiale, il projette d'élaborer un système d'auto-défense spécifique destiné aux forces armées russes. Parmi le contingent seuls quelques soldats pratiquent de formes de boxes populaires russes[13] - sévèrement encadrées puis interdites par les autorités - ou différentes luttes issues de certaines régions de l'empire. Les contestations faces aux lenteurs de réformes, à leurs retraits, à leurs inapplications ou leurs absences, parviennent à renverser le tsar et le faire fusiller en 1917, lui et une dizaine de personnes de la famille royale des Romanov. Discrètement, dans la plus stricte intimité comme disent les historiens. Pré-mix matérialisteLors de la guerre civile qui suit le renversement du despote, Viktor Spiridonov rejoint les forces armées révolutionnaires menées par les bolchevistes. Il est nommé instructeur de gymnastique militaire appliquée dans la région de Moscou. Cette gymnastique est un mélange de techniques de combats à mains nues et d'exercices physiques. En se basant sur son expérience du combat rapproché, de ses études sur la bio-mécanique et de son observation de diverses techniques utilisées par le ju-jitsu, il s'applique à mettre au point un système de combat, avec ou sans armes, qu'il nomme Самоз (samoz), abréviation du mot Самозащита (Samozachtchita), "autodéfense" en russe. En plus de l'aspect combatif, la gestion de la peur et de la douleur sont intégrées dans l'apprentissage du samoz. La pédagogie choisie préconise un apprentissage par l'expérimentation plutôt que par la répétition, se saisir de toutes les opportunités plutôt qu'en attendre certaines. Les exercices s'adressent à toutes les corpulences car le samoz affirme être aussi une réponse aux besoins d'une personne affaiblie, une blessure par exemple. Le samoz voit officiellement le jour en 1921 et dès 1923 il est enseigné, sous le sceau du secret d’État, au sein du club sportif du Dynamo à Moscou, par Viktor Spiridonov lui-même. Le samoz est alors réservé à quelques unités de sécurité de l'armée liées aux services de renseignements - NKVD puis KGB. Pendant ses vingt années d'enseignement, Spiridonov alimente son système de combat par l'étude de plusieurs sports de combats, de luttes et d'arts martiaux lors de voyages en Europe occidentale et en Asie. Il décortique les techniques et fait le tri pour ne garder que ce qui lui semble conforme à son système de combat : aller au plus efficace en un temps le plus court possible avec le moins d'énergie dépensée. Outil répressif, le samoz est généralement divisé en trois approches. La première est destinée au maintien de l'ordre par la police, censée savoir ainsi interpeller sans tuer, lorsqu'il le faut, la deuxième aux forces armées chargées d'éliminer des hominines lors de conflits militaires ou de s'en dépêtrer les plus urgemment, et la troisième est réservée aux opérations spéciales dont le but est d'opérer en toute discrétion.
Vassili Sergueïevitch Ochtchepkov naît dans le pénitencier de l'île de Sakhaline où sa mère est enfermée[15]. Alors que l'île est sous le contrôle du Japon depuis fin 1905, Ochtchepkov parvient à étudier dans une école russe de Kyoto et se découvre une passion pour un tout nouvel art martial, le judo, dont il devient un pratiquant assidu. En octobre 1911, il part à Tokyo et se forme auprès du fondateur du judo, Jigoro Kano, et obtient la ceinture noire 1e Dan en juin 1913 et la 2e en octobre 1917. Il est le premier russe, et le quatrième occidental, à obtenir cette ceinture des mains de Jigoro Kano. Ochtchepkov ouvre rapidement une école à Vladivostok dans l'extrême-orient russe. Avec la révolution russe de 1917, il est enrôlé pour des activités d'espionnage au Japon et en Chine, dont il parle les langues. Il se familiarise avec plusieurs arts martiaux qu'il étudie attentivement. Il introduit dans le judo des "techniques" venues d'autres arts martiaux et dispense régulièrement des cours à Vladivostok sur le système de combat qu'il met progressivement en place. En 1929, il est envoyé à Moscou rejoindre Viktor Spiridonov avec le projet de constituer ensemble un nouveau système de combat au corps-à-corps à destination de l'armée soviétique et une version civile pour devenir un sport national. En parallèle de ses travaux sur le samoz qu'il continue de perfectionner, Viktor Spiridonov partage son travail avec Vassili Ochtchepkov pour la mise en place de ce projet. Ainsi, ils étudient ensemble les nombreuses luttes et boxes populaires pratiquées sur le vaste territoire de l'Union soviétique et intègrent les techniques jugées les plus efficaces dans une réforme du judo établi par Jigoro Kano. La boxe anglaise, la savate française, le pugilat russe sont disséqués comme le sont le ju-jitsu, les boxes chinoises ou les kung-fu. La bio-mécanique reste l'élément-clef. Petit à petit, ils mettent en place le Самозащита без оружия (Samozachtchita bez oroujia), "autodéfense sans armes" en russe, plus connu sous l'acronyme de sambo et décliné sous trois formes. La première s'inspire du samoz de Spiridonov et est destinée aux forces spéciales, la seconde, sous le nom de Boïevoe Sambo (Боевое Самбо), est un sambo militaire et la troisième, le Borba Sambo (Борьба Самбо), un sport de combat civil. Vassili Ochtchepkov travaille particulièrement à ces deux derniers types de sambo. Il insère dans le sambo de nombreuses technique issues de ses études sur les luttes populaires dans le Caucase[16], l'Asie centrale[17] ou dans les confins sibériens[18] ainsi que dans la partie occidentale de l'empire soviétique avec la trinte en Moldavie ou les techniques de combats au corps-à-corps des Cosaques. Il met en place un enseignement du sambo militaire, édite du matériel pédagogique et anime plusieurs cours auprès de militaires ou de policiers, et en parallèle il instaure les règles d'une pratique sportive populaire de ce nouveau système d'auto-défense. Refusant de renier les influences du judo sur le sambo pour inventer un sport plus national, entièrement soviétique selon la propagande, en octobre 1937, pendant la vague de purges de Staline, il est arrêté au prétexte d'espionnage au profit du Japon. Dix jours plus tard, il est "mystérieusement" abattu d'une balle dans la tête dans sa cellule de prison. Le samoz et le sambo ne lui furent d'aucune aide. En novembre 1938, le sambo sportif est officiellement lancé par les autorités soviétiques et des clubs sont ouverts dans certaines villes du pays. Anatoli Kharlampiev, élève et successeur de Vassili Ochtchepkov, va finir de façonner les différents sambo modernes, civil et militaire, en synthétisant ses écrits et ceux de Spiridonov, et en y apportant sa pratique de plusieurs boxes et ses étude menées sur d'autres disciplines martiales ou d'auto-défense. Entre 1940 et 1942, plus de 30000 militaires sont instruits au sambo pour venir en aide aux unités soviétiques en déroute. S'il est aisé de suivre l'évolution du sambo sportif, par sa diffusion nationale puis internationale, par son statut de sport olympique, il est fort compliqué d'obtenir des informations concernant les évolutions du sambo militaire et du samoz. L'un se décline sous différentes formes adaptées aux besoins militaires, et l'autre est "secrètement" le système d'auto-défense de la garde rapprochée de Joseph Staline ou de quelques unités spécifiques sous la direction des puissants et omniprésents services secrets. La mort de Staline en 1953 entraîne des perturbations dans sa garde rapprochée et les services de sécurité, de nouvelles purges et des restructurations dans l'armée. Des années 1950 jusqu'au début des années 1990, rien ne filtre vraiment sur l'histoire de ses systèmes de survie soviétiques. Parmi les détracteurs de la systema, il se dit qu'elle n'est qu'une invention des services secrets soviétiques pour faire croire aux américains qu'ils sont parvenus à mettre au point un système de combat imparable, une sorte de taï-chi matérialiste, pour une armée de super-héros prête à affronter les siens[20]. Ce qui l'on nomme actuellement la systema est née de ce samoz, au parfum de sambo, qui est enseigné par Viktor Spiridonov jusqu'à sa mort en 1944 puis transmis par ses élèves et les instructeurs qu'il a formé. La légende soviétique de la systema rapporte qu'elle est le résultat des travaux menés à la suite de Spiridonov et Ochtchepkov par des ingénieurs en bio-mécanique et des militaires instructeurs dans le secret du Dynamo de Moscou jusque dans les années 1980. Le système pratiqué par des commandos spéciaux de l'armée est alors dénommée Combat Sambo Spetnaz (Комбат Самбо Спецназ). Art de la survie ouvert et inventif, certains développent leurs propres méthodes, leurs propres systèmes.Remix r(é)ussi(e)La dissolution de l'Union soviétique et du "bloc communiste" en Europe de l'Est a permis de découvrir ce qu'il se couvait depuis quelques années déjà. La montée des nationalismes "ethnico-culturels", la réémergence du facteur religieux ou le retour du conservatisme moral sont autant les conséquences du jeu obscur des "communistes" sur ces questions qu'ils préfèrent mettre en sourdine, ou en jouer, plutôt qui d'y répondre, qu'une réponse à ce projet pseudo-communiste et à son échec. Elles se situent dans sa continuité et dans son opposition. Tous les pays actuels issus des anciens pays "communistes" se construisent tout autant en rupture avec ce passé récent encombrant qu'avec une volonté de s'ancrer dans un présent dont l'histoire récente est incontournable. Si l'équilibre est périlleux, cette situation est néanmoins confortable pour justifier les inégalités sociales qui perdurent. Le voile se lève progressivement sur les plus de 70 ans de "communisme", mais il n'en révèle que quelques pans. La systema apparaît aux yeux du "grand public" en 1993 lorsque Vladimir Vassiliev inaugure au Canada le premier lieu dédié à l'apprentissage de la systema hors de Russie et le sambo militaire est déclassé en 1994 pour devenir une forme de lutte libre, le Combat Sambo, accessible aux civils et pratiqué en compétition[21]. La systema se répand un peu sur tous les continents et de nombreux clubs voient progressivement le jour. Même s'il est le plus répandu, le style enseigné par Vladimir Vassiliev, dit Systema Ryabko, n'est pas le seul et il existe une multitude d'autres styles qui ouvrent des écoles ou forment des instructeurs. Par abus de langage, la systema est souvent qualifiée d'art martial russe alors qu'il est avant tout soviétique, et n'a de russe que la tentative de récupération par l'historiographie actuelle. Au mieux, la systema est aujourd'hui à classer dans la catégorie des arts martiaux russes qui comprend plusieurs boxes et luttes dites "traditionnelles". Le glissement n'est pas anodin. Définir la systema comme russe c'est permettre l'éclosion d'un discours qui la lie à la construction de la mythologie nationaliste russe. Ainsi la systema devient l'enjeu de ce discours qui lui prête une origine millénaire et l'imagine dans la continuité d'antiques pratiques guerrières, l'héritage secret d'un art martial pratiqué en secret, et préservé, par des lignées de la noblesse russe pendant des siècles, ou une survivance de traditions populaires "typiquement" russes. Donner un semblant de profondeur historique pour mieux légitimer le présent et intégrer le passé "communiste" : La nationalisation d'un sport ou d'un art martial est chose courante dans les mythologies nationalistes[22]. La systema, ce système de combat mis en place par les soviétiques, ne s'encombre pourtant pas de croyances religieuses et ne prête pas à la prière de vertus particulières[23] : les premières dérangent la psychologie des hominines par des questionnements insolubles qui créent une tension mentale permanente, et la seconde est une position anatomique qui, selon la systema, est aussi inadaptée qu'inutile pour le combat. Elle est statique et mobilise les mains et les épaules sans nécessité bio-mécanique, et contrairement à la boxe, dans la systema la garde n'existe pas. L'approche de la systema est matérialiste et pragmatique. Les stylesLes dérivésPropositions protivophilesNotes
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