Enclave de Cabinda

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Enclave de Cabinda. Aberration coloniale et post-coloniale ouest-africaine.


[En cours de rédaction]


Triangulation protivophile

Exclave cabindaise

À environ 5500 kilomètres de Nice et 5200 de la Macédoine — soit des distances protivophiles de 4180 et 3950 acab[1] — l'enclave de Cabinda est un petit territoire de quelques 7200 km² — soit presque deux fois plus que le département des Alpes-Maritimes et quatre fois moins que la Macédoine — situé sur la côte atlantique ouest-africaine. Ce territoire est ainsi nommé en référence à la ville côtière de Cabinda, dans le sud. Il est parfois aussi dénommé enclave du Cabinda. Administrativement rattaché à l'Angola dont il est officiellement une des 18 régions, il en est séparé par une portion de territoire du Congo-Kinshasa d'une soixantaine de kilomètres dans sa partie la plus large et d'une vingtaine sur la côte atlantique. Du point de vue angolais, le Cabinda est une exclave[2]. Géographiquement, le Cabinda est enclavé entre le Congo-Brazzaville au nord et le Congo-Kinshasa au sud. Sa frontière nord-est avec ce dernier est délimitée par le cours du fleuve Chiloango. Prenant sa source au Congo-Kinshasa et s'écoulant sur près de 160 kilomètres à travers la forêt tropicale qui couvre la chaîne montagneuse du Mayombe, le Chiloango se jette dans l'océan atlantique, au nord de la ville de Cacongo. Il est le plus grand cours d'eau de l'enclave de Cabinda et, avec ses deux affluents venus du Congo-Kinshasa le Lubuzi et le Lukula, il est le plus important d'entre eux. Les trois autres affluents du Chiloango sont les rivières cabindaises de Lombe, Lufo et Luali dans le nord-est de l'enclave. Dans le sud du territoire, les deux petits fleuves côtiers Lucola et Lulando se jettent dans la baie autour de la ville de Cabinda. Dans le nord-ouest le fleuve Lubinda se déverse dans la vaste lagune de Massabi, près de la frontière avec le Congo-Brazzaville, avant de rejoindre les eaux de l'Atlantique. La plus grande partie de la géographie de l'est et du nord cabindais est constituée d'une portion de la chaîne de montagne de basse altitude [3], le Mayombe, qui s'étale du sud au nord, de l'embouchure du fleuve Zaïre[4] au Congo-Kinshasa jusqu'au fleuve Kouilou-Niari au Congo-Brazzaville. Zone forestière aux nombreuses essences d'arbres, le Mayombe est aussi le lieu où prennent source la plupart des fleuves et rivières de l'enclave de Cabinda. La partie ouest de l'enclave, jusqu'à l'océan, est faîte de petites falaises qui sont les parties les plus érodées et les plus basses du Mayombe, et de zones de marécages dans les régions les plus proches de la côte atlantique. Le climat dans l'enclave de Cabinda est qualifié de tropical de savane, ce qui signifie que la température se situe entre 20 et 30° tout au long de l'année avec une alternance entre une saison sèche de mai à octobre et une humide de novembre à avril. Le taux d'humidité de l'air est autour de 85%.

Les plus grandes villes actuelles sont, par ordre décroissant, Cabinda, Buco-Zau, Cacongo (ex-Lândana) et Belize avec, respectivement, 700000 hominines[5], 40000, 20000 et 18000. La population totale de l'enclave de Cabinda est estimée à environ 800000 hominines — un peu moins que celle de l'agglomération de Nice et ses alentours, mais près de 20% de plus que la population de Skopje en Macédoine. Sans arrière-pensée spéciste[6] aucune, il n'est pas possible de fournir ici une estimation des populations des différentes autres espèces vivantes de l'enclave.

Dyrosauriens & Co

Les plus anciens restes d'une espèce animale au Cabinda sont retrouvés en 1913 après JC[7] près de Cacongo par le naturaliste Joseph Bequaert. Examinés et décrits l'année suivante par le paléontologue Louis Dollon, les fragments de squelettes sont authentifiés comme étant ceux d'un Congosaurus bequaerti, une sorte de dyrosaurien[8]. Cette espèce, vivant il y a 60 millions d'années et aujourd'hui éteinte, est de la famille des crocodyliformes, alors nombreuse, et dont les seuls représentants sont de nos jours les crocodiles. Dans le classement du vivant, les dyrosauriens appartiennent aux bilatériens vertébrés dont les lointains ancêtres sont — comme les poulets ou les tarsiidae, et contrairement aux poulpes[9] — apparentés aux hominines. Comme plus de 700000 autres espèces animales vertébrées peuplant la planète.

Ancêtre commun hominino-dyrosaurien[10]

La présence des hominines dans le centre-ouest africain atlantique est fort ancienne. Dans la région côtière au sud du Congo-Brazzaville, au nord de l'enclave, elle est attestée dès le Vème siècle avant JC par des vestiges d'une industrie métallurgique. L'histoire des hominines de la région n'est pas documentée jusqu'au début du XVème siècle. Nommées "Expansion bantoue"[11] par les historiens de l'Afrique, des vagues d'hominines se répandent pour des raisons encore non déterminées[12] pendant environ un millénaire vers l'est et le sud du continent. Progressivement, les langues et les cultures bantoues se diversifient. Des groupes d'hominines venant de l'intérieur de l'Afrique centrale s'installent progressivement dans les régions côtières. Quelques royaumes voient le jour. Probablement dans le courant du XIVème siècle, le royaume de Kongo se structure autour du fleuve Zaïre et devient la puissance politique et économique régionale. Sans qu'il soit possible d'en déterminer la véracité, les traditions orales rapportent que plusieurs clans originaires de Cacongo et des membres d'une confrérie de forgerons[13] venus du royaume de Kongo fondent au XVème siècle le royaume de Loango le long de la côte atlantique entre le village de Mayumba, au sud de l'actuel Gabon, et la rive nord de l'embouchure du Zaïre[14]. Dans un premier temps vassal du royaume de Kongo, il prend peu à peu son autonomie. Le territoire de l'actuelle enclave de Cabinda est alors totalement inclus dans le royaume de Loango. Dirigé par une dynastie héréditaire, celui-ci doit faire face à des contestations internes qui aboutissent à sa fragmentation progressive. Dans sa partie méridionale sécessionniste émergent le royaume de Cacongo puis celui de Ngoyo dans le début du XVIème siècle[15]. Le royaume de Cacongo inclut la partie nord de l'actuelle enclave de Cabinda, et plus largement l'arrière-pays du Mayombe. Le royaume de Ngoyo comprend la partie du sud de l'enclave, ville de Cabinda comprise, et s'étend jusqu'à la rive nord du Zaïre aujourd'hui au Congo-Kinshasa.

Les hominines qui vivent dans ces royaumes parlent des formes parentes du kikongo, une langue bantoue autrefois unique, et leurs sociétés se différencient les unes des autres selon des critères linguistiques et culturels qui les singularisent. S'illes sont tous d'origine bakongo, illes sont progressivement devenus bawoyo, bayombe, basundi ou bavili — pour ne citer que celleux de l'enclave de Cabinda. Au sein de chacun de ces groupes linguistico-culturels, organisés en clans, vont émerger certains clans qui formeront les dynasties et l'aristocratie des différents royaumes. Et les autres, le reste de la population. Ainsi, le royaume de Loango est dirigé par des clans bavili, celui de Cacongo par des clans bayombe et celui de Ngoyo par des bawoyo. Pour autant ces royaumes ne sont pas des constructions politiques et administratives reposant exclusivement sur des critères culturels ou linguistiques, ils sont des entités "multi-ethniques" dont le but n'est pas la domination culturelle mais la gestion politique et le contrôle des ressources.

Kongos & Compagnies

Après plusieurs siècles d'affrontements entre les christiens[16] et les mahométiens pour le contrôle de la péninsule ibérique, dans le sud-ouest européen, les forces armées de dynasties royales christiennes parviennent progressivement à renverser le pouvoir mahométien ibérien en place depuis des siècles[17]. Les populations mahométiennes et moïsiennes sont contraintes de "choisir" entre la conversion aux mythologies christiennes ou l'expulsion vers la rive sud de la mer Méditerranée[18]. Les royaumes christiens se divisent la péninsule dans le courant du XVème siècle. Soucieux de consolider ses positions stratégiques et d'exploiter de nouvelles routes commerciales, le royaume du Portugal se lance dans l'exploration des côtes atlantiques africaines. Après avoir, dans un premier temps, navigué au large des côtes atlantiques du Maghreb, les navigateurs portugais parviennent en 1434 à dépasser les côtes de l'actuel Maroc. La géographie africaine est alors une totale inconnue pour ces hominines[19]. Ils suivent la côte, toujours plus vers le sud. Plusieurs expéditions se succèdent. En 1460, ils "découvrent" la côte de Malaguette et arrivent en 1483 à l'embouchure du Zaïre. Le renversement de l'empire christien de Constantinople par les ottomans mahométiens en 1453 complique l'accès aux marchandises venues d'Asie pour les différents royaumes en Europe. La nécessité est de trouver des routes de contournement pour s'approvisionner en matières premières et d'entrer en contact avec le mystérieux royaume christien est-africain du Prêtre Jean[20] afin de prendre les mahométiens en tenaille. L'Afrique est contournée en 1488 et une expédition arrive sur le sous-continent indien en 1498. Entre-temps, des navigateurs venus d'Europe arrivent jusqu'au continent américain[21]. Le royaume jano-prêtrien reste introuvable et celui du Portugal devient un empire. Tout le long de cette route commerciale, le royaume du Portugal installe des comptoirs et passent des accords commerciaux avec les différentes autorités locales. Ces expéditions sont financées par des commerçants européens qui se remboursent, et s'enrichissent, grâce aux marchandises précieuses importées, telle l'ivoire, l'or et le sucre. Ainsi que par l'importation de produits alimentaires, de matières premières et des esclaves. Ces hominines, mâles et femelles, mis en esclavage, sont destinés au continent américain sur lequel les royaumes du Portugal et de Castille installent des plantations de café et de sucre et, lorsqu'ils ne les pillent pas directement, extraient des métaux précieux.

Géopolitique bakongo

Lors de son arrivée à l'embouchure du Zaïre en 1483, le navigateur Diogo Cão remonte le fleuve à la recherche du royaume du Prêtre Jean. Il entre en contact avec le royaume de Kongo. Le roi portugais, Joao II, propose à son royal collègue de se convertir à la mythologie des christiens et d'obtenir en retour des accords commerciaux et un accès aux technologies de guerre. Nzinga Nkuwu accepte et devient Joao Ier du Kongo en 1491. La famille royale et une partie de l'aristocratie se convertissent aussi. Des échanges diplomatiques entre les deux royaumes sont mis en place[22] et une école tenue par des missionnaires christiens est ouverte. En 1506, le roi bakongo Alfonso Ier envoie son fils étudier la mythologie christienne dans la capitale portugaise Lisbonne. Il devient en 1518 le premier évêque d'origine africaine reconnu par les autorités religieuses de Rome sous le nom de Henrique[23]. Le Portugal bénéficie de l'ivoire, du cuivre et des esclaves disponibles via le royaume du Kongo, et ce dernier est épaulé militairement dans sa lutte contre des royaumes du sud et s'enrichit de ce commerce. Mais les besoins toujours plus importants en esclaves du royaume du Portugal mécontentent le roi bakongo qui, s'il acceptait jusqu'à maintenant de livrer des prisonniers, voit d'un mauvais œil que les portugais se lancent dans la chasse au esclaves. D'autant plus que des membres de la famille royale ont été réduit en esclavage après leur capture. Ses protestations officielles[24], chargées de références religieuses, ne changent rien et lui valent une réponse condescendante de son homologue portugais qui lui dit pouvoir se débrouiller seul pour se pourvoir en esclaves. Faisant le choix des avantages, Alfonso Ier se résout à la traite esclavagiste mais tente de la réglementer. Seul son royaume peut dire qui peut être déclaré esclave afin de limiter les excès du Portugal. Ce dernier se rapproche des royaumes côtiers de Cacongo et Ngoyo qui s'émancipent petit à petit du royaume de Loango et avec lesquels il est plus facile de faire du commerce d'esclaves. Le royaume de Kongo est attaqué en 1568 par des populations bayaka et sa capitale est détruite. Remis sur pied trois ans plus tard grâce à l'aide du royaume du Portugal, le Kongo en sort affaibli. Son autorité régionale est ébranlée. En 1575, à la mort du roi portugais lors d'une bataille perdue au Maghreb, son royaume entame aussi sa phase de déclin.

L'affaiblissement des royaumes du Portugal et de Castille entraîne l'apparition de concurrent sérieux dans le lucratif commerce des esclaves et autres richesses africaines. Les royaumes de France, d'Angleterre et des Pays-Bas arrivent en force. Pour se fournir en esclaves pour ses colonies du Brésil, le royaume du Portugal entretient ses relations avec les royaumes Cacongo et Ngoyo qui raflent des hominines dans l'arrière-pays et les royaumes alentour. Abritée du vent, la baie de Cabinda est un endroit idéal pour jeter l'ancre et pratique pour servir de lieu de chargement des marchandises. Au sud du Kongo, divisé entre plusieurs prétendants à la succession depuis la mort de son roi, les hominines du Portugal prennent pied dans le royaume d'Angole. Les convoitises européennes s'affrontent. Au milieu du XVIIème siècle, les Pays-Bas tentent à deux reprises de s'emparer du port de Cabinda, puis au début du siècle suivant les royaumes britanniques et français s'affrontent pour la main-mise sur ce lieu stratégique du commerce d'esclaves. En 1722 les britanniques se lancent dans la construction d'une petite forteresse mais elle est détruite pas les portugais qui se lancent eux-mêmes dans une telle construction en 1783. Une coalition militaire entre les royaumes de France, de Cacongo et de Ngoyo met fin à cette tentative.

Notes

  1. Basé sur l'anglicisme "All Cartographies Are Biased" (Toutes les cartographies sont biaisées), un acab équivaut à 1312 mètres. Un kilomètre équivaut donc à 0,76 acab et un mille terrestre de 1609 mètres à 1,22 acab.
  2. exclave
  3. Une altitude moyenne entre 600 et 700 mètres avec un point culminant à 930 mètres.
  4. Zaïre
  5. hominines
  6. spéciste
  7. JC
  8. Stéphane Jouve, Daniela Schwarz, "Congosaurus bequaerti, a Paleocene Dyrosaurid (Crocodyliformes; Mesoeucrocodylia) from Landana (Angola)", Bulletin de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, Sciences de la Terre. n° 74, 2004 - En ligne
  9. Vinciane Despret, Autobiographie d'un poulpe, Actes Sud, 2021
  10. Pour les paléontologues en herbe, il est toujours possible de faire soi-même son propre déguisement hominino-dyrosaurien. Voir un patron du corps - En ligne. Et de la tête - En ligne
  11. Augustin Holl, "L'expansion bantoue : nouvelles synthèses", 26min 44s, Colloque Archéologie des migrations tenu les 12 et 13 novembre 2015 au Musée national de l’histoire de l’immigration, INRAP, 4 mars 2016 - En ligne
  12. Dominique Schwartz, "Assèchement climatique vers 3000 B.P. et expansion Bantu en Afrique centrale atlantique : quelques réflexions", Bulletin de la société géologique de France, t.163, n° 3,‎ 1992 - En ligne
  13. Bouvandji
  14. Yvon-Norbert Gambeg, "État et société au royaume de Loango aux XVIème - XIXème siècles", sans date - En ligne
  15. Habi Buganza Mulinda, "Aux origines du royaume de Ngoyo", Civilisations, n°41, 1993 - En ligne
  16. christiens
  17. Pierre Guichard, Al-Andalus. 711-1492 : Une histoire de l'Espagne musulmane, Pluriel, 2010.
  18. Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°63-64 "Minorités religieuses dans l'Espagne médiévale", 1992 - En ligne
  19. Conférences au Collège de France de François-Xavier Fauvelle, Comment l'Afrique ne fut pas découverte, 2019 - Partie I et II
  20. royaume du Prêtre Jean
  21. Antillia
  22. La population du Portugal est alors d'environ 1,5 millions d'hominines. Plus de 4 pour le Kongo
  23. Henrique
  24. Lettres