Filareto Kavernido : Différence entre versions

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<blockquote>''Dans la grotte de Zarathoustra, pleine de recoins et de passages, se rassemblent tous les errants perdus et tous ceux qui sont victimes de harcèlement, les hors-la-loi et les fugitifs, pour devenir des sur-hommes''</blockquote>
 
<blockquote>''Dans la grotte de Zarathoustra, pleine de recoins et de passages, se rassemblent tous les errants perdus et tous ceux qui sont victimes de harcèlement, les hors-la-loi et les fugitifs, pour devenir des sur-hommes''</blockquote>
  
La petite communauté de La Kaverno di Zarathustra survit difficilement et Filareto est régulièrement inquiété par les autorités allemandes qui le suspectent de réaliser des avortements clandestins. Ce qui est alors formellement interdit. Il fait quelques passages en prison pour des infractions aux bonnes mœurs et son "comportement marginal" lui vaut régulièrement d'être accusé de "dérangement mental". Finalement, en 1925, Filareto doit fuir l'Allemagne pour ses pratiques d'avortement et se réfugie en France. Il y rencontre E. Armand, rédacteur du journal anarchiste ''L'en-dehors'', avec qui il maintiendra des liens pendant des années.
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La Kaverno di Zarathustra survit difficilement et Filareto est régulièrement inquiété par les autorités allemandes qui le suspectent de réaliser des avortements clandestins. Ce qui est alors formellement interdit. Il fait quelques passages en prison pour des infractions aux bonnes mœurs et son "comportement marginal" lui vaut régulièrement d'être accusé de "dérangement mental". Finalement, en 1925, Filareto doit fuir l'Allemagne pour ses pratiques d'avortement et se réfugie en France. Il y rencontre E. Armand<ref>E. Armand</ref>, rédacteur du journal anarchiste ''L'en-dehors'', avec qui il maintiendra des liens pendant des années. La petite communauté de la Kaverno quitte l'Allemagne et s'installe en 1926 à Tourettes-sur-Loup, au nord-est de [[Nice]]. Elle prône la nudité et l'amour libre.
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<blockquote>''Une économie collective basée autour de l'horticulture, de l'élevage des poulets, de cultures vivrières et de petits artisanats aptes à satisfaire une vie assez ascétique"<ref>(Attribué à) F. Merdjanov, ''L'équation corse à la lumière de l'inconnue macédonienne. Précis de nihilisme montagnard et de contre-imaginaire historique'', date inconnue, inédit</ref></blockquote>
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Les accusations d'attentats à la pudeur, les difficultés d'une vie en autonomie, les tracasseries administratives pour le séjour des étrangers et les dissensions internes poussent le restant de la communauté à l'installer en Corse en 1927. Selon le journal ''L'En-Dehors''<ref>''L'En-Dehors'', n°110-11 du 1<sup>er</sup> juin 1927 [http://filareto.info/blog/item/presse-lendehors-1927-110/ En ligne]</ref>, en avril 1927, ils sont 30 à vivre dans la communauté communiste-anarchiste : 8 hommes (4 allemands, 2 bulgares, 1 tchèque et 1 français), 4 femmes et 18 enfants. Selon Filareto Kavernido, "il me faut ajouter encore que nous ne sommes points des révolutionnaires ni des "lutteurs de classe", que nous n'aspirons point à construire une société de culture prolétaire. Nous sommes d'avis que l'anarchiste n'a absolument rien à faire avec la politique, nous assimilons un anarchiste révolutionnaire à un "végétalien carnivore""<ref>''L'En-Dehors'', n° 115, 15 août 1927 [http://filareto.info/blog/item/presse-ld-1927-115/ En ligne]</ref>.
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La communauté s'installe en 1929 à Arroyo Frio près de Moca en République dominicaine. Le 16 mai 1933, [[Filareto Kavernido]] est mystérieusement assassiné de deux balles de revolver.
  
 
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Version du 1 novembre 2018 à 23:51

Filareto Kavernido.

[En cours de rédaction]


a-Normalité

Heinrich Göldberg naît le 24 juillet 1880 après JC[1] à Berlin dans une famille moïsienne[2] aisée. Comme son père il entreprend des études de médecine. Il étudie à Berlin et à Fribourg, et se spécialise en psychiatrie et en gynécologie, puis s'installe comme médecin dans un hôpital berlinois. Il se marie et co-créé une enfant avec cette compagne maritale.

Alors qu'il mène la vie bourgeoise d'un médecin berlinois, Göldberg découvre les écrits de Friedrich Nietzsche qui sont pour lui plus qu'une révélation. Vers 1910 il rompt avec le judaïsme et se déclare agnostique, puis quitte son travail, sa femme et sa fille. Il apprend l'ido, une forme d'espéranto[3] réformé, dont il veut faire sa langue de communication et approfondit ses réflexions philosophiques. L'individu et ses interactions avec les autres sont au centre de ses préoccupations. Après la fin de la Première guerre mondiale, entouré de quelques hominines de tout genre, Göldberg met en place une "communauté de vie" près de Berlin, une sorte de commune libre du nom de "La Kaverno di Zaratustra" (La Grotte de Zarathoustra en langue ido).

La Kaverno di Zarathustra

Avec barbe et cheveux longs, Heinrich Göldberg abandonne nom et prénom pour dorénavant se faire appeler Filareto Kavernido, de Filareto "l'ami de la vertu" et Kavernido en référence à la grotte de Zarathoustra.

Expulsés de la région de Spreenhagen, près de Berlin, ils s'installèrent à Rotes Luch (Marais rouge), près de Dahmsdorf-Müncheberg, à l'est de la capitale. Ils ne purent tirer immédiatement de leurs travaux tout ce qui leur était nécessaire, aussi quelques-uns d'entre eux furent-ils obligés de travailler au dehors chez des patrons. Chaque camarade put choisir entre un emploi à la colonie et un emploi à l'extérieur. [...] Les adhérents comprennent des hommes, des femmes et des enfants. Ils ne séjournent pas toujours à la colonie, certains vont à Berlin, d'autres changent d'emplacement, car il existe une colonie semblable à Dusseldorf-Eller. Constamment a lieu un véritable mouvement d'échanges. Des camarades s'en vont, d'autres viennent, soit comme nouveaux colons, soit comme remplaçants. On travailla ferme. Les herbages durent être asséchés, les arbres et les broussailles abattus et enlevés. Pour construire maisons et cabanes, on dut apporter souvent de très loin les matériaux nécessaires ; dernièrement on gâcha de l'argile, on tressa des branchages et on construisit ainsi des demeures plus solides et partant plus durables pour les hommes et pour le bétail. Cet été on récolta des pommes de terre, différentes espèces de choux, des épinards, betteraves, carottes, navets, des raves, des choux-raves, des oignons, etc... On ne sema pas de blé mais la récolte de foin fut remarquable. La colonie possède des lapins, quelques chèvres et beaucoup de poulets. Quelques fois l'on capture des lapins sauvages et des lièvres. Dans les forêts avoisinantes, les colons récoltent beaucoup de baies et de champignons.[4]

Filareto décrit et publie sa vision théorique et philosophie dans Mitteilungsblätter aus Zarathustras Höhle. Les textes de ces Bulletins de la grotte de Zarathoustra sont divisés en trois parties thématiques[5] et mélangent communisme agraire, anarchisme et sur-hominine nietzschéen.

Dans la grotte de Zarathoustra, pleine de recoins et de passages, se rassemblent tous les errants perdus et tous ceux qui sont victimes de harcèlement, les hors-la-loi et les fugitifs, pour devenir des sur-hommes

La Kaverno di Zarathustra survit difficilement et Filareto est régulièrement inquiété par les autorités allemandes qui le suspectent de réaliser des avortements clandestins. Ce qui est alors formellement interdit. Il fait quelques passages en prison pour des infractions aux bonnes mœurs et son "comportement marginal" lui vaut régulièrement d'être accusé de "dérangement mental". Finalement, en 1925, Filareto doit fuir l'Allemagne pour ses pratiques d'avortement et se réfugie en France. Il y rencontre E. Armand[6], rédacteur du journal anarchiste L'en-dehors, avec qui il maintiendra des liens pendant des années. La petite communauté de la Kaverno quitte l'Allemagne et s'installe en 1926 à Tourettes-sur-Loup, au nord-est de Nice. Elle prône la nudité et l'amour libre.

Une économie collective basée autour de l'horticulture, de l'élevage des poulets, de cultures vivrières et de petits artisanats aptes à satisfaire une vie assez ascétique"[7]

Les accusations d'attentats à la pudeur, les difficultés d'une vie en autonomie, les tracasseries administratives pour le séjour des étrangers et les dissensions internes poussent le restant de la communauté à l'installer en Corse en 1927. Selon le journal L'En-Dehors[8], en avril 1927, ils sont 30 à vivre dans la communauté communiste-anarchiste : 8 hommes (4 allemands, 2 bulgares, 1 tchèque et 1 français), 4 femmes et 18 enfants. Selon Filareto Kavernido, "il me faut ajouter encore que nous ne sommes points des révolutionnaires ni des "lutteurs de classe", que nous n'aspirons point à construire une société de culture prolétaire. Nous sommes d'avis que l'anarchiste n'a absolument rien à faire avec la politique, nous assimilons un anarchiste révolutionnaire à un "végétalien carnivore""[9].

La communauté s'installe en 1929 à Arroyo Frio près de Moca en République dominicaine. Le 16 mai 1933, Filareto Kavernido est mystérieusement assassiné de deux balles de revolver.

Notes

  1. JC
  2. moïsienne
  3. Espérento
  4. L'en-dehors, n°4, décembre 1922
  5. Kulturphilosophische betrachtungen (Réflexions philosophico-culturelles), Kultur und Zivilisation (Culture et civilisation) et Kulturkampf (Combat culturel)
  6. E. Armand
  7. (Attribué à) F. Merdjanov, L'équation corse à la lumière de l'inconnue macédonienne. Précis de nihilisme montagnard et de contre-imaginaire historique, date inconnue, inédit
  8. L'En-Dehors, n°110-11 du 1er juin 1927 En ligne
  9. L'En-Dehors, n° 115, 15 août 1927 En ligne