Fanny

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Fanny (Фани en macédonien - Fanì en nissard) Dégât collatéral


Usages

Dans l'usage populaire de la langue française, les expressions "Être Fanny", "Faire Fanny" ou "Embrasser Fanny" sont similaires. Elles s'emploient dans un contexte ludique, lorsque l'une des personnes ou des équipes n'obtient aucun point au jeu auquel illes participent. Zéro. Rien. Cela vaut pour les jeux de boules, les cartes, le baby-foot, le ping-pong et quelques autres encore. Généralement, cela se conclut par un gage imposé aux hominines [1] qui varie selon les traditions liées à chaque jeu, selon les régions et les époques, ou selon des règles éphémères établies entre des hominines qui jouent ensemble. Cela va de la simple tournée au bar offerte aux hominines ayant gagné jusqu'à des rituels ridiculisant les hominines ayant perdu. L'humiliation reste symbolique. Les pleurs sont provoqués par le score nul et non par la dureté du châtiment. Le gage est accompli en public et l'annonce de ce Fanny est clamée haut et fort. Les rires des anonymes et les taquineries des proches sont une manière de marquer l'évènement sans volonté réelle de blesser ou de dénigrer. Les hominines adorent ritualiser leurs comportements sociaux. Celui-ci est loin d'être le plus ridicule !

Portrait craché de F. Merdjanov ? [2]

Rien ne ressemble plus au mot fanny que le prénom Fanny. Il est le diminutif de Frances en anglais et de Françoise en français. Parfois celui de Stéphanie. Il est devenu un prénom à part entière mais dans le calendrier christien [3] il est fêté le 9 mars avec les Françoise et les France, le 26 décembre lorsqu'il est basé sur Stéphanie. Fanny et ses dérivés sont utilisés pour des hominines femelles. Fanette est un diminutif possible de Fanny. Dans le sud de la France, où les langues occitanes ont laissé leurs empreintes, ce prénom est parfois utilisé sous la forme Fanì mais le plus courant reste l'orthographe Fanny, celle retenue par Marcel Pagnol pour sa pièce de théâtre éponyme. Interprétée en 1931 après JC[4], Fanny [5] raconte l'histoire d'une jeune hominine femelle de Marseille, fille d'une marchande de poisson. Elle enfante seule après un accouplement furtif avec Marius — parti en mer et qui n'en sait rien — et se voit contrainte d'accepter de se marier avec Honoré Panisse, un hominine mâle de 30 ans plus vieux qu'elle. Pour sa survie et sa respectabilité. Il est aussi le prénom de Fanny Kaplan et, hypothétiquement, celui de F. Merdjanov.

Si dans la langue française le mot fanny semble n'être qu'un prénom, dans l'anglaise il est aussi un nom commun. Fanny désigne la vulve des hominines femelles mais dans l'anglais étasunien il nomme aussi les fesses [6]. Les étymologistes divergent sur les origines de ces emplois. L'une des possibilités évoque le lien entre le sens sexuel de fanny et le roman érotique de John Cleland publié au milieu du XVIIIème siècle, Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir [7]. Le livre est rapidement interdit pour obscénité par les autorités britanniques. Sous forme de lettres, Fanny Hill, elle-même prostituée pour survivre à Londres, raconte dans le détail ses mœurs et ses pratiques avec sa clientèle. Malgré l'interdiction, le livre circule clandestinement. Les États-Unis d'Amérique l'interdisent pour le même motif au début du XIXème siècle. Alors que la plupart des versions qui circulent sont tronquées, une traduction du texte original est publiée en France en 1914 sous les auspices du poète Guillaume Apollinaire [8]. Il reste interdit jusque dans la seconde moitié du XXème siècle au Royaume-Unis et aux États-Unis. L'argot anglais utilise naff [9], le verlan[10] de fanny, pour désigner les parties génitales externes des hominines femelles. Dans l'argot de la prostitution, naff signifie nothing, "rien". Si ce sens n'est pas issu de fanny, il peut être l'apocope de nothing, comme en français avec que dalle [11] qui signifie "rien" et peut se dire simplement queud’.

Illusions

Le folklore et l'histoire des jeux de boules proposent une version de Fanny. En 1852, la petite ville de la Croix-Rousse est rattachée à la ville de Lyon dont elle devient un arrondissement. Située sur l'une des collines de Lyon, la Croix-Rousse est un quartier où les ateliers de tissage de soie sont très nombreux dans la première moitié du XIXème siècle. Elle est le lieu central des révoltes des artisans tisserands entre 1831 et 1834, appelés canuts [12]. Les revendications concernent autant l'amélioration des conditions de travail et de revenus que le refus de la mécanisation qui menace leur profession. Les affrontements avec les forces armées font plusieurs centaines de morts et de blessés de part et d'autre. Les insurrections des Voraces [13] en 1848 et 1849 sont les derniers sursauts de la contestation politique des canuts. La tension sociale retombe dans les décennies suivantes, les contestations dans les ateliers ont fait place au paternalisme patronal comme le remarque le sociologue de la famille Jules Vallès lors d'un court passage à la Croix-Rousse en 1866 :

Rien à faire, ça pue la famille ! [14]

L'inauguration en 1862 d'un funiculaire, surnommé la "Ficelle", qui réunit les bas des pentes au plateau de la Croix-Rousse, et l'année suivante celle de la gare de la ligne de chemin de fer qui dessert le plateau entre le Rhône et la Saône, marquent l'intégration urbanistique de la Croix-Rousse à Lyon. C'est dans ce contexte politique que s'officialise la boule lyonnaise [15]. La société sportive du Clos Jouve est créée en 1850. Ancienne propriété d'une congrégation religieuse, le clos Jouve appartient au ministère de la guerre qui y fait parfois des exercices militaires pour entraîner ses soldats. Une partie de l'espace est occupée par les boulodromes qui s'installent régulièrement. Comme tous les jeux de ce type, la boule lyonnaise consiste à jeter des boules en direction d'une plus petite et de s'en rapprocher le plus possible.

Apparue dans le courant du XVIIIème siècle, elle est une variante des très nombreuses pratiques de jeux de boules qui existent dans différentes régions d'Europe. La spécificité lyonnaise tient dans la dimension des boules et leur poids, plus grosses et plus lourdes que dans la pétanque, qui nécessitent de faire quelques pas d'élan pour les lancer sur un terrain deux fois plus long que pour la pétanque. Cette dernière est une adaptation du jeu provençal pour hominines à mobilité réduite. La longueur du boulodrome est divisée de moitié et plus besoin de faire des sauts avant de jeter la boule ; elle se joue à pieds-plantés, pèd-tanca en provençal. Les trois se jouent sur un sol naturel avec des boules rondes. Il existe des jeux de boules sur herbe, sur sable et sur bitume. Certains avec des boules en bois ou en métal. D'autres avec des boules ovales ou carrées. Même s'il n'est pas le seul à Lyon, le clos Jouve devient le principal lieu de rencontre pour les adeptes de la boule lyonnaise. En France et en Angleterre, les jeux de boules et de balles sont régulièrement interdits depuis le XIVème siècle par les autorités politiques et moralement condamnés par les religieux. Certains sont néanmoins pratiqués par les hominines appartenant à la noblesse ou dans les petits souliers de la royauté. Le bilboquet [16], par exemple. Les interdictions sont levées en France en 1789 après le renversement de la royauté et l'abolition formelle des privilèges, et seulement en 1845 sur l'île britannique. Dans les faits, ces interdictions n'ont pas empêché la pratique de jeux de boules parmi les populations d'hominines de ces deux pays au fil des siècles. La folklorisation des pratiques populaires régionales pour alimenter la mythologie nationaliste du XIXème siècle a permis la préservation d'anciens jeux et l'émergence de nouveaux. La France dénombre plusieurs dizaines de variantes de jeux de boules, dont presque une vingtaine en Bretagne. La plupart ont été inscrits à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France dans les années 2000. Les différences entre ces jeux de boules sont du domaine des règles, de la dimension du terrain et des boules. Tout est dans la nuance. Il y a autant de différences entre les boules lyonnaises et les parisiennes qu'entre la salade niçoise et la salade chopska.

Boules
Jeu Matériau Masse (g) Diamètre (mm) Forme Terrain
Bocce Métal 920 à 1000 107 à 113 Ronde Naturel
Boultenn Bois / Acier 1100 95 à 98 Ronde Bois
Bourle Bois 4000 à 8000 250 à 300 Disque Naturel
Boule bretonne Bois / Résine 500 à 2000 90 à 140 Ronde plombée Herbe / Terre battue
Boule de fort Bois / Plastique 1200 à 1500 123 à 127 Ronde méplate Résine
Boule de sable Bois 1500 à 2300 145 à 165 Ronde Sable
Boule lyonnaise Bronze 900 à 1200 90 à 110 Ronde Naturel
Boule nantaise Résine 2000 140 Ronde Bitume
Boule parisienne Bronze 950 à 1150 90 à 100 Ronde
Boules carrées Bois 60 à 70 Carrée Bitume
Boulingrin Bois 1500 116 à 131 Ovale Herbe
Jeu provençal Métal 650 à 800 70,5 à 80 Ronde Naturel
Pétanque Métal 650 à 800 70,5 à 80 Ronde Naturel

Fanny Dubriand se passionne pour la boule lyonnaise. Elle assiste en spectatrice aux parties qui s'enchaînent sur le clos Jouve. Le boulodrome est alors un endroit exclusivement masculin et le jeu n'est pas ouvert aux hominines femelles. Misogyne et bourgeois de son époque, Clair Tisseur rappelle dans Les vieilleries lyonnaises les structures sociales et les ségrégations de genre qui fondent l'univers bouliste en cette fin de XIXème siècle.

Le jeu de boules est le jeu des boulangers retirés, des pâtissiers, des notaires, c'est-à-dire de tout ce qui constitue la partie sérieuse et solide de la société. Celui-là seul peut vraiment comprendre le jeu de boules, qui a l'âme pure, qui n'a point connu les passions ou en est revenu, qui a le cœur simple. Jusque-là même qu'à la campagne les dames, souvent, ne dédaignent point de prendre part à ce modeste amusement. Leur aimable gaucherie, leur faiblesse, leur charmante maladresse à lancer la boule, qu'elles sont obligées de tenir en dessus de leur petite main délicate, au lieu de la happer solidement, comme les hommes, dans la main renversée, donnent une grâce, une fraîcheur que l'on n'eût point soupçonnées à ce jeu prosaïque. À la fin de la partie, leurs bras retombent comme lassés; leurs cheveux sont légèrement dénoués sur le cou; leur front est un peu rose de fatigue, et, si c'est l'été, quelquefois il y brille comme une perle de tiède rosée.[17]

Les parents de Fanny Dubriand sont les hominines qui tiennent l'herboristerie près de la mairie du 4ème arrondissement, pas très loin de la station du funiculaire. Elle a environ 20 ans dans les années 1860. Selon ses biographes [18], Fanny Dubriand est considérée comme une "simple d'esprit", "sale et mal habillée". Elle dort souvent dans la rue et traîne près du clos Jouve. Lorsque des hominines perdent une partie sur le score de treize à zéro, il est instauré un gage consistant à aller "Voir Fanny". Le rituel est simple. En échange d'une pièce de monnaie, Fanny accepte de soulever ses jupes pour montrer ses fesses. L'acte n'a aucune connotation sexuelle mais se veut humiliant car la beauté et la propreté de Fanny ne sont pas du goût des boulistes. Il existe plusieurs variantes dans les descriptifs des rituels. Cela ressemble à une grosse blague potache. Les hominines mâles ont depuis longtemps développé un humour bien à eux ! Pour faire une comparaison moderne, c'est un peu comme demander à la vieille clocharde avinée du coin de la rue de montrer ses fesses contre une cigarette. Que de franches rigolades pour celleux qui aiment s'amuser en faisant de la merde. Et cela bien avant le premier cas de hooliganisme constaté dans les jeux de boules [19]. En 1868, Fanny Dubriand est arrêtée par la police pour son errance et son exhibitionnisme. Solidaires, les boulistes expliquent que c'est eux qui lui demandent et non elle qui se montre dans la rue. Elle est finalement relâchée, sans aucune charge contre elle. Sa rencontre avec un hominine porté sur la boisson va déboucher environ 9 mois plus tard sur la naissance d'un enfant — mâle ou femelle ? Seule et trop pauvre pour subvenir aux besoins de sa progéniture, elle la place à l'assistance publique. Par la suite, Fanny Dubriand est hospitalisée dans un asile où elle meurt rapidement.

Intérieur de boul [20]

Après cela que l’on en pense, que l’on en juge, que l’on en dise et que l’on en fasse, tout ce que l’on voudra dans le monde, je ne m’en embarrasse guère, que les hommes s’accommodent, et qu’ils se gouvernent comme ils veulent, qu’ils soient sages, ou qu’ils soient fous, qu’ils soient bons, ou qu’ils soient méchants, qu’ils disent ou qu’ils fassent même de moi tout ce qu’ils voudront après ma mort ; je m’en soucie fort peu ; je ne prends déjà presque plus de part à ce qui se fait dans le monde ; les morts avec lesquels je suis sur le point d’aller ne s’embarrassent plus de rien, ils ne se mêlent plus de rien, et ne se soucient plus de rien. Je finirai donc ceci par le rien, aussi ne suis-je guère plus qu’un rien, et bientôt je ne serai rien.[21]

Touchés par le sort de "leur" Fanny — et l'absence de candidates à son remplacement —, les boulistes décident de mettre en place un nouveau gage pour lui rendre hommage. À leur manière. Dorénavant il faut embrasser une photo de fesses, présentées comme celles de Fanny. Les poètes croix-roussiens font rimer la boule avec le boul [22]. Le succès de la boule lyonnaise et son influence sur les autres jeux de boules contemporains aident à la diffusion du rituel de Fanny. Il est présent dans des jeux aussi éloignés géographiquement que la pétanque méridionale et la boule de fort angevine [23]. Le pataphysicien Alfred Jary fait commencer son roman La dragonne, écrit en 1904, par une scène de Fanny inspirée de son court passage dans la petite ville de Le Grand-Lemps en Isère, à environ 80 kilomètres de Lyon. Le jeu provençal et la pétanque ont conservé cette tradition. Chaque nouvelle société de boules, lyonnaises, provençales ou pied-tanquées se fait fabriquer sa propre Fanny : un petit tableau en relief représentant une paire de fesses. Sans tronc, ni jambes. Il est une relique pour chaque club. Rangée précieusement dans un coffre, elle est sortie uniquement lors d'une défaite à zéro point. Il faut alors "Embrasser Fanny". Un petit tapis est parfois prévu afin de protéger les genoux de ceux qui viennent de perdre et une clochette annonce publiquement une telle défaite. Si les aspects humiliants du rituel de la Fanny peuvent sembler assez relatifs pour beaucoup d'hominines, il faut le replacer dans le contexte social de son apparition pour en mesurer ses véritables enjeux. Les premiers boulistes de la Croix-Rousse sont principalement des petits artisans, des manœuvres, des commerçants et des notables. Par la suite, le jeu se répand aussi parmi le "petit peuple" et les boulodromes deviennent un espace de "mixité sociale" dans tous les différents jeux de boules qui se développent en France à partir du début du XXème siècle. Il est toujours plus facile d'accepter de se prêter au rituel de la Fanny dans un cadre privé, amical ou familial, que de le faire en public pour des hominines qui bénéficient d'un statut social privilégié. Si l'oncle ou le voisin peuvent se le permettre, Monsieur le Maire, le pharmacien ou le gendarme peuvent-ils accepter l'humiliation sans mettre en péril le sérieux de leur fonction ? Peuvent-ils ainsi se ridiculiser ? L'équipe ouvrière peut-elle vraiment se mettre à genoux devant celle des petit-chefs ? La littérature sur les jeux de boules regorge d'anecdotes sur des hominines ayant refusé de s'y plier, préférant même arrêter les boules plutôt que d'accepter d'embrasser Fanny. Soit pour des raisons de prestige social, soit par simple fierté personnelle démesurée.

Sur le plus haut trône du monde, on est jamais assis que sur son boul’ [24]

Pour les folkloristes, l'histoire bouliste de Fanny alimente des poèmes, des chansons ou des textes, parfois en parler lyonnais [25]. Pour les illustrateurs, les peintres et les photographes, c'est son boul qui fascine. L'imagerie est de plus en plus "polissonne". Les illustrations et les cartes postales montrent une jeune hominine femelle, jupe retroussée, exhibant des fesses rebondies avec le sourire. Il ne reste rien de la "simple d'esprit", "sale et mal habillée", place dorénavant à la pin-up modelée par les critères esthétiques et les modes successives. La relique de Fanny est dans les premières décennies faite à la demande par chaque société bouliste auprès d'artisans, avant de devenir progressivement à partir de la seconde moitié du XXème siècle un objet issu de l'industrie et tendant donc à s'uniformiser [26].

— La Fanny ! La Fanny !
— C’est la tradition, dit le journaliste. Il me semble que nous devons la respecter !
À ces mots, deux jeunes gens entrèrent en courant dans la salle du Cercle et en rapportèrent, au milieu de l’allégresse générale, un tableau d’un mètre carré, qu’ils tenaient chacun par un bout. Les trois perdants s’avancèrent, avec des rires confus, tandis que la foule applaudissait. Je m’étais glissé jusqu’au premier rang et je vis avec stupeur que ce tableau représentait un derrière ! Rien d’autre. Ni jambes, ni dos, ni mains. Rien qu’un gros derrière anonyme, un vrai derrière pour s’asseoir, que le peintre avait cru embellir d’un rose qui me parut artificiel. [27]

Sans que l'on sache comment, cette expression de Fanny s'est étendue à d'autres jeux. Non pas le rituel d'embrasser de fausses fesses mais celui d'un gage pour une partie perdue à zéro point marqué, "Être Fanny". Seuls les jeux de boules persistent dans leur mise en scène de l'embrassade. À tort la Fanny est bien souvent assimilée à la seule pétanque — devenue depuis son invention en 1907 le sport de boules le plus pratiqué en France — et à la France méridionale. Cette confusion est peut-être due à la pièce Fanny de Marcel Pagnol et au succès de son adaptation cinématographique en 1932. La partie de boules dans les rues de Marseille n'est pas de la pétanque mais du jeu provençal [28]. Trois pas sont nécessaires avant le lancer. Dans Le temps des amours, quatrième tome de ses souvenirs de jeunesse, Marcel Pagnol raconte une partie de ce jeu qui se finit sur une Fanny. La confusion vient peut-être aussi du score de zéro à treize, chiffre qui rappelle le département des Bouches-du-Rhône et sa capitale Marseille. Malgré cela, les expressions avec Fanny se sont étendues à la belote, au baby-foot, au ping-pong et au bowling, pour ne citer que quelques exemples. En 1987, une artiste installe à Lyon une œuvre dédiée à Fanny Dubriand, dans une zone piétonne aménagée, seul vestige de l'ancien clos Jouve. Elle est constituée d'un fessier joufflu et sans corps, exhibé sous une jupe de bronze en forme de rose dont il forme le cœur, posé sur un piédestal et enfermé dans une grande boule. En "hommage à toutes les femmes culottées de l’Histoire", les pétales de la rose sont parcourus de prénoms. Les inscriptions "Fanny 20 ans, Fanny 100 ans, courage, amour, bonheur, colère, audace, pensée, mémoire"[29] forment les parois de la sphère et cachent partiellement les fesses de la vue des hominines qui passent devant. Pour "Embrasser Fanny", il faut maintenant avoir la clef.

Réalités

Adieu ! ta réponse est à craindre,
Je n’ai pas le temps d’écouter ;
Mais quand je n’ose m’arrêter,
N’est-ce donc que toi qu’il faut plaindre ?

Ce que j’ai dit, retiens-le bien :
Pour aujourd’hui, je n’ai plus rien ![30]

Le folklore populaire n'est pas que des contes peuplés d'êtres imaginaires pour effrayer les enfants ou les amuser, il raconte aussi des pans de la réalité. Déformée par les modes de transmission d'histoires réelles d'hominines. Il n'existe aucune Fanny Dubriand dans l'ensemble des archives de la ville de Lyon de la seconde moitié du XIXème siècle. Par contre, une Françoise Debriand apparaît dans plusieurs registres. L'orthographe de son patronyme est changeante, selon les documents consultés on retrouve aussi Debrillant, Dubrian ou Debrian. Elle est née le 11 août 1834 à Lyon [31]. Son père, Claude Debriand, et sa mère, Françoise Perrot, ont alors presque 40 ans. La famille compte déjà 7 enfants, deux femelles et cinq mâles, dont les naissances s'étalent entre 1817 et 1832. Deux autres sœurs naissent, en 1837 et 1838.

Les registres d’État civil mentionnent la famille de Françoise Perrot à la Guillotière, alors ville séparée de Lyon, dès la fin du XVIIème siècle. Son père, Barthélemy Perrot, ancien canonnier dans le 4ème bataillon des fédérés nationaux, reçoit une indemnité mensuelle pour avoir eu le bras arraché. En mai 1795, Barthélemy Perrot et Marie-Louise Renaud se marient. Leur fille Françoise naît en février de l'année suivante. Après un divorce, Marie-Louise Renaud se remarie en 1798 avec François Ren (Rang), né à Lille de parents inconnus. Il est ouvrier orfèvre. Avec un demi-frère né en 1811, Françoise Perrot et sa famille recomposée habitent 62 rue de la Vieille-Monnaie, aujourd'hui rue René Leynaud, sur les pentes de la Croix-Rousse.

La mère de Claude Debriand est née au sud de Lyon, à Irigny, et son père est issu d'hominines de la Creuse, à quelque 400 kilomètres à l'ouest de la région lyonnaise, dont l'un, son propre père, s'installe à la Guillotière dans le courant du XVIIIème siècle. Retrouvé noyé en 1805, le père de Claude Debriand laisse une veuve et 5 enfants. Celle-ci se remarie l'année suivante. Les enfants mâles et femelles sont abandonnés auprès des Hospices civils de Lyon, puis envoyés en apprentissage dans différentes familles d'accueil avant de retourner progressivement auprès de leur famille. Claude est de retour en 1811. Après sa participation aux campagnes militaires de l'empereur français Napoléon de 1813 à 1814 [32], il se marie avec Françoise Perrot en 1815 à la Guillotière.

Avis de recherche ? [33]

Selon les actes de naissances de leurs enfants entre 1816 et 1834, illes habitent alors Grande-Rue à la Guillotière, puis 16 rue de la Barre sur la presqu'île lyonnaise. Un logement est loué pour la famille nombreuse et un local pour les activités de ferblantier de Claude Debriand, le père[34]. Françoise Debriand, la mère, est modiste et tient une boutique au 1 de la rue Raisin, actuelle rue Jean-de-Tournes dans le deuxième arrondissement [35]. Illes déménagent ensuite sur l'autre rive du Rhône, rue Saint-Georges. Au 25. Leur adresse lorsque naît Françoise "Fanny" en août 1834. Le recensement de 1836 précise qu'il est ouvrier ferblantier et qu'elle est lingère [36]. La famille Debriand demeure au rez-de-chaussée où un logement et un local commercial sont loués [37]. Au recensement de 1851 [38], illes habitent au 2 rue Duviard à la Croix-Rousse — qui est jusqu'en 1852 une ville indépendante de Lyon. Juste au croisement avec le boulevard de la Croix-Rousse, derrière la mairie du 4ème arrondissement. Il est indiqué que le couple vit avec Fanny et l'une de ses jeunes sœurs [39]. Dans la case prévue à cet effet, il est précisé que Françoise "Fanny", alors âgée de 16 ans, a un goitre et est considérée "idiote". Dans la case "métier" il est sous-entendu qu'elle est à la charge de ses parents. En 1856, Claude Debriand est épicier [40]. La boutique d'alors est aujourd'hui une grande droguerie en coin, au croisement des deux rues. Annel, le plus jeune des frères, est de retour au foyer familial. Le 3 octobre 1859 à l'hôpital de la Charité, Fanny donne naissance à Marie [41]. L'acte ne précise pas le nom du père. Un ivrogne selon la tradition bouliste, ou un militaire. Voire les deux, ce qui n'est pas incompatible. L'enfant est placée dans une crèche [42]. Fanny sort de l'hôpital une semaine après l'accouchement. Marie semble être prise en charge par l'assistance publique [43], comme l'affirme la tradition bouliste. Elle n'apparaît pas dans le recensement de 1861 avec sa mère [44]. Son acte de mariage indique qu'elle est "fille [...] non reconnue de Françoise Debriand" [45].

Rien n'est su sur les circonstances de la procréation. Dans quelles mesures furent-elles consenties par Fanny Debriand dont les facultés mentales sont sans doute perturbées ? Selon les définitions médicales du XIXème siècle, elle est atteinte de crétinisme. La médecine en Europe parvient à comprendre que les carences en iode dans l'alimentation des hominines créent des dysfonctionnements de la thyroïde et des malformations. Parfois accompagnés de cas de nanisme dysharmonieux. Très souvent, le crétinisme se concrétise par un goitre, c'est-à-dire une hypertrophie au niveau du cou, là où se situe la glande thyroïdienne. Il peut être très volumineux. Outre des malformations ou des retards de croissance, les dérèglements biologiques peuvent provoquer une "arriération mentale, intellectuelle" [46]. L'histoire bouliste et le qualificatif "idiote" de l'administration laissent à penser que Fanny Debriand est dans ce cas. Le crétinisme passionne. Des villages isolés des Alpes et des Pyrénées sont étudiés car ils présentent des taux très élevés de crétinisme dans leur population. Les "Crétins des Alpes" entrent dans l'histoire[47]. Le terme est alors médical, et non injurieux. Photographies et études se multiplient. Un rapport ministériel de 1873 indique que le département du Rhône abrite 5000 crétins mâles et 14000 femelles, de plus de 20 ans, soit 4,6% de la population totale. Le Rhône est classé parmi les départements particulièrement concernés [48]. Dans les régions montagneuses où l'absence d'iode est patente et où la consanguinité n'est pas une exception, 10 départements sont les plus touchés, avec des pourcentages de 5% pour les Alpes-Maritimes et jusqu'à 13% en Savoie. Les avis divergent sur le sort à réserver aux hominines "souffrant" de crétinisme. Pour ces populations villageoises, la solution prônée est l'apport d'iode dans leur alimentation par la consommation de produits marins. Le crétinisme disparaîtra ainsi au fil des générations. Un tel apport fait diminuer les goitres, parfois jusqu'à les résorber, lorsque cela est fait chez les hominines les plus jeunes. Pour les populations urbaines, le crétinisme est médicalisé. Le recensement de 1851 prévoit plusieurs colonnes pour répertorier les différentes "maladies et infirmités apparentes", dont le goitre [49]. Les spécialistes qui pensent qu'il est possible d'en soigner les aspects psychologiques préconisent l'internement dans des asiles. Par des thérapies, parfois de choc, des activités sociales et des incitations intellectuelles, les hominines mâles et femelles doivent pouvoir se rapprocher des standards sociaux attendus pour vivre en société. Même les plus débiles. Avant d'être internée, Fanny Debriand est en capacité de vivre dans sa famille pendant des décennies et d'interagir avec son environnement. Tel que les boulistes du clos Jouve. Et son arrestation en 1868 confirme qu'elle peut se faire comprendre. Le court texte qui lui est consacré en 1929 par Jean Gourmond [18] — et qui fait souvent office d'unique source historique — indique qu'elle connaît "Battu l'hydrocéphale" [50] qui, selon Les oisivetés du sieur du Puitspelu, "parlait presque constamment en vers, encore bien que, comme dans les poésies de nos "jeunes", ses vers souvent n'eussent pas de mesure ni même de sens. Il reste à rechercher si Battu ne serait pas le premier en date des poètes symbolistes." [51] Il survit à la misère en attrapant des chats errants qu'il revend à la faculté de médecine, de la vente d'allumettes ou de copies des Commandements du buveur [52].

Aucune information sur le type de crétinisme et le degré de troubles mentaux de Françoise Debriand n'est disponible. Nulle indication dans les archives sur les raisons de ce crétinisme. Est-il congénital ou lié à des carences en iode pendant la grossesse de sa mère ? Sa proche parentèle ne semble pas atteinte. Françoise "Fanny" Debriand apparaît en filigrane dans le rapport sanitaire de 1866 dont elle est l'une des protagonistes.

Lyon - 1866
Arrond. Sexe Crétins ou idiots Goitreux
1er M 1 5
F 8
2e M 3 5
F 2 23
3e M 11
F 9 12
4e M 9 27
F 8 75
5e M 13 12
F 7 15

On voit par ce tableau 1° que le chiffre des crétins et idiots prédomine chez les hommes ; 2° que le goitre est beaucoup plus fréquent chez les femmes. C'est dans le 4e arrondissement que l'affection goitreuse se montre le plus fréquemment. C'est aussi sur le versant sud de la montagne de la Croix-Rousse et sur quelques points du plateau, que l'on rencontre les plus grandes causes d'insalubrité, en ce qui regarde les habitations et l'agglomération des individus dans des locaux trop restreints ; l'alimentation elle-même laisse à désirer, soit à cause de la pauvreté des habitants, soit à cause du mauvais emploi de leurs ressources.[53]

Devenu herboriste, Claude Debriand meurt le 6 février 1866 [54]. Âgée de 70 ans, Françoise Debriand se retrouve seule à faire fonctionner l'herboristerie et à s'occuper de sa fille Françoise "Fanny" qui vit toujours avec elle. Des recherches futures dans les archives policières devraient pouvoir dire ce qu'il en est de sa brève arrestation en 1868[55]. L'annuaire de 1869 précise que l'herboristerie du 2 rue Duviard est tenue par "Mme Debrillant". Les archives ne permettent pas de dire quel fut l'impact sur le reste de la famille Debriand des soulèvements populaires en 1870 et 1871[56]. Fanny est "admise volontairement" à l'asile de l'Antiquaille le 20 juillet 1871 [57][58], quelques mois avant la mort de sa mère Françoise Debriand le 24 octobre [59]. Son frère Annel qui meurt en 1875 au dépôt de mendicité d'Albigny-sur-Saône [60], au nord de Lyon, n'est sans doute pas en mesure de l'aider. Rien n'est connu sur les relations qu'elle entretient avec le reste de son adelphie, ou avec sa fille Marie. Fanny Debriand est transférée au nouvel asile de Bron le 25 novembre 1876 [57]. Décidée en 1868, la construction de cet "asile public d'aliénés" prévoit de fournir, sur un espace vert de 34 hectares à quatre kilomètres de Lyon, 1000 places pour accueillir au quotidien des hominines en souffrance psychologique ou malades, ainsi que celleux charger de les soigner ou de les enfermer. Des dortoirs, des ateliers, des fermes et des lieux de vie sont érigés dans un environnement de verdure [61]. Une bibliothèque et des bains. En 1875, 150 aliénés sont utilisés pour faire les travaux de terrassement. Faute de crédits suffisants, seulement un peu plus de 600 places sont effectivement disponibles. Les hominines sont répartis selon leur genre, mâle ou femelle, dans des bâtiments identiques de part et d'autre d'une allée centrale, puis selon différentes catégories établies par les aliénistes : les "tranquilles", les "semi-tranquilles", les "faibles et vieillards", les "agitables" et les "convalescents". Quelques places aussi pour les épileptiques. Un bâtiment pour chaque catégorie, avec dortoirs et cellules d'isolement. Avant cet asile, la plupart des hominines mâles et femelles aux troubles psychologiques sont pris en charge par l'hôpital de l'Antiquaille situé dans un ancien couvent du cinquième arrondissement de Lyon [62]. Celui-ci est surchargé et mal adapté aux nouvelles approches psychiatriques. En 1876, le déplacement de l'ensemble des malades de l'Antiquaille vers l'asile public d'aliénés de Bron est lancé [63]. Les capacités d'accueil ne sont pas suffisantes et des projets d'extension sont envisagés pour l'année suivante.

Fanny et boules lyonnaises à l'hôpital de Bron[64]

Françoise "Fanny" Debriand y meurt le 16 décembre 1876 [65] à l'âge de 42 ans. L'acte de décès de l'asile de Bron précise qu'elle est surnommée Fanny [57]. La cause de sa mort est une attaque d’éclampsie [57]. Cela implique qu'elle est alors enceinte. En effet, l'éclampsie [66] est une crise convulsive généralisée — comparable à une crise d'épilepsie — provoquée par une malformation des vaisseaux sanguins du placenta qui perturbe trop fortement la tension artérielle et induit une hypertension artérielle intracrânienne chez la génitrice [67]. Elle peut causer sa mort et celle du fœtus[68].

Son lieu d'inhumation est encore inconnu. L'asile de Bron n'a pas de cimetière propre avant 1880. Est-elle alors enterrée dans un cimetière communal ?[69] La seule quasi-certitude est qu'elle est passée par la chambre mortuaire de l'asile de Bron. Visite guidée.

La salle de dépôt, voûtée ainsi que le porche, est garnie à gauche et à droite de quatre étagères en pierre polie, incrustées dans les murs et destinées à supporter pareil nombre de cercueils. Deux de ces étagères sont légèrement creusées en auge, de manière à pouvoir arroser constamment d'eau froide des corps qu'il serait utile de conserver pendant quelques jours. Deux rideaux tendus sous les arcs doubleaux en avant des cercueils, peuvent laisser libre la partie centrale qui forme en quelque sorte une petite nef à l'extrémité de laquelle un autel est élevé dans une absidiole. C'est dans cette partie centrale que se disent les prières qui doivent précéder l'inhumation. L'aération de cette salle est assurée par les baies qui s'ouvrent sur ses parois et par une cheminée ventilatrice pratiquée dans la voûte.

La salle de dissection éclairée au nord par une double fenêtre communique directement avec le dépôt. Elle est garnie de deux tables, l'une en pierre polie, pivotant sur un pied central, l'autre en chêne recouverte de zinc. L'eau est distribuée, par un robinet, dans cette salle au-dessous de laquelle est ménagé un petit caveau qui permet de conserver un jour ou deux des pièces d'anatomie. [70]

La mascotte Françoise "Fanny" Debriand est morte dans l'anonymat. Sans imaginer un instant que son geste de montrer ses fesses aux boulistes perdants du clos Jouve serait à l'origine d'une expression populaire et de la mise en place de véritables rituels dans les jeux de boules. Jusqu'à disparaître complètement en tant que personne réelle pour n'être plus qu'une imagerie populaire. Si son crétinisme et son goitre sont sans doute une des raisons pour lesquelles les boulistes se moquent d'elle, Fanny n'est pas que cela. Elle traîne autour du boulodrome. Regarde les parties. Ont-ils été attendris par cette fenotte [71] qu'ils trouvent simplette et moche ? Discutent-ils avec elle ? Vient-elle seule ou son père est-il bouliste pratiquant ? La tradition bouliste perpétue une histoire du Clos Jouve où les joueurs ne sont pas méchants avec elle et témoignent même en sa faveur en 1868 lors de son arrestation. Un peu comme si leur choix de Fanny pour leur rituel était une macédoine étrange de dégoût et de sympathie.

Vrai-alité

Établir la réalité de Françoise "Fanny" Debriand ne dit rien sur le rituel bouliste qui l'entoure et de son évolution. Quels sont les liens entre le gage qui consiste à regarder les fesses, peu ragoûtantes selon les boulistes, de Fanny et le fait d'embrasser une représentation de fesses ? De quand datent les premières utilisations de l'expression ? Dans son article consacré aux boules, écrit en 1873, Clair Tisseur consacre un chapitre au lexique propre aux boulistes. Il affirme que lorsqu'une personne ne fait aucun point, elle doit "Baiser le cul de la vieille" [72]. Mais sa description ne vaut que pour son environnement proche car, comme il le dit lui-même, il ne connaît pas ce qui se passe dans d'autres quartiers lyonnais. "Il paraît qu'il existe aussi un jeu de boules renommé à la Croix-Rousse. Je ne le connais que par une grande caricature qu'avait faite, vers 1865, le dessinateur Labbé [...] On dit que le personnel habituel des joueurs y était tiré au vif". Si l'expression est peut-être déjà utilisée à la Croix-Rousse, elle peut ne pas encore avoir franchi les frontières des arrondissements lyonnais. Il ajoute que "dans le beau monde, on se contente de la plaisanterie en paroles", alors qu'ailleurs d'autres le font en acte avec "un tableau représentant en profil une horrible vieille, avec trois poils sur le nez". Cette expression de "Baiser le cul de la vieille" n'est pas typique de la région lyonnaise mais est présente dans plusieurs autres régions françaises, avec ce même sens de "perdre". Elle est antérieure à celle sur Fanny. Il est probable que les premiers boulistes du Clos Jouve l'aient adapté à leur propre boulodrome et son environnement. Leur vieille symbolique et ses fesses sont remplacées par celles de Françoise "Fanny" Debriand. Il ne faut plus les embrasser, mais les regarder. Ce n'est pas l'acte de Fanny de montrer ses fesses aux perdants contre une pièce de monnaie qui crée le rituel mais le rituel symbolique préexiste et elle ne fait que l'incarner en chair et en os pour les boulistes de la Croix-Rousse. Dans leurs esprits, embrasser une représentation de fesses d'une hominine femelle âgée et laide est un gage équivalent à celui de regarder celles, bien réelles, de la goitreuse et "simplette" qu'est Fanny ! Une mauvaise oxygénation après un effort sportif prolongé et une concentration extrême sont parfois la cause d'altération de la vrai-alité.

Je ne pense jamais, cela me fatigue ; ou si je pense, je ne pense à rien.[73]

L'imagerie liée à la Fanny croix-roussienne s'est éloignée de la dimension supposément repoussante de son boul pour mettre en avant des postérieurs aux formes jugées attirantes. Avec le cérémonial de la Fanny, il ne s'agit plus de regarder le cul d'une goitreuse ou d'embrasser celui d'une vieille mais de s'agenouiller devant celui d'une hominine femelle aguichante. "Embrasser" ou "Baiser le cul de la vieille" n'est pas propre aux jeux de boules. Cette expression se retrouve en 1718 où elle est une "manière de parler uſitée à Paris [qui] ſe dit ordinairement au jeu de billard & autres, [et] ſignifie ne faire pas un ſeul point, perdre ſans avoir pû gagner ni prendre un point." [74]. L'auteur de ces lignes ne précise pas quels sont les autres jeux. Le cricket ou la soule ? [75] Peut-être le jeu de paume, lointain ancêtre du tennis, qui se joue à mains nues à la fin du XIIIème siècle puis avec des raquettes au début du XVIème. Très populaire, ce jeu de balle est longtemps interdit, puis très encadré, avant que les autorités françaises n'introduisent et diffusent la pratique du billard de table dans la première moitié du XVIIème siècle afin de le supplanter. En 1640, Curiositez françoises pour supplément aux dictionnaires rapporte que gagner à un jeu sans que l'adversaire ne fasse un seul point se dit "Faire chevaucher la vieille" [76]. L'idée d'embrasser les fesses se retrouve aussi dans des variantes locales du piquet, un jeu de cartes datant du XVIème. Une description de 1878 précise que "autrefois, celui qui ne comptait que 27 points avait la faculté de faire pic, s'il consentait à baiser le derrière de son adversaire." [77]. Cette allusion dans cet ancien jeu de cartes pourrait être une des explications à l'existence de l'expression "Être Fanny" dans des jeux de cartes plus contemporains, comme la belote ou la coinche. Une transmission entre boules et cartes par contact et par glissement. Pour qui n'a rien d'autre de mieux à faire, quoi de mieux après une après-midi boules qu'une soirée cartes ? "Fanny au bar" ! Qui perd, paye sa tournée. Plus de fesses à regarder ou à embrasser.

Depuis des siècles, dans des domaines très éloignés des jeux, montrer ses fesses est un geste de défiance vis-à-vis de celleux vers qui elles sont exhibées. L'histoire des hominines est ponctuée de tels actes. À Nice par exemple, Catherine Ségurane se rend célèbre en 1543 pour avoir défié la coalition militaire franco-ottomane qui assiège la ville en offrant en spectacle son postérieur et en exhortant la foule niçoise à résister. Dans Le quart livre des faicts et dicts heroiques du bon Pantagruel [78], édité par Rabelais en 1552, la vieille de Papefigues parvient ainsi à faire fuir le diable. Par contre, tendre ses fesses pour qu'elles soient embrassées équivaut plutôt à une proposition de soumission de celleux qui doivent y poser leurs lèvres. Ce cérémonial se rapproche de l'expression "Embrasser le cul de la vieille". Cette façon d'humilier et de marquer la soumission semble ancienne. Parfois considérée à l'origine de l'expression, la première allusion répertoriée est celle contenue dans le roman anonyme Audigier [79], écrit à la fin du XIIème siècle ou au début du XIIIème. Dans cette parodie de chanson de geste où les références au caca et aux fesses sont nombreuses [80], Audigier est en conflit avec la vieille Grinberge de Valgrifier. Après une première défaite, elle lui propose d'embrasser ses fesses en guise de soumission ou de mourir. Humilié, mais vivant, Audigier décide de se venger. Il repart au combat mais échoue de nouveau. La défaite est totale. Grinberge de Valgrifier lui propose alors une nouvelle embrassade :

Deus foiz li fist baisier son cul ainz qu’il fust ters
et Audigier i ert par ses lievres aers.
"Audigier, dist Grinberge, mes cus est ters."
Grainberge est descouverte jusqu’au nombriz,
sor Audigier s’asiet non pas enviz,
sor sa face li a son cul assis.
Deux fois, elle lui fit baiser son cul, sans d´abord se torcher,
et Audigier y collait ses lèvres.
"Audigier, dit Grinberge, mon cul est net."
Grainberge est découverte jusqu´au nombril.
Elle s´assoit sur Audigier, qui y consent,
Elle lui pose le cul sur la face.
Rituel callipyge

La présence au Québec de l'expression "Embrasser le cul de la vieille", avec le sens de perdre ou de rentrer bredouille de la chasse ou de la pêche, par exemple, est sans aucun doute un héritage du français de France. Si la majorité des premiers colons, mâles et femelles, viennent de la région parisienne, beaucoup sont originaires d'autres provinces françaises et parlent des "langues régionales", picard, poitevin, etc. À partir de la seconde moitié du XVIème siècle, les français du nord de l'Amérique se construisent sur des bases linguistiques sensiblement différentes. L'acadien n'est pas l'ontarien.

Les raisons de l'utilisation de fanny pour dire "popotin" dans l'argot de l'anglais étasunien ne sont pas établies. Dans un entretien après la sortie aux États-Unis d'Amérique du film Fanny, Marcel Pagnol raconte que le journal Herald Tribune plaisante sur le fait que ce titre est une rare occasion de mettre ce mot à la Une du journal. Il explique que les soldats étasuniens découvrent la pétanque lors de la Première guerre dite mondiale. Inventé quelques années plus tôt, ce nouveau jeu sportif est en plein essor. Les soldats utilisent déjà fanny pour désigner le sexe des hominines femelles et découvrent la Fanny bouliste, réduite à une simple paire de fesses encadrée. Aussi grivois et plein de finesse que leurs homologues en civil, il y a fort à parier que les militaires se soient emballés pour ce rituel et beaucoup amusés de telles proximités linguistiques. Selon Marcel Pagnol, la guerre terminée, ils repartent avec un nouveau sens pour le mot fanny [81]. Un glissement. Un peu comme en français où une relation sexuelle est une histoire de cul. La plus ancienne mention de "fanny" dans le sens de "fesses" ou "popotin" est, selon le Green’s Dictionary of Slang, datée de 1919. Elle apparaît dans la description d'une scène au sein d'un régiment étasunien où une personne inflige des coups de sangle sur les fesses d'une autre, en tournant autour de lui, dans un jeu appelé "Bat the Fanny" [82].

Très cinéphile, la protivophilie note un tel glissement dans ce qu'il est communément appelé le 7ème art. Une confusion des sens. Le classique "film de cul" est devenu le moderne "film de boul", confondu à tort avec le "film de boules" — en référence aux gonades extérieures des hominines mâles. Mais il y a "film de boul" et "vrai film de boules" ! L'un est effectivement un film pornographique, toutes catégories et sous-genres confondus, et l'autre une campagne de prévention du cancer testiculaire dont un spot se déroule sur un boulodrome [83] et l'autre autour d'une piste de bowling [84]. Quand "Être Fanny" est une nouvelle poésie médicale pour annoncer à un hominine mâle que son score final est de 2 boules à 0.

Notes

  1. Avec les singes, les hominines sont une espèce qui adore se moquer des autres en les ridiculisant. Blesser est très marrant !
  2. Extrait de l'adaptation cinématographique Fanny Hill de Russ Meyer en 1964. Bande-annonce en ligne
  3. Les christiens mâles et femelles sont les adeptes, bien réels, d'une personne imaginaire.
  4. JC est une célèbre marque de calendrier.
  5. Trilogie marseillaise II : Fanny, comédie en trois actes et quatre tableaux, Paris, Théâtre de Paris, 5 décembre 1931
  6. "Fanny" sur le Online Etymology Dictionary - En ligne
  7. John Cleland, Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1749 - En ligne
  8. Guillaume Apollinaire est l'auteur en 1907 d'un roman pornographique Les onze mille verges ou les amours d'un hospodar - En ligne
  9. "Naff" sur le Online Etymology Dictionary - En ligne
  10. Le verlan est un "procédé de codage lexical par inversion de syllabes" qui est utilisé dans plusieurs langues.
  11. "Que dalle" dans le Trésor de la langue française - En ligne
  12. En 1831, l'industrie de la soie à la Croix-Rousse et de Lyon emploie plus de 8000 artisans tissserands, les canuts, qui eux-mêmes font appel à plus de 30000 journaliers. La soie fait vivre la moitié de la population de l'agglomération lyonnaise et "représente en 1835 un tiers des exportations d’objets manufacturés de la France". Les canuts s'organisent en mutuelles ouvrières. En réaction à la baisse des salaires et au refus catégorique des patrons de la soie de toute augmentation, fin novembre 1831, des manifestants de la Croix-Rousse, rejoints par des ouvriers et artisans de Lyon et de la Guillotière, prennent d'assaut les armureries et occupent la mairie de Lyon. Les combats font une centaine de morts parmi les militaires et les manifestants. Une semaine plus tard, le travail reprend après des promesses. Des grèves repartent en avril 1834, à la suite de procès contre des canuts. Des barricades sont dressées et l'insurrection s'étend à la Croix-Rousse, la Guillotière et à Lyon. Des casernes sont prises d'assaut. Entre le 9 et le 15 avril, l'armée reprend le contrôle. La Croix-Rousse est bombardée. Le bilan est de presque 200 morts du côté des manifestants et un peu plus de 100 pour les militaires. Leur journal, L'écho de la fabrique, est publié sans interruption entre 1831 et 1834 - En ligne
  13. Canuts et fervents républicains, les Voraces se réunissent dans des tavernes pour échapper à la surveillance policière. Ils soutiennent en février 1848 la proclamation de la Seconde république, après l'abdication du roi de France Louis-Philippe. Ils prennent d'assaut la mairie de Lyon, la préfecture et des places stratégiques à la Croix-Rousse. La normalisation républicaine en juin 1849 met fin à ce soulèvement lors d'une forte répression et des combats à la Croix-Rousse.
  14. Propos de Jules Vallès, datés de 1866 et rapportés dans Nizier Du Puitspelu (Clair Tisseur), Les vieilleries Lyonnaises, 1891, page 3 - En ligne
  15. Depuis 1981, le nom officiel du jeu de boules lyonnaises est le sport-boules
  16. Le bilboquet est un "jouet composé d'une boule percée d'un trou, reliée par un cordon à un bâtonnet concave à l'une de ses extrémités, pointu à l'autre, où elle doit s'encastrer, en retombant après qu'on l'a jetée en l'air." Aux origines inconnues, ce jeu est pratiqué en France à la fin du XVIème siècle par une partie de la noblesse. Le bilboquet est un jeu de boule individualiste, ancêtre indirect du tac-tac.
  17. Nizier Du Puitspelu (Clair Tisseur), Les vieilleries Lyonnaises, 1891, pages 78-79 - En ligne
  18. 18,0 et 18,1 Jean Gourmond, "Histoire de la Fanny", Almanach des amis de Guignol, 1929 - En ligne
  19. Sur le premier cas documenté, voir Hooliganisme de Action Discrète - En ligne
  20. Au 28-30 boulevard de la Croix Rousse.
  21. Jean Meslier, Mémoire des pensées et des sentiments. Cité à l'entrée "indifférence" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  22. "boul" signifie "fesse".Terme argotique classique, il est emprunté à la langue romani bul avec le même sens
  23. Gérard Linden, La boule de fort par noms et par mots, Cheminements (Le Coudray-Macouard), 2007. Pour un court descriptif - En ligne
  24. Montaigne revisité par Booba, "Pitbull" sur l'album Ouest Side, - En ligne
  25. Léon Jo, La Fanny : monologue en vieux lyonnais, 1920 - En ligne. Thomas Bazu, "Le Grand Joseph, l’Agathe et la Fanny", Almanach des amis de Guignol, 1931 - [En ligne]
  26. H. Merou, G.P. Fouskoudis, La Fanny et l’imagerie populaire, 1982
  27. Extrait du chapitre "La partie de boules de Joseph" dans Marcel Pagnol, Le temps des amours
  28. Scène de la partie de boules, extraites de Fanny, réalisé en 1932 par Marc Allégret - En ligne
  29. Voir le site de Geneviève Böhmer - En ligne
  30. Extrait de L'entrevue au ruisseau dans Marceline Desbordes-Valmore, Poésies inédites. Cité à l'entrée "un petit poisson, un petit oiseau, s'aimaient d'amour tendre... " dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017. Marceline Desbordes-Valmore est présente à Lyon en 1834 lors de la révolte des canuts. Elle écrit le poème Dans la rue par un jour funèbre de Lyon sur la répression - En ligne
  31. Acte de naissance de Françoise Debriand, Lyon, - En ligne
  32. Incorporé au régiment du 29e Chasseur à cheval. Décoré de la médaille de Saint-Hélène, enregistrée sous le patronyme de Debriant. Voir le site dédié - En ligne
  33. "Les jeunes gens qui ont un engorgement de la glande thyroïde, bien loin de chercher à en obtenir la résolution, dès le début, s’occupent plutôt de le faire augmenter, afin d’avoir un motif d’exemption du service militaire. C’est surtout à l’approche du tirage au sort qu’ils usent de tous les moyens supposés capables de produire le goitre, et qui consistent spécialement à boire beaucoup d’eau, à faire des courses avec des fardeaux, et à serrer la cravate au-dessus de la tumeur ; quelques-uns peuvent arriver plus sûrement à leur but en mangeant de la gomme de cerisier. Voir Jean Armand Chabrand, Du goitre et du crétinisme endémiques et de leurs véritables causes, 1864 - En ligne
  34. Rue de la Barre, recensement fiscal, 1825 - En ligne
  35. Rue Raisin, recensement fiscal, 1826 - En ligne
  36. Rue Saint-Georges, recensement de 1836, Lyon - En ligne
  37. Rue Saint-Georges, recensement fiscal, Lyon, 1837 - En ligne
  38. Rue Duviard, ville de La Croix-Rousse, recensement de 1851 - En ligne
  39. L'autre sœur, Marie-Louise, est absente du recensement. Est-elle décédée ?
  40. Rue Duviard, recensement de 1856, Lyon, 4ème arr. - En ligne
  41. Acte de naissance de Marie Debriand, Lyon, 2ème arr. - En ligne
  42. Sous le nom de Marie Dubriand. Journal des entrées à la crèche, 1855-1861 - En ligne
  43. Registre d'entrée et de sortie pour accouchement, 1859 - En ligne
  44. Rue Duviard, recensement de 1861, Lyon, 4ème arr. - En ligne
  45. Acte de mariage de Marie Debriand, 30 octobre 1902 - En ligne
  46. "Crétinisme" sur le Trésor de la langue française - En ligne
  47. "Qui étaient les crétins des Alpes ?" dans la série Prendre l’air, une histoire de la montagne sur France Culture, février 2021 - En ligne
  48. Le goitre et le crétinisme, Recueils des travaux du Comité consultatif d’hygiène publique de France et des actes officiels de l’administration sanitaire, Tome II, 1873 - En ligne
  49. Les autres sont aveugles, borgnes, sourds et muets, aliénés, mono-bras, mono-jambe, bossu et jambe de bois
  50. Il s'agit de Pierre Battu, mort le 25 juillet 1885 à l'asile de Bron - En ligne
  51. Clair Tisseur, Les oisivetés du sieur du Puitspelu, 1883 - En ligne.
  52. Selon Les oisivetés du sieur du Puitspelu. Peut-être Les dix commandements du buveurs, 1876 - En ligne
  53. Michel-Jules Marmy, Hygiène des grandes villes : topographie et statistique médicales du département du Rhône et de la ville de Lyon, 1866 - En ligne
  54. Acte de décès de Claude Debriand, Lyon, 4ème arr. - En ligne
  55. Archives police
  56. Commune de Lyon et soulèvement de 1871
  57. 57,0 57,1 57,2 et 57,3 Registre de décès, asile de Bron, 1876 - En ligne
  58. "Hospice de l'Antiquaille", recensement de 1872 - En ligne
  59. Acte de décès de Françoise Debriand, née Perrot, Lyon, 4ème arr. - En ligne
  60. Acte de décès de Annel Debriand, Albigny-sur-Saône - En ligne
  61. Devenu depuis le centre hospitalier Le Vinatier. Un court historique - En ligne
  62. Joseph Arthaud (Médecin à l'Antiquaille), Observations de crétinisme, 1854 - En ligne. Et De la possibilité et de la convenance de faire sortir certaines catégories d'aliénés des asiles spéciaux, 1865 - En ligne. Mélanie Baudy, La perception et le traitement de la folie à Lyon : l'Antiquaille 1803-1877, mémoire de maîtrise, 2000 - [En ligne]
  63. Antoine Lacour, Le transfert des aliénés du quartier de l’Antiquaille à l’Asile départemental de Bron, Lyon, Association typographique, 1877 - En ligne
  64. Prise entre 1905 et 1908, cette photo montre une partie de boules lyonnaises entre des membres du personnel de l'hôpital de Bron. Accrochée à l'arbre, une représentation des fesses de la Fanny. Savent-ils que la vraie Fanny fut une des premières pensionnaires de l'asile, trente ans plus tôt ?
  65. Acte de décès de Françoise "Fanny" Debriand, Bron (69) - En ligne
  66. "Eclampsie" vient du grec ἒϰλαμψις (eklampsis), "lumière éclatante, jet de lumière". En référence aux convulsions. Le terme est forgé par le médecin et botaniste François Boissier de Sauvages de Lacroix (1706 - 1767). Il est nommé docteur après une thèse soutenue à Montpellier en 1726 intitulée L’Amour peut-il être guéri par les plantes ?. Voir amour
  67. "Prééclampsie" sur Vidal - En ligne
  68. "Responsable d’un tiers des naissances de grands prématurés en France, ce syndrome est une cause majeure de retard de croissance intra‐utérin. Il reste en outre la deuxième cause de décès maternels en France (environ 20 décès par an), après les hémorragies de la délivrance. Environ 5% des grossesses s’accompagnent de pré-éclampsie. Dans la plupart des cas, un suivi permet d’éviter les complications graves. Mais dans 1 cas sur 10, une forme sévère survient. La seule façon de sauver la mère est alors d’extraire le fœtus et son placenta, que le fœtus soit déjà viable ou non." Voir le dossier de l'INSERM, 2018 - En ligne
  69. Archives cimetière de Bron
  70. Département du Rhône. Monographie de l'asile public d'aliénés élevé à Bron. État descriptif des plans, dessins et photographies, 1878 - En ligne
  71. Dans le parler lyonnais, une fenotte est une "femme", une "dame". Diminutif de l'arpitan (ou francoprovençal) fèna, "femme", le mot n'est pas péjoratif, mais au contraire mélioratif. Pour un hominine mâle, l'équivalent est gone
  72. Nizier Du Puitspelu (Clair Tisseur), Les vieilleries Lyonnaises, 1891 - En ligne. Et Le Littré de la Grand'Côte : à l'usage de ceux qui veulent parler et écrire correctement, 1894 - En ligne
  73. Georges Courteline, Blague à part. Cité à l'entrée "misogyne" dans F. Merdjanov, Analectes de rien, 2017
  74. Philibert-Joseph Le Roux, Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial, 1718 - En ligne
  75. Jean Jules Jusserand, Les Sports et jeux d'exercice dans l'ancienne France, 1901 - En ligne
  76. Antoine Oudin, Curiositez françoises pour supplément aux dictionnaires, 1640 - En ligne
  77. Frédéric Mistral , Dictionnaire provençal. A-F, 1878 - En ligne
  78. François Rabelais, Le quart livre des faicts et dicts heroiques du bon Pantagruel, chapitre 47, 1552 - En ligne
  79. Omer Jodogne, "Audigier et la chanson de geste, avec une édition nouvelle du poème", Le Moyen-Âge, n° 66, 1960 - En ligne
  80. Chloé Chalumeau, "La scatologie dans Audigier : de la chanson de geste au fabliau", Questes, n° 21, 2011 - En ligne
  81. Cité dans Henri Mérou, Gilbert Fouskoudis, La Fanny et l'imagerie populaire, Éditions Terre et Mer, 1982
  82. Définition n°3 de "Fanny" dans Green’s Dictionary of Slang - En ligne
  83. Un vrai film de boules, spot de prévention du cancer testiculaire - En ligne
  84. Un vrai film de boules 2, spot de prévention du cancer testiculaire - En ligne