F. Merdjanov

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F. Merdjanov (F. Мерџанов en macédonien) Naissance en 1970 à Nice. Auteur/rice des Analectes de rien.

Biographie

La courte notice biographique présente en ouverture des Analectes de rien est l'unique source :

Une ruelle du Vieux-Nice

"Peu de choses sont connues sur F. Merdjanov. Naissance en 1970 à Nice. Famille d’origine macédonienne dont l’histoire croise celle du nihilisme politique des années 1900. Études de philosophie et de littérature. Travaux portant sur L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien. Actuellement en apiculture sur les rives de la mer Noire. Cette anthologie est son premier écrit. Ses autres textes – dont des exégèses poétiques – restent inédits à ce jour."

Naissance

Naissance en 1970 à Nice [ou Niš en Serbie ou Iznik (ex Nicée) en Turquie ?] dans une famille originaire de Macédoine[1]. Nice a "hébergé la plus petite communauté d’exilés macédoniens de l’ancien territoire du comté. Dans des temporalités historiques assez semblables à la communauté russe, les exilés de Macédoine s’installent dans la ville, fuyant des situations politiques féroces. À l’instar de la Genève de la fin du XIXème siècle où les plus radicaux de toutes les tendances révolutionnaires de Russie s’installent pour ourdir faits et gestes, Nice devient le centre politico-illusioniste des exilés macédoniens."[2] Des hypothèses postulent de l’influence de cette communauté macédonienne "[...] par l’empreinte laissée dans l’émergence d’une gastronomie locale et plus précisément sur la salade niçoise qui est une sorte de macédoine de légumes", comme la salade chopska[3].

La signification exacte du F. précédant Merdjanov est jusqu'à maintenant inconnue. Il est, par conséquent, actuellement impossible de déterminer le genre de F. Merdjanov. Certains ont "cru déceler dans ce F mystérieux une référence aux dires d’un centenaire bulgare[4] qui désigne sous le pseudonyme de Floresco l’un des auteurs du Catéchisme du Révolutionnaire[5] lors de son passage en Macédoine, ce Serge Netchaïev[6] dont ses détracteurs littéraires[7][8] ou politiques ont fait une pauvre caricature, mélange de père-fouettard et de froideur militante"[2].

Origines familiales

La notice biographique mentionne que l'histoire de la famille de F. Merdjanov "croise celle du nihilisme politique des années 1900". Si à cette période, aucun groupe politique en Macédoine ottomane ne se revendique "nihiliste"[9], cela fait sans doute référence aux Bateliers de Salonique (en macédonien : Гемиџии, transcrit Gemidžii ou Guémidjii) . Issu en grande partie du Comité des Révolutionnaires-Terroristes Macédoniens dont l'un des fondateurs est Svetoslav Merdjanov (Светослав Мерџанов en macédonien / 1876-1901), ce groupe de jeunes anarchistes a perpétré des attaques à la bombe entre le 28 avril et le 1er mai 1903 dans la ville de Salonique pour protester contre la répression ottomane en Macédoine et en Thrace. Ceux qui ne furent pas tués pendant la série d'attaques, furent arrêtés et déportés en Libye. Peu réussirent à s'échapper. Selon Balkanski, "ils s'obstinaient à ne laisser ni trace personnelle, ni souvenirs, ni attaches sentimentales, ni portraits..."[10] Ces actions précèdent de quelques mois le début de l'insurrection d'Ilinden qui débute le 2 août 1903 contre l'occupation ottomane et débouche sur la création de la République de Krouchevo ou de la très éphémère Commune de Strandja. L'insurrection est écrasée par les formes militaires ottomanes en novembre et se solde par une dizaine de milliers de morts, des centaines de villages détruits et le départ vers l'étranger de plus de 30000 personnes. Deux évènements récupérés depuis dans la construction moderne du nationalisme macédonien, en contradiction avec les options politiques anarchistes des Bateliers ou les revendications des insurgés de 1903 proches de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (ORIM - en macédonien Внатрешна Македонска Револуционерна Организација, ВМРО). Les Bateliers inspirèrent la littérature[11] et le cinéma[12] macédonien[13].

Carte postale bulgare représentant l'arrestation de membres des Bateliers à Salonique en avril 1903

Une partie de membres de l'ex-Comité des Révolutionnaires-Terroristes Macédoniens réfugiés à Genève échappent à la vague de répression contre le mouvement anarchiste en Macédoine. C'est dans cette ville que ces jeunes révolutionnaires bulgaro-macédoniens rencontrent des réfugiés russes et s'imprègnent des idées et du vocabulaire politique anarchistes.[14] De ces rencontres naîtront différentes organisations anarchistes : le Comité Révolutionnaire Secret Macédonien (Македонскиот таен револуционерен комитет - МТРК), le "Groupe de Genève", le Comité des Révolutionnaires Terroristes Macédoniens, les Fauteurs de Trouble (Gürültücü en turc) ou les Bateliers. Toutes sont dans la même optique politique que des groupes anarchistes-communistes en Russie[15][16]. Selon G. Balkanski "il y a aussi une erreur, largement répandue et obstinément maintenue qui concerne l'appartenance idéologiques des Bateliers : ils sont qualifiés d' "individualistes". Cette erreur est du probablement au fait qu'ils n'adhéraient pas à l'Organisation révolutionnaire intérieure, qu'ils considéraient autoritaire et centraliste ; peut-être aussi au fait que le groupe avait un caractère fermé, strictement conspiratif"[10] Ils pratiquent la propagande par le fait et s'inspirent des écrits de Piotr Kropotkine. G. Balkanski ajoute d'ailleurs leurs maîtres directs - Svetoslav Merdjanov, Petar Mandjoukov, Mikhaïl Guerdjikov - furent anarchistes-communistes nettement déterminés, et nullement individualistes."[10] L'exemple de la Russie montre que la frontière n'est pas si tranchée entre une tendance individualiste et une autre anarchiste-communiste.[17] En Macédoine, comme en Russie, il y a parfois une certaine perméabilité entre des groupes politiquement distincts, entre des anarchistes et l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne dans l'une[18] et entre des anarchistes et des socialistes-révolutionnaires dans l'autre.

Il est actuellement impossible de déterminer la date exacte de l'arrivée en France des ancêtres ou des géniteurs de F. Merdjanov, ni même de savoir s'ils sont arrivés ensemble. Techniquement parlant, il suffit - à minima - que sa mère enceinte soit à Nice en 1970 pour sa naissance. S'il n'a pas été établi de liens de filiation avec Svetoslav Merdjanov, il n'est pas improbable que F. Merdjanov puisse aussi tenir son nom de la sœur ou de la mère de l'anarchiste macédonien. L'invisibilité sociale faite aux femmes dans l'écriture de l'Histoire occulte souvent leur présence, schéma auquel n'échappent pas les mouvements révolutionnaires. Tout comme Albertine Hottin a disparu derrière la figure de Serge Netchaïev malgré son rôle dans la vie amoureuse[19] et intellectuelle de ce dernier[20].

La persistance de l'anarchisme bulgaro-macédonien après la chute l'empire ottoman se heurte de front avec la montée des nationalismes et des totalitarismes du XXème siècle. Des nombreux anarchistes participent à des maquis pendant la Seconde guerre mondiale. Avec la Bulgarie et la Macédoine (devenue yougoslave) sous des régimes communistes, quelques anarchistes basés en France tentent entre septembre 1953 et mars 1954 de lancer un petit groupe de guérilla en Bulgarie, décidés à lutter contre le pouvoir en place. Ils sont parachutés avec des armes et du matériel radio dans une région montagneuse avec l'aide la CIA à qui ils font miroiter de monter une radio anti-communiste. Pourchassés ils doivent fuir après plusieurs mois sur place.[21] Sans doute un peu dans la même optique que la lutte contre le régime franquiste en Espagne par des petits groupes d'anarchistes entre la fin de la Seconde guerre mondiale et le début des années 60. Francesc Sabaté Llopart n'est pas un cas isolé[22]. Difficile d'affirmer que la mère de F. Merdjanov fut proche politiquement, ou personnellement, de cet anarchisme intransigeant, où même qu'elle se soit directement impliqué dans de tels actions. Une étude approfondie d'un texte attribué à F. Merdjanov montre néanmoins une grande proximité dans une vison du monde qui pose qu'il n'y a jamais aucune raison de ne pas s'opposer. Commentant la difficulté d'échapper à la trahison de la traduction du texte attribué à F. Merdjanov, le rédacteur de la postface des Analectes de rien s'interroge : "Peut-être eût-il mieux valu pointer ses accents destructifs et joyeux ? Ses penchants déicides et vengeurs ? Ses névroses bienfaitrices et ses envies d’être contre ? Ou tout simplement ses envies violentes et apaisées de rien".
Carte ethnographique de la Macédoine (carte allemande de 1892).
Aucun travaux sérieux ne permettent de dire avec plus de précision si la famille de F. Merdjanov est issu de l'une des communautés formant la mosaïque macédonienne[23] : Roms musulmans ou guègues ? Aroumains ou slavo-macédoniens ? Juifs romaniotes ou Turcs de Macédoine ? Seule une étude linguistique approfondie du fragment manuscrit attribué à F. Merdjanov permettrait de définir exactement le type de parler bulgaro-macédonien et de, peut-être, dans cette myriade, dans cette macédoine, y voir une origine précise. Mais cette démarche semble sans importance au risque de tomber dans un travers qui consiste à trouver un sens à définir quelqu'un par une "origine", ou de fantasmer une diversité des langues et des cultures pour oublier qu'elles sont toutes, macédoniennes compris évidemment, des représentations de formes d'organisations sociales qui, par essence, sont une contrainte pour les individualistes et leurs contemporains. Au XIXème siècle, la cartographie "ethnographique" fixe des imaginaires, objectivés sur des critères linguistiques, religieux, coutumiers, culturels ou sociaux, censés être le liant d'une identité collective.[3] Elle participe à l'émergence des nationalismes en Europe. La complexité des cartes pour la Macédoine a inspiré l'expression "macédoine" pour désigner un mélange disparate et coloré dans le domaine culinaire.

Le bilinguisme de l'emblème du Comité des Révolutionnaires-Terroristes Macédoniens incite à penser que l'un des grand-parents de F. Merdjanov ont pu transmettre à leur fille ce bilinguisme que F. Merdjanov semble aussi posséder comme le montre le texte en macédonien qui lui est attribué et le manuscrit en français des Analectes de rien. F. Merdjanov est donc sans doute polyglotte, suivant son niveau dans les langues étrangères obligatoires au cours de la scolarité.

Études

Il n'est pour l'instant pas possible de savoir si F. Merdjanov a fait ses études en Macédoine ou en France. La notice biographique des Analectes de rien indique des "études de philosophie et de littérature". Ses travaux intitulés L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien laissent à penser que F. Merdjanov est lecteur/rice attentif du philosophe tchèque Ladislav Klima dont l'égosolisme est l'un des concepts favoris. Des recherches récentes dans les archives de la bibliothèque municipale de Nice ont d'ailleurs mis en évidence l'emprunt d'un livre de Ladislav Klima par un certain Merdjanof dans les années 1990.[2]

Œuvres

Analectes de rien

Analectes de rien est le premier écrit de F. Merdjanov. Cette anthologie autour de la problématique du "rien" regroupe plus de 180 auteurs répartis selon des entrées thématiques. Le manuscrit original est entièrement rédigé en français, hormis la mention en macédonien de L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien dans la notice biographique.

Précédée d'un commentaire indiquant que "les personnes les plus intéressantes sont celles dont nous ne connaissons rien"[24], la seconde partie de l'ouvrage est composée de courtes biographies/nécrologies des auteurs cités, en mentionnant pour chacun d'eux celles et ceux qui se sont suicidés. Selon Ladislav Klima, "l'Homme qui se respecte quitte la vie quand il veut ; les braves gens attendent tous, comme au bistrot, qu'on les mette à la porte."[25]

Le terme analecte présente une polysémie : il désigne tout à la fois une anthologie, des miettes et un esclave.

Définition de rien

rien [rjɛ̃]

"Du latin rem «chose». Féminin dans ce sens jusqu’au XVIème s. Pronom indéfini de l'inanimé, capable d'assumer toutes les fonctions du substantif – sujet, adjectif, compléments, etc. S'emploie ou bien avec un sens voisin de «quelque chose» dans les contextes à orientation négative (I.), ou bien – cas le plus fréquent – en alliance avec ne (éventuellement effacé) (II.) ou encore, en dehors de ne et en dehors de tout contexte négatif, avec valeur de négation pleine (III.). [[[Dictionnaire de la langue française|Littré]]] I. Cet article sert à rien. II. Cet article (ne) sert à rien. III. Vraiment à rien !"

Extrait de Éloge de rien[26]. Légèrement modifié pour cet article.

L'égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien

Ce texte est inédit. Des copies partielles circulent via le réseau internet sans que leur authenticité ne soit encore confirmée. L'une d'elles s'intitule Deus Sum (Je suis dieu) - en référence à une expression souvent utilisée par Ladislav Klima - et sous-titrée "A la prompt rencontre, toute personnelle et subjective, de Ladislav Klima, philosophe égosoliste, amusant amuseur de la bien-nommée Bohême". Signé F. Merdjanov ce texte précise qu'il est "une troncature dilatatrice de L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien ; tractatus détruit par l'auteur lui-même lors d'une crise d'êtr'xitantisme aiguë en automne 2005, repris, revu et augmenté ex-nihilo en hiver 2016"[27]

Le Tout, le Rien

Sous-titré "Re-craché suprême et pratique, au minimum", ce texte est écrit en macédonien. Retrouvé sur une feuille distincte dans le manuscrit original des Analectes de rien et traduit par les Éditions Gemidži, ce texte n'est pas signé. Une mention manuscrite, en français, est apposée au verso : "Feuille individualiste. Tirage unique. Numéro unique (Jamais diffusé)". Les études graphologiques ont permis d'émettre l'hypothèse d'une rédaction par F. Merdjanov en personne. Extrait :

"À un certain monde j’appartiens et je renie pourtant ce monde comme identité ; c’est une ethnologie du soi, de mon propre moi, que je tente, volition et déconditionnement étant les maîtres mots de ma réflexion. Devant l’impasse nihiliste se pose non pas la question du Que faire ?[28] mais plutôt du Comment faire ?"[29]

Dans ce texte, la notion d'êtr'xistant est développée pour la première fois.

Êtr'xistant

Basé sur la construction grammaticale postojati-postojanje, composé de deux racines slaves exprimant l'existant, le néologisme êtr'xistant restitue le rapport protivophile entre l’être, au sens d’individu singulier, et le fait d’exister. Les traducteurs précisent : "Peut-être eût-il fallu que nous inventions pour cette occasion un nouveau signe, mélange entre le slash (/) et les deux points (:), pour mieux rendre la subtilité conceptuelle ? [...] Un peu comme l'esperluette" [2]

Développée pour la première fois dans "Le Tout, le Rien", cette notion "philosophique" rappelle tout autant l' Être-étant de Ladislav Klima que les écrits de Martin Heidegger qui développent la notion de Dasein[30] (Être-Là) dans Être et Temps. Elle tente de décrire le rapport de lêtre à lexistant :

"Mon point de départ est sensible. D’une simple chose je tire une observation d’où découle un enseignement mais non pas une doctrine. Au-delà d’une apparence modeste réside une signification propre pour qui prend le temps de l’étudier. Mon champ d’expression est partout présent ; mon êtr’xistant fait caisse de résonance des scènes qui l’entourent."[29]

"Ce n’est pas à un utopique «état de nature» auquel j’aspire mais à un réel «esprit de nature», dépassant la pure spéculation intellectuelle d’interprétation du monde pour enfin vivre pleinement ; devenir et être car je suis ce(-lui) que je suis sans peut-être ne jamais le savoir. Artiste du moi je crée l’esthétisme du soi."[29]

Protivophilie

Librement inspiré de Los Siete Locos (Les Sept Fous - 1929) de Roberto Arlt et de Guignol's Band de Louis-Ferdinand Céline, le film Los Porfiados (Les Acharnés - 2002) de l'argentin Mariano Torres Manzur s'ouvre sur cette devise : "Se faire des illusions est un problème dans la mesure où, justement, il est question d’une illusion". Selon les rédacteurs de la postface des Analectes de rien, cette devise illustre parfaitement ce qu'est la protivophilie. Basée sur la racine slave protiv, au sens de contre, "opposé à", et la racine grecque phili, au sens de "attiré par", la protivophilie est une discipline née de la nécessité de présenter et d'analyser les travaux et la démarche "intellectuelle" de F. Merdjanov.

"La protivophilie n’est pas une foi ou une croyance, elle est une remise en cause permanente. La protivophilie n’est ni une science ni une théorie, elle est un doute persistant. À la grande question de savoir à quoi elle sert, [...] une réponse radicale : à rien. L’affirmation protivophile est que nous basons notre cause sur rien."[2]

Sans qu'ils soient explicitement cités, cette "affirmation protivophile" renvoie aux écrits de Max Stirner et particulièrement au texte L'Unique et sa propriété (1844) dans lequel l'auteur affirme "Je n'ai basé ma cause sur rien"[31]. Malgré cela, il serait réducteur de classer la protivophilie parmi les seuls courants de pensée individualistes tant les sources de F. Merdjanov sont diverses. Tout au plus peut-elle être qualifiée de "sensibilité individualiste"[32], pour reprendre le titre d'un texte de 1909 de Georges Palante.

"La philosophie n’est pas un isthme vers la protivophilie et, dernière illusion des illusions, l’êtr’xistantisme, s’il devait prendre forme, ne devrait être que l’ultime -isme avant la protivophilie. «C’est ça ou rien !» conclurait une philosophie de l’amphigourisme !"[2]

Amphigouri que rend très bien cet extrait de Éloge de rien[26] :

"Faire rien est plus inutile / fatigant / constructif / que de ne rien faire. Rayer les mentions qui servent à rien."

La protivophilie pourrait être qualifiée outrageusement de nihilisme alors que cette construction en -isme laisse transparaître ici une simple illusion rhétorique : le nihilisme n'est pas contre, il est pour. Or, la protivophilie, elle, est contre. Depuis son apparition dans le contexte de la Russie du XIXème siècle, l'emploi du qualificatif de "nihilisme" est généralement utilisé pour dénigrer, ou du moins caricaturer, ceux et celles qu'il désigne[33]. Ce terme désigne aussi un courant littéraire russe[34] et suscitera plus tard un engouement chez certains auteurs tels Albert Camus[35] , Hans Magnus Enzensberger[36] ou Oscar Wilde[37]. Une sorte de fascination pour les tenants du Catéchisme du révolutionnaire[5] et son auteur.

"[...] bien loin de la protivophilie, un catéchisme, même révolutionnaire[5][38], n’en reste pas moins un catéchisme[39], avec sa martyrologie, ses oublis de soi et sa négation des autres"[2]

Situation actuelle

Littoral de la Mer Noire (1840)

Actuellement en apiculture sur les rives de la mer Noire. Pour l'instant inédit, le texte Les ruches horizontales, une apiculture de la paresse pourrait nous renseigner sur cette pratique particulière de l'apiculture qui, si l'on se fie à son intitulé, est un mélange du Droit à la paresse de Paul Lafargue et d'un certain dandysme - ici naturaliste - qu'Albert Camus n'hésite pas à classer parmi les "nihilistes"[35].

Selon son éditeur, F. Merdjanov désire rester anonyme comme le sont par exemple Réjean Ducharme ou Thomas Pynchon mais plus encore comme le sont toutes celles et ceux qui se refusent à signer ce qu'ils écrivent. En paraphrasant Fernando Pessoa, F. Merdjanov "n'est rien et souhaite le rester"[2] :

"Je ne suis rien. Je ne serai jamais rien. Je ne peux vouloir être rien. À part ça, je porte en moi tous les rêves du monde."[40]

La postface des Analectes de rien réfute les multiples hypothèses de celles et ceux qui doutent de la localisation exacte de F. Merdjanov. Plusieurs terra nullius sont mentionnées (Bir Tawil à la frontière égypto-soudanaise ou des îles du Danube devenues le Liberland) sans qu'aucune de soit retenues. Les auteurs se permettent de gloser sur ce sujet[2] et d'évoquer entre autres un mythique nihilistan ou le désert du Taklamakan, terme qui signifie «lieu des ruines» en langue ouïghoure et qui était le territoire des antiques Tokhariens !

Polémique

Gemidži Éditions qui publient les Analectes de rien précisent dans la postface qu'ils tiennent le manuscrit original des mains de B. Smotivny, personne rencontrée lors d'un voyage en Macédoine. Lors d'un second voyage, B. Smotivny resta introuvable et il s'avéra même qu'il pouvait s'agir d'un pseudonyme usant d'un jeu de mot avec le terme russe "besmotivny" qui signifie "sans motif" et par lequel se désignaient certains anarchistes russes du début du XXème siècle adeptes de la propagande par le fait et la violence révolutionnaire.

Œuvres incomplètes

Nothing de Kickback (cité dans Analectes de rien)
  • L'égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien
  • Exégèses poétiques
  • Analectes de rien, Gemidži Éditions, 2017
  • Les ruches horizontales, une apiculture de la paresse
  • Jâhiliyya. L'Islam avant la lettre
  • La question corse à la lumière de l'inconnue macédonienne. Précis de nihilisme montagnard.
  • L'énigme Floresco
  • "Le Tout, le Rien"
  • Abû Tâhir. Portrait d'un qarmate

Citations

  • "L'égosoliste ? Un qarmate qui aurait trucidé ses compagnons !" (Abû Tâhir)
  • "A la Loi de la Cité j’oppose celle de ma nature, à moi-même j’oppose ma propre mue, à tout répond mon rire" (Le Tout, le Rien)

Sources

  1. Georges Castellan, Un pays inconnu : la Macédoine. Hier et aujourd'hui, Armeline Éditions, 2003
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 et 2,8 F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidži Éditions, 2017 En ligne
  3. 3,0 et 3,1 Eric Hobsbawm, Terence Ranger, L'invention de la tradition, 1983
  4. Nicolas Stonoff, Un centenaire bulgare parle, Notre Route, 1963 En ligne
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Serge Netchaiev, Le Catéchisme du Révolutionnaire, 1869 En ligne
  6. Jeanne-Marie Gaffiot, Netchaïeff, L'Âge d'Homme, 1989
  7. Ivan Tourgueniev, Père et Fils, 1862
  8. Fiodor Dostoïevski, Les Démons, 1871
  9. Georges Balkanski, Libération nationale et révolution sociale. A l'exemple de la révolution macédonienne, 1982 "A la fin de décembre 1895, Guerdjikov et Mandjoukov font connaissance, par hasard, de deux révolutionnaires macédoniens, Jordan Bojkov [...] et Ivan Kostov [...] Tous deux partagent des conceptions nihilistes et vaguement anarchistes. Bojkov, ancien élève du lycée de Nikolaïev (Russie) avait appartenu à un groupe nihiliste, et fut exclu de l'école pour cette raison" Mais le terme nihiliste ne doit pas être pris ici au sens strict mais comme un qualificatif généraliste.
  10. 10,0 10,1 et 10,2 George Balkanski, Libération nationale et révolution sociale. A l'exemple de la révolution macédonienne, 1982
  11. Anton Strachimirov, Robi ("Esclave"), 1930
  12. Une mise en pièce du théâtre, Les frères de la lumière, 2016 En ligne
  13. Žika Mitrović, Les Assassins de Salonique, 1961
  14. Michaël Confino, "Idéologie et sémantique : Le vocabulaire politique des anarchistes russes", Cahiers du monde russe et soviétique, 1989 En ligne
  15. Paul Avrich, Les anarchistes russes, 1977
  16. Vive la révolution, à bas la démocratie !Anarchistes de Russie dans l'insurrection de 1905. Récits, parcours et documents d'intransigeants, Mutines Séditions, 2016
  17. Paul Avrich, "Anarchisme et anti-intellectualisme", Les anarchistes russes, 1977
  18. Pavel Chatev, Mémoires, tome=V (En Macédoine sous l'esclavage), 1934. Dans ses Mémoires, Chatev relate un discussion entre Mandjouvov et Merdjanov lors de laquelle celui-ci, faisant allusion à Guerdjikov, dit : "Ils (c'est-à-dire l'ORIMA) suivent un autre chemin et se servent d'autres moyens de lutte, tout à fait différents des nôtres. D'autre part, n'est-ce pas la cause qui nous obligea à nous séparer de certains de nos anciens camarades qui sont restés là-bas, parcourant montagnes et vallées pour organiser et armer, pour préparer le peuple et les paysans ?" En ligne - En bulgare
  19. Woodford Mc Clellan, "Sergei Nechaev in the Period of the Paris Commune", Bulletin. Classe des Sciences Sociales, vol. LIII, 1974 En ligne "Je vous aime encore plus qu'auparavant, et je compte les heures que devront s'écouler avant notre rencontre. Je vous embrasse. Tout à vous. Stephane" (Extrait d'une lettre de Serge Netchaïev à Albertine Hottin)
  20. Woodford Mc Clellan, "Nechaevshchina: An Unknown Chapter", Slavie Review, 1973 En ligne
  21. Franck Mintz, "Les parachutistes méconnus 1953-1954", Les Temps Maudits, 2004 En ligne
  22. Antonio Téllez Solá, Sabaté, Guérilla urbaine en Espagne (1945-1960), 1977
  23. Daniel Panzac, "La population de la Macédoine au XIXe siècle (1820-1912)", Revue du monde musulman et de la Méditerranée, vol. 66 Les Balkans à l'époque ottomane, 1992 En ligne
  24. F. Merdjanov, Analectes de rien, Gemidži Éditions, 2017
  25. Ladislav Klima, "Aphorismes", Instant et éternité, 1927
  26. 26,0 et 26,1 Anonyme, Éloge de rien, 2014
  27. F. Merdjanov (?), Deus Sum. A la prompt rencontre, toute personnelle et subjective, de Ladislav Klima, philosophe égosoliste, amusant amuseur de la bien-nommée Bohême, 2016. En ligne
  28. Nikolaï Tchernychevski, Que faire ? Les Hommes nouveaux, 1862-1863
  29. 29,0 29,1 et 29,2 F. Merdjanov, Le Tout, le Rien
  30. Martin Heidegger, Être et Temps (Sein und Zeit), 1927
  31. Max Stirner, L'Unique et sa propriété, 1844 En ligne
  32. Georges Palante, La sensibilité individualiste, 1909 En ligne
  33. Michaël Confino, "Révolte juvénile et contre-culture : Les nihilistes russes des "années 60", Cahiers du monde russe et soviétique, 1990 En ligne
  34. Wanda Bannour, Les nihilistes russes, Aubier Montaigne, 1974
  35. 35,0 et 35,1 Albert Camus, L'Homme révolté
  36. Hans Magnus Enzensberger, Les rêveurs de l'absolu, Éditions Allia, 1998
  37. Oscar Wilde, Vera ou les nihilistes, Paul Vermont, 1977
  38. Mikhaïl Bakounine, Catéchisme révolutionnaire, 1865 En ligne
  39. Mikhaïl Bakounine, Relations avec Serge Netchaiev (1870 - 1872), Éditions Tops / H. Trinquier, 2003
  40. Álvaro de Campos, Tabacaria

Voir aussi

Liens externes

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