Projet Darién

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[En cours de rédaction]

Projet Darièn. Nom donné au projet d'implantation coloniale écossaise en 1698 dans la province de Darièn, dans le sud de l'actuel Panama.


Hadrien

Touristes visitant le mur d'Hadrien ? [1]

Pour préserver son autorité sur la partie sud de l'île de Grande-Bretagne, l'empereur romain Hadrien érige un mur afin d'arrêter les attaques des hominines venus du nord de l'île. Entamée en 122 après Jésus aka Christ[2] la construction se termine cinq ans plus tard. Ce mur d'Hadrien, d'une longueur de 117,5 km, relie l'embouchure du fleuve Tyne - à l'est - et le golfe de Solway - à l'ouest - dans une partie étroite de l'île grande-bretonne. Un autre mur est construit plus au nord par le successeur d'Hadrien mais cette nouvelle construction ne parvient pas à contenir les barbares et les militaires romains doivent se replier sur le mur d'Hadrien. Il est la frontière qui sépare la province romaine de Britania de la Calédonie, peuplée d'hominines réfractaires à l'autorité impériale. La Calédonie occupe environ 30% de la superficie de l'île de Grande-Bretagne. Ce mur est une sorte de Grande Muraille de Chine miniature[3]. Les romains se retirent de Grande-Bretagne au début du Vème siècle.

L'émergence de royaumes de part et d'autre du mur, tout au long du "Moyen-Âge", le transforme d'outil défensif en point de passage. Les hominines du nord du mur ne se différencient en rien de celles et ceux du sud mais, par jeu ou par défi[4], ces hominines font de ce mur une marque de différenciation. Étrangement, les mêmes qui se targuent d'être outre-Hadrien, reprochent aux autres de l'être aussi. Les hominines au nord du mur sont progressivement conquis militairement par des populations - dites "Scots" - venues de l'île d'Irlande. Les petits royaumes de Calédonie sont intégrés au sein d'un unique royaume d'Écosse. Au sud du mur, les conquêtes anglo-saxonnes aboutissent à la création du royaume d'Angleterre. Ces deux royautés héréditaires se partagent l'île de Grande-Bretagne. Leur frontière commune correspond approximativement au tracé du mur d'Hadrien.

Le royaume d’Écosse conquiert les petites îles environnantes et quelques territoires situés au nord du mur. L'Angleterre tente plusieurs fois d'annexer l'Écosse, sans y parvenir. Les autorités politiques écossaises sont partie prenante dans les nombreuses guerres entre les royaumes d'Europe continentale et dans le jeu de succession entre ces différentes familles royales consanguines.

Darièn

Darièn est le nom d'une région géographique située actuellement à cheval sur le Panama et la Colombie. Elle est la jonction entre Amérique centrale et du sud. Au nord, la partie montagneuse est couverte d'une forêt tropicale humide. Au sud, un vaste marais de plus de 80 km de large provoqué par le delta du fleuve Atrato. La densité écologique du Darièn empêche jusqu'à maintenant tout projet routier[5].

Géolocalisation

Explorant plus au nord de leur point d'arrivée de 1492 sur le continent outre-atlantique, les envoyés du royaume d'Espagne abordent la région en 1501. Ils y fondent leurs premières villes sur le sol ferme autour de 1510. Santa Maria la Antigua del Darien et Acla sont les deux premières cités coloniales espagnoles dans ce qui deviendra les Amériques. En 1513 des navigateurs espagnols parviennent à franchir l'isthme en traversant la jungle. Aidés par des hominines autochtones qui connaissent les méandres des rivières, ils passent par le Rio Chuchunaque, puis le Rio Tuira qui se jette dans ce qu'ils appellent alors la Mer du Sud - minime portion de l'immense l'océan Pacifique. L'hostilité des hominines autochtones à l'encontre des colons et les difficultés d'implantation découragent nombre d'entre eux qui quittent la région pour fonder la ville de Panama en 1519. En quelques années, Santa Maria et Acla se vident progressivement avant d'être abandonnées, puis petit à petit, recouvertes par la végétation.

Carte du Darièn de 1708
Le royaume français n'est pas en reste. Il déporte dans le Darièn des familles rescapées des massacres de 1545 contre les protestants dans le sud de la France[6]. L'occasion d'installer des comptoirs commerciaux pour les échanges avec les hominines locaux, renommés "indiens". Les français différencient les "Indiens des Sambres" avec qui ils cultivent le cacao et les "Indiens Chocó" qui habitent la région où une mine d'or est "découverte" par des colons. Les dénominations pour désigner les groupes d'hominines nouvellement colonisés seront fluctuantes, au fil des décennies et des colonisateurs. Une partie des migrants installés sur la côte atlantique du Darièn - face aux îles San Blas - se mêlent à la population indienne par des mariages et une descendance métissée. Les autres s'installent à côté et tentent de commercer. Dans le Darièn, la France n'envoie qu'une très petite partie des christiens protestants qu'elle persécute et massacre au XVIème et XVIIème siècle. Ces colonies "informelles" regroupent souvent des protestants exilés, des marins et des déserteurs, des esclaves et des colons pauvres, des ex-pirates et des commerçants. Elles se spécialisent dans la chasse, le commerce de viande et de peaux, et la contrebande. Appelés "boucaniers", ils sont une interface entre terre et mer pour les marchandises, les pirates et le commerce international. L'alliance la plus connue entre des boucaniers et des pirates est celle des "Frères de la côte" active dans la seconde moitié du XVII autour de la grande île d'Hispaniola dans la mer des Caraïbes - sur laquelle se situe actuellement Haïti et la République dominicaine. Un romantisme aiguë prête facilement à ces "communautés pirates" un caractère libertaire.

Leur territoire est le néant, leur aliment le sang des bêtes et leur fascination la mort. Des confuses et provisoires images que la civilisation a su arracher, depuis les origines, au chaos de la création, eux, les boucaniers, ils se sont jurés de ne rien retenir. Leur vie passe dans les forêts ensanglantées comme passe un songe. Ils n'ont pas de passé et pas de survie. Leur ordre est celui de la malédiction et de l'absence. On a le droit de les enrôler sous l'emblème du nihilisme[7]

La possibilité de passer de l'océan atlantique au Pacifique suscite l'intérêt des brigands de la mer, flibustiers, corsaires et autres marins adeptes de la rapine. Explorer pour piller la côte pacifique et ensuite se réfugier sur l'atlantique et y revendre le butin. Dès 1679, et ce jusqu'en 1688, des brigands des mers s'organisent avec des indiens de la région pour traverser l'isthme atlantico-pacifique. Ils se donnent un rendez-vous annuel, appelé "Rendez-vous de l'île d'Or", pour attaquer des colonies ou des navires espagnols sur la côte pacifique[8]. La marchandise ainsi dérobée est revendue via les comptoirs marchands et les réseaux indiens à des colons ou des bateaux-marchands. Blessé en 1684, le flibustier et chirurgien Lionel Wafer[9] passe quatre mois de convalescence parmi les indiens du Darièn. Rentré en Angleterre, il relate ses faits de piraterie et son séjour à terre dans un ouvrage publié en 1695 et intitulé Nouveau voyage autour du monde, contenant une description très exacte de l'isthme d'Amérique et toute la Nouvelle-Espagne[10]. Il décrit les communautés de colons français, installés et métissés, qui vivent en paix et commercent avec les indiens. Il fait une description du quotidien de ces derniers et de leurs mœurs, établie un petit lexique et procède à la première description précise de l'albinisme[11]. Il constate, à son grand étonnement, que des individus naissent avec une pigmentation de la peau et des cheveux différente, qualifiée de blanche, au sein même de groupes d'hominines dont la pigmentation est beaucoup plus foncée.

Délocalisation

Le livre de Lionel Wafer a un grand succès de deux côtés du mur d'Hadrien. Au sud, le royaume d'Angleterre est devenu une puissance commerciale internationale grâce à sa marine et ses nombreux comptoirs de part le monde. Au nord, le royaume d’Écosse ne bénéficie pas directement de l'expansion coloniale et de ses retombées financières. Le parlement écossais autorise en 1695 le lancement de navires en vue de découvrir des lieux où s'installer pour faire du commerce dans les Indes ou en Afrique. Des fonds sont levés une première fois par William Paterson, un artisan/parlementaire/financier écossais, parmi de riches anglais mais le projet n'aboutit pas. La rencontre entre Lionel Wafer et William Paterson, et la description idyllique que fait le pirate, convainc le financier de lancer le Projet Darièn. Cette fois-ci, il lève des fonds parmi de riches écossais désireux d'expérimenter une autre manière de "faire le mur" ! 400 000 livres anglaises sont ainsi récoltées en six mois.

Le projet est simple. Sous la direction de William Paterson, des bateaux chargés de colons doivent accoster dans la baie en face de l'île de l'Or. Chacun reçoit des terres. Les cultivateurs doivent assurer les subsistances nécessaires et le commerce doit enrichir le quotidien par les échanges avec les indiens et permettre aussi de lucratives exportations de produits. Le départ est prévu pour 1698.

Relocalisation

Carte de New Caledonia. Réalisée en 1730

Partis en juillet 1698 de Grande-Bretagne, les premiers navires arrivent au Darièn en novembre : le Caledonia, le St Andrew, l' Unicorn, le Dolphin et le Endeavour. Cette première expédition comprend 1200 personnes : cultivateurs, marins, marchands, prêtres et fils de "bonne-famille". Dans la baie de l'île de l'Or, ils installent des canons en protection et construisent une petite place forte qu'ils nomment le fort St Andrew. Des messages sont envoyés aux autorités espagnoles pour faire reconnaître la nouvelle colonie, et des négociations sont entamées avec les indiens de la côte atlantique du Darièn. En référence à l'antique nom de la partie nord de la Grande-Bretagne, la nouvelle colonie écossaise est baptisée New Caledonia et sa cité "New Edinburgh" se monte sur les décombres de Acla. Les relations nouées avec les indiens qui comprennent l'aspect définitif et "massif" du projet colonial ne sont pas un long fleuve tranquille et les espagnols tentent militairement de les empêcher de s'installer. Les newcalédoniens construisent un mur de 3 mètres de haut et de 400 mètres de long - doublé d'un fossé de 3 mètres - pour protéger leur petite péninsule des attaques[12]. Le retard annoncé de plusieurs mois du prochain bateau de colons et l'arrivée de la saison chaude dans cette région tropicale complique considérablement la situation. Les vivres se raréfient et les maladies liées à la malnutrition apparaissent. La maladie et les morts se multiplient parmi les colons. Deux des bateaux envoyés en renfort de vivres et de matériels sont détruits par les eaux ou par les flammes. Pour échapper à une mort certaine, la colonie est évacuée par bateau en juillet 1699. Le Dolphin est au main des espagnols depuis qu'il s'est échoué au large la Colombie. Le St Andrew et le Endeavour font route vers l'île de Jamaïque. Les conditions de voyage causent de nombreux morts et les bateaux font naufrage avant d'arriver à bon port : plus de 250 morts. Le Caledonia et l'Unicorn rejoignent New-York, puis le Caledonia poursuit jusqu'en Grande-Bretagne où il arrive en novembre 1699.

Sans ne rien savoir de l'abandon de New Caledonia, quatre nouveaux bateaux de colons quittent la Grande-Bretagne en août 1699. Sur les 1200 personnes présentes à bord, presque deux cent meurent au cours du voyage. Lorsqu'ils arrivent en novembre au Darièn, ils ne trouvent sur place que trois personnes. Rapidement, les nouveaux venus décident d'envoyer 500 hommes et toutes les femmes vers la Jamaïque. Les attaques espagnoles contre la colonie dès février 1700 contraignent à reporter ce projet de départ. La résistance se maintient jusqu'en mars 1700, date du traité de paix dans lequel les espagnols leur donnent deux semaines pour quitter la région. New Caledonia est abandonnée début avril 1700. Le Rising Sun - avec 140 colons à son bord -, le Duke of Hamilton et le Hope rejoignent la Jamaïque. Les deux premiers disparaissent lors d'ouragans dans le golfe de Floride et le troisième fait naufrage au large de l'île de Cuba. Le Hope of Bo'ness, quant à lui, est abordé par des navires espagnols au large de leur colonie de Colombie.

Sur les 2400 colons envoyés pour le projet Darièn, seule moins d'une cinquantaine a survécu. A ce chiffre s'ajoute la mort des marins des bateaux qui, venus en aide aux colons, ne sont jamais parvenus à destination. Ainsi prend véritablement son sens l'expression "bienfaits de la colonisation".

A-localisation

D'Aryen

Darien

Ad'rien

Notes

  1. Une étude approfondie de ce cliché démontre qu'il s'agit de la Grande muraille de Chine
  2. Jésus aka Christ est le nom du personnage principal du film La passion du Christ, réalisé par Mel Gibson, lui-même grand fan du personnage de la série La Bible. Ce film est une ode mystique au sado-masochisme, ou du porno BDSM pour ses détracteurs.
  3. La construction du mur de défense militaire, connu sous le nom de Grande Muraille de Chine, débute au IIIème avant JC et s'étale sur plusieurs siècles. Sur presque 9000 km, à ce long rempart de plus de 6000 km s'ajoutent plus de 2000 km d'obstacles naturels (montagnes ou rivières) et presque 400 km de tranchées.
  4. Aucune étude sérieuse n'a encore pu expliquer les comportements sociaux curieux des hominines. Les comportementalistes spécialisés dans cette espèce animale ne parviennent pas à des conclusions consensuelles.
  5. Les 40000 km de l'autoroute panaméricaine qui traverse le continent et relie le nord, le centre et le sud sont interrompus sur 87 km dans le Darièn : c'est le bouchon de Darièn
  6. Massacre de Méridol
  7. Gille Lapouge, Les pirates. Forbans, flibustiers, boucaniers et autres gueux de mer, Phébus, 1987
  8. Plusieurs flibustiers ont publié des récits. Alexandre-Olivier Exquemelin, Histoire des aventuriers flibustiers qui se sont signalez dans les Indes, 1686 - En ligne. Jacques Raveneau de Lussan, Journal du voyage fait à la mer du Sud, avec les flibustiers de l'Amérique en 1684 et années suivantes, 1690 - En ligne. William Dampier, Le Grand Voyage. Le tour du monde d'un flibustier, 1681-1691. Réédité chez Phébus en 1993
  9. Lionel Wafer
  10. Lionel Wafer, A New Voyage and Description of the Isthmus of America, 1695 - En ligne. Le livre est traduit en français en 1706.
  11. Pascale Jeambrun, "L'albinisme : données historiques", Histoire des données médicales, vol. 47, n° 2,‎ 2013 - En ligne
  12. Structure mise à jour par l'archéologie dans le début des années 2000