Alain Chany : Différence entre versions
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<blockquote>''Ça suffit ! On reprend la parole, pour ne plus la lâcher, sinon pour se torcher le cul avec ce que vous serez obligés d’écrire sur nous. Faut ce qui faut ! Marre des critiques et des romans où les bien-pensants, croisant leur image dans un miroir, constatent qu’ils ont pris un coup de vieux. Marre des professeurs et du clerc-état qui nous interdisent de piner et de taper sur nos machines, si nous ne donnons pas d’abord le mode d’emploi. Marre des zophres qui chient petit et mesquin et qui sont laids à dégueuler. Marre des necrivores qui, non contents de vivre par transparence tout ce qu’ils n’osent pas, font Bataille le matin, Seguy le midi et Hersant le soir. Marre des maigres et des lâches. Nous, on sera, comme par le passé, du côté des mythes et des héros : nous inventerons, nous ne commenterons pas. À bas les sciences humaines ! Vive l’écriture inhumaine ! Nos maîtres radotent, profitons-en ! Refusons d’être au centre. Soyons des Sauvages. Ne nous embarrassons pas de nuances ! La plume au poing, et le tout dans leur gueule. Ça va saigner. Il n’y a pas de maîtres-penseurs et les Français sont plus dégueulasses que les Allemands ! On a toujours raison de se révolter. Quiconque accepte son sort n’est pas un artiste. Quiconque parle à Beaubourg ou écrit dans le Figaro-Dimanche n’est pas fréquentable. Ne nous endormons pas, battons la mort tant qu’il est temps. Vive Dieu, vive satan ! Vive le sang, vive le foutre et vive l’urine ! Vive Staline ! Et vive Makhno ! Car nous sommes tous Staline et Makhno. Ça va schlinguer, les créateurs reviennent. Qu’on se le dise…''<ref>Éditorial du numéro 1 de ''Subjectif'', février 1978</ref></blockquote> | <blockquote>''Ça suffit ! On reprend la parole, pour ne plus la lâcher, sinon pour se torcher le cul avec ce que vous serez obligés d’écrire sur nous. Faut ce qui faut ! Marre des critiques et des romans où les bien-pensants, croisant leur image dans un miroir, constatent qu’ils ont pris un coup de vieux. Marre des professeurs et du clerc-état qui nous interdisent de piner et de taper sur nos machines, si nous ne donnons pas d’abord le mode d’emploi. Marre des zophres qui chient petit et mesquin et qui sont laids à dégueuler. Marre des necrivores qui, non contents de vivre par transparence tout ce qu’ils n’osent pas, font Bataille le matin, Seguy le midi et Hersant le soir. Marre des maigres et des lâches. Nous, on sera, comme par le passé, du côté des mythes et des héros : nous inventerons, nous ne commenterons pas. À bas les sciences humaines ! Vive l’écriture inhumaine ! Nos maîtres radotent, profitons-en ! Refusons d’être au centre. Soyons des Sauvages. Ne nous embarrassons pas de nuances ! La plume au poing, et le tout dans leur gueule. Ça va saigner. Il n’y a pas de maîtres-penseurs et les Français sont plus dégueulasses que les Allemands ! On a toujours raison de se révolter. Quiconque accepte son sort n’est pas un artiste. Quiconque parle à Beaubourg ou écrit dans le Figaro-Dimanche n’est pas fréquentable. Ne nous endormons pas, battons la mort tant qu’il est temps. Vive Dieu, vive satan ! Vive le sang, vive le foutre et vive l’urine ! Vive Staline ! Et vive Makhno ! Car nous sommes tous Staline et Makhno. Ça va schlinguer, les créateurs reviennent. Qu’on se le dise…''<ref>Éditorial du numéro 1 de ''Subjectif'', février 1978</ref></blockquote> | ||
− | Le succès de ''L'ordre de dispersion'' ne nourrit pas son auteur. La fin des années 1970 rime pour Alain Chany avec galère et désillusion. Rechercher un travail salarié ne fait pas partie de ses projets et il survit comme il le peut, sans travail, ni maison. Et pas seulement parce qu'il pleut à Paris, il décide finalement de quitter la ville courant 1978 pour la Haute-Loire où il peut, selon lui<ref name="#ina">D'après l'interview | + | Le succès de ''L'ordre de dispersion'' ne nourrit pas son auteur. La fin des années 1970 rime pour Alain Chany avec galère et désillusion. Rechercher un travail salarié ne fait pas partie de ses projets et il survit comme il le peut, sans travail, ni maison. Et pas seulement parce qu'il pleut à Paris, il décide finalement de quitter la ville courant 1978 pour la Haute-Loire où il peut, selon lui<ref name="#ina">D'après l'interview d'août 1993 disponible sur le site de l'INA - [http://www.ina.fr/video/CPC11003770 En ligne]</ref>, au moins vivre d'un potager et avoir un toit. |
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Version du 7 octobre 2018 à 23:10
Alain Chany. Éleveur de chèvres altiligérien décédé en 2002. [En cours de rédaction] SommaireFils du rienNé à Langeac, le grand-père paternel d'Alain Chany immigre vers Paris au lendemain de la Première guerre mondiale pour fuir la misère économique. Comme beaucoup de bougnats il y ouvre un café, dans le XIème arrondissement de la ville-capitale française. Son père, Pierre Chany, après des rêves de carrière de cycliste interrompue par la Seconde guerre mondiale, de multiples petits boulots et un passage par la résistance clandestine à l'invasion allemande, devient un journaliste sportif spécialiste du cyclisme. Alain Chany naît à Paris en 1946. Selon ses propres dires[1], il commence à écrire vers l'âge de 15 ans. Il fait des études à la Sorbonne où il obtient une licence de philosophie. Les remous sociaux et politiques qui secouent la France dans la fin des années 1960 sont porteurs de beaucoup d'espoirs pour une jeune génération. Les grèves ouvrières et les contestations estudiantines sont traversées de rigueurs idéologiques, de spontanéités libertaires, de misère économique et de rêves de lendemains différents. Mai 68 sonne le glas de tout cela. La déception est grande pour tout celleux qui ont cru y voir, au mieux, un possibilité révolutionnaire de renverser l'état des choses, au pire, un moyen de mendier quelque-chose à l’État. Ce retour au calme est surtout un retour à la normalité : les ouvriers au travail et les étudiants à se concocter un avenir brillant. La fracture sociale est toujours aussi présente, les ouvriers et les étudiants prolétarisés d'un côté, les "fil(le)s de" et les carriéristes de l'autre. Les uns travailleront pour les autres.
Si les illusions d'hier laissent place à la résignation et à la désillusion pour le plus grand nombre, pour certains elles ouvrent de belles carrières de journalistes, de politiques, de publicistes, d'avocats, d'artistes, d'intellectuels, etc. Tout ce qui était honni devient opportunité, tout ce qui était rejeté est maintenant convoité. Jusqu'à l'écœurement. Celleux qui ont refusé cet ordre de dispersion, qui ne se sont pas suicidés de désespoir ou qui ne sont pas rentrés dans le rang, constatent avec tristesse que le "vieux monde" est toujours là. Amer, Alain Chany publie en 1972 le roman-récit L'ordre de dispersion[3]. Parmi tout celleux qui sont déçus, il y en a qui décident de rompre avec les pratiques politiques habituelles et envisagent de ce mettre en marge. Parfois avec l'utopie de vouloir vivre "autre chose", parfois par simple rejet de l'existant. Les années 1970 sont celles des communautés de "baba-cool", des expériences collectives ou des projets alternatifs. Ces migrations d'urbains vers les campagnes pauvres répondent aussi à la difficulté de vivre dans des grandes agglomérations urbaines pour celleux qui n'ont qu'un petit boulot ou n'en ont pas du tout.
Alain Chany participe à la revue Subjectif du "Groupe pour l’organisation unifiée de la lecture appliquée et généralisée" qui fait paraître sept numéros entre février 1978 et décembre 1979[5].
Le succès de L'ordre de dispersion ne nourrit pas son auteur. La fin des années 1970 rime pour Alain Chany avec galère et désillusion. Rechercher un travail salarié ne fait pas partie de ses projets et il survit comme il le peut, sans travail, ni maison. Et pas seulement parce qu'il pleut à Paris, il décide finalement de quitter la ville courant 1978 pour la Haute-Loire où il peut, selon lui[1], au moins vivre d'un potager et avoir un toit. AltiligérienTraite
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