Filareto Kavernido : Différence entre versions
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<blockquote>''Le plus capable pour organiser [le] groupe et la vie commune et que sans [son ] aide, on arriverait pas à arranger cette vie. [...] s'il y a une intelligence plus évoluée reconnue librement et volontairement par les autres, elle n'exerce pas l'autorité de l'oppression, mais l'autorité de la compétence, sans laquelle aucun progrès culturel n'est possible''<ref>Cités dans Diana Cooper-Richet, Jacqueline Pluet-Despatin, ''L'exercice du bonheur : Ou comment Victor Coissac cultiva l'utopie entre les deux guerres dans sa communauté de l'intégrale'', Champ Vallon, 1985</ref></blockquote> | <blockquote>''Le plus capable pour organiser [le] groupe et la vie commune et que sans [son ] aide, on arriverait pas à arranger cette vie. [...] s'il y a une intelligence plus évoluée reconnue librement et volontairement par les autres, elle n'exerce pas l'autorité de l'oppression, mais l'autorité de la compétence, sans laquelle aucun progrès culturel n'est possible''<ref>Cités dans Diana Cooper-Richet, Jacqueline Pluet-Despatin, ''L'exercice du bonheur : Ou comment Victor Coissac cultiva l'utopie entre les deux guerres dans sa communauté de l'intégrale'', Champ Vallon, 1985</ref></blockquote> | ||
− | Filareto est de nouveau inquiété par la justice qui lui reproche son nudisme et ses avortements clandestins. Il est accusé de "''viol d'avortement et outrage public à la pudeur''" et mis en préventive à la prison d'Ajaccio le 2 octobre 1928. Il est jugé le 26 avril 1929, condamné à 6 mois | + | Filareto est de nouveau inquiété par la justice qui lui reproche son nudisme et ses avortements clandestins. Il est accusé de "''viol d'avortement et outrage public à la pudeur''" et mis en préventive à la prison d'Ajaccio le 2 octobre 1928. Il est jugé le 26 avril 1929, condamné à 6 mois pour le seul "outrage à la pudeur" et libéré le jour même<ref>Filareto affirme avoir passé au total six années de sa vie en prison</ref>. Sa feuille d'écrou mentionne qu'il est arrivé et est sorti habillé de la prison : "''veste kaki, pantalon noir, chemise blanche, sandales''". Les procès-verbaux sont signés Filareto Kavernido et non Heinrich Göldberg. Il semble qu'il y ait eu échange d'informations entre les polices allemande et française. En effet, une note du commissaire spécial pour le Service des étrangers signale que Filareto "''avait été interné à l'hospice civil pour aliénation mentale''"<ref name="#cors" />. |
− | La Kaverno sort très affaiblie de cet emprisonnement. La décision est prise de partir en Haïti pour y retenter une nouvelle expérience. Trois hominines adultes - dont Filareto - et quatre enfants s'embarquent dans la seconde moitié de 1929 vers les Caraïbes. Mais à leur arrivée en Haïti, ils sont immédiatement expulsés. | + | La Kaverno sort très affaiblie de cet emprisonnement. La décision est prise de partir en Haïti pour y retenter une nouvelle expérience. Trois hominines adultes - dont Filareto - et quatre enfants s'embarquent dans la seconde moitié de 1929 vers les Caraïbes. Mais à leur arrivée en Haïti, ils sont immédiatement expulsés. Ils décident alors de passer la frontière pour se rendre à Saint-Domingue et se fixent finalement en colonie agricole dans le nord, à Arroyo Frio près de Moca. Un terrain est défriché, une cabane construite et quelques cultures sont mises en terre. Filareto devient progressivement médecin itinérant, tentant de soigner au mieux, sans médicaments ni instruments. Des travaux pour construire un petit dispensaire sont lancés. Grace à une machine à écrire, Filareto parvient à sortir des tracts et des brochures sur sa vision de la Kaverno. Il entretient des liens épistolaires réguliers, avec ''L'en-dehors'' de E. Armand, par exemple, à qui il fait parvenir de petits compte-rendus sur la vie de la Kaverno. |
− | + | partout les indigènes parlent du grand blanc qui va à cheval et qui ressemble fort à Jésus, des courriers arrivent de l'étranger et parfois un visiteur européen en mal de communisme exotique ou d'anarchisme clé en main. | |
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+ | Le 16 mai 1933, Filareto Kavernido est mystérieusement assassiné de deux balles de revolver. | ||
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Version du 2 novembre 2018 à 01:08
Filareto Kavernido. [En cours de rédaction]
a-NormalitéHeinrich Göldberg naît le 24 juillet 1880 après JC[1] à Berlin dans une famille moïsienne[2] aisée, d'une copulation entre deux hominines, Ludwig Göldberg et Elisa Karfunkel. Comme son père il entreprend des études de médecine. Il étudie à Berlin et à Fribourg, et se spécialise en psychiatrie et en gynécologie, puis s'installe comme médecin dans un hôpital berlinois. Il se marie et co-créé une enfant avec cette compagne maritale. Alors qu'il mène la vie bourgeoise d'un médecin berlinois, Göldberg découvre les écrits de Friedrich Nietzsche qui sont pour lui plus qu'une révélation. Vers 1910 il rompt avec le judaïsme et se déclare agnostique, puis quitte son travail, sa femme et sa fille. Il apprend l'ido, une forme d'espéranto[3] réformé, dont il veut faire sa langue de communication et approfondit ses réflexions philosophiques. L'individu et ses interactions avec les autres sont au centre de ses préoccupations. Après la fin de la Première guerre mondiale, entouré de quelques hominines de tout genre, Göldberg met en place une "communauté de vie" près de Berlin, une sorte de commune libre du nom de "La Kaverno di Zaratustra" (La Grotte de Zarathoustra en langue ido). La Kaverno di ZarathustraAvec barbe et cheveux longs, Heinrich Göldberg abandonne nom et prénom pour dorénavant se faire appeler Filareto Kavernido, de Filareto "l'ami de la vertu" et Kavernido en référence à la grotte de Zarathoustra.
Filareto décrit et publie sa vision théorique et philosophie dans Mitteilungsblätter aus Zarathustras Höhle. Les textes de ces Bulletins de la grotte de Zarathoustra sont divisés en trois parties thématiques[5] et mélangent communisme agraire, anarchisme et sur-hominine nietzschéen.
La Kaverno di Zarathustra survit difficilement et Filareto est régulièrement inquiété par les autorités allemandes qui le suspectent de réaliser des avortements clandestins. Ce qui est alors formellement interdit. Il fait quelques passages en prison pour des infractions aux bonnes mœurs et son "comportement marginal" lui vaut régulièrement d'être accusé de "dérangement mental". Finalement, en 1925, Filareto doit fuir l'Allemagne pour ses pratiques d'avortement et se réfugie en France. Il y rencontre E. Armand[6], rédacteur du journal anarchiste L'en-dehors, avec qui il maintiendra des liens pendant des années. La petite communauté de la Kaverno quitte l'Allemagne en 1926 et "logiquement [...] suit la route solaire de Nietzsche et s'installe dans l'arrière-pays niçois"[7], à Tourettes-sur-Loup, au nord-est de Nice. Elle prône la nudité et l'amour libre.
Filareto fait paraître une nouvelle écrite en langue ido sous le titre La Raupo, la chenille[9]. Les accusations d'attentats à la pudeur, les difficultés d'une vie en autonomie, les tracasseries administratives pour le séjour des étrangers et les dissensions internes poussent le restant de la communauté à l'installer en Corse en 1927, près d’Ajaccio, au lieu-dit "Les Baraques", villa Miramar, sur les contreforts de la Punta Pozzo di Borgo. Selon le journal L'En-Dehors[10], en avril 1927, ils sont 30 à vivre dans la communauté communiste-anarchiste : 8 hommes[11], 4 femmes et 18 enfants. En janvier 1928, un groupe d'allemands et de suédois de la Kaverno rejoint la Corse.
Les relations interindividuelles entre les hominines de la Kaverno ne sont pas faciles. Une des membres de la communauté, arrivée en janvier 1928, semble avoir des difficultés à partir et va même se plaindre à la gendarmerie à la mi-février qu'elle ne peut récupérer ses affaires personnelles. La place centrale que Filareto se donne est un sujet de discorde mais celui-ci rétorque des arguments assez classiques qui nient la complexité des rapports de pouvoir et ne voient plus les individus mais sa seule individualité :
Filareto est de nouveau inquiété par la justice qui lui reproche son nudisme et ses avortements clandestins. Il est accusé de "viol d'avortement et outrage public à la pudeur" et mis en préventive à la prison d'Ajaccio le 2 octobre 1928. Il est jugé le 26 avril 1929, condamné à 6 mois pour le seul "outrage à la pudeur" et libéré le jour même[14]. Sa feuille d'écrou mentionne qu'il est arrivé et est sorti habillé de la prison : "veste kaki, pantalon noir, chemise blanche, sandales". Les procès-verbaux sont signés Filareto Kavernido et non Heinrich Göldberg. Il semble qu'il y ait eu échange d'informations entre les polices allemande et française. En effet, une note du commissaire spécial pour le Service des étrangers signale que Filareto "avait été interné à l'hospice civil pour aliénation mentale"[8]. La Kaverno sort très affaiblie de cet emprisonnement. La décision est prise de partir en Haïti pour y retenter une nouvelle expérience. Trois hominines adultes - dont Filareto - et quatre enfants s'embarquent dans la seconde moitié de 1929 vers les Caraïbes. Mais à leur arrivée en Haïti, ils sont immédiatement expulsés. Ils décident alors de passer la frontière pour se rendre à Saint-Domingue et se fixent finalement en colonie agricole dans le nord, à Arroyo Frio près de Moca. Un terrain est défriché, une cabane construite et quelques cultures sont mises en terre. Filareto devient progressivement médecin itinérant, tentant de soigner au mieux, sans médicaments ni instruments. Des travaux pour construire un petit dispensaire sont lancés. Grace à une machine à écrire, Filareto parvient à sortir des tracts et des brochures sur sa vision de la Kaverno. Il entretient des liens épistolaires réguliers, avec L'en-dehors de E. Armand, par exemple, à qui il fait parvenir de petits compte-rendus sur la vie de la Kaverno. partout les indigènes parlent du grand blanc qui va à cheval et qui ressemble fort à Jésus, des courriers arrivent de l'étranger et parfois un visiteur européen en mal de communisme exotique ou d'anarchisme clé en main. Le 16 mai 1933, Filareto Kavernido est mystérieusement assassiné de deux balles de revolver. Notes
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